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Critiques de Jean-Philippe Blondel (1843)
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Blog

« Blog » c’est l’occasion pour Jean-Philippe Blondel d’approfondir les relations père-fils. Catastrophe du fiston qui découvre que son père lit son blog. La belle affaire, quand vont-ils enfin comprendre qu’un blog est public !

Le père tente une réconciliation en lui offrant un carton contenant sa propre adolescence : photos, lettres, journaux intimes... Le fiston va pénétrer dans l’adolescence de son père et découvrir qu’en fait, celui-ci n’a pas cherché à l’espionner mais cherchait simplement à se rapprocher de lui.

Une belle histoire de partage et d'échange entre un père et un fils. A lire !

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Et rester vivant

À 22 ans, le narrateur est orphelin : sa mère, son frère et son père sont successivement morts en voiture. Orphelin donc, désemparé, privé des couleurs, mais riche de l’héritage familial, il entraîne Laure et Samuel vers Moro Bay, coin perdu d’Amérique, avec pour seule boussole une chanson de Llyod Cole. Un seul objectif : continuer à vivre. Mais c’est un pari difficile quand tout ce qui le retenait a disparu et ne subsiste qu’en lui. « J’ai vingt-deux ans et je suis le dépositaire de leurs histoires inachevées. J’ai vingt-deux ans et je suis un reliquat de récits. Une survivance. Un putain de séquoia. » (p. 95)

Ce voyage en Amérique voudrait ressemble aux road-trips mythiques de la légende de l’Ouest. Mais cette errance dans le désert américain, au volant d’une Thunderbird, est avant tout une quête. « Je fais ce voyage pour trouver mon itinéraire singulier, alors, en marge, je trace mon sentier. » (p. 114) Le narrateur pourrait tout se permettre, tout essayer. Mais seul au monde, il cherche également qui il est. Dernier vivant d’une famille décimée, quel est son talent ? « Moi, je ne sais pas en quoi je suis doué. En capacité de survivre au décès de mes proches, peut-être. » (p. 214) Ce cynisme est de mauvais aloi, mais la pulsion de vie reprend le dessus, douloureusement. Même si la tentation de la mort est grande, le narrateur vivra. Et même s’il portera toujours ses morts, il n’est plus tenu de leur rendre un constat hommage.

Le trio d’amis est bancal. Laure est l’ex petite amie et Samuel l’ex meilleur ami. Laure et Samuel sont ensemble. Ou presque. Ou pas vraiment puisque le narrateur est là et qu’il a besoin d’eux. « Insensiblement, nous formons un trio. Un vrai. Contrairement aux apparences, cela n’est venu que petit à petit. À force de route et de Thunderbird. Nous étions partis, trois éléments morcelés, prêts à prendre des envols différents. Le voyage nous colle ensemble. » (p. 163) Au-delà de la donne amoureuse, c’est une amitié qui se crée. Même ambiguë et imparfaite, cette relation est de celles qui sauvent.

Au début du texte, le narrateur ne voit plus les couleurs. Tout est noir ou tout est blanc, atrocement blanc. Cette surexposition douloureuse, c’est la pellicule de sa vie qui crame. Ce sont les regrets et les chagrins qui explosent enfin, c’est la rancœur contre le père qui trouve sa voie, c’est la tendresse pour la mère qui n’a plus peur de se montrer. Ce trop-plein d’émotion fait disjoncter. Et le fusible, ce sont les couleurs. Parce que les couleurs sont la vie, elles disparaissent le temps que le deuil ait fait son oeuvre, le temps qu’il ait tout ravagé. On reconstruit mieux sur une table rase que sur des ruines branlantes. Et, même si c’est hésitant, les couleurs reviennent quand le narrateur reprend pied.

Pudique et bouleversant, ce roman prend au cœur. Ceux qui ont perdu un être cher comprendront. Les autres aussi, parce que la mort n’est jamais une abstraction. Elle rôde sans malice, elle remplit son office. Tout ce que nous pouvons faire, en l’attendant, c’est rester vivant.

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Accès direct à la plage

Vite lu.

Bien lu.

Vite oublié.

Bien apprécié.



Cela fait une semaine que j'ai terminé ce roman et déjà son souvenir se fait lointain.

Ce tout petit roman retrace des destins qui s'emmêlent, se démêlent, s'entrechoquent, se croisent, s'enrichissent, se haïssent autour d'un bord de mer.

L'idée et la mise en histoire - pour ne pas parler de scénario - est intelligente.

L'écriture est fluide, agréable et sympathique.

Les personnages sont nombreux mais un peu flous. Le contact du lecteur avec eux est très bref ce qui, hélas m'a perdue un peu.



Au final, Accès direct à la plage est une "chouette" lecture comme on dit par ici. J'ai aimé faire ce bout de chemin aux côtés de Jean-Philippe Blondel, même si ce chemin ne va pas marquer beaucoup ma carrière de lectrice.

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Un si petit monde

Que vous ayez déjà lu ou pas La grande escapade, tome 1 de la trilogie annoncée, sachez que vous trouverez page 217 la table récapitulative des familles à la fin de ce tome 2.

Jean-Philippe Blondel reste fidèle à ses protagonistes, tout comme ses aficionados ! Nous voici quinze ans plus tard, en septembre 1989 pour un état des lieux. Que sont-ils devenus ? Habitent-ils encore dans le microcosme du groupe scolaire Denis-Diderot ?



Les abords ont changé, un parking répond à ce flux exponentiel de parents conduisant leurs progénitures à l’école en voiture. On peut subodorer que l’auteur de Il est encore temps fustige ces pratiques.



Le personnage principal Philippe, 25 ans, entre dans la carrière de professeur d’anglais alors que sa mère Michèle , 58 ans, approche de la retraite. Pour le père, André, « cet étrange fils », se retrouve sous leur toit, comme un Tanguy, ayant tout bazardé l’été avant son envol pour Quito, persuadé d’avoir échoué au concours.



L’auteur brosse le portrait des deux parents, évoque l’ambition qu’ils avaient pour leur fils, «  gaucher, malhabile ». Si le père est fier de sa promotion qui l’oblige à séjourner à Paris, son épouse a anticipé son départ en retraite et préféré quitter le logement de fonction pour s’installer dans un pavillon. La bibliothèque renferme de la littérature française ( Duras, Modiano) mais aussi les goûts d’un anglophone pour les écrivaines anglaises, le prix Nobel Ishiguro, ainsi que Bret Easton Ellis. Et même les carnets où il a consigné son journal.



Puis le romancier convoque Baptiste, l’ami de Philippe, qui a dû bénéficier d’un soutien psychologique après le décès de son père. Alors qu’il va être papa, il tente d’obtenir des témoignages pour cerner le profil de son paternel enseignant. Pas facile de faire parler ceux qui l’ont connu, pas même sa mère . Mais il le soupçonne de violence, de cruauté. Connaîtra-t-il la vérité ? A travers ce jeune dentiste, installé en campagne, Jean-Philippe Blondel pointe le désert médical qui ne fait que s’accentuer, un village doté d’une maison médicale, certes, mais sans médecins ! Il lui aura suffi de faire la une du journal, suite à son acte de sauveteur, pour que sa notoriété fasse un bond prodigieux. Parmi ses patients Charles Florimont ,enseignant qui a succédé à son père décédé, un rival aux méthodes opposées.

L’auteur sait tenir son lecteur en haleine. Ce dernier se demande pourquoi Baptiste veut voir Philippe, quel secret il a donc à lui confier. Des retrouvailles différées. Suspense.

Ce sera au bar de la cathédrale que Baptiste s’épanche. Le narrateur met en parallèle deux vies opposées : celle de l’homme marié, un bébé à élever , qui envie celle du célibataire !

Leur besoin de vivre quelque chose ensemble rappelle le roman de Sylvain Prudhomme où l’auto-stoppeur retrouve son ami de jeunesse Sacha.



Quant à Janick, la mère, si elle semble s’adapter à son veuvage, elle ne paraît pas prête par contre à assumer son rôle de grand-mère, elle avoue ne pas avoir «  la fibre grand-maternelle » mais acceptera de dépanner les parents de Dimitri.

Par ailleurs, elle cultive des affinités électives avec Michèle, la mère de Philippe, seule la semaine et dont le couple n’est pas amené à vieillir ensemble. Après avoir abordé l’homosexualité masculine dans des livres précédents, l’écrivain aborde le couple lesbien.

Janick ne manque pas d’humour pour croquer ses collaborateurs lors d’un colloque dans « une parodie de la Cène »! Ni d’imagination pour créer un autre nom de marque de fabrique , « roommates » pour booster, redynamiser l’entreprise.



Philippe , après son échec sentimental avec Elena, est attiré par une autre étrangère, Annette, assistante allemande. Celle-ci vit la chute du mur de Berlin avec d’autant plus d’excitation qu’elle va pouvoir revoir des membres de sa famille.

Le jeune professeur stagiaire d’anglais (« nouvel espéranto ») donne ses premières impressions devant «  cette chorale de coeurs dissonants et pourtant irrémédiablement unis ».

Il se souvient du choix des langues quand il était collégien : pour certains l’option allemand en LV2 était synonyme d’élite ! Le voilà confronté à sa première inspection dont le bilan déçoit sa tutrice qui l’avait présenté comme un phénomène. Autre inspection commentée, celle d’une jeune institutrice par Charles Florimont, qui, en raison d’ un moment d’absence perd le fil de la leçon !

Le narrateur ,qui connaît bien les coulisses des inspections, souligne le côté stressant pour l’enseignant avant, pendant,après, au point de songer à changer de voie. Une vocation à encourager.

Blondel pointe la présence d’élèves qui relèveraient d’une autre structure, mais existe-t-elle ? On sourit quand la vérité sort de la bouche de Mathias, qui a remarqué que « le monsieur », un adepte de la méthode Freinet, a passé son temps à faire des dessins et n’a rien écouté, ce qui se confirme quand celui-ci doit rédiger son rapport d’inspection qui se veut dithyrambique !

Une réflexion sur l’éducation se glisse : enseigner en CE2 évite d’avoir « ces chiards ingrats » pressés d’être au collège! On pense aux enfants rois de Delphine de Vigan et à la vraie vie d’Adeline Dieudonné.



Le professeur troyen anticiperait-il sa retraite quand il énumère, avec un zeste d’ironie, la multitude d’activités auxquelles se consacrent les inactifs ?!

L’auteur met en exergue le métier d’enseignant, une odyssée pour certains professeurs, mais n’est pas tendre avec certaines professeures, celles qui manquent de tact, convoquent les parents !Il montre comment le rapport élève/prof peut être déstabilisant à travers Raphaël, qui pensait obtenir un soutien de celui qu’il vénère. Un élève déterminé à quitter le bercail familial et à éclaircir l’énigme autour de sa naissance, en rassemblant ,comme un puzzle, les indices recueillis.Autre message à décoder pour Nathalie, celui que Baptiste a gravé sur la cabane, le camp de base de la bande durant leurs jeunes années.



L’ avantage pour ceux qui ont lu La grande escapade, c’est de mieux saisir les allusions auxquelles Jean-Philippe Blondel se réfère par flashbacks : le scandale de Reine Esposito, le voyage à Paris par le train l’Arbalète, les liaisons extra-conjugales, le motif récurrent des rocades empruntées, le lac, la bande de gosses insouciants et leurs bêtises loin du regard des parents et leur cabane , Janick, la reine de l’omelette norvégienne.

Plusieurs assertions / situations renvoient au professeur d’anglais ( le brunch , le choix du mot roommates, les collégiennes débarquées à Oxford Street).



En toile de fond, se tisse une fresque historique de taille, avec la chute du mur et la réunification de l’Allemagne , mais aussi l’URSS prête à imploser, l’attente de la libération de Mandela, l’approche du millénaire...

C’est aussi le début de l’obligation du port de la ceinture. Si Baptiste a été traumatisé par l’accident, on devine que pour l’auteur les fantômes du passé reviennent de façon obsessionnelle. L’ère du portable n‘est pas encore advenue, c’était l’époque des chiens en plastique sur la plage arrière des voitures. Pour Michèle, les albums photos lui rappellent les coiffures 1950/1960 ainsi que la petite robe à pois.



La scène de clôture correspond à l’image de la couverture, à votre tour de rejoindre à table «  cette salade composée » que forme l’assistance/les convives , « un si petit monde » et de trinquer à l’inconnu !

«  Profiter et se faire plaisir », pourrait être le viatique à suivre d’autant que le narrateur rappelle que la vie ne tient qu’à un fil et que quelques protagonistes ont connu des fractures de vie (trahison, lettre de rupture).



A noter que l’écrivain troyen nous gratifie de titres pour chacun des chapitres, des titres brefs suggestifs :

«  Cloque, Claque, Déclic ... », de scènes théâtrales et de comparaisons marquantes.

Si on oublie souvent le nom de ses maîtres, nul doute que les lycéens passés par la G229 n’oublieront pas l’humour et le rire de leur prof d’anglais qui sait manier l’autodérision !



Jean-Philippe Blondel montre non seulement l’évolution de ses personnages, mais décrypte aussi avec finesse de nouvelles tranches de vie : ceux qui débutent leur carrière , ceux qui la quittent et ceux qui se reconvertissent, ainsi que ceux qui changent de vie comme ces deux femmes, qui, ignorant les tabous, faisant fi des rumeurs, s’installent ensemble. Les fidèles de l’auteur retrouveront avec la même appétence «  sa petite musique », son humour et « son petit théâtre» : des personnages croqués par une plume encrée dans le réel, digne de La Bruyère, où chacun pourra reconnaître une personne qu’il a croisée .
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Mariages de saison

Corentin forme une équipe avec son parrain pour effectuer des reportages de mariage du mois d'avril au mois de septembre.

Point de vue personnel, cela lui laisse peu de temps pour établir une relation sentimentale stable.

De mariage en mariage, il va observer les couples, les familles, les adultes autour de lui.

Une mariée va lui donner une idée de chronique en lui demandant de tourner en aparté ce qu'elle pense de son mari : rien que des choses positives ( c'est le jour du mariage...).

A partir de ce moment, Corentin va avoir l'idée de reproduire ces apartés filmées avec son meilleur ami, sa mère, son père, son parrain.

J'ai particulièrement aimé les paroles du meilleur ami qui révélaient vraiment Corentin.

Son petit film sur sa mère lui permet de découvrir celle-ci.

A plusieurs reprises, l'auteur met l'accent sur les proches qui ne se connaissent pas entre eux. J'ai trouvé cela très vrai.

La fin est très positive pour l'avenir du jeune homme et réserve une surprise sentimentale.

J'ai beaucoup apprécié, l'humour et la finesse d'observation des caractères.
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La grande escapade

Jean-Philippe Blondel parle des choses simples et des gens sans importance et il le fait bien.

Dans son nouvel opus, il nous entraîne dans le monde de l’enfance au sein d’un groupe scolaire au milieu des années 70.

Philippe, Bertrand, Christian et les autres sont fils d’instituteurs. Après que la cloche ait sonné, la cour de récréation reste leur terrain de jeux car en ce temps-là, les instits habitaient dans des logements de fonction au-dessus des salles de classe.

Dans ce microcosme, on s’aime, on se déteste, on s’épie.

Les femmes tentent de se libérer du joug de leur mari pour un peu plus de liberté, mai 68 est passé par là. La prochaine rentrée verra l’arrivée des filles dans cet univers réservé jusque-là aux garçons. Certains s’en réjouissent, d’autres s’en inquiètent.



Avec « La grande escapade », Jean-Philippe Blondel observe les changements d’une société en pleine mutation.

Il se dégage de ce roman une saveur douce-amère qui en fait tout le charme. Si Jean-Philippe Blondel flirte parfois avec une forme de nostalgie, il n’y cède jamais. Il regarde le passé avec une tendresse mêlée d’un brin de causticité. Et c’est bien ce ton que j’apprécie souvent dans ses livres, un ton qui me rend l’auteur si sympathique et qui me touche au plus intime.



Merci à NetGalley et aux Editions Buchet-Chastel pour ce voyage en nostalgie.



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Un hiver à Paris

Ce n'est pas si courant de lire l'histoire d'un adolescent et de comprendre, grâce à forces détails et descriptions venus "du dedans", ses problèmes, son désespoir. Une histoire qui a marqué l'auteur au fer rouge et d'où il n'est pas ressorti indemne. Une histoire qu'il a vécu et qu'il nous transmet avec talent, rigueur, et tout le poids de la vérité.

Une classe de prépa, le travail à n'en plus finir, la compétition, l'acharnement, l'épuisement, un univers impitoyable dont on sort vainqueur ou vaincu, on l'on peut devenir tout ou rien. Une réflexion anodine pour certains mais qui peut agir comme un flèche en plein coeur. Une interprétation hasardeuse qui peut détruire, salir, perturber. Une ambiance lourde où les résultats décident de l'avenir tel un glaive sur celui qui a démérité. Le poids trop lourd. La lutte contre l'adversité, l'incompréhension, l'épuisement physique et moral. Et puis l'irréparable.

Texte magnifique qui donne un certain nombre d'éléments tangibles sur la compétition de haut niveau que ce soit dans le sport ou dans les études et qui conseille de garder un oeil ouvert sur les plus fragiles.
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06h41

"J’aurais pu prendre le 07h50 – ou même le 08h53. C’est lundi. Il ne se passe rien au travail, le lundi." Mais pour Cécile, le train de 06h41 est une bouée de sauvetage. Partir. Vite ! Fuir ses parents à qui elle n’a rien à dire, cette vie dont elle ne veut surtout pas et cette province désolante. Plus d’une heure de voyage avec un roman, voilà qui devrait l’aider à se libérer de la culpabilité qui la ronge insidieusement. Et de la colère. Mais ce serait faire fi du destin. Un retard ne l’aurait ni surprise ni plus contrariée que ça. Ce qu’elle ne pouvait imaginer, c’est le passé qui viendrait s’installer à côté d’elle. Les souvenirs n’intéressent pas Cécile. L’adolescente gauche et transparente s’est muée en une belle quadragénaire dynamique, déterminée et autoritaire. Philippe était un séducteur brillant et sûr de lui. Vingt sept ans après, elle l’a immédiatement reconnu, mais comment a-t-il pu autant changer ? Ces deux là ont un vieux compte à régler, ce voyage en sera-t-il l’occasion ?



06h41 tient du tour de force. Comment asseoir deux personnes côte à côte dans un espace clos sans leur donner la parole ? Car Jean-Philippe Blondel use du monologue intérieur. Les pensées des deux voyageurs vagabondent entre le train, une existence plutôt grise et un passé devenu lointain. Et bien, l’auteur s’en tire à merveille. Une heure trente de voyage et le rythme du récit est aussi rapide. Ecrit tout en petites phrases sèches, le roman brosse le portrait de deux personnes qui font le bilan au milieu de leur vie (tous les deux ont 47 ans) avec ses doutes, ses remises en question. Jean-Philippe Blondel nous parle avec tendresse des émotions, des ressentis, des relations aux autres, du trajet des existences, en somme, de questions universelles……. Il réussit à nous captiver par ces deux destins écorchés et aussi par le petit suspense présent tout au long du roman. Un roman intimiste, sensible et lucide. Un agréable moment de lecture, où l'on se pose inévitablement la même question, que ferions-nous à leur place ?
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Passage du gué

J'entendrai toujours chanter Jeanne Moreau le tourbillon de la vie dans Jules et Jim en pensant à ce roman. Ici, Myriam, Thomas et Fred. Alternance de ces trois narrateurs si différents, quoique ! le noyau central est une grossesse. Je suis allée de surprise en surprise en tournant les pages. Je veux donc laisser cet effet aux autres lecteurs et me contenter d'appuyer sur la narration que j'ai adoré avec cette révolte qui fait du bien sur la société capitaliste d'aujourd'hui. Et comme J. Ph. Blondel, je me suis souvent demandé comment peut-on enlever de sa mémoire et de son regard des personnes avec qui, à une certaine époque, on a partagé des moments si intenses, si proches, si forts, que sur le moment on sait qu'ils seront inoubliables ? Un grand merci à Bookycooky, via diablotin0 et gonewiththegreen.

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La grande escapade

A chaque livre, Jean-Philippe Blondel m’enchante en lectrice conquise par son talent naturel à savoir raconter des histoires. C’est encore le cas dans ce « Clochemerle » d’école communale des années 70, sorte de tragi-comédie où s’opposent les anciens et les modernes de l’Éducation Nationale, s’étalent les cancans et les ragots des adultes et s’amorce la compréhension à la vie des enfants.



Ce microcosme scolaire reconstitue une époque révolue, où les familles d’enseignants étaient parfois logées sur place, comme en casernement, où la mixité des élèves s’installait tout juste et où les femmes au foyer (ou au tableau noir de classe) commençaient à se battre pour leur indépendance. Dans ce monde qui ronronnait, des idées novatrices allaient bousculer les vieilles certitudes.



En prenant de la hauteur, l’auteur pointe du doigt avec beaucoup de saveur la fracture post soixante-huitarde qui stigmatise l’éducation traditionnellement réactionnaire face à la progressiste. Ses personnages d’adultes parfois clichés sont vraiment savoureux, et le parcours d’apprentissage en maturité des enfants interpellent nos souvenirs.



Et, plus largement, le roman m’a inspiré un questionnement sans solution: où s’est perdu le respect de l’éducateur dans notre système scolaire? Où se trouvait le bon équilibre entre l’autorité sans subtilité et la trop large tolérance laissée dans l’épanouissement de l’enfant? Vaste débat!



Une lecture récréative et savoureuse.



#netgalley

#rentreelitteraireseptembre2019

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La mise à nu

Emprunt à la médiathèque-lu le 3 Janvier 2019



"Quand est-ce qu'on s'arrête, qu'on s'assied un peu pour souffler et réfléchir à qui on est vraiment et à ce qu'on souhaite au fond ? On passe notre temps à esquiver ces interrogations. On se laisse happer par l'espèce de course artificielle qu'on monte nous mêmes de toutes pièces pour nous donner l'illusion d'appartenir à l'humanité. "(p. 105)



Cette citation en introduction nous met dans le vif de ce roman où un

enseignant, à l'approche de la retraite fait un point assez désabusé sur

sa vie : divorcé, deux filles adultes, qui vivent leur vie, une vie sociale

assez réduite... et puis une invitation d'un de ses anciens élèves à un vernissage de peinture va apporter quelques chamboulements

significatifs dans son existence très rectiligne....



Cet élève, Alexandre Laudin, dont il a peu de souvenirs va entrer dans

son présent...Devenu un artiste reconnu, voyageant aux quatre coins du

monde, ce jeune peintre n'en est pas moins dans des questionnements

douloureux, personnels ainsi qu'artistiques...



Nous apprendrons qu'Alexandre Laudin admirait en secret son ancien

professeur; très seul et mis à l'écart par ses camarades, il s'était fortement

attaché à lui... Dans ces retrouvailles à l'âge adulte, il va se confier et

demander à son ex-enseignant de poser pour lui... Va débuter un face-à-face assez insolite, aussi dérangeant, troublant pour l'un comme pour

l'autre...qui les aidera d'une certaine manière à avancer, à faire et une pause et un bilan de leur parcours personnel ! Entre la création artistique, les derniers moments d'enseignant de Louis Claret... de multiples réflexions, analyses sur nos rapports aux autres...au fil des âges et des croisements de générations...





"- Vous n'avez ni pinceau, ni palette, ni toile. Vous êtes un drôle de peintre

-Pour le moment, je vais me contenter d'esquisses. Je vais crayonner. Mettre en couleurs avec des craies grasses. Je...je vais m'installer en face de vous, si ça ne vous dérange pas"

Il prend une chaise semblable à celle sur laquelle je me suis assis, jambes

croisées. Je souris.

"C'est d'une grande intimité, non ?

- C'est sans doute ça, le plus troublant.

La proximité. L'observation minutieuse. Etre dévisagé. Décortiqué.

Plus que le rendu du tableau lui-même." (p. 67)



Un roman qui interpelle sur les éternelles questions existentielles: le sens

que nous avons su donner ou non à notre existence, la solitude, le temps qui passe trop vite, le dur "métier d'enseignant et de parent"...ce qui reste de nos amis, de nos objectifs premiers...Le petit coin de lumière... reste la présence des autres... quand on sait les voir et les approcher !!...



"Je voyais mon existence comme une course d'obstacles et je me représentais en athlète du quotidien, jonglant avec les obligations de mon métier, l'éducation de mes filles, le souci de préserver mes amitiés et les moments où je pouvais m'adonner à la lecture. Petit à petit, tout cela s'est délité. Me restent de longues plages où je contemple les jaquettes des romans que j'ai achetés et que je n'ouvre plus que rarement. En élargissant mon horizon, ma vie s'est rétrécie. Ce n'est pas un paradoxe. C'est notre lot à tous. Quand les contraintes s'estompent, nous ne savons comment occuper notre liberté nouvelle."
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Un hiver à Paris

Le bac en poche, Victor quitte sa petite ville de province pour intégrer une prépa littéraire à Paris. Il découvre un monde hostile et sans pitié - compétition féroce, profs sadiques. Il lui manque bien des clefs pour se faire une place dans ce nouvel univers : la plupart des autres étudiants sont issus d'une élite socio-culturelle à laquelle il n'accédera jamais, quels que soient le travail fourni, la quantité de livres ingurgités, le bachotage. D'où son sentiment d'exclusion et de solitude la première année. Il se sent différent et doit ramer pour se maintenir à flot : « Je n'ai pas eu de vie sociale. Je me suis mis entre parenthèses. Je n'étais pas vivant. » (p. 99)

Il faut être vraiment brillant et/ou solide pour se risquer à une prépa quand on ne baigne pas dans le 'bon milieu' depuis le berceau, certains y laissent des plumes, d'autres y perdent la vie, d'autres parviennent à rebondir...



Les romans de Jean-Philippe Blondel se suivent à un rythme soutenu et se ressemblent. Les similitudes ont beau m'agacer, j'y reviens. Je les ai tous lus, c'est bien la preuve que j'y trouve des échos, notamment parce que je suis de la même génération que l'auteur, et qu'il évoque abondamment l'adolescence dans les années 80.

Ici encore : des parents jugés étriqués et balourds par leur grand ado impatient de quitter le nid, un jeune adulte en pleine crise identitaire à la veille de faire ses "choix de vie", des amitiés improbables et/ou malsaines où l'on emprunte les "vêtements" des autres.

Autre thématique abordée dans ce dernier ouvrage : le suicide adolescent. Echo douloureux si on a été confronté à ce genre de drame, réflexions et questionnements sans réponse, à l'infini : pourquoi ? et si, ce jour-là, j'avais été là pour tendre la main ? est-ce se donner trop d'importance que de se juger en partie responsable ? Problèmes psychologiques du désespéré, échec social ? les deux imbriqués, forcément. Mais quid de la responsabilité de l'environnement ? On tourne en rond...



Un roman sombre, à la fois facile (parce que l'auteur semble toujours reprendre les mêmes ficelles) et dérangeant.
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Un hiver à Paris

Un roman partiellement autobiographique qui nous entraîne dans les années 80.

Le héros, Victor est un jeune étudiant provincial issu d'un milieu plutôt modeste. Il arrive à Paris pour suivre les cours dans une classe préparatoire littéraire dans un lycée prestigieux.

Plein d'enthousiasme et d'espérance en un brillant avenir, il doit toutefois déchanter. Certes il n'est pas dans les plus mauvais mais la concurrence est rude et il n'a pas l'aisance de certains jeunes issus des beaux quartiers qui savent manier les codes sociaux et culturels que lui est loin de posséder.

Après une année d'hypokhâgne plutôt rude, le voici parmi les douze sélectionnés et admis en classe de khâgne.

Il va rencontrer un autre jeune provincial qui aura plus de difficultés que lui à résister à la pression des études et aux exigences très fortes des professeurs. Suite à un commentaire particulièrement dévalorisant du redoutable et redouté M. Clauzet, Mathieu, le jeune camarade de Victor, va commettre un geste de désespoir et se suicider en se jetant du haut de l'escalier.

Enquêtes, arrivée du père à Paris pour rencontrer le proviseur et les camarades, la suite de l'année va être mouvementée pour notre jeune héros.

Curieusement la proximité qu'il avait avec la victime va le rendre populaire. Le voici presque admis parmi ces jeunes promis à de belles carrières.

Oui mais...tout ne sera pas si simple pour notre jeune héros qui va se poser beaucoup de questions quant à son avenir.

C'est un beau roman mais dont la première partie m'a semblé beaucoup plus convaincante que la deuxième.

Jean-Philippe Blondel évoque à merveille l'atmosphère de stress et de compétition forcenée qui règne dans les classes préparatoires (on sent le vécu!!). La peinture des clivages sociaux est très convaincante et fait même penser à Balzac!

L'amitié que noue le héros avec Paul Rialto, un camarade très brillant et ambigu est très intéressante. Notre héros va quasiment se fondre dans un nouveau milieu social.

Toutefois j'ai été déçue par la deuxième partie du livre.

Les réactions des proches de la victime ne m'ont pas semblé très convaincantes et cette amitié avec le père de la victime m'a semblé peu plausible.

En tout cas c'est un beau témoignage sur une époque (les années 80) et une catégorie sociale. Finalement on éprouve plutôt de la compassion pour ces jeunes "formatés" des beaux quartiers comme le dit lui-même l'auteur.
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Le baby-sitter

Alex jeune étudiant de 19 ans galère pour joindre les deux bouts.Il décide de poser une annonce pour faire baby-sitter. Pourquoi pas ma foi, et petit miracle de l'existence, ça marche.

Jean-Philippe Blondel aime décrire des gens simples, qui cherchent à s'en sortir.

On sent tout le plaisir qu'il prend avec ces personnages, d'Alex ce grand échalas, en passant par ces nouveaux employeurs, dont la vie est parfois difficile et bancale. Blondel continue son chemin avec l'espoir de lendemains

ensoleillés. Il évite toute mièvrerie, on imagine ce que pourrai donner une sujet pareil avec ... (Non ne je ne donnerai pas de nom). Blondel écrit simplement et c'est peut être la raison de son succès par le bouche à oreilles, je trouve qu'il y a la même sensibilité que Cédric Klapisch pour le cinéma.

Un auteur que je suis depuis ces débuts et dont chaque livre me touche par leur humanisme et leur tolérance.
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06h41

Si j’aime tellement Philippe Blondel, c’est pour la simplicité de ses personnages et des histoires qui leur arrivent.

Celle qu’il nous conte dans 06 H 41 commence un lundi matin, morne et triste, comme souvent les lundis matin.

Cécile est épuisée par son week-end chez ses parents, elle a hâte de retrouver son quotidien.

Lorsque Philippe prend place à côté d’elle dans le train de 06 H 41, la jeune femme fait semblant de ne pas le voir, de ne pas reconnaître l’homme qui l’a blessée, il y a si longtemps, comme dans une autre vie.

Seulement, il y a souvent une différence entre ce que l’on veut se faire croire et ce que nous ressentons vraiment.

Cécile a beau chasser ce passé, les souvenirs remontent.

En chapitres alternés, Jean-Philippe Blondel donne la parole à chacun d’eux. On découvre les pensées de chacun, ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre à vingt ans, ce qu'ils sont devenus depuis, leurs conjoints, leurs enfants, leurs parcours professionnels… Une écriture croisée qui permet de comprendre ce qu'ils pensent de l'autre mais aussi d'eux-mêmes.



Ce roman aurait pu s’appeler une « Histoire simple », tant la banalité y est présente, faite d’amour, de trahison, de rupture, de vies reconstruites.

Si l’histoire est banale, le roman est loin de l’être.

Jean-Philippe Blondel est maître dans l’art de tisser les destins en s’immisçant au plus profond de ses personnages qu’il brosse avec beaucoup de sensibilité.

Faire semblant de ne pas se connaître est-ce la solution ?

Cécile m’a beaucoup touchée car je crois qu’elle me ressemble par sa peur de laisser remonter le passé, sa peur de voir ressurgir ce qui aurait pu être et qui n’a pas été.

Si ce livre m’a tellement émue c’est parce que je suis persuadée que j’aurais réagi comme elle.

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La grande escapade

Dans ce roman, Jean-Philippe BLONDEL nous plonge dans les années 75, après mai 1968. Il prend pour prétexte un groupement scolaire de la maternelle jusqu’au CM2 pour décrire les évolutions engendrées par cette époque où le choc pétrolier commence à faire sentir ses effets pernicieux.



Très efficace, on s’attache aux membres des 4 familles d’instituteurs qui officient au sein des classes du groupe scolaire Denis-Diderot. Jean-Philippe BLONDEL aborde, avec brio, la remise en question des méthodes, la tyrannie de certains enseignants envers les élèves, les jalousies des uns ou des autres, les frustrées qui ont besoin de cancaner pour vivre et qui veillent à la bonne morale, sinon c’est la chienlit, la mise en place de nouvelles méthodes plus ou moins appréciées, les amourettes entre collègues, la remise en question des hommes dans cette société où les femmes veulent exister et réclament leur émancipation, ainsi que l’évolution de leurs enfants et leur mal être qui commence à se faire ressentir à l’aube de l’adolescence.



Comme d’habitude, un livre court mais qui ne laisse pas sur sa faim, comme certains. Ces années annoncent le changement et est vraiment une époque bouillonnante où les espoirs étaient permis pour ceux qui avaient le courage de prendre le virage. Encore fallait-il qu’ils en aient les clés, mais l’espoir était là. Une escapade dans le temps qui rappelle bien des souvenirs.
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La mise à nu

Le professeur modèle

Dans un livre qui fleure bon la nostalgie un professeur retrouve un ancien élève devenu peintre reconnu. Et accepte de poser pour lui.



Alternant entre livres pour la jeunesse et romans pour adultes, Jean-Philippe Blondel alterne les livres pour la jeunesse et les romans pour adultes. Après Un hiver à Paris (2014) et Mariages de saison (2016), il nous offre La mise à nu. On y retrouve l’élégance du style – une langue qui vous emporte dès les premières pages – et cette délicate exploration des souvenirs.

Le narrateur, Louis Claret, est comme l’auteur prof d’anglais dans un lycée de province, mais avec quelques années de plus. Proche de la retraite, désabusé et déçu par ses élèves, il vit désormais seul. Sa femme l’a quittée, ses filles ont grandi. « J’évolue dans une sorte d’ataraxie ponctuée de relations épisodiques. Je vis seul. Je n’en tire aucune fierté, mais je dois bien avouer que c’est bien plus supportable que je ne l’aurais cru. » Plus spectateur de sa vie qu’acteur, il peut se permettre une touche de cynisme ici et là, une remarque empreinte de tristesse.

Pourquoi a-t-il accepté de se rendre au vernissage de l’exposition d’art qui propose une rétrospective de l’œuvre d’Alexandre Laudin, l’un de ses anciens élèves ? L’ennui ? Toujours est-il qu’il se retrouve à promener son spleen en mangeant des petits-fours, car « que peuvent bien se confier un ancien élève et son ex-professeur, une fois émises les banalités d’usage sur leurs carrières respectives et sur l’eau qui, évidemment, a coulé sous les ponts et creusé des rigoles sur les visages? »

Louis va découvrir qu’il a bien davantage marqué son élève qu’il ne l’aurait cru. Il va accepte de le revoir, d’aller dîner avec lui et, à sa propre stupéfaction, de servir de modèle au peintre.

Prendre la pose, ne pas bouger pendant de longues minutes. Et avoir soudain comme une révélation: « Pour la première fois, j’ai besoin de mettre à distance ce qui vient de m’arriver. D’habitude, je me plante dans le sol, je baisse la tête, je tends la nuque, et je fais front. Mais là, dans l’atelier, c’était très différent. Il ne s’agissait pas de problèmes à résoudre ou de manques à pallier. Il y avait cette douceur, partout. Dans les images qui revenaient, comme ces troncs d’arbres enfouis depuis des années au fond des lochs qui, soudain libérés de leur pesanteur, remontent une dernière fois dans un tourbillon de bulles et viennent troubler la surface avant de se désagréger totalement. C’était très étrange. Je savais que j’étais chez Alexandre Laudin. Qu’il dessinait mon visage sous tous ses angles à grands coups de fusain. Que j’avais cinquante-huit ans. Que j’étais divorcé, père de deux filles adultes. Que j’enseignais l’anglais depuis plus de trente-cinq ans. »

Avec beaucoup de délicatesse, Jean-Philippe Blondel nous raconte la métamorphose qui s’opère alors. Quand la concentration, le regard de l’artiste, entraîne à chez son modèle une introspection tout aussi créative. Les souvenirs qui affluent, les images qui réapparaient vont le pousser à prendre la plume. Quand tout s’en va, il reste la culture, l’art et la littérature…

« Je recule ma chaise de quelques centimètres. Je me frotte les yeux. le suis épuisé, tout à coup. Je relis les lignes que je viens de tracer sur ce cahier de brouillon acheté à la va-vite en revenant de chez Alexandre. Je suis éberlué. Cela fait des années que je n’ai rien rédigé d’autre que des préparations de cours et des listes de tâches à effectuer. À l’adolescence, oui. Je me rappelle un ioumal intime qui n’a pas dû dépasser quelques mois et qui s’est perdu dans les déménagements. Deux ou trois nouvelles à l’inspiration vaguement fantastique au moment où je découvrais les dystopies célèbres. Un début de roman, dix ou vingt pages, et puis la certitude, rapidement, que l’histoire ne décollerait jamais et que ce n’était pas ma voie. »

Et tandis que Louis Claret prend la plume, la petite ville bruisse déjà de rumeurs qui vont finir par arriver aux oreilles de son ex-femme, curieuse de savoir quelle relation particulière entretiennent les deux hommes.

Avec la sensibilité qui le caractérise, Jean-Philippe Blondel détaille leur quête respective, ce souci de laisser une trace, par la peinture ou par les mots. Mais avec tout autant de doigté, il nous montre que l’addition de deux solitudes n’efface pas les angoisses et la tristesse. C’est beau comme ces paysages d’Écosse, comme ces routes parsemées de rocailles qui plongent vers la mer.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Blog

Avec les évolutions technologiques, nos comportements changent. Les journaux intimes connaissent eux aussi une métamorphose: ils deviennent des articles de blog où tout le monde peut y avoir accès tout en gardant une part d'anonymat.

Dans ce court roman pour adolescent, un père découvre par hasard le blog de son fils et se met à "l'espionner". Lorsqu'il le découvre, l'adolescent se lance d'un mutisme total.

La confiance implicite qu'à un enfant sur ses parents peut vite s'envoler si l'on franchit les limites de la vie privée. Comment va faire ce père pour retrouver cette confiance? Est-ce que le simple fait de lui dévoiler à son tour son enfance changera leurs relations?

D'une écriture agréable à lire, avec un style "jeune" puisque c'est l'adolescent qui parle dans ce roman. J'ai apprécié ce côté réaliste où chacun peut se retrouver (parents ou adolescents).
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1979

Un des premiers Jean-Philippe Blondel, conseillé par ma libraire, et une jolie surprise.

1979 c’est le chiffre que découvre tagué, sur leurs portes des personnages qui vont tenter d’en retrouver l’auteur. Entre blague de mauvais gout ou menace latente, ces habitants ont bien évidemment pour différentes raisons, l’envie de découvrir les raisons de ce mystère On retrouve les thèmes qui font la marque de fabrique de J.P. Blondel. Telles des poupées russes les pièces s’emboitent les uns aux autres. Avec toujours cette manière de nous embarquer dans des histoires touchantes et nostalgiques. « Un minuscule inventaire », « Accès direct à la plage » fonctionnent comme ça aussi. Blondel aime ces personnages, aime entrecroisé ces récits, on passe d’une histoire à l’autre avec le même plaisir.

Encore une fois, il réussit son coup avec des mini-fictions qui atteignent leur but. Un auteur toujours agréable à lire.



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06h41

Parfois un livre arrive à point nommé, croisant notre envie, proposant sa lecture opportunément après celle d’un autre…

C’est peut-être le cas de celui-ci que j’ai aimé alors qu’il ne se passe pas grand chose dans le train de "06h41".



Durant 1 heure 34 de Troyes à Paris, Cécile et Philippe vont passer leur temps à s’interroger : ”et si…” .

Il faudra attendre 100 pages et la moitié du voyage en T.E.R. pour que s’engage ce dialogue :

- Pardon.

- Je vous en prie.

- Excusez-moi.

- De rien.



C’est une histoire de regards en coin ; il l'a reconnue 27 ans après et croit qu’elle ne l’a pas reconnu.

On alterne alors des chapitres avec les points de vue de chacun se remémorant son histoire ancienne et ses ressentis actuels.



L’auteur porte un regard acerbe sur l’amour à 20 ans et plus particulièrement sur les garçons, qui jouaient aux désinvoltes , “aux apprentis Dutronc”, nous renvoyant à des images rapides comme aperçues dans un miroir en passant.



De petits effleurements de la pensée, des dialogues qui se perdent, des atermoiements du couple nous emmènent au rythme du train dans cette histoire délicate.

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