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Critiques de Jorn Riel (494)
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Un safari arctique et autres racontars

6 nouvelles et autres racontars pour partager l'existence atypique des chasseurs de phoques et de renards polaires du Groënland.

Les nouvelles partagent les mêmes personnages, ce qui permet une immersion, et il s'agit presque d'un feuilleton, 6 très bons moments mélangeant aventure, nuit polaire, entraide ou rivalité, et délires collectifs de ces trappeurs bourrus, sauvages, parfois ivres, souvent philosophes, toujours grossiers et misogynes.

Le ton est décalé et l'humour omniprésent. Très sympa à lire et dépaysant.
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La maison des célibataires

C'est lu en une heure et c'est vrai que c'est drôlement bien écrit! Les personnages sont campés (d'ailleurs, les illustrations sont éloquentes). Un joli petit livre qui en dit long sur ces 5 célibataires...qui le resteront encore longtemps!
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Le jour avant le lendemain

Ce doit être l'annonce de l'arrivée du froid qui oriente actuellement mes lectures vers des contrées polaires!

Encore une histoire au Groenland, un beau récit, simple, bien écrit et émouvant sur une tribu d'esquimaux qui a aujourd'hui disparue.

C'est Ninioq la grand-mère qui raconte sa vie, les coutumes de son peuple, les invocations des esprits des animaux lorsqu'on les tue , la disparition des rennes ...

Transmission du savoir ancestral à son petit fils Manik avec fébrilité parce qu'elle est arrivée au bout de sa vie .

Je n'en dirai pas plus de l'intrigue car sa découverte doit rester intacte pour en conserver la candeur et pour moi une fin à laquelle je ne m'attendais pas .

Une bonne lecture au coin du feu qu'on apprécie encore plus !
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Une vie de racontars, tome 1

Masse critique septembre 2012:



Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est du moins ce que l'on prétend. Peut-être, peut-être. Aragon est un trop grand poète pour que j'ose le contrarier, même mort. On ne sait jamais… Dès fois que son fantôme me tirerait par les pieds. Mais essayons autre chose; nuançons. "Les moments joyeux et délicieux de la vie se partagent sans retenue". Moins péremptoire, la phrase sonne vrai. Aussi vrai que Jørn Riel qui l'écrit dans sa préface. Question de décence inuit, d'ailleurs. Car l'homme inuit, à l'inverse de ma grand-mère, trouve malséant d'évoquer les expériences tristes ou désagréables. Merci Jørn Riel! Je respire et j'envisage de soumettre ma savoureuse lecture à mon atrabilaire aïeule. Histoire de lui apprendre à voir le verre à moitié plein (de rhum norvégien fait maison) plutôt qu'à moitié vide. J'en suis certaine: malgré son arthrose et son percepteur, son rhume des foins et son malotru de voisin, ma grand-mère a, elle aussi, une vie de racontars à dévoiler. Mais il lui manque le talent. Il n'est évidemment pas ici question des ragots du village dont les commères aiment à se nourrir (particulièrement ma grand-mère) mais de ces instants que l'on suçote avec bonheur tout au long de son existence. Quitte à radoter.



Né au Danemark, Jørn Riel, digne fils de son père, découvrit l'Afrique très tôt, sur un isthme au nom imprononçable (je me suis pourtant entraînée). Ce premier racontar honorerait Marcel Pagnol. Empreint de la fraîcheur et de la fausse naïveté des souvenirs d'enfance, j'ai dégusté le récit et me suis offert quelques éclats de rire. J'aurais aimé planter ma tente là, dans les broussailles, mais , à peine installée, il m'a fallu déménager pour entendre le second racontar qui bondissait dans le temps et me propulsait au côté d'une déesse aussi grecque que moi.



Jørn Riel égrène quelques moments clés de son existence. La première aventure, le premier amour, la première fois , la première trahison, la première expédition… Et quelques racontars plus loin, l'oie de Noël! Ah, cette oie de Noël en mai qui m'a donné envie de me retrouver dans le Nord-Est du Groenland à me geler la carcasse en éclusant du schnaps. Ce qui est n'importe quoi. Ou J'aurais été congelée ou mon foie n'aurait pas supporté. Il faudrait faire attention aux lectures que l'on a. Quoique. Celle-ci est roborative avec ou sans viande d'ours ou de boeuf musqué, avec ou sans whisky, rhum, vin, schnaps.



J'ai sauté de racontar en racontar, jusqu'au seizième. J'allais me précipiter sur le dix-septième quand la table des matières a mis un terme à mon plaisir. L'imbécile. Alors, j'ai tourné de nouveau les pages du livre, éprouvé l'épaisseur du papier qui a malheureusement perdu son agréable couleur rose, me suis arrêtée sur les illustrations de Hervé Tanquerelle et regretté de n'avoir pas fait durer davantage ma lecture. Plus jamais je ne dirai que je n'aime pas les récits de voyage. Ma grand-mère me le serinait: avant de dire on n'aime pas, on goûte!
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La maison des célibataires

Dans la série des racontars arctiques.

Alors voilà, je vais rédiger ma chronique de la manière dont Jorn Riel intitule les chapitres de ce petit bouquin.



Où l’on est transporté dans le fjord d’Amélie au Groenland auprès de cinq célibataires qui ont investi l’ancienne batisse de la mission.



Où l’on se rend compte que si l’un d’entre eux, Kernatoq se met à prendre un bain, c’est qu’il y a anguille sous roche et même baleine sous caillou.



Où l’on comprend que la réputation de la veuve Bandita, éleveuse de moutons n’est pas surfaite, elle qui a tué son mari un soir de fugue et dont les biceps ont paraît-il une force prodigieuse.



Où l’on comprend la motivation de Kenatorq pour épouser la veuve Bandita et celle de ses acolytes pour l’en empêcher.



Comme nous le dit l’auteur à la fin : « Un racontar, c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. A moins que ce ne soit l'inverse ? ».



Un bon moment de lecture, un peu bref mais très rafraichissant en ces temps de canicule.



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Riquiqui 2023.
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La vierge froide et autres racontars

Aaaah ces racontars, conseillés par un ami danois lorsque j'écumais la méditerranée en bateau pour gagner ma croute, aux antipodes donc géographiques et climatiques des aventures de nos héros.



Mais d'abord qu'est ce qu'un racontar ? une recherche rapide sur les internets nous indique qu'il s'agit d'un "Récit de faits douteux (avec ou sans malveillance - vous n'en trouverez jamais chez Riel, bien au contraire) nouvelle colportée sans discernement. commérage, ragot. amusant comme anecdotier, tenant un assortiment des plus riches d'historiettes, de potins"



"Spot on" comme disent les copains, on a ici affaire à de courtes et délicieuses nouvelles, qui vont nous faire entrer dans le quotidien de chasseurs/trappeurs vivant de la vente de peaux dans le Groenland.



Je ne résumerais pas ici le contenu, ce que bien d'autres lecteurs de Babelio font avec cent fois plus d'adresse, je vais plus me pencher sur le ressenti.



D'abord le format : la nouvelle : Extrêmement pratique car vous pouvez piocher au gré du recueil et c'est sans engagement, ca se lit rapidement et on ne se sent pas obligé de se laisser hameçonner par une lecture volumineuse et chronophage. Pas d'ennui.



Le contexte : Le Groenland : J'ai lu pas mal de critiques ou les gens se sentaient un peu trop loin de monde bien different du notre, bah alors les mecs on a pris froid? Y'a des peaux de bébé phoques pour les plus frileux.. Quand j'ouvre un bouquin c'est pour voyager, et je trouve mon bonheur dans ces petits racontars, mais un petit avantage, j'y ai retrouvé ici l'echo mes soirées de marins - chiens de traineaux en moins-, souvent épuisé, à s'échanger nos meilleures anecdotes à grands coups de rasade de rhum l'oeil luisant, le sourire toujours au coin des lèvres.



C'est peut etre ce confinement forcé du à la précarité à bord - d'un bateau ou d'une cabine de chasse - qui m'a séduit et puis ces histoires de solitaires qui vont faire feu de tout bois. Et la propension de l'auteur à tirer un racontar délectable à partir d'un petit fait banal inscrit dans un quotidien qu'on imagine plutôt répétitif.



Si bien sur certaines pépites de racontars luisent plus que d'autres, soyez sur que vous si vous embarquez pour le Grand Nord, vous ne serez pas déçus du voyage.



Si vous ne devez en lire qu'un, plongez sur celui de la vierge froide, hilarant, et il suffira à vous pousser à découvrir d'avantage de la vie de ces joyeux drilles qui se réchauffent à coups de tord-boyaux maison et s'enfilent de la bouffe à un taux de cholesterol qui foutrait votre cardiologue en PLS. Et si vous n'avez pas ce recueil précis, aucune excuse pour ne pas vous laisser harponner, ils peuvent se lire dans le désordre.



Si ces hommes bons vivants, parfois taciturnes, philosophes et bourrés (parfois de connivance) ne suffisent pas à preparer votre traineau, si votre truc c'est plus la discipline militaire, les tatouages de dragon, les beignets aux pommes, le p'tit coin ou le galinacé, vous devriez quand même y trouver votre bonheur.



Bon, c'est la fin de mon verre d'alcool fort, nécessaire pour surmonter cette toute première critique et vous dire à quel point j'attends les prochains comme nos compères guettent l'arrivée de la Vesle (prononcer 'Vechle') Mari, bateau ravitailleur de la station.



Et fermez la porte en partant, on se les caille ici.









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Le jour avant le lendemain

Vous-est-il déjà arrivé de terminer un roman et de se dire à la toute dernière page : mais au fait, je l’ai déjà lu celui-ci ! J’espère que je ne suis pas la seule car c’est effectivement ce qui m’est arrivé avec ce roman, et c’est très étrange ! Je n’avais aucun souvenir du texte, sauf au moment où je lisais le dénouement … Ce qui ne m’a cependant pas empêché de l’apprécier !



Tandis que la saison de chasse vient de se terminer pour la tribu de Katingak, Ninioq et son petit-fils Manik partent sur l’île de Neqe, ou ils doivent faire sécher la viande et le poisson récoltés. Là-bas, la doyenne lui transmet les traditions et les légendes de la tribu. Mais quelque chose est arrivé. Depuis des semaines déjà, on aurait dû revenir les prendre. Que s’est-il passé ?



Roman court, Le Jour avant le lendemain est pourtant un texte extrêmement fort, comme sait si bien le faire Jørn Rien, spécialiste des peuples arctiques. Il excelle en effet à en comprendre le fonctionnement, les modes de vie, et à récupérer les mythes et légendes qui y circule. Un texte magique à découvrir sans tarder !
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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La maison des célibataires

Une nouvelle sans surprise de Jorn Riel. Sans surprise, parce qu'on les connaït ses héros : paresseux habiles à lever le coude, paresseux et donc inventifs pour se créer des recettes de gnole décapantes et qui font perdre la tête (pas la leur, celle des autres !) , réfléchis et stratéges, pour mener à bien leur petite barque, mais, attention, la barque en question c'est celle de leurs copains. Et celle-là, elle est sacrée et bien défendue.

Quatre copains, plus très jeunes, prennent en mains leur avenir en transformant la ruine qu'ils habitent et appelée pompeusement "Maison des célibataires" en une fringante maison de retraite complètement prise en charge par l'Etat et à leur unique bénéfice. Ah les forbans !

Et ça nous fait rire !
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La faille

« Monsieur Blanc, jamais de repos,

sept heures du matin, déjà au boulot,

fatigué avec tout ce bruit,

n'a pas fermé l'oeil de toute la nuit.

Et là-bas, là-bas, tout là-bas,

dans une île grosse comme un p'tit pois,

Papous, papous, deux papous

deux papous gentils comme tout,

dans un coquillage d'argent,

écoutent chanter l'océan ».

Ah, Bourvil, la douceur des îles ! Et pourtant…

« Dans les guerres tribales en Papouasie Nouvelle-Guinée, les drones et les armes semi-automatiques ont remplacé les arcs et les flèches », dixit « Le Monde » il y a tout juste une semaine.

Les tribus les plus reculées des hauts plateaux sont contaminées par les technologies actuelles. Quelle drone d'époque !

Mais papi, les papous, c'est papaye et pagaille,

mais papi, les papous, c'est pagaie mais pas paix !



Glaçant, non ? Alors, il me faut rejoindre le spécialiste des racontars arctiques qui, installé désormais en Malaisie pour décongeler, a changé d'hémisphère jusque dans son lieu d'écriture, la paisible vallée de Baliem, en Nouvelle-Guinée.

Il a déserté le Groenland pour un autre pays vert, passant des Inuit aux Papous, un autre choc des cultures « primitives ».



« La nuit, elle avait senti les esprits gentils la toucher et, pendant qu'elle dormait, elle avait tenu un petit citron vert entre ses mains pour se protéger contre les mauvais esprits » .



Ah, Jorn Riel, la douceur du style ! Et pourtant…



Il y a comme une fêlure, le titre du livre en témoigne, la faille, ça vient de faillir, manquer. Il y a comme un manque, un défaut.

L'écrivain voyageur danois a l'ambition de nous montrer le fossé qui existe entre les différentes civilisations. La faille signifie l'écart qui se creuse entre les mondes « primitifs » et « civilisés ».



Aujourd'hui, c'est la rentrée scolaire. Il est question de tenue vestimentaire et d'arrondir les angles. Riel nous propose la description d'un Papou, l'exubérance dans toute sa splendeur.



« Sa parure de tête se composait d'un large bandeau de pandanus bordé de fourrure d'opossum brun. Une haute houppe de plumes se balançait sous la brise matinale, plumes de faucon et de perroquet, que dépassait la longue plume noire, d'un demi-mètre de long, de l'oiseau de paradis. Son visage, enduit de graisse de porc et de suie, était tout noir, mis à part les orbites blanches et deux larges raies de chaux qui couraient du front jusque sur ses joues. Dans les narines percées étaient accrochées les dents liées, tournées vers le bas, d'un verrat sauvage. Il portait un grand mikal ovale, lourd pectoral de coquillages qui entourait son cou comme un col et descendait jusque sur sa poitrine. Ses bracelets, serrés autour du poignet et juste au-dessus des coudes, étaient tressés avec les fibres coriaces des fougères à aigle et le horim, qui couvrait son pénis, pointait, comme sa lance, vers le ciel, le bout entortillé remontant jusqu'entre ses aréoles. »



Une faille, oh, un sacré décalage, à la manière d'« Un Indien dans la ville ».

Actuellement, on parle de végétaliser les cités, de démacadamiser les cours de « récréation ». Alors, le costume plutôt que le bitume ? Et si l'école se faisait vraiment en extérieur, on y apprendrait la nature autant que les coutumes ?



« Ils marchaient sous des arbres qui s'élevaient jusqu'à trente mètres de haut pour atteindre la lumière du soleil. Ils se frayaient un chemin à travers des réseaux emmêlés de plantes grimpantes, rampaient au-dessus d'arbres renversés à moitié pourris, à travers des marécages gris, où les sangsues se glissaient dans les oeillets des lacets pour s'accrocher sur la peau ».



Quatre espèces d'oiseaux dans la cour de « récréation », des dizaines sur le même espace en territoire « primitif ». La faille s'élargit, l'écart se creuse, mais on vit sur la même Terre, il n'y a pas de plan B. Et s'il y en avait un, ce serait B comme Blanc, ou B comme Baliem ?

Je viens de lire que des fluides s'échappent de la faille de Cascadia, il y aurait des sources chaudes au fond de l'Océan Pacifique. de source sûre, ça nous promet un séisme de magnitude 9.

Stop ! Non mais, c'est quoi cette chronique ? Elle nous livre rien sur le roman !

Ah, si on ne peut plus critiquer... 

Rassurez-vous, toutes ces digressions nous ramènent à « La Faille », celle de Jorn Riel.

Du petit monde des Européens qui tentent de vivre pacifiquement avec les multiples ethnies adjacentes, aux tribus conquérantes sur le pied de guerre, Riel nous propose à la fois une plongée dans un monde peu connu, un "dépaysement salutaire" - tant qu'il n'y a pas de groupes de touristes, tout va pour le mieux ! - avec un grand sens de conteur et des personnages d'une belle densité.

Le Docteur Julius Horton vit à Wamena, petite ville de la vallée de Baliem, en Nouvelle-Guinée. Depuis trente ans, l'île est devenue son univers, son pays. Pour rien au monde il ne ferait demi-tour vers l'Europe. Il en a vu, des curieux avides d'aventures, débarquer sur l'île, mais aucun ne résiste longtemps à la vie sauvage qui les attirait initialement. Horton, lui, s'occupe des habitants. Bien connu des tribus papous, il soigne les blessés, les malades, les victimes de guerres tribales. Il a appris à comprendre ces différents peuples qui vivent dans la vallée. On le respecte.

Tout commence lorsqu'un certain Louis Schultz débarque à Wamena.

Un être étrange selon Horton : on ne sait qui il est ni pourquoi il est venu jusqu'ici.



Contre toute attente, Schultz va rapidement s'habituer à sa nouvelle vie.



« Ce qui est bizarre avec ce type […], c'est qu'apparemment il peut tout supporter. Il ne paye pas de mine, mais quelle santé ! 

Il me déroute, cet homme-là […]. Il en sait plus qu'il n'en dit.

Qu'est-ce qu'il peut bien fuir ? »

Très vite, nous sommes plongés au coeur de l'action lorsque Schultz prononce une requête improbable à l'adresse de Horton.

 « Pourriez-vous m'aider à me rendre sur les hauts plateaux de l'intérieur, docteur Horton ? Là où il y a une tache blanche sur la carte ? »



 La réponse attendue de Horton ne traîne pas.

 « Vous ne survivrez pas deux heures sur les plateaux. D'ailleurs personne ne les connaît. Personne ne sait comment sont les tribus là-bas, sinon par quelques rumeurs éparses qui parviennent jusqu'à la vallée. Et je peux vous assurer que ce qu'on entend ici sur leur cruauté peut vous faire faire de sacrés cauchemars la nuit. Oubliez ! »



Schultz est malin et se tourne alors vers Georges Stilton, pilote d'un vieux coucou, comme il l'appelle lui-même. Lui demandant de l'emmener survoler les hauts plateaux, il convainc le pilote de se poser et en profite pour fuir dans la jungle, à quelques centaines de mètres d'une tribu inconnue...

En repartant, dépité d'avoir laissé l'homme dans cette contrée barbare, certain de son sort, le pilote raconte ce qu'il vit.

« Schultz ! Imagine, il s'était assis par terre et est resté planté là, à moitié caché par les hautes herbes, pareil à un vrai fossile. On aurait dit qu'il attendait quelqu'un. Planté là au milieu de rien, il attendait ! »



Les années passent, le sort de Schultz ne laisse aucun doute. L'âme du jeune homme plane pourtant et laisse perplexe. Horton en parle souvent. Que lui a-t-il pris ? Pourquoi cette folie ? Qui était-il ?

 

Wamena se transforme, se peuple, s'urbanise, se modernise. Les tribus continuent d'échapper à l'homme blanc et ses lois.

 

Dix-huit années après la disparition de Schultz, deux hommes d'une tribu des hauts plateaux se présentent, réclament Horton, en possession du médaillon autrefois porté par Schultz. Accompagné de Hahnmuller, Horton prend la route. Direction : les hauts plateaux, une tribu inconnue. Est-ce un piège pour s'emparer de lui ? Est-ce un véritable appel ?



Le face à face a lieu quelques jours plus tard : Schultz est vivant, se fait appeler Yonokma, et est le terrible chef de la tribu qui porte son nom.

Guerrier, stratège, fort, le chef Yonokma est redouté sur tous les territoires alentours. Comment en est-il arrivé là ? On ne le saura jamais.

S'il a fait venir Horton, c'est pour une seule raison : Lalu.

Gravement malade, Schultz - Yonokma a une requête, tout aussi surprenante que la première : il eut plusieurs enfants de ses différentes femmes, mais Lalu est celle qui le comble. Elle lui ressemble. Il a décidé pour elle qu'elle devait vivre ailleurs que dans la tribu, redescendre dans la vallée, et c'est Horton qui en prendra la charge.

Le sort de l'enfant ayant été décidé par son père, elle ne peut refuser, et a accepté l'idée d'ailleurs depuis bien longtemps.

Accepté aussi le rituel pratiqué lors de la mort d'une personne, ici son père.



« Lalu s'accroupit devant le vieil homme et Horton s'aperçut que des fibres d'orchidées étaient serrées autour de l'un de ses bras. Elle en tendit un et posa la main sur un billot de bois. le guérisseur laissa ses mains glisser de doigt en doigt. Puis, soudain, il lui assena un coup paralysant sous le coude et, avec une solide hache de pierre, lui coupa deux phalanges de l'index ».



Nous suivons alors pas-à-pas les mois suivant l'arrivée de Lalu à Wamena, son adaptation à la vie urbaine, à l'école. La jeune fille se montre vive d'esprit, intelligente, sociable, elle parle anglais, chose extraordinaire ! Schultz lui parlait sa langue maternelle tout le temps dans son enfance, sans doute pour la préparer à son retour dans la civilisation. Mais Lalu fugue souvent. Indécise.

Je n'en dirai pas plus sur l'évolution de Lalu, son cheminement...

 

Ce roman, c'est une quête de soi.

Qui est-on lorsque l'on appartient à deux patries que tout oppose, qui s'entre-tuent même ? A qui s'identifier ? Comment, enfant du métissage, vivre ses deux cultures pleinement, sans regret, sans manque, sans faille ?

Comment allier Papou et Blanc, vie sauvage et civilisation ?

Comment vivre lorsqu'on ne se sent jamais chez soi, lorsqu'on a besoin d'être ici et là-bas ?



« L'élan était court, elle décolla tout près du bord et s'éleva haut dans les airs. Elle ressentit le saut comme une libération. Elle était l'oiseau des dieux que son père avait aimé. Elle flottait librement au-dessus de l'abîme, écarta les bras et resta un instant immobile dans les airs, comme un oiseau doré, avant de commencer à tomber ».





 



































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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 2 ..

Énorme coup de coeur pour ce roman, qui au travers de l'épopée d'Arluk, nous fait voyager au Groenland avec les inuits.



C'est une histoire passionnante, pleine d'humanité, pleine de légendes aussi, qui nous fait découvrir le mode de vie de ce peuple.



Je n'aurais pas assez de superlatifs pour décrire ce roman, juste, je ne peux que vous conseiller de le lire.



Waouh !
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La maison des célibataires

Anticipant sur leurs vieux jours, les cinq célibataires de la maison perchée sur la colline de Sardloq, s'inquiètent de ce qu'il adviendra d'eux à la retraite... Car la maison ne leur appartient pas et bien sûr, ce petit hameau isolé au sud du Groenland n'a pas de maison de retraite. Alors Kernatoq se dit que ce serait peut-être une bonne idée d'épouser la Bandita, une veuve irascible et bagarreuse mais qui dispose d'un beau troupeau de moutons et d'une belle maison qui pourrait abriter tous ses copains. Mais cela ne sera pas aussi simple...



Bien que les personnages soient différents, ce petit récit pourrait presque se rattacher aux racontars arctiques tant il s'en rapproche par son rythme enlevé et la veine comique. Dans cette galerie de bonhommes à la fois frustes, rusés et débrouillards, on retrouve leur crainte un peu mystique de la Femme, une crainte mêlée de désir dont ils peinent à se défaire. C'est drôle et délicieux mais un ton en dessous des racontars arctiques plus travaillés, plus aboutis et carrément hilarants.



Challenge multi-défis 2023

Challenge solidaire 2023
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La maison des célibataires

Avec "La maison des célibataires" de Jørn Riel je découvre un auteur danois dont l'humour ne m'a pas touchée.

Pourtant le sujet n'est pas sans intérêt puisqu'il concerne le célibat des hommes isolés sur une petite île groenlandaise et leur peur du vieillissement.

Comme le sous-titre l'indique "Une petite histoire groenlandaise" il s'agit d'un texte court, d'une nouvelle mettant en scène des hommes qui revendiquent le droit à la paresse sauf pour aller picoler.

Ils sont cinq à vivre aux crochets d'un des leurs mais ils commencent à s'inquiéter pour leurs vieux jours. Il est vrai que le manque d'établissement d'accueil de personnes âgées est une réalité dans des lieux isolés.

Alors, un des insouciants célibataires envisage de se sacrifier en se mariant pour remédier aux difficultés financières pour investir dans la maison qu'ils occupent en la transformant en maison de retraite pour leurs vieux jours.

Une histoire d'hommes ou les femmes n'ont pas le beau rôle avec des gags quelque peu misogynes qui ne m'ont pas fait rire. On sent quand même qu'à travers son humour, le vieillissement est un sujet qui travaille l'auteur voire qui l'angoisse.

Cela reste une histoire gentillette sans plus.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge Solidaire 2023

Challenge Coeur d'artichaut 2023

Challenge ABC 2022-2023

Challenge Multi-défis 2023

Challenge XXème siècle 2023

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Le jour avant le lendemain

C'est suite à ma fantastique lecture de Pierre et d'os qui était mon livre coup de coeur 2020 que j'entendis parler du roman Le jour avant le lendemain de Jorn Riel, qui parle également de la vie sauvage d'une tribu au Groenland.



Ce fut une lecture intéressante, le côté sauvage, tribal, se ressent même à travers l'écriture de l'auteur, mais aussi dans les descriptions de chasse. Je commence à m'habituer à ce genre de littérature. Néanmoins, malgré le témoignage très intéressant de ces ethnies nordiques peu connues, j'ai largement préféré l'univers si fort et si puissant, onirique, de De pierre et d'os de Bérengère Cournut, que je trouve bien au-dessus qualitativement parlant.

Ce roman est plus informatif et historique, bien que romancé.
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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 1 ..

C’était il y a mille ans. A peine entrée dans l’âge adulte, Shanuq l’inuit fut enlevée par les indiens des forêts, ceux que l’on appelait les Hommes-Chiens. Mariée de force au chef Shapokkee, elle lui donna un enfant qu’elle prénomma Heq, comme son grand-père maternel. Fuyant les indiens avec son fils accroché sur le dos, Shanuq fut recueillie par des chasseurs venus de la côte. Elle trouva rapidement sa place dans la communauté. Par la suite, elle eut deux autres enfants, un garçon qu’elle prénomma Tyakutyik et une fille, Pukiq. Heq se révéla à l’adolescence un leader charismatique aux pouvoirs de chaman. C’est lui qui, après de nombreuses péripéties, mena les siens vers L’inlandsis, le pays de tous les inuits.



Une superbe adaptation en album d’un ouvrage paru en poche en 2001 aux éditions 10/18. Il y a d’abord le texte de Jorn Riel. Le lecteur se voit proposer une plongée quasi ethnographique dans le quotidien des tribus ancestrales du Grand Nord. Sous la forme de la fiction, il découvre les mythes et la culture inuit. Le récit mélange aventure, émotion, violence et sauvagerie. Le froid, l’âpreté de la nature, la vie dans des conditions extrêmes, tous ces éléments sont rendus avec force détails et précisions. Une grande place est également occupée par la quête de spiritualité. Il y a ensuite le dessin de Benjamin Flao. Chaque illustration pleine page est un petit tableau. Le travail sur la lumière et les couleurs est remarquable et participe grandement à installer l’ambiance envoutante qui traverse le texte. Pour couronner le tout, il y a l’objet-livre lui-même. Du très grand format (24 x 38 cm) au cartonnage épais et au papier brillant du plus bel effet.



Au final, il suffit de se pelotonner au coin du feu et de se laisser embarquer pour les étendues infinies et glacés du Grand Nord canadien. Un voyage inoubliable !




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Le garçon qui voulait devenir un être humain, t..

Leiv est un jeune Islandais qui vient de perdre son père, tué par un autre Viking de son village. Malgré sa taille et son âge, il décide d'embarquer en douce sur le drakar dudit meurtrier pour venger la mort de son père. Seulement, ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que les conditions de navigation du côté du Groenland peuvent être particulièrement difficiles, et Leiv se retrouve à dériver jusqu'à un campement Inuit.



J'avais eu une expérience assez peu transcendante avec la plume de Jorn Riel il y a quelques années, et s'il n'avait pas été dans la liste des auteurs sélectionnés pour le Défi Solidaire 2023, pas sûre que je lui aurais redonné une chance ; et bien mal m'en aurait pris !

J'ai passé un bon moment de lecture avec cette histoire très humaine, très touchante et aux thématiques et aux résonances toujours actuelles. C'est un court récit d'apprentissage très riche dans lequel un jeune garçon pas assez mature pour comprendre les complexités de ses semblables et des codes de société - de la limite ténue entre le légal et le légitime, le rationnel et l'émotionnel - va être confronté à une langue, un peuple, des coutumes et une vision du monde très différente de celle dans laquelle il a grandit. Pour tout un chacun se pose la question du traitement de l'Autre (l'étranger) dans le besoin. Doit-on lui venir en aide ou bien l'ignorer ? L'initier à notre culture ou nous en méfier ? Pour être accepté, doit-il obligatoirement renier tout ce qui l'a construit jusqu'à son arrivée sur la nouvelle terre ?



J'ai beaucoup aimé ce croisement de regards et les épreuves difficiles que traversent ces enfants (loin des happy end à la Disney) , même si j'ai toujours du mal avec les scènes de chasse et de dépeçage d'animaux (quand bien même il s'agit dans ce roman de survie, la petite âme sensible que je suis a eu des pincements au cœur).

Alors, bien que c'est une lecture que je n'avais pas prévu du tout, je pense que je tenterai les deux tomes suivants pour voir comment évolueront ces personnages, leurs perceptions et leurs parcours de jeunes ado ou adultes. Par ailleurs, j'ai remarqué une magnifique adaptation en texte illustré chez Sarbacanne, avec des illustrations signées Christel Espié. Comme quoi, il y a des livres qu'on n'attend pas et qui nous réservent de très bonnes surprises.



Moralité : un livre peut en cacher un autre!
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Le jour avant le lendemain

Un livre magistral ! Choisi pour un challenge, je vais le chercher dans ma médiathèque préférée, classé au rayon jeunesse. De belles illustrations, une histoire d'inuits, je pense que ma lecture sera simple et gentillette. Pas vraiment. Je me demande pourquoi ce roman est classé dans le coin jeunesse. C'est triste, gore, tragique mais aussi émouvant, poétique et superbement écrit. Premier coup de cœur de l'année !
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La fête du premier de tout

La trilogie de Jørn Riel est tout à la fois rafraîchissante, légère, drôle et émouvante. Avec sa belle écriture poétique et son sens de l'humour, Jørn Riel est un fabuleux conteur qui nous ravit tout en nous léguant un témoignage passionnant sur la culture Inuit dont nombre de traditions, qu'elles concernent la chasse, l'alimentation ou les rites funéraires, ont aujourd'hui disparu.



Dans ce dernier tome de la trilogie La Maison de mes pères, le jeune Agojaraq rentre avec bonheur chez lui, dans la maison de ses cinq pères et oncles, après une année passée en Europe qui ne lui a guère plu, les mœurs des hommes dits « civilisés » ayant suscité chez lui beaucoup d'incompréhensions et de difficultés d'adaptation.

Sa famille entreprend de terminer son initiation d'homme en en faisant un vrai chasseur et en lui trouvant une compagne. C'est le début d'un long voyage vers le pôle avec Aqa, une charmante jeune fille aux yeux rieurs. Agojaraq découvre l'amour mais aussi le sens de la propriété et de la jalousie, des sentiments que ne sont pas censés éprouver les Eskimos qui, à cette époque depuis longtemps révolue, n'hésitaient pas à partager leurs femmes en toute simplicité.



Un régal à lire et à relire !



Challenge multi-défis 2021
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La maison de mes pères - Intégrale

Un bonheur, une plénitude, un voyage, un ailleurs.

Une plume savoureuse, gastronomique, souvent fine, parfois un peu salée, acidulée, épicée, succulente. Inoubliable.

Des personnages (sans doute réels) truculents, courageux, braves, philosophes, généreux, car vivre et survivre dans ce Grand Nord demande un sens du collectif et un sens du respect de la vie d'autrui très très supérieur à ce que l'on peut imaginer.

Ils sont bourrés de qualités, ils sont bourrés de défauts (au regard de nos critères socio-culturels actuels) et ils sont parfois pour quelques-uns bourrés tout court.

L'auteur nous les rend pourtant fragiles quelque part, fragiles devant la mort, fragiles devant un enfant, mais implacables face à l'ennemi envahissant qui veut les convertir à une autre religion soit à un autre mode de vie (c'est la lectrice que je suis qui extrapole).

L'humour est permanent comme il l'est chez les Eskimos (les héros de ce livre) (et pourtant, il ne faut plus utiliser ce terme, péjoratif, on parlera de peuple Inuit).

A chaque page de ce livre, un grand éclat de rire (comme les Inuits aiment rire de tout).

J'ai passé beaucoup de temps à la lecture de ce livre, car je le savoure, je relis au fur et à mesure, je m'accorde des pauses, pour sentir encore, pour voir encore, pour trouver derrière l'arc-en-ciel, d'autres couleurs du bonheur.

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Le jour avant le lendemain

Pour plonger au cœur de la vie au grand nord



On vit avec des gens qui vivent dans le grand nord, on s'immerge dans leur monde, dans leur façon de vivre si différente du simple occidental.

On apprend que l'enfer n'est pas dans la terre, et que le paradis n'est pas au ciel, mais c'est tout l'inverse, car le ciel est synonyme de grand froid et donc de danger, alors que la terre en ses profondeurs, de chaleur, et donc de sécurité
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Le garçon qui voulait devenir un être humain - ..

Je suis tombée par pur hasard sur ce roman en me rendant dans la librairie d'un aquarium. La couverture et le titre m'ont intriguée tout de suite.



Ce récit est d'une grande fraîcheur, et c'est le cas de le dire car le récit se passe au Groënland. L'auteur s'y est rendu plusieurs fois et y a vécu plus d'une dizaine d'années. Il nous narre ici à travers l'histoire d'un jeune Viking, les croyances, les moeurs, la vie des "êtres humains", des Inuits. Véritable conte, épopée et récit initiatique, Le garçon qui voulait devenir un être humain délivre beaucoup de beaux messages, des messages de paix, d'ouverture sur les autres, sur les choses qui nous sont inconnues ou qu'on croit connaître tout en nous faisant vivre au Groënland le temps d'un roman.



Les personnages sont attachants, on suit leur évolution au grès de leurs aventures. On voit le jeune Leiv devenir un être humain au fur et à mesure de ses contacts avec les Inuits et d'autres personnages.



J'avoue avoir eu un petit pincement au coeur lors des dernières pages de ce livre à l'idée de quitter ces êtres humains touchants, combattifs et amicaux, ces êtres humains qui nous replacent dans ce qui est essentiel.
Lien : https://www.labullederealita..
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