Un coup de feu claque, un homme tombe, le crâne fracassé par une balle de gros calibre. Cet homme, c'est Serge Guérin. Une personne ordinaire qu'une situation exceptionnelle a placée dans un engrenage terrible et, malheureusement, fatal pour lui.
Jean-Claude Denis sort de sa zone de confort et propose un polar ambitieux avec Zone Blanche. D'un autre côté, des états d'âmes des bourgeois au crime, il n'y a parfois qu'un pas. Parti d'un schéma très classique du genre, l'auteur de Tous à Matha transforme très rapidement sa trame en un exercice de style à la construction savante. Il mêle très habilement des retours en arrière (souvent imbriqués les uns dans les autres) racontés par le défunt et l'enquête policière. Il en résulte une double narration inversée des plus captivantes. En effet, pendant que la victime « déroule » son histoire, les pandores remontent les pistes. Le sort funeste du héros est déjà connu, est-ce que les indices seront suffisants pour attraper le ou les coupables ? Denis offre là un album diaboliquement bien pensé et exécuté sans faille.
Grand observateur de la société, le créateur de Jean-Luc Leroi a évidemment créé une petite galerie de protagonistes très convaincante. Après avoir joué avec son odorat dans Nouvelles du monde invisible, le scénariste a doté son personnage principal d'une hypersensibilité aux champs magnétiques. Le monde moderne et ses agaçants gadgets numériques omniprésents transforment la vie de Serge Guérin en enfer. La police et ses dérives racistes en prennent également pour leur grade, même si plus largement, ce sont les injustices, sociales ou pénales, qui guident vraiment le fond du propos.
Zone blanche, sans être de la plus grande originalité, offre un très bon moment de lecture rempli de suspens.
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