AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Italo Calvino (692)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le chevalier inexistant

Un chevalier extraordinaire est le héros de ce court roman (ou conte). Un chevalier discipliné, courageux, charismatique, galant; parfait, mais qui n'existe pas! Son armure est vide! De la chevalerie partout dans ce roman; des guerres, de l'amour galant, des couvents, des chevauchés, de la vengeance, de l'honneur, tout cela raconté avec l'humour tout en finesse d'Italo Calvino.



Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de roman à la Chrétien de Troyes, avec cette atmosphère chevaleresque. Et j'avais lu ce roman sans avoir aucune information à son compte (j'imaginais autre chose) et j'ai été surpris. En plus c'était le roman avec lequel je voulais découvrir le fameux Italo Calvino.



La qualité de ce livre est qu'il nous présente ce monde d'une manière moderne, sans archaïsme; c'est comme s'il traduisait en langue actuel un écrit très ancien de langue française moyenâgeuse, en allégeant le récit de tout ce qui peut ennuyer le lecteur moderne ou le rebuter. J'avais en tout cas cette impression.



Tout en lisant le livre plein de bonne humeur, j'avais en tête ce sourire singulier qu'on retrouve presque dans toute les photographies de Calvino!



Il y a plusieurs niveaux de lecture pour ce roman:

- il peut être lu comme un simple roman moderne de chevalerie, avec une intrigue pleine de rebondissements captivants. (une parodie de chanson de geste)

- comme un conte philosophique (à la Voltaire), car n'oubliant pas que Calvino est considéré comme un philosophe entre autre. Calvino discute l'idée de la perfection de l'homme; faut-il être parfait pour exister dans la société? Non est peut-être la réponse. L'homme parfait n'admet pas l'erreur, or l'erreur est humaine, sinon il est plongé dans la robotisation et se trouve enfin de compte seul, inexistant parmi des gens folâtres, amoureux, fautifs, fous.

- comme une satire de la guerre (qui ne finit jamais), de la discipline exagérée, de la bureaucratie qui rend l'homme moderne comme un singe envoyé dans l'espace pour cliquer machinalement sur des boutons!



Tyler Durden te dit chevalier inexistant: Arrête d'être parfait, arrête de tout contrôler!!

Le sort final de notre chevalier m'a vraiment attristé (je l'avoue, j'avais la gorge serrée). Un contraste avec l'humour de ce récit!
Commenter  J’apprécie          560
Collection de sable

Quelles richesses incroyable dans Collection de sable!

Ma quatrième lecture d'Italo Calvino n'est pas une fiction, avec l'imaginaire si particulier de l'auteur. Non; Cette fois, ce sont de courtes chroniques pleines de sens, de sagacité et d'interrogations que me propose le père de Marcovaldo. Ce sont des visites et cheminements d'un promeneur curieux et éveillé!

Quand Italo Calvino visite une exposition ou une ville immense, il utilise à plein son statut privilégié de voyageur. Calvino a la grâce et sait, à merveille, nous la faire partager. Son tour des jardins de Kyoto est fabuleux et tellement reposant!... Et ce culte du feu, alors!... Et cet arbre bimillénaire du Mexique, donc! Je me suis régalé et suis arrivé à la fin avec regret et envie de poursuivre ces randonnées ailleurs!

Les grands auteurs sont capables de cela: Vous emmener, même lorsque vous n'êtes plus dans leurs pages!
Commenter  J’apprécie          550
Le Baron perché

En signe de rébellion, le jeune Côme Laverse de Rondeau quitte un jour la table familiale pour grimper dans le grand chêne du domaine familial. Il décide désormais de vivre dans les arbres et n'en descendra plus jamais. « Toutes les branches des arbres sont mon territoire. Dis donc qu'ils viennent m'y pendre, s'ils le peuvent. » (p. 38) Si le voisinage considère d'abord d'un drôle d'œil ce fils de baron qui joue les acrobates, il s'habitue peu à peu à voir Côme sauter d'arbre en arbre, surveiller les alentours du duché d'Ombreuse et faire montre de mille excentricités. « Un gentilhomme est un gentilhomme, monsieur mon père, aussi bien au sommet des arbres que sur terre. [...] Tant qu'il se conduit avec rectitude. » (p. 111) Le jeune noble grandit dans les futaies et les frondaisons et sa fugue arboricole devient finalement un mode de vie parfaitement réglé. Il étudie les iques et les nouveautés, correspond avec les grands philosophes de l'époque, entreprend des travaux d'aménagement et aime comme peut aimer un homme. S'il a confié la direction du duché d'Ombreuse à son frère cadet, Côme garde la prestance naturelle des maîtres. « Je sais que lorsque j'ai plus d'idées que les autres, je donne mes idées, pour peu qu'on les accepte. Voilà ce que j'appelle commander. » (p. 197)



La littérature italienne est une des lacunes que je désespère de combler. Mais avec ce premier texte d'Italo Calvino, je ne doute pas d'avoir envie de continuer ma découverture des belles lettres de la Botte ! Que ce texte est plaisant et rafraichissant ! C'est tout à la fois une bouffée verte digne des plus belles fables écologiques et une réflexion humaniste sur les liens entre les hommes. À la manière d'un conteur des Lumières, Italo Calvino propose un personnage excentrique au regard de son environnement, mais dont l'excentricité tend finalement à la normalité en mettant en regard les déviances des comportements communément acceptés. Sans attendre, je me mets en quête du Vicomte pourfendu et du Chevalier inexistant, les deux autres volets de la trilogie Nos ancêtres élaborée par Calvino. Andiamo !
Commenter  J’apprécie          558
Forêt, racine, labyrinthe

Italo Calvino a souvent donné dans la littérature dite enfantine, avec des bonheurs divers et pas forcément très fréquents.

Ici, c'est encore le cas et je vais essayer d'exposer mes raisons :

Tout d'abord, il y a un décalage que je juge trop grand entre le public qui semble visé (illustrations, format de type "Roi-Reine-Princesse", etc.) c'est-à-dire plutôt des enfants de l'école primaire, avec la difficulté du langage (vocabulaire, tournure des paragraphes, ellipses) et la difficulté d'interprétation (conte philosophique, pas évident à rendre parlant).

En ce sens, ce texte est accessible, au mieux, pour des collégiens, et encore, pas n'importe quels collégiens, or, ces collégiens, avec un niveau de langage et d'abstraction suffisants, lorsqu'ils sont au collège ne lisent plus des histoires de princesses.

Donc, selon moi, il y a plantage sur le public et/ou sur la forme de l'écrit. Le propos n'est pourtant pas inintéressant et donne sujet à réflexions.

Le texte étant très allégorique, peut-être que des gens qui auront passé plus de temps que moi à réfléchir dessus trouveront mon interprétation délirante, mais, en l'état actuel de mes connaissances de cette œuvre, je pense que l'on peut d'abord y voir une réflexion sur le contraste Ville-Nature. La ville étant jugée trop minérale et la nature pas assez accessible aux non-initiés. Ce contraste, ces deux mondes qui semblent s'opposer et s'exclure sont pourtant de même nature, deux facettes d'une même monnaie, à savoir le labyrinthe. Le lacis et l'enchevêtrement des rues n'a d'égal que celui des branches et des plantes lianescentes. À bien y regarder, il est parfois difficile de distinguer qui sont les branches, qui sont les racines (amis baobabs, c'est à vous que je dédie cette phrase).

Le propos de l'auteur semble donc : faire entrer les arbres dans la ville et la ville dans les arbres.

Mais un bien étrange messager dirige les êtres privés de repères dans les méandres impénétrables de tous ordres, un oiseau phénix à cri de klaxon. Ça je vous laisse le soin de décider de qui il s'agit car j'ai déjà beaucoup parlé et d'ailleurs, ceci n'est qu'un avis, noyé dans les entrelacs impénétrables des préférences humaines, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          550
Le Vicomte pourfendu

Cinquante nuances de gris.

Non, ne croyez pas que je vais vous parler du "livre" le plus vendu de l'année 2012 : je ne l'ai pas lu et me suis contentée de lire quelques critiques, dont certaines sont d'ailleurs hilarantes.

Alors, pourquoi ?

Parce que c'est le message que nous envoie ce court texte. Nous ne sommes ni tout noirs ni tout blancs, nous sommes tous gris.

Le vicomte pourfendu est un conte philosophique, un petit bijou que le grand Voltaire n'aurait pas renié.

À la fois drôle et sérieux, comique et ironique, c'est un régal de lecture.

Si la méchanceté absolue est évidemment mauvaise, la bonté extrême l'est tout autant : voilà ce que nous apprend l'histoire de ce malheureux vicomte coupé en deux par un boulet de canon.

Les deux moitiés qui vivent désormais séparément vont faire le bien pour l'une, le mal pour l'autre, mais finalement causer de façon égale du tort à tous les habitants des environs qui n'en peuvent plus de cette situation doublement pénible.

Au premier degré, c'est drôle, original, voire complètement loufoque. Au second degré, c'est fin et plus sérieux que ce que ça n'en a l'air. Italo Calvino m'a régalée avec cette histoire truculente menée tambour battant jusqu'à une fin totalement jubilatoire.

Acceptons les deux parts qui sont en chacun de nous. Ne soyons pas excessivement fiers de la bonne, et composons avec la mauvaise, acceptons nos défauts et vivons de la meilleure façon possible avec cet aspect moins glorieux qui est en chacun de nous.

Le monde n'est ni blanc ni noir, et le gris s'y décline fort heureusement en bien plus que cinquante nuances.
Commenter  J’apprécie          536
Si par une nuit d'hiver un voyageur

C'est l'histoire d'un Lecteur qui commence à lire le dernier roman d'Italo Calvino, intitulé « Si par une nuit d'hiver un voyageur », mais qui réalise, au bout du premier chapitre, que son exemplaire souffre d'un problème d'édition. Il retourne à la librairie pour se plaindre, choisit un autre livre en échange, et rencontre une Lectrice qui a eu le même problème que lui. Chacun de son côté entame ce deuxième roman et, rebelote, à nouveau un problème d'impression, etc etc...



Au total, on découvre ainsi dix récits, ou plutôt dix débuts de romans qui s'arrêtent chaque fois abruptement. Entre chacun d'eux, douze chapitres « fil rouge » dans lesquels on suit Lecteur et Lectrice, qui vont de découvertes en péripéties entre maison d'édition et séminaire universitaire, et rencontrent des professeurs, des traducteurs, des plagiaires et des faussaires aux quatre coins du monde.



« Si par une nuit d'hiver un voyageur » n'est donc pas un roman, mais un livre fait de fragments de romans, mais aussi de mises en abyme vertigineuses, d'imaginaire kaléidoscopique et de réflexions parfois visionnaires sur tous les plaisirs, métiers et dérives liés au livre : lecture, écriture, traduction, inspiration, plagiat, censure.



Un livre de livres, un méta-livre, une démonstration de style virtuose, à laquelle Italo Calvino a manifestement pris du plaisir, s'amusant à balader le Lecteur et la Lectrice, mais aussi les lecteurs et lectrices qui ne se trouvent pas entre les pages de son livre mais le tiennent dans leurs mains.



La question fondamentale : le lecteur, en l'occurrence la lectrice que je suis, a-t-elle pris autant de plaisir à cette lecture que l'auteur ?



La réponse, vaguement honteuse vu l'engouement majoritaire : non, ou très peu. le début était emballant, mais mon enthousiasme s'est très vite éteint pour se transformer en ennui profond. J'ai tout lu, jusqu'au bout, même si je me demandais à quoi bon lire ces débuts de récits dont je ne connaîtrais jamais la fin.



Trop intellectuel et cérébral pour moi (et pourtant c'est ce que je cherche dans mes lectures : nourrir mon cerveau), ce livre est certes un tour de force, mais il n'a suscité chez moi que des émotions négatives, entre ennui et frustration. Un exercice de style dont le sens et l'intérêt m'ont échappé, brillant mais pas séduisant.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          525
Le Vicomte pourfendu

Le vicomte pourfendu (1951) est le premier conte de la trilogie « Nos ancêtres ».

Me voilà un brin partagée, j'ai aimé sans être éblouie.

J'ai beaucoup souri aux exploits parodiques de Messire Calvino sans me fendre les côtes toutefois. Ce mélange de burlesque et de cynisme ne me plaît qu'à moitié. Et je me suis parfois défendue contre l'envie de laisser choir le vicomte à l'heure de ma sieste digestive. Ce que j'ai préféré, c'est le début. Quand le vicomte est sur le champ de bataille encore entier et tout candide et qu'il interroge son écuyer Kurt sur les signaux de mauvais augure. Il n'a pas inventé l'eau chaude le vicomte Médard de Terralba et il n'a aucune épaisseur. Un boulet lancé par des canonniers à moitié astronomes le fait sauter en l'air. Il redescend fendu en deux. Heureusement, les médecins qui sévissent sur les champs de bataille, sont là pour récupérer les morceaux. La moitié droite recousue fera le mal avec cruauté. Animé d'une ténébreuse fièvre le Cruel pourfendra indistinctement champignons, animaux, humains avec grande adresse. Et il sera tout content de lui. La moitié gauche (la sinistra) jetée au rebut réapparaîtra plus tard et fera le bien sans être populaire. Encore faut-il savoir les distinguer les deux moitiés. le Cruel et le Bon se ressemblent tant que les braves gens avec des problèmes de latéralisation comme moi en auront le tournis ! Plus intéressants je trouve que les deux moitiés du vicomte, ce sont les personnages secondaires. Le charpentier construit d'ingénieuses machines bien tranchantes sans se soucier de leur sinistre finalité. Le Dr Trelawney un médecin douteux semble avoir échoué là par hasard et ne pense qu'à se tirer de cette histoire pour regagner son bateau. Les lépreux et les Huguenots ont été choisis paradoxalement pour incarner les excès humains et sont de loin les plus humains. Les lépreux sont des hédonistes aux penchants lubriques qui prennent en grippe le bon vicomte. En effet, en fieffé père la morale, il les empêche de faire la fête. Et les Huguenots me direz-vous ? Ce sont de tristes égoïstes irresponsables qui ne se soucient guère des malheurs du prochain. Enfin, j'ai beaucoup apprécié la bergère Pamela, une Chimène un tantinet rustique : elle s'épouille avec un gratte-cul et doit faire face à un terrrrrible dilemme...



J'ai bien aimé finalement mais j'attendrai un peu avant de me lancer dans la lecture du Baron perché (1957) et du Chevalier inexistant (1959).
Commenter  J’apprécie          527
Le sentier des nids d'araignée

Italo Calvino nous parle de la guerre et de la résistance en Italie à travers les yeux de Pino, enfant qui est à la recherche d’un ami, un vrai , un ami à qui il pourrait partager son secret, celui de l’endroit où les araignées pondent leurs œufs, endroit qui sera également celui où il cachera le pistolet volé à un allemand .

Pino, est un enfant qui ne trouve pas sa place. Auprès des enfants, il se fait rejeter et les adultes ne le prennent pas au sérieux. Il côtoie des personnages tous hauts en couleur, et trouvera en la personne de « cousin » celui qui lui fera vivre des aventures dans le maquis et qui lui permettra de reprendre confiance en l’humanité.

Pino est un filou, débrouillard, sa gouaille est exceptionnelle et on s’y attache dès les premières pages.

Italo Calvino nous fait partager à travers ce roman un peu de son expérience puisqu’il va quelques années auparavant s’ engager et se battre auprès des brigades Garibaldi.

Merci à Michfred qui est à l’initiative de ma lecture :-)

Commenter  J’apprécie          511
Si par une nuit d'hiver un voyageur

Chef d'œuvre .

J'ai entamé ce livre par hasard , loin de chez moi , et j'ai vécu une expérience inoubliable .

Comme l'auteur le suggére dans un préambule génial , je me suis coupé du monde au moment de débuter ma lecture .

Sur un point , je suis d'accord avec les esprits chagrins : ce livre ne ressemble à rien de connu .

L'auteur nous embarque dans une histoire d'amour , en nous tutoyant , faisant de nous le protagoniste principal de cette histoire , nous les lecteurs .

Nous , lecteurs , sommes ici au coeur d'une histoire qui à de multiples visages , prenant au dépourvu les aficionados d'une structure narrative classique , ordonnée.

Cette oeuvre c'est une interrogation sur la perception de la littérature par le lecteur , sur la capacité d'imagination du lecteur , et c'est une idée brillante .

Au coeur de cette oeuvre l'on à une remise en question du type de lecture et de littérature que les lecteurs apprécient .

Pour prendre du plaisir à la découverte de cet univers , il ne faut pas être un lecteur scolaire , à qui les oeuvres un tantinet absurde font peur.

Ici le texte est d'une intelligence rare , avec des envolées de très haut niveau .

Certains passages sont cultes tellement le style et les idées sont à leur summum.

L'auteur entraine le lecteur dans un voyage philosophique , qui apporte une nouvelle manière de percevoir les livres , la lecture , la littérature .

C'était ma première découverte avec l'Oulipo , genre littéraire intriguant , que je fréquenterais de nouveau avec la plus grande joie !

Quelle intelligence , quelle maestria , cette œuvre est culte !
Commenter  J’apprécie          5110
Si par une nuit d'hiver un voyageur

Lecteur, c’est à toi qu’Italo Calvino s’adresse, dans un jeu de miroir auquel il vaut mieux ne pas tenter de résister. C’est d’ailleurs ce qu’il te conseille : « Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague ».



Conseil de lecture avant de replonger dans le roman que toi, lecteur tu découvres, jusqu’à la mauvaise surprise, une erreur d’imprimerie interrompt la fluidité et le charme de la narration .



A partir de là, tout est permis et de lectures en lectures, les accidents successifs de mises en page plongent à chaque fois le lecteur, donc toi, dans un désarroi compréhensible.



Cet artifice vertigineux, au travers duquel on reconnaît la signature de l’Oulipo, (l’art de la contrainte qui catalyse la création), permet à l’auteur d’aborder une nombre considérable de réflexions autour, de la lecture, de l’écriture et de l’édition dans une sorte de mise en abîme réjouissante.



On s’y perd avec délice jusqu’à la pirouette finale, qui pourrait donner l’envie de reprendre le roman au début, avec la ferme intention de ne pas se laisser piéger.



Lu il y quelque quarante ans, et redécouvert avec plaisir, tant pour la malice de l’intrigue que pour le voyage littéraire proposé.



286 pages Points Seuil 1er septembre 1982

Traduction (Italien): Danièle Sallenave et François Wahl


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          502
Marcovaldo

Un peu Charlot, mais aussi Gaston Lagaffe, Marcovaldo est un personnage sacrément attachant. Père d'une grande famille et ouvrier, c'est le roi des combines foireuses. Marcovaldo est toujours enthousiaste, curieux, inventeur et intéressé et il vit mille vies dans cette ville italienne anonyme qui regorge de trésors pour des rêveurs comme lui.

Au travers de courtes histoires, on suit notre héros dans des aventures aux déroulements imprévus, dont il échappe la queue basse et pas toujours sans séquelles.

Ce court livre se décompose en saisons, elle-même se divisant en courts chapitres qu'on peut lire indépendamment. Les récits sont riches en inventivité, mais également en poésie urbaine: nuits traversées de troupeaux de vaches, multitudes de bulles de savon voletant dans le ciel, le jardin secret des chats, et j'en passe.

C'est le troisième livre que je lis d'Italo Calvino, et je suis époustouflée par la diversité de ses récits. L'onirisme, un humour subtil et la bonté abondent. Les enfants de Marcovaldo, aimés de leur père, sont des futurs Marcovaldo en puissance, à la débrouillardise prometteuse.

Bref, ce livre est un vrai bonheur de lecture!
Commenter  J’apprécie          502
Le Baron perché

J’ai toujours été un peu rétif à l’humour ironique et grinçant d’Italo Calvino. Dur de savoir sur quel pied danser avec lui. Dur de savoir sur quel pied danser avec cette histoire pour le moins étrange et fascinante. Un enfant d’une dizaine d’années, furieux d’une punition non méritée, part bouder. Pas très original. Plus surprenant, il décide de le faire dans un arbre. Clou de l’histoire, il décide de ne plus jamais en descendre.



Passant d’arbre en arbre, il s’y construira des abris, se procurera de la nourriture, bref y fera sa vie. Là-haut il deviendra adulte, viendra assister sa mère sur son lit de mort, à son tour vieillira peu à peu. En dessous de lui il verra défiler les passions humaines, la Révolution, les guerres. Rien ne pourra jamais le convaincre de renoncer à cette promesse faite enfant.



Il y a dans cette histoire quelque chose de beau, et en même temps un étrange renoncement. Le choix de vie de Côme le coupe du monde d’une façon presque monastique. Bien sûr, il s’agit d’une métaphore philosophique - la liberté a un prix ; d’un conte, voir d’une fable. Mais il s’agit avant tout d’une personne. On s’attache à Côme. On peine à le comprendre. Pourquoi reste-t-il fidèle à ce mode de vie, des décennies après ? N’éprouve-t-il jamais la nostalgie du sol, d’entrer dans une maison, de boire à une source, de se baigner dans une rivière ? Qu’est-ce qui le lie donc aussi indéfectiblement à ce serment de son enfance ?



Il est curieux qu’aussi peu d’œuvres aient par la suite adapté ou simplement fait référence à un livre aussi marquant. L’une des rares allusion se trouve dans la célèbre sitcom ‘’Malcolm in the middle’’, quand des enfants autistes, las d’être traités en attardés mentaux, décident d’aller vivre dans les arbres définitivement. Mais eux finissent par en descendre.
Commenter  J’apprécie          493
Le chevalier inexistant

Ah cette trilogie que constituent "Nos ancêtres" d'Italo Calvino, j'adore. Nos Ancêtres certes mais potentiellement des personnages très actuels.

Bon évidemment le côté "nonsense" existe toujours chez Calvino. Cette fois-ci on a carrément un "chevalier inexistant" ! L'armure est là mais vide ! Et pourtant ce chevalier parle, combat, séduit les femmes.... Cet homme est rigoureux (à la limite de l'excès), honnête, combatif... un homme parfait en un mot ! Et donc inexistant !

Je peux comprendre que le côté totalement décalé peut rebuter. Moi j'adore !

Un dernier mot pour vous encourager à cette lecture : c'est très court, très bien écrit (langage recherché). Aussi appréciable qu'un bon chocolat !



Ah ! la description des religieux chevaliers du Graal toujours en extase, près de Dieu sauf qd il s'agit d'aller massacrer les malheureux villageois voisins !....

Ou celle de la moniale qui n'a rien vu de sa vie à part... suivi d'une longue liste de méfaits et violences en tout genre qui finit par faire rire tant elle est longue (surtout pour une moniale).

Un régal !



Commenter  J’apprécie          4913
Le Vicomte pourfendu

Qu'ils soient perchés ou pourfendus, les héros d'Italo Calvino ont en commun d'avoir un destin bien singulier.



Hier, je vous parlais du bonheur de vivre dans les arbres. Promis, aujourd'hui, je ne vous parlerai pas de celui d'être coupé en deux !

Qu'on se le dise tout de suite, ce roman qui précède le Baron perché dans la trilogie appelée Nos ancêtres est beaucoup plus sombre. Il n'en est pas pour autant moins jubilatoire à lire.





Court roman, Le Vicomte pourfendu s'apparente à un récit fantastique fort original,dans lequel les forces du Mal et du Bien représentées chacune par une moitié du vicomte, ne cessent de se tirailler et de se combattre. On se doute évidemment du dénouement mais peu importe car c'est surtout le message qui prime.

De nombreux auteurs devraient d'ailleurs s'en inspirer pour faire naître des personnages un peu moins manichéens. En chacun de nous, ce combat du bien et du mal est permanent et toute notre personnalité et notre comportement en résultent. Ce roman pose aussi des questions :

Jusqu 'à quel point un monstre peut il se montrer insensible ? Jusqu'à quel point une personne charitable et bienveillante fait le bien autour d'elle sans jamais empiéter sur la liberté et le libre arbitre de ceux qu'elle aide ?
Commenter  J’apprécie          497
Palomar

Palomar est l'une de ces expériences littéraires qui est plus enrichissante que divertissante. Il ne s'y passe rien.



On y suit les pérégrinations d'un homme qui observe, et se fait les remarques les plus a anodines sur les choses les plus communes. À travers ce personnage, Calvino part en quête de l'universel à partir du particulier.



C'est une lecture contemplative et relaxante, mais qu'on ne peut pas lire dans n'importe quel état d'esprit.
Commenter  J’apprécie          485
La grande Bonace des Antilles

Ce recueil est paru en 1995 soit dix ans après la mort d’Italo Calvino (1923-1985). Il réunit ses premiers apologues et récits (1943-1958) marqués par la guerre et les préoccupations politiques de l’après-guerre avec des récits et dialogues plus tardifs (1968-1984) traitant des transformations du monde moderne.

Les trente-quatre textes sont extrêmement variés et plus ou moins faciles à comprendre. Quelquefois j’ai passé mon chemin, surtout quand il s’agissait de récits à clé. Je ne connais pas suffisamment la vie politique italienne de l’après-guerre. Dans la deuxième partie, certains textes expérimentaux sont également assez obscurs. Mais, le plus souvent j’ai été sous le charme. Calvino est un conteur hors-pair. Il a l’art de faire jaillir en quelques mots une situation totalement absurde. Puis de vous embarquer dans un récit ludique et parfaitement construit jusqu’à la chute qui donne matière à réflexion.

Dans la première partie j’ai beaucoup aimé :

-L’homme qui appelait Thérèse : un passant se joint à l’amoureux et appelle aussi Thérèse, puis un autre, puis…Très drôle.

-Contentement passe richesse (voir citation)

-Conscience : Luigi est volontaire pour faire la guerre car il veut tuer un certain Alberto. A la guerre il tue des dizaines d’ennemis sans avoir d’ennuis et …

-Le mouton noir (voir citation)

-Le régiment égaré : un régiment entre dans une ville et à la suite d’un enchaînement d’ordres stupides s’égare dans la cour d’un immeuble.

-Des regards ennemis : ce sont ceux des Allemands qui reviendraient…et qui reviennent dans les yeux d’une mère.

-Un général dans la bibliothèque : une commission d’enquête militaire est chargée de censurer les livres d’une bibliothèque. La lecture des ouvrages leur apprend la diversité des opinions et rend le rapport de la commission impossible.

-La grande bonace des Antilles : allégorie de l’immobilisme politique.

-Une belle journée de mars : la foule indifférente se réchauffe au soleil pendant que Brutus et les conjurés assassinent César.

Dans la seconde partie (1968-1984) je retiens surtout :

-La décapitation des chefs : un peuple a choisi démocratiquement de décapiter périodiquement ses chefs. Dialogue très drôle entre autochtones patelins et touriste étonné.

-L’homme de Néandertal : interview bidonnante depuis la pittoresque vallée du Néander près de Dusseldorf de M.Néander.

-Henry Ford : interview impossible et ironique.

-Les Mémoires de Casanova (Calvino voulait en faire un roman) : catalogue très drôle de débuts de situations amoureuses.

-La dernière chaîne : apologue qui traite de l’abrutissement devant la télé.

Commenter  J’apprécie          4811
Marcovaldo

Recueil de nouvelles avec héros récurrent, Marcolvaldo est un livre plus qu'attachant : on suit cet anti-héros dans ses pérégrinations quotidiennes et très vite on adopte son regard sur le monde, un regard mi-enfantin, mi poétique qui transfigure une ville et sa laideur en vaste toile vierge sur laquelle les fleurs s'épanouissent. Italo Calvino est un magicien qui anime pour nous des personnages toujours plus improbables, toujours plus en-dehors des clous et toujours plus proches de ce que sans doute, secrètement, nous regrettons de ne pas être...
Commenter  J’apprécie          483
Le Vicomte pourfendu

« On faisait la guerre aux Turcs. Médard de Terralba, mon oncle, chevauchait à travers les plaines de Bohème. »

Voilà qui laisserait augurer un roman historique, mais ce serait oublier que l’auteur en est Italo Calvino : quelques lignes plus tard son cynisme se manifestera déjà à propos des cigognes : celles-ci se dirigent vers le champ de bataille car elles se nourrissent de chair humaine…



L’auteur raconte l’histoire du vicomte Médard de Terralba par la voix de son neveu, un garçon de 7_8 ans. Le vicomte est parti se mettre au service de l’empereur et dès sa première bataille, reçoit un boulet de canon qui le coupe en deux.



La partie droite du corps de vicomte est mauvaise et cruelle : il fait décapiter ou pendre pour un oui ou pour un non, provoque la mort de son père, veut assassiner son neveu, et commet multiples autres atrocités, il est donc craint de tous, à quelques exceptions près.

Plus tard dans le récit, la partie gauche du corps apparaîtra, celle-ci est au contraire empreinte de bonté et de générosité mais à un point tel qu’elle indispose également.

Il faudra une certaine ingéniosité, et la rivalité amoureuse commune des deux parties pour une jeune paysanne pour remédier à cette situation …



Racontée par le neveu, parfois de manière naïve, cette fable se dévoile peu à peu à nos yeux.

Au vu des éléments donnés par l’auteur - guerre contre les Turcs, Bohème, le capitaine Cook - elle intervient au XVIIIe siècle.



Tous les personnages sont affublés d’un nom reflétant leur caractère ou leur occupation :

- la partie droite : le Manchot, le Demi-sourd, le Borgne, l’Efflanqué, le Boiteux …,

- la partie gauche : le Bon,

- le menuisier : Pierreclou,

- etc…



Le récit alterne les narrations, les dialogues, peu de descriptions et quelques retours en arrière, le style est simple, sans fioritures et le livre se lit sans peine, les scènes restent toujours relatées avec naïveté ce qui leur enveloppe d’humour, parfois bien noir.

C’est un livre divertissant.



C’est une fable dont on pourrait déduire que l’homme n’est ni foncièrement mauvais, ni foncièrement bon, sinon il serait incomplet.



Mais ne le sommes-nous pas tous ?
Commenter  J’apprécie          473
Si par une nuit d'hiver un voyageur

Ce livre tient en haleine du début à la fin... Une lecture pas forcément facile, qui peut décourager par moments et enthousiasmer à d'autres moments.

Je ne saurai dire si j'aime vraiment, ou juste un peu tellement je ressors déboussolée. J'attribue donc une note médiane.



Calvino nous a savamment placé dans la peau même de son personnage principal, s'adressant à un « tu ». Nous avons alors la même attente de trouver la suite de l'histoire, des histoires. Mais nous ressentons aussi la même déception et la même frustration. Ce sont des sensations mêlées assez déstabilisantes.

Le rapport entre les livres et le lecteur, de ce que le lecteur recherche dans un livre, puis le rapport de l'écrivain à l'écriture qui prépare la future lecture d'une personne, tout cela est intéressant et fort bien illustré même si tout au long des pages je me suis demandé où tout cela allait nous mener.



Chose étrange, je pensais avoir laissé cette lecture en cours de route il y a des années, or, en arrivant aux dernières pages, je les ai reconnues. J'avais donc bien fini de lire ce roman... mais mon souvenir s'était focalisé sur cette idée d'inachèvement...



Une relecture satisfaisante car je craignais de ne pas aller jusqu'au bout. Je reste pourtant perplexe et j'aurai besoin de prendre du recul avant de pouvoir analyser davantage tout cela.

Commenter  J’apprécie          460
Si par une nuit d'hiver un voyageur

Amis tordus, lisez ce livre. Il m'a fallu un italien pour lire un roman oulipien, alors que beaucoup d'auteurs français s'y sont essayé, et j'ai découvert un univers original, loufoque et pourtant réaliste, mais surtout tarabiscoté et incroyablement complexe.

Ici, les histoires courtes, comme des nouvelles, s'entremêlent pour raconter les méandres de la pensée et du voyage. On traverse toutes les littératures du monde, je me souviens d'un passage au Japon truculent et jouissif.

C'est surtout le tutoiement qui est la clef d'entrée dans le roman, on se sent appelé, interpellé par ce voyageur et on assiste à un spectacle où tout revient d'une histoire à l'autre.

La structure du roman est vraiment géniale et amusante, déconcertante parfois. Une bonne découverte.
Commenter  J’apprécie          451




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Italo Calvino Voir plus

Quiz Voir plus

La Saga Harry Potter (Difficile)

À qui appartient le sang dont les vêtements du Baron Sanglant sont tachés ?

Mimi Geignarde
Nick-Quasi-Sans-Tête
La Dame Grise
Le Moine Gras

15 questions
254 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter : Coffret, Tomes 1 à 7 de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}