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Critiques de Jorn Riel (494)
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Le garçon qui voulait devenir un être humain - ..

Depuis quelques jours, un froid "polaire" nous arrive du Nord. Ce brusque changement de température m'a incité à retourner visiter le monde de Jorn Riel. Ce scientifique danois a vécu de nombreuses années sur la banquise arctique et y a côtoyé Paul-Emile Victor. Il a ressorti de ses voyages ces magnifiques "Racontars arctiques", petites nouvelles pleines d'humour et de burlesque. Dans le livre qui nous concerne aujourd'hui, il associe la chaleur des sentiments à la froideur du climat. Situant son histoire au début du premier millénaire, à l'époque où les explorateurs marins pionniers allaient découvrir des terres nouvelles, c'est sous la forme d'un conte mêlé de récit initiatique qu'il a choisi de nous narrer les aventures de jeunes héros empreints d'innocence et de curiosité.

Il y a du Jules Verne dans ce périple polaire, constellé de données scientifiques, de rebondissements haletants et de descriptions de paysages et de combats qui nous tiennent en haleine. Les courts chapitres sont agrémentés de titres commençant par "Où...", technique du conte itinérant qui permet par une courte phrase d'entrer dans le vif du sujet. Cela m'a fait penser au "Voyage de Gaspard" d'Eric Pauwels et à celui de Mosca, de Frances Hardinge. Les ressorts du fantastique, des mythes et des légendes du monde associés à une documentation géographique et scientifique de premier plan. Le tout pour toucher à la sagesse universelle par l'apprentissage de la tolérance et de l'amitié.

Un jeune Viking islandais part clandestinement vers le Groenland pour venger le meurtre de son père. Il y découvrira le monde des Inuits (qui veut dire "humain"), peuple sage et tolérant, à des mille marins de la fougue et de la sauvagerie des "barbares" sanguinaires. Lui, le garçon au teint clair et aux yeux bleus, sera accepté par "ces êtres humains" à la peau cuivrée et aux yeux bruns. le thème des "migrants" dans toute sa splendeur, mais à une époque où les terres vierges et inhabitées permettaient encore de trouver un territoire inexploré pour y bâtir une société harmonieuse. Euh..., à vrai dire, c'était déjà conflictuel au millénaire précédent. Rivage rimait avec esclavage, diplomate avec pirate. Le choc des cultures ne laissait pas de "glace", même si le permafrost était encore intact.

Jorn Riel sait allier la violence des situations avec la douceur de son propos. Une véritable fresque à la recherche d'un humanisme où la sagesse s'acquiert par le "vivre ensemble". Tolérance ou tollé rance, la survie de l'humanité dépendra de notre capacité à surmonter nos peurs ancestrales. Au vu de la vitesse à laquelle se produit le changement climatique, rien n'est gagné, mais tout n'est pas encore perdu. "La foule sentimentale a besoin d'idéal", la lecture de ce conte y contribue admirablement. Fraîcheur et dépaysement, découvrez le vite !





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Un gros bobard et autres racontars

Ce que j’aime dans le Challenge solidaire c’est qu’il nous fait découvrir des auteurs dont on n’avait jamais entendu parler ou qu’on n’aurait à priori pas du tout envie de lire !

C’est le cas cette année par exemple avec Jorn Riel, écrivain danois qui passa 16 ans à explorer les territoires arctiques et en rapporta la matière de ces petites fictions humoristiques , la série des «  Racontars arctiques »dont fait partie «  Un gros bobard et autres racontars ».





Programmé au festival Étonnants voyageurs à St Malo en Mai 2023, il est présenté ainsi :



« Ses héros, ce sont ses compagnons d’alors, trappeurs au grand cœur et chasseurs de phoques, paumés hâbleurs, écrivains de pacotille, philosophes de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux… de fiers solitaires et pourtant indécrottables sentimentaux en quête de l’âme sœur, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. »



Ça me semble très bien résumer en effet ce que j’ai vu à travers ces petites histoires (9 en 150 pages). Certes c’est dépaysant, ça fait sourire par moments, les personnages ne sont pas antipathiques mais j’ai eu du mal à aller au bout … Si j’osais , je dirai que ces récits m’ont laissée de glace ! Côté littérature arctique je suis plutôt team Jean Malaurie mais je tenterai peut-être un autre Riel pour comprendre l’engouement qu’il suscite !

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Le piège à renards du seigneur

Dans ce second tome de la trilogie de la « La Maison de mes pères », les cinq pères et oncles d'Agojaraq tentent de trouver du réconfort suite au départ du jeune garçon vers l'Europe. Ils entament avec leurs traîneaux la tournée de leurs amis qui habitent la vallée. Mais un nouvel arrivant vient bouleverser la quiétude d'Ukusik, la plus proche petite ville de leur maison. Il s'agit du Père Brian, qui vient évangéliser les âmes perdues du Grand Nord à l'aide d'un temple... pneumatique gonflable ! Mais le Père Brian est surtout un escroc qui entend bien faire main basse sur toutes les peaux de renard blanc des Eskimos en profitant de leur naïveté. Par bonheur, Mr Pickerin, le patron de la petite boutique d'Ukusik a vite reniflé la malhonnêteté de l'homme et demande de l'aide aux cinq pères et oncles d'Agojaraq pour le chasser. La croisade de la famille engagée contre le prêtre est absolument jubilatoire !



Dans un registre différent, tout en retenue, Jørn Riel évoque le rite ancestral du suicide institutionnel des Inuits avec Aviaja, la vieille nourrice d'Agojaraq, esseulée et triste depuis son départ, qui songe à « partir sur la glace »...



Cette suite est encore plus réussie que le premier tome, souvent très drôle, parfois mélancolique, toujours tendre et poétique !



Challenge multi-défis 2021
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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 2 ..

J'ai enfin réussi à relire Arluk ... C'est le second volet d'une trilogie mais peut se lire indépendamment (ce que j'ai fait deux fois !!).

C'est un superbe roman sur les Inuits qui nous fait pénétrer avec réalisme dans leur monde à travers l'histoire d'Arluk jeune orphelin élevé par son grand-père qui lui raconte toutes les légendes de son peuple...Là, au milieu des glaces de l'arctique le lecteur découvre un peuple pacifique, blagueur et chaleureux qui s'amuse intensément et sait profiter de la vie et de l'instant.

En écoutant les légendes racontées le soir à la veillée, les jeunes apprennent les coutumes et les tabous de leur peuple et savent ainsi toute leur vie comment se comporter...

A cette époque, les inuits nomades descendus du Grand nord vers l'Est et le Groenland rencontrent les descendants des vikings venus de Norvège ou d'Islande et qui peuplent les côtes du sud...

Les pirates qui bordent les côtes, la peste noire déciment peu à peu les habitats vikings...

C'est dans ce contexte que naît Arluk...

Arluk devenu Angakok (chaman). On lui prédit qu'il fera le tour de la terre (la terre des hommes c'est-à-dire le Groenland). Il veut respecter la parole qu'il a donné et, un beau matin, il quitte son village ...



Au début du XVI° siècle, cette expédition ne peut être que périlleuse. Arluk va vivre des moments de bonheur intense et des périodes de grande solitude et de souffrance inévitables mais il terminera sa vie auprès des siens...

Au contact de ses nombreuses rencontres avec les autres peuples, Arluk et ses proches vont découvrir la violence, l'alcool, la trahison...mais aussi l'amour. Lui-même rencontrera Svava, une Kavdlunait, seule rescapée d'un massacre, dont il fera sa deuxième épouse et qui lui donnera une fille blonde comme elle, Panikpak.

Le roman alterne les scènes de chasse, les aventures de la vie quotidienne, les mythes et coutumes, les scènes familiales plus intimes et la description des paysages immenses dont la beauté transparaît à chaque page...



C'est magnifique !
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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La vierge froide et autres racontars

Où la vie de chasseurs trappeurs dans le Nord-Est groenlandais où la vie est rythmée par les solstices annonciateurs du passage de la lumière à l’obscurité mais aussi par des tords boyaux locaux de tout degré, à l’amitié virile, ….

Lu d’une traite dans un grand éclat de rire alors que la tempête soufflait dans les volets : petit bonus imprévu mais qui donne tout son sel à cette lecture !

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Un récit qui donne un beau visage

Voilà un livre frais, détendu, paisible, qui nous parle de racines, d'origines, sans nostaligie ou passéisme. Jorn Riel raconte la vie dans le Nord (mais le vrai, celui où il fait réellement -40°). Il fait parler un Agojaraq, jeune métis eskimo. Il a deux pères, 3 oncles qui ne sont pas de la même famille, une nounou récupérée alors qu'elle souhaitait mourir... Et tout cela fait une famille, une vraie, pleine d'amour, de tendresse et de poésie.



Amour, tendresse, poésie, un tiercé gagnant chez Jorn Riel. Il y a aussi une truculence quasi rabelaisienne par moments. Une joie de vivre, de croquer les événements à pleines dents. Les aléas de ll'existence sont de petits soubresauts qu'il faut vite mettre derrière soi. Un très belle philosophie de vie.



Il y a dans les histoires que Jorn Riel raconte quelque chose de la veillée où l'on échange les informations, les nouvelles du village d'à-côté distant de 3 journées de marche, il y a de la tradition orale, de la tradition tout court. Mais Riel nous évite le couplet du "c'était mieux avant". Les pères, les oncles d'Agojaraq lui inculquent les valeurs essentielles, dont celle de la tolérance et de la curiosité pour le monde qui nous entoure. le récit se termine quand Agojaraq embarque pour le "monde civilisé".
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Pani, la petite fille du Groenland

C'est tellement mignon. Que dire de plus ? aujourd'hui il parait qu'on ne peut plus dire eskimo. Alors tout est faux dans ce livre...

Mais ce livre est un conte, un hommage aussi je crois.

Moi j'ai aimé, au premier, au second et au troisième degré.

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La vierge froide et autres racontars

Je me souviens avec un brin de nostalgie du titre du 10ème numéro de la série Boule et Bill : "Attention chien marrant !". Les gags contenus dans l'album avaient alors tenu toutes leurs promesses et je m'étais bien bidonné. Bon, je devais avoir dix ans...

La 4ème de couv' du présent recueil est bien plus racoleuse : attention, vous allez vous taper sur les cuisses en écoutant, au coin du feu, les aventures de nos vieux trappeurs ! Car leur solitude, accouplée à leur imagination, a encore aiguisé sur l'inlandsis un sens de l'humour qui était déjà très élaboré au Danemark.

Autant dire que je suis resté totalement hermétique à ces racontars. Après avoir lu Jean Malaurie et Paul-Emile Victor, dont l'humour n'explosent pas aux premières pages mais dont les histoires et les épopées contiennent infiniment plus d'esprit que ces nouvelles, je pensais découvrir un regard plus amusé et moins grave sur le Groenland.

Peine perdue, je n'ai jamais vu le Groenland. Ce ne sont pas un ours en vadrouille et deux ou trois boeufs musqués qui suffisent à planter le décor.

De femme, non plus ! Pour tromper leur ennui, les trappeurs les inventent, les fantasment, ou se rabattent sur les animaux qu'ils ont sous la main.

Je vous laisse donc imaginer le degré de sophistication de l'humour de Jorn Riel.
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La vierge froide et autres racontars (BD)

Voilà un étrange voyage au Groenland, avec quelques trappeurs et avec leurs petites histoires : vraies ? fausses ? vérités améliorées ? On ne sait pas, mais est ce important ?

On s'attache au fil de ces pages aux différents personnages, tous plus ou moins bourrus les uns que les autres, tous avec leurs petites manies et leurs petites failles d'êtres humains.

Et après avoir lu "Groenland vertigo" il y a quelques semaines, j'ai maintenant très envie de découvrir les textes de Jorn Riel (sans les images).
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Le garçon qui voulait devenir un être humain - ..

Publié en 1979, "Le garçon qui voulait devenir un être humain" est le premier roman que je lis de l'écrivain danois Jorn Riel.

En Islande, autour de l'an mil, le jeune Leiv Steinursson, apprend l'assassinat de son père. Pour cet acte criminel, son auteur, Thorstein Gunnarson, est condamné au bannissement et à l'exil forcé pour trois ans. Celui-ci quitte le pays en direction du Groenland avec famille et employés. Malgré son jeune âge (il n'a que douze ans), Leiv décide de venger la mémoire de son père et embarque à l'abri des regards sur le bateau de Thorstein. Sur les eaux, sa présence sera repérée. Cependant, non loin des côtes groenlandaises, une terrible tempête va s'abattre sur l'embarcation. Prisonnière des vents et des glaces, le bateau va se disloquer, ses passagers disparaître.

Le jeune Leiv, porté par le hasard et la chance, gît inanimé sur un rivage rocailleux, inconnu. Deux jeunes enfants se tiennent tout près de lui. Un garçon, Apuluk et sa sœur Natua. Ils vont lui prêter secours et l'emmener jusqu'au campement de leur tribu. Ce sont des Inuit. La méfiance voire l'hostilité suscitée par l'arrivée de cet étranger va rapidement se transformer en reconnaissance et en lien fraternel.



C'est ici le début d'une belle histoire. Un conte qui fait rentrer dans la culture des Inuits (ce qui signifie «êtres humains ») d'autant mieux que Jorn Riel a vécu au Groenland durant seize ans. L'extrême rigueur du climat, les croyances, la chasse pour subsister servent de cadre à une histoire de profonde amitié entre des enfants qui deviendront de jeunes adultes.



Jonché d'épreuves et de dangers mais aussi de moments chaleureux, ce roman fait résonner l'enfance et la curiosité tapies au fond de nous, ce temps où nous nous coupions du temps et des autres pour rester immergés dans une histoire qui retenait toute notre attention.



"Le garçon qui voulait devenir un être humain" a été un très agréable moment de lecture que je recommande chaleureusement.

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La vierge froide et autres racontars

Mille mercis à mon frérot et ma belle soeur qui m'ont fait découvrir ces polars arctiques:) J'ai passé des heures mémorables avec les personnages colorés de ces 9 polars. Des heures de rires à profusion, de rires parfois noirs parfois jaunes et encore de rires aux éclats!



Ces polars sont d'autant plus authentiques que Jorn Riel, ethnologue et aventurier danois, a vécu 16 ans au Groenland à entendre des histoires de trappeurs. Ils évoquent les souvenirs de l'auteur, qu'il nous livrera dans un contenu 100% humoristique mais émouvant à la fois. Chaque fois que l'on ouvre un polar, on est plongé dans un monde totalement à part, dans un monde nouveau et opaque, qu'il arrive habilement à nous faire découvrir.



Les personnages sont colorés, authentiques, drôles, excentriques, attachants, décapants, sensibles et doux sous leurs allures rustres. Solitaires, ils passent des jours interminables dans la nuit polaire, sans lumière, 6 mois par année, les voisins étant à des km de traîneau. Et quand ils se rencontrent, ils boivent un coup d'alcool distillé, jusqu'à l'effondrement de toutes pensées cohérentes. Ils manquent la présence des femmes jusqu'à en inventer, philosophent avec un coq à défaut d'avoir un compagnon de route. Bref, difficile de démêler le vrai du faux tant les histoires sont à ce point absurdes et loufoques par moments. Riel affirmera lui-même: «Ces racontars sont des histoires vraies qui pourraient passer pour un mensonge. À moins que ce ne soit l'inverse».



Les versions sous forme de BD doivent être agréables à lire et doivent accentuer de manière plus tangible, visuel à l'appui, les diverses situations. J'aimerais bien découvrir la «binette» des personnages maintenant que leur personnalité m'est dévoilée!
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Des racontars arctiques

De beaux racontars qui annoncent le dégèle des zygomatiques...écrit pour nous faire vivre le quotidien de ces chasseurs plantés dans leur station du Groenland, portraits façonnés au vitriol, on aime être entraîner dans leurs histoires invraisemblables.

Des récits mouvementés mais tellement éclairant sur la nature humaine .

Bon voyage au pays de la banquise et sa dureté.
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Nartouk, le garçon qui devint fort

Ce livre est un conte, raconté au cours d'un long hiver, par un ancien, Nanatop, plein de sagesse afin de passer le temps - et que l'hiver parut plus court. L'histoire aurait pu mal se terminer - mais nous sommes dans un conte. Nartouk vit dans la crainte à cause de Porto, ce chef auquel personne n'ose s'opposer et qui peut décider quel ancien devra partir sur la banquise. Nartouk a beau être un vaillant chasseur, il est trop vaillant pour Porto, qu'il dérange.

Conte, vous dis-je, puisque Nartouk rencontre des géants qui vont l'aider à être encore plus autonome qu'il ne l'est déjà, ils vont lui apprendre comment chasser, comment pêcher, et lui rappeler qu'il ne faut pas abuser du pouvoir que l'on possède - Nartouk en était déjà convaincu. Penser aux autres avant de penser à soi était déjà un de ses soucis premiers, maintenant qu'il est devenu un chasseur et un pêcheur expérimenté, Nartouk peut rendre davantage service aux siens - y compris à ceux qui, comme lui, ont été chassés de la tribu et se débrouillent comme ils peuvent - et veiller à ce que justice soit rendue.

Nartouk, le garçon qui devint fort est une lecture qui permet de faire découvrir la vie des inuits aux plus jeunes.
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Un récit qui donne un beau visage

Incontestablement; un livre rafraichissant!



Quelques souvenirs, le début de vie d'un jeune garçon né en Arctique jusqu'à son départ pour la civilisée Angleterre, voilà le thème du livre. Un Tarzan de la glace, en quelque sorte. Alors si l'histoire ne casse pas trois pattes à un canard, les anecdotes sont justes savoureuses, servies grâce à un style qui les mets en valeur. Dépaysant garanti de par les expressions typiques (et exotiques de notre point de vue).



Et oui, Mr Riel, j'ai eu un beau visage en vous lisant.
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Le jour avant le lendemain

Quel livre magnifique et puissant ! Quelle leçon de vie que de suivre Ninioq dans sa tribu !

Cette vieille femme nous raconte toute l'humanité de ce peuple inuit, la dureté de la nature mais aussi le ciment qui lie profondément tous ces êtres. Ninioq c'est le courage et la transmission, une magnifique conteuse. Jorn Riel nous offre ici un trésor inestimable, un récit de Vie plus encore que de survie. Ces hommes et femmes doivent chaque jour trouver l'essentiel, la chaleur, la nourriture, prévenir le lendemain, accepter les épreuves infligées par la vie polaire, affronter la peur, mais jamais ne se départissent d'une philosophie tirée de ce fort sentiment d'appartenance à ce noyau dur qu'est la tribu. Quand Ninioq sera obligée de s'isoler un moment pour mettre ses idées en ordre, son petit fils Manik l'accompagnera et l'histoire prendra encore plus de profondeur. Un livre très émouvant vraiment.
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Un curé d'enfer et autres racontars

J’adore lire les racontars de Jorn Riel. Je les trouve rafraîchissants dans ce qu’il décrit des priorités de la vie, de la solidarité et de la joie de vivre.

Je lis beaucoup dans le métro et ses racontars en sont vraiment le contrepoint: face à l’avalanche de couleurs et de stimuli imposés par les publicités et la multitude des gens et des interactions, imaginer ce paysage vierge, presque mono couleur et cette vie rude où évoluent les chasseurs est très apaisant.



Dans ce recueil, on retrouve les protagonistes habituels, avec leurs caractéristiques marquées dans des situations qui, pour nous, sortent de l’ordinaire mais qu’ils affrontent avec inventivité et bonne humeur, malgré les fins parfois funestes de ces racontars. Je me suis particulièrement amusé à la lecture de El dedo del Diablo et le Petit Pedersen et comme à chaque fois, je me dis que Jorn Riel est un formidable conteur, ménageant savamment ses effets.



Je lis ces racontars dans l’édition de Gaïa, avec un papier épais et rose et des dessins à l’encre de Riel qui illustrent ses racontars d’une ou deux esquisses par nouvelle. Je trouve que ça rajoute un charme certain à ces lectures.



Bref, un très bon moment de lecture et je suis heureuse qu’il me reste plusieurs recueils de racontars à découvrir, je ne voudrais pas les finir trop vite.

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La maison des célibataires

Un très joli conte un peu loufoque !



Cinq hommes célibataires et plus si jeunes, vivent dans ce que tout le village appelle La maison des Célibataires.

Seul un d'entre eux travaille et fait vivre cette petite comunauté. Mais qu'adviendra t-il lorsque viendra l'heure de la maison de retraite. Seront-ils séparés ? cette hypothèse est inconcevable pour ce groupe d'amis.

Il va donc leur falloir trouver une solution pour pérenniser leur mode de vie et rester ensemble.

Kernatoq le travailleur a bien une idée en tête.

Si elle paraît séduisante, à bien y réfléchir les copains l'a trouvent finalement assez risquée.

Ils mettront en place un plan audacieux, et sans vergogne assureront ainsi leurs vieux jours.



L'écriture est légère, les chapitres courts, le rythme soutenu et les idées des protagonistes farfelues au possible !

Une nouvelle drôle, décalée et rafraîchissante.





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La vierge froide et autres racontars

Il se pourrait bien qu'il y ait bien plus de civilisation, d'urbanité, d' humanité , où la présence humaine dans un rayon de centaines de km se compte sur les doigts de pas plus de deux mains. Après tout, même dans ce domaine, la qualité (humaine) compte plus que la quantité, n'est-ce pas ? Eh bien, je pense qu'une bonne réponse à cette question a été donnée - et réitérée à plusieurs reprises - par Jørn Riel et sa bizarre bande de chasseurs polaires.

Dans ce cas également, comme pour les autres livres de la série, Jørn Riel décrit ses histoires comme " une vérité qui pourrait être un mensonge, ou un mensonge qui pourrait être un mensonge ": une sorte de légende urbaine hyperboréenne, en somme, de dérivation orale claire, à travers laquelle transmettre avant tout des histoires d'hommes dans des endroits difficiles avec une pléthore adéquate d'ajouts, de raffinements, d'ajustements, de personnalisations, afin de les rendre extrêmement fascinant et captivant tout en restant toujours crédible, même s'il soulève fréquemment les sourcils et s'amuse constamment.

D'un autre côté, même le cadre des histoires de Riel est absolument stupéfiant : le nord-est du Groenland, une terre extrême de fjords gelés et d'énormes montagnes enneigées, de vastes espaces encore largement inconnus, de froid intense, de silence profond, de solitude inexorable. Une terre où l'homme est remis à sa place par rapport à la Nature qui à son tour redevient impérative et invincible sur tout et sur tous, humains et animaux ; mais aussi, d'autre part et pour la même raison, une terre où - pour ainsi dire - un surplus d'humanité est nécessaire pour survivre sinon (exploit presque héroïque) vivre. Un lieu hostile au pouvoir maximum dans lequel, cependant, l'homme peut redécouvrir la valeur authentique de certaines vertus telles que l'amitié, l'entraide, la solidarité, la communauté de visions et de modus vivendi et non moins la conviction en ses propres moyens, en ses possibilités et dans la capacité de résistance et de sacrifice.

Bien sûr, tout ce qui peut provenir d'hommes trop « conformés » à la dureté des lieux ou, avec le temps, moins habitués aux homologations ordinaires de la civilisation, et dans la bande des chasseurs de renards, de phoques, d'ours et des bœufs musqués racontés par l'écrivain danois (qui, de surcroît, connaît bien le Groenland pour y avoir vécu et travaillé seize ans) chaque personnage se distingue par quelques-uns de ses propres caprices, des caprices étranges, une passion extravagante ou par un caractère qui lui est propre. 

Je crois que la grandeur de Riel réside aussi dans sa capacité à rendre toute la beauté glaciaire du paysage arctique d'une manière profondément touchante mais sans jamais excéder en déclarations redondantes et en hyperboles narratives : pourtant le Groenland est là, bien présent, proéminent mais pas écrasant, éducateur de vie rigide mais profondément didactique, éducatif et, même, dans certaines situations presque accueillant, à condition de savoir tisser un lien pleinement anthropologique et culturel avec son territoire ancestral et puissant, et avec son puissant Genius Loci, respectueux, correct et jamais futile, peut-être même anguleux ou abrupt, jamais vide de sens et de substance. 

Les personnages de Riel savent le faire au mieux, par nature innée, tempérament acquis ou par simple et efficace esprit de survie : ils savent construire un paysage plein de valeur humaine sur lequel coulent même des événements bizarres et, je crois, c'est précisément dans ce paysage humain d'une valeur anthropologique absolue que Riel sait s'immerger et en tirer sa narration intrigante.

Quelles sont les deux limites à l'intérieur desquelles la nature humaine évolue inexorablement, de gré ou de force, comme on le voit bien en ce moment. Après tout, c'est aussi pour cette raison que les récits de Riel sont dotés d'une force littéraire et narrative ultratemporelle, qui les rend toujours lisibles, en donnant toujours un grand plaisir ainsi qu'une grande profondeur culturelle. Même au milieu d'un groupe fou de robustes chasseurs arctiques...

Lisez-les, les livres de Jørn Riel :

on a toujours besoin de l'authenticité humaine et culturelle qu'il est si capable de raconter et de rendre emblématiquement fascinante.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un récit qui donne un beau visage

On aimerait avoir le talent et la poésie de Jørn Riel pour décrire les bienfaits de cette lecture mais on n'a que ses pauvres mots pour vous en convaincre. Alors, comme les Eskimos pudiques de ces merveilleuses histoires qui parlent d'eux à la troisième personne, on va modestement tenter de partager avec vous tout le plaisir éprouvé à la lecture des aventures du jeune Agojaraq élevé par ses cinq pères et oncles et Aviaja, sa vieille mère adoptive, dans l'Arctique canadien.



Il y a toujours du merveilleux dans les histoires de Jørn Riel. Le premier tome de sa trilogie « La Maison de mes pères » n'y fait pas exception. Attachants, fantasques et simples, ses personnages animent gaiement leur vallée glacée, loin de la civilisation. Le moindre petit événement est prétexte à une fête : une petite culotte en soie offerte en cadeau pour déclarer sa flamme à une jeune esquimaude, le paiement d'une amende en contrepartie du vol de huit chiens... Même une intervention « médicale » d'urgence se transforme en fête, où l'alcool coule à flots, provoquant quelques effets inattendus extrêmement drôles chez certains. Comme dans les racontars arctiques, les femmes y sont dépeintes comme des êtres mystérieux, des créatures à la fois vénérées et craintes, recherchées car, comme le dit l'oncle Gill, « c'est un impératif absolu pour un homme de pouvoir obtenir auprès d'une femme ce que son corps réclame » mais aussi fuies car « les gonzesses, c'est tout de même ce qu'il y a de plus dangereux au monde ».



On rêve, on s'évade, on sourit beaucoup en lisant ces petites histoires tendres et joyeuses. C'est un véritable baume de douceur !



Challenge multi-défis 2021
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Le jour avant le lendemain

Départ pour un continent inconnu ... pour un lieu loin de tout ... un autre monde ... celui où tout avait changé ... il n'y avait plus de rennes ... il n'y avait plus d'animaux de mer ... ce pays où les hommes continuaient de s'entretuer.



Un autre monde où l'homme enlevait celle qu'il avait choisi en fonction de la force de ses frères, où il l'emmenait dans une petite île loin de tout et qu'il lui lavait le dessous de la plante des pieds pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir,

Un autre monde où toute personne quand elle n'a plus aucune utilité pour la communauté doit aller s'installer sur la glace pour sauver sa bonne réputation.

Un autre pays où l'on retire les toits des maisons d'hiver pour les aérer quand vient le temps du camp d'été,

Un pays où au temps d'une famine quelconque, on laisse la plupart des bébés de sexe féminins sur la glace,

Un pays où les âmes-noms des défunts doivent trouver une nouvelle demeure chez les nouveaux nés.



Le choc est rude,

On se retrouve dans l'inconnu, l'inimaginable,

Le climat et le froid insoutenable,

La lumière trop présente ou absente,

Les coutumes d'un autre temps,

Les mœurs surprenantes pour nous,

La nourriture bien loin de nos échelles de valeurs avec nos fourchettes ou nos étoiles.



Je reste scotchée par ce racontar, imaginé peut être mais si vraisemblable que je me retrouve avec le besoin d'aller voir ces paysages peuplés de blanc, de cailloux, ces espaces désertiques qui peuplent nos rêves et de nos peurs.

Une ballade sublime avec un langage qui parle au cœur.
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