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Critiques de Julia Kerninon (869)
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Ma dévotion

Helen croise par hasard Franck dans une rue de Londres. Elle ne l'a pas vu depuis dix-neuf ans, depuis qu'un tragique événement a mis fin à leur relation. C'est l'occasion pour elle de lui raconter la véritable nature de ses sentiments à son égard, en retraçant leur vie commune depuis leur rencontre à l'âge de douze ans dans une ambassade à Rome, en passant par l'appartement qu'ils partagèrent à Amsterdam et jusqu'à leur maison dans la campagne française.

J’ai tout aimé dans ce roman. J’ai eu un énorme coup de cœur pour ce portrait de femme subtil et fascinant.

Julia Kerninon m’a happée dès les premières pages dans une histoire d’amour haletante, passionnée, intemporelle et m’a menée d'un bout à l'autre du récit, presque dans un souffle, de son écriture délicate et incisive. Je n’ai pas eu envie de lâcher le livre avant de savoir ce qu'il est advenu de ce duo auparavant inséparable.

Un très beau roman, doux amer sur une amitié fusionnelle, une histoire d'amour et ses conséquences dévastatrices.



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Liv Maria

Liv Maria de Julia Kerninon @juliakerninon aux éditions @ed_iconoclaste



Liv Maria née d’un père norvégien et d’une mère bretonne dans une petite île bretonne où elle devait passer des jours heureux mais un évènement tragique va la conduire à Berlin où elle découvrira beaucoup de choses dont son premier amour.



Par la suite les évènements feront d𠆞lle une aventurière au Chili pour finir casanière et rangée dans un petit village irlandais mariée avec enfants.



Liv Maria cache un secret, elle ne le dévoilera même pas à son mari.



Mais une femme comme elle éperdue de liberté est elle vraiment faite pour trouver une stabilité au sein d’une vie de famille avec la routine et les inconvénients que cela incombe ?



Quel est ce secret si grave qu𠆞lle garde jalousement ?



Coup de cœur pour ce roman où je me suis beaucoup attachée à Liv Maria.



Bravo à Julia Kerninon qui m𠆚 permis grâce à ce magnifique roman de voyager et vivre une très belle histoire de femme libre et indépendante.
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Sauvage

Ottavia est passionnée. La fougue qui la maintient année après année, depuis sa plus tendre enfance se traduit par une créativité et un acharnement sans trêve autour de ses fourneaux. Après avoir vécu dans l’ombre de la célébrité de son père, lui aussi chef, la jeune femme s’est construit une réputation et les clients le savent.



Le revers de la médaille affiche une autre histoire. Celle d’un premier amour, répudié lorsque la pression de démons artificiels l’a rendu invivable. C’est ensuite une furtive rencontre avec Clem, qui lui a donné une adresse à Paris avant de s’envoler brutalement vers la France, où elle le retrouvera au cours d’une rencontre éclair C’est finalement Bensch, un critique culinaire réputé qui est tombé sous le charme et est devenu le père de ses trois enfants. Mais le souvenir de Clem la hante.



Le feu qui anime la narratrice est de ceux qui ne s’éteignent pas et qui incendient tout sur leur passage. Elle vit sans concession, et épuise son entourage. C’est aussi ce qui est à l’origine des passions qu’elle déchaine.



L‘ambiance est ardente dans ce roman qui mêle la cuisine italienne dans ce qu’elle a de plus séduisant, et les amours complexes de la jeune cheffe. La chaleur des âmes et des fourneaux s’incarne sous les traits de l’héroïne tout feu tout flamme.



Une écriture travaillée mise au service d’une histoire plaisante.



300 pages Iconoclaste 17 Août 2023
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Toucher la terre ferme

Toucher la terre ferme est un court récit autobiographique d'une tranche de la vie de Julia Kerninon, jeune auteure française que j'avais découverte dans son magnifique premier roman intitulé Buvard.

Le thème de ce livre pourrait être considéré comme ordinaire, puisqu'il s'agit de parler de maternité, mais n'attendez pas ici que Julia Kerninon vienne vous parler de l'attente béate d'une femme devenant ronde de bonheur.

Au travers de sa propre expérience de la maternité, Julia Kerninon m'a entraîné, - pour ne pas dire happé, vers un chemin difficile pour elle.

J'ai été saisi dès le début des pages par le tangage des mots, comme un océan tumultueux au bord ultime du naufrage, où l'auteure nous parle du mal de mère.

C'est une confidence, c'est une confession sans concession, une voix intime, c'est un cri parfois impudique, je l'avoue, mais je le crois nécessaire et indispensable pour donner du sens au texte. Elle ouvre son coeur, parle de son corps, partage ses blessures.

Dans cette quête vers elle-même, elle se questionne, elle se traque, elle devient sujet d'observation. Ce pourrait être intrusif et malsain, c'est juste beau. Elle fait ce pas de côté en nous prenant la main et nous montrant ce qui est, ce qui fut, peut-être ce qui sera.

Le ton honnête avec lequel elle nous convie force le respect, amène à l'empathie. J'espère vous convaincre par mon propos que l'empathie, c'est littéralement ce lecteur masculin que je suis qui a su se plonger dans le corps et l'âme de cette femme en proie aux turbulences d'une maternité chaotique.

C'est aussi l'image d'une personne solitaire qui est venue à moi. Ou plutôt une personne seule parmi les autres, ses proches, ses enfants plus tard.

L'existence à laquelle sa vie s'adosse est mêlée de vertiges, de rencontres et de déroutes.

Elle parle de la vie avant son premier enfant comme d'un monde merveilleux et extraordinaire, du moins c'est ce qu'elle ressent avec le recul.

Durant cette vie d'avant, elle est aussi une lectrice compulsive et qui écrit désormais, qui publie, qui se nourrit autant de sa vie que de ses lectures. William Faulkner et Rainer Maria Rilke deviennent alors des amis proches, qui vont l'aider dans son cheminement. Preuve que les grands écrivains que nous aimons veillent sur nous et nos existences, nous inspirent peut-être... Moi je le crois en tous cas.

La maternité, c'est peut-être cette barque qui l'entraîne vers une terre qui deviendra un jour stable. Parfois elle regrette presque l'inconfort des histoires d'amour d'avant qui la mettait en totale insécurité.

Se croire insubmersible.

Les pages où elle revient sur ses pas sont incandescentes comme le désir, comme la liberté, comme un oiseau inondé de lumière et traversant ce ciel enflammé.

Elle a peut-être, comme on dit, brûlé la chandelle par les deux bouts.

L'impudeur, est-ce celle de parler d'un corps parfois saturé d'ivresse et de fatigue, surtout à l'approche de son premier enfant ?

Dire ce déséquilibre au bord de l'abîme ?

Parfois elles se souvient de gestes d'amour, ou bien on le disait comme cela, on les nommait comme cela. Pourrait-elle aimer comme cela aujourd'hui ? Elle ne regrette pourtant rien, elle s'éloigne simplement d'un rivage, emportée par la maternité.

L'impudeur, c'est peut-être aussi oser s'avouer que la paix d'une famille, celle d'un couple, une famille qui s'agrandit, devient un péril nouveau tout simplement parce que c'est un territoire inconnu. Quelque chose de calme et d'apaisant. Ce n'est peut-être pas encore une terre où le pied peut se poser fermement.

Elle ne cache rien, ni ses peurs, ni ses failles, ni ses trahisons...

Aborder la maternité, ce fut tout d'abord pour Julia Kerninon l'occasion de se poser cette question presque anodine : « Est-ce que tout s'arrête là ou bien qu'au contraire, tout commence. »

J'ai été emporté par une écriture incroyablement belle, poétique, puissante, elle m'a aidé peut-être plus facilement à entendre ce que l'auteure voulait me dire.

Julia Kerninon dit la manière de réconcilier ce qui a pu être déchiré dans son cheminement difficile de femme avant d'être mère.

La maternité pour elle, c'est « cette impression d'avoir été fendue en deux par une hache, écartelée en étoile, points cardinaux, rose des sables. » Ce corps nouveau d'elle qu'elle a ainsi découvert dans la maternité.

Ce bébé, cet être attendu comme une nouvelle personne qui va venir sur terre, c'est tout d'abord une douleur qui l'éventre, lui fait mal.

Elle se sent parfois maladroite et brutale lorsqu'elle contemple ébahie l'amour de ses proches pour leurs propres enfants. J'ai pensé qu'elle osait dire ici ce que d'autres femmes, d'autres mères n'osent jamais se l'avouer.

Elle essaie désespérément d'être une mère, d'être une femme, tout en revenant sans cesse à sa propre enfance. Je voyais par moment se dessiner pour elle au fond du paysage une ville natale, mais plus j'avançais dans le récit et plus cette ville natale semblait disparaître comme à jamais, comme quelque chose qui n'aurait été qu'une simple enchantement, un mirage posé sur l'horizon d'un désert.

Mettre au monde son premier enfant c'est pour Julia Kerninon comme rester éveillée aux premières heures du jour, vaincre enfin sa peur, fermer des portes... Pousser la barque vers l'autre rivage...

Plus tard, elle a cessé d'être une enfant, elle est devenue une mère...

C'est aussi un livre qui dit la difficulté infinie d'apprendre à aimer, d'apprendre à être aimée et pour cela il touche au coeur.

Elle tangue, elle tente de tenir debout, à la verticale de ses désirs encore vivants, de ses illusions qui partent en lambeaux. Au loin, il y a un territoire dont elle s'approche, est-ce une terre ferme ? Où le pied ne tremblera pas ? du moins il suffit d'y croire, il suffit d'y poser le premier pas, puis le suivant.

Là-bas, sur l'autre rivage de sa vie, ses enfants l'attendent, qu'elle aime cependant, qui l'ont transformée, qui l'ont aidé dans ses renoncements, qui l'ont aidée à accepter de vivre avec le danger, puis savoir s'en éloigner. La barque avance, toute proche de l'autre rive...

J'ai tangué dans ce texte bouleversant.

Toucher la terre ferme. Enfin...
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Buvard

Buvard est un roman sur l’écriture et la lecture. C’était une recommandation d’un libraire rencontré au cours de l’émission La grande Librairie.

Une jeune femme sauvage, auteur de romans qui ont marqué le paysage littéraire, vit en recluse dans la magnifique campagne anglaise. Pourquoi fait-elle un exception et accepte t-elle de se livrer à un jeune étudiant fan de ses écrits? Lui-même a du mal à comprendre sa chance. Mais ils vont passer plusieurs semaines ensemble, au cours desquelles Caroline lèvera le voile sur les blessures de son passé et les chemins cahoteux qui l’ont conduite à exorciser son passé en écrivant. Les confidences de la jeune femme réactivent chez Lou les plaies de son passé.



La justesse de l’écriture confère au roman des accents d’authenticité, et il pourrait être tentant d’effectuer en quelques clics des recherches sur la vraie Caroline Spaceck : peine perdue, elle n’existe que dans l’imagination de Julia Kerninon, aux côtés du jeune interviewer. Le rendu des émotions ressenties par les personnages est très réaliste et très convaincant. Le huis-clos accentue la force des interactions entre les deux personnages principaux, renforçant l’intérêt du lecteur pour le propos



C’est un premier roman très prometteur, avec un sujet séduisant : les mécanismes de l’ écriture, mais aussi les liens qui se tissent entre un lecteur et un auteur, et la faille qui peut se révéler lorsque ces liens fantasmés passent au crible de la rencontre tangible






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Sauvage

Ce roman était appétissant avec sa couverture colorée, la promesse de retrouver la plume de Julia Kerninon que j’avais beaucoup aimée dans Liv Maria et le décor romain qui s’esquisse dès l’incipit. Ce titre intrigant aussi : sauvage, c’est un mot qui a un goût de liberté brute, de naturel comme une plante qui pousse à sa guise, mais quelque chose de rude aussi.



Et effectivement, je n’ai fait qu’une bouchée de la première moitié du livre, séduite par l’intrigue nouée autour d’Ottavia Selvaggio qui, à quinze ans, décide de quitter l’école pour cuisiner. De sa plume sensuelle, l’autrice nous fait ressentir l’adrénaline des coups de feu en cuisine, respirer des arômes méditerranéens, goûter des saveurs tellement italiennes – salades de puntarelle aux anchois, carciofi alla romana… Dans les sauces et les spaghettis se lovent des relations dont la tectonique est restituée à merveille. Les femmes de la famille sont échaudées par le mariage, Ottavia est déterminée à s’accrocher coûte que coûte à sa liberté. Forcément, un tel personnage nourrit l’intrigue, la rend imprévisible, et je n’ai pas boudé mon plaisir.



Et pourtant, mon appétit s’est tari par la suite. J’ai eu l’impression que la quête éperdue de liberté d’Ottavia ne lui permettait pas de savourer l’ensemble des possibles, mais l’empêchait de les investir. Elle qui était supposée représenter une femme libre, émancipée, m’a semblée au contraire paralysée, dévorée par les doutes. Comme le dit la quatrième de couverture, même la maternité ne la fait pas dévier de sa route, mais quelle route ? Cette femme qui pourrait tout se permettre ne me semble pas réaliser grand-chose. Sa quête a fini par me sembler dépourvue de sens et j’ai eu de plus en plus de mal à m’y intéresser. L’excipit, qui pousse à son paroxysme la hantise de liberté de la protagoniste, m’a laissé un entêtant sentiment d’inaccompli.



Peut-être est-ce précisément le propos du roman de nous interroger sur la quadrature du cercle que représente la conciliation d’une passion professionnelle, de la maternité et de la vie de femme. Mais cela m’a laissé un sentiment frustrant.
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Liv Maria

Voilà un personnage de femme diablement sympathique.

Disons-le tout de suite : je ne suis pas du tout d'accord avec le bandeau prévu par les Editions de l'Iconoclaste, indiquant cette phrase : « Je suis mère, je suis menteuse, je suis une fugitive, et je suis libre ».

Certes, cette citation est bien extraite d'une phrase que prononce l'héroïne, Liv Maria, dans ses apartés dont l'autrice a le secret, mais non, je regrette, Liv Maria n'est ni menteuse, ni fugitive. Elle a juste une histoire, une histoire qu'on suit avec beaucoup d'intérêt et ceci explique ce sentiment de culpabilité.



Sans résumer totalement ce qui va faire le sel de cette histoire, disons tout de même que cette histoire se déroule en trois temps :

Un premier temps à Berlin, où Liv Maria, alors âgée de 17 ans, propulsée de son île bretonne vers sa Tante qui vit en Allemagne, va connaître son premier amour avec un professeur d'anglais irlandais, lui-même en séjour, seul, dans la capitale allemande, une capitale qu'elle devra quitter brusquement à l'annonce de l'accident mortel de ses deux parents.

Un second temps où Liv Maria va parcourir l'Amérique du Sud, fringante, sure d'elle-même, gagnant de l'argent avec un bel amant plus âgé qu'elle, vendant des chevaux, fréquentant des cowboys et des hommes de toute sorte, et se grisant de grand air et de grands espaces.

Et puis un troisième temps en Irlande, où elle va donner naissance à deux fils. Elle va trouver la plénitude avec une belle maison tout en bois, et une activité de libraire – qui va relier tous ceux qu’elle avait aimé, notamment l’écriture de Faulkner, que son père vénérait, et qui revient faire parler de lui à la fin de l’histoire. Mais un lourd secret qu'elle ne peut partager avec qui que ce soit va provoquer le destin



Mais l'essentiel n'est pas là. L'écriture de Julia Kerninon nous permet de poser la question insoluble de l'identité, de la fidélité à soi et à ses origines, à la place que tiendra toujours le premier amour, et à bien d'autres encore.

Peut-on se stabiliser quelque part, lorsqu'on a soif d'horizons et de grand air ? Peut-on s'établir, construire une famille, s'y épanouir sans renoncer à ses rêves ?



Julia Kerninon, que j'avais déjà repérée avec « Ma dévotion » révèle son talent de conteuse, et son ton est plein de justesse et de sensibilité. On la suivra avec plaisir pour ses prochains romans.

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Liv Maria

L’amour, comme un boomerang



Avec Liv Maria Julia Kerninon raconte la vie mouvementée d’une femme qui va parcourir le monde pour oublier sa première histoire d’amour. Et finit par la retrouver…



L'histoire de Liv Maria commence le jour de sa conception, lorsque sur une île bretonne le spermatozoïde de Thure Christensen, un marin norvégien, prend la direction de l'ovule de la tenancière du seul café de l'endroit. Comme son père lui avouera quelques années plus tard, il fut très heureux que cet amour puisse se développer sur ce petit coin de terre : «J’ai eu de la chance qu’elle m’épouse, tu sais. Je n’étais vraiment rien du tout, à l’époque. Je suis arrivé ici sans prévenir, mes mains étaient vides, mon cœur était plein. Elle aurait pu trouver beaucoup mieux que moi. Elle le savait très bien. Elle m’a tout appris. Elle m’a donné mon enfant. Et pour ça, je lui suis éternellement reconnaissant.»

Un enfant qui va s'épanouir entre parties de pêche et lectures. À 14 ans, Liv parcourt déjà l'île au volant d'une vieille Volvo, servant de taxi et de transporteur pour des habitants qui ne se formalisent pas plus qu’elle de l'âge légal pour conduire. Questionnée sur son avenir à l'école, elle répond qu'elle entend continuer «tout pareil». Mais en 1987 – elle a alors 17 ans – elle sera victime d’une tentative de viol, alors qu’elle transportait un homme dans sa voiture à la nuit tombée. Ses parents décident de l’envoyer à Berlin, chez sa tante Bettina Christensen.

Dans la ville séparée par le mur de la honte, elle va parfaire ses connaissances linguistiques et chercher l'étymologie des mots avec le professeur irlandais Fergus O'Shea qui, dix jours après avoir fait sa connaissance, lui fera aussi découvrir ce que deux corps qui se frottent parviennent à produire comme étincelles. Mais leur amour incandescent ne durera pas 100 jours. Fergus ayant rempli son contrat retourne auprès de sa femme et de ses enfants en Irlande, avec la promesse de ne pas l’oublier et de de lui écrire.

Liv ne recevra pas de lettres de Fergus. En revanche, on lui annonce la mort accidentelle de ses parents.

De retour sur son île pour les obsèques, elle se sent un peu perdue, avant de décider de relever la tête et de transformer le café familial en hôtel. Mais très vite, elle va se sentir à l’étroit sur son île et l'envie de voyager va prendre le dessus. La voilà partie pour un périple sud-américain qui la conduira du Chili au Guatemala, passant dans les bras de différents amants, accumulant les expériences professionnelles jusqu'à se constituer un joli magot. Quand elle rencontre Flynn dans une librairie, elle est loin de se douter que quelques mois plus tard elle sera sa femme, qu’elle retournera avec lui dans son Irlande natale, enceinte de leur fils.

Julia Kerninon, avec un art consommé du suspense, va alors dévoiler le secret qui va bouleverser la vie de Liv Maria et lui donner la dimension d’une héroïne de tragédie grecque. Derrière le petit bureau de la librairie qu'elle a accepté de reprendre, elle revoit sa vie défiler. Et cherche quelle femme elle est vraiment :

«Je suis la fille unique du lecteur et de l’insulaire, je suis le bébé Tonnerre, l’orpheline, l’héritière, je suis la jeune maîtresse du professeur, la femme-enfant, la fille-fleur, la chica, la huasa, la patiente de Van Buren, la petite amie, la pièce rapportée, la traîtresse, l’épouse et la madone, la Norvégienne et la Bretonne. Je suis une mère, je suis une menteuse, je suis une fugitive, et je suis libre. Elle ne pouvait pas rester là. Elle ne savait pas exactement pourquoi, mais elle ne pouvait pas. Mon nom est Liv Maria Christensen. Je suis ce que je suis.» Mais surtout une femme qui vous n’oublierez pas de sitôt !




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Toucher la terre ferme

«Je vais continuer à vivre ma vie invivable»



Après nous avoir régalé avec Liv Maria, formidable roman paru fin 2020, Julia Kerninon se confie à travers un récit intime. L'émouvante confession d'une jeune femme devenue mère.



En refermant ce récit bouleversant, je ne sais si j'en ai le plus admiré l'écriture qui vous entraine au fil des pages, vous bouscule et vous fait découvrir combien la force de ces mots alignés peut vous ramener à votre propre histoire, à vos propres lectures ou si c'est le courage de cette confession intime, très intime, qui m'a bouleversé. Toujours est-il que Julia Kerninon a rassemblé en un peu plus de 100 pages une philosophie de l'existence, un bréviaire pour les temps futurs – notamment pour ses deux enfants –, une superbe déclaration d'amour et une non moins superbe déclaration d'indépendance. Sans oublier le besoin vital de lire et d'écrire.

Une histoire, son histoire, qui commence par un constat auquel tous les parents doivent faire face, souvent sans en mesurer les conséquences: donner naissance à un enfant va bouleverser votre vie. Celle que vous connaissiez avant. Et pour les mères, ce grand chambardement commence dès la grossesse. Une période difficile car c'est celle des questions sans réponse. Serai-je une bonne mère? Et d'abord qu'est-ce qu'une bonne mère? Comment va se passer l'accouchement? Vais-je souffrir? Comment vais-je faire pour concilier mon rôle de mère, d'épouse et mon activité professionnelle? Au fil des jours ces craintes deviennent de vraies angoisses. Même si en fin de compte l'accouchement qui s'annonçait délicat se passe plutôt bien. Et l'enfant déposé entre les bras de sa mère justifie laisse derrière lui les souffrances endurées. «J'ai compris qu’il n’y aurait pas de retour, seulement des échappées. Que pour la première fois j’avais vraiment pris une décision. Debout dans le noir, sous les étoiles, j’ai pensé que je pourrais faire face à ça. J'étais perdue, mais pas dépourvue. Les livres que j'avais lus, ce seraient eux qui me sauveraient, qui me protégeraient. Les livres qui m’avaient faite, et tout ce qui s’était passé, tout ce que j'avais aimé, resté intact dans ma mémoire, armes et bagages, brindilles, murmures, balbutiements, sédiments formant mon histoire et mon identité.»

Une histoire qu'il faut désormais revisiter à l'aune de cette naissance, celle qui fait de Madame Kerninon le dernier maillon des autres Madame Kerninon, la grand-mère aujourd’hui disparue et la mère devenue avec cette naissance grand-mère. Cette mère si aimante qu'il a fallu fuir pour se construire, cet amour étouffant dont il a fallu s'émanciper. «Je suis partie à l'étranger, et je suis progressivement devenue étrangère. Je suis partie dans d’autres pays, et je suis moi aussi devenue un autre pays. Je me suis fait un continent de désordre, de travail, d'écriture, de livres, un état de papiers de bonbons, de révolte et de bains chauds, de cendriers posés en équilibre sur la fenêtre et de petits déjeuners au lit. Je maitrise toujours la langue de mes parents, mais j'ai appris à en parler de nouvelles, j'ai appris à poser des questions, appris à tenir une conversation, appris à respecter mon désir, j'ai cessé d’être péremptoire, j'ai arrêté de penser que l'amour se méritait, arrêté de penser que j'étais responsable de tout. J'ai fait des choix. Je suis devenue quelqu'un.» De cette vie, de cette jeunesse avide de découvertes, Julia Kerninon ne fait pas un récit nostalgique mais plutôt une expérience enrichissante. Quand elle refaisait le monde au petit matin avec les copines, quand elle découvrait l'amour dans les bras d'un écrivain beaucoup plus âgé qu'elle, mais qui lui écrivait de si beaux mots d'amour, quand elle le trompait avec un profil bien différent, un athlète taillé pour le plaisir. Puis vint l'été de ses 25 ans, quand elle s'est installée à Paris. «Là-bas, j'ai eu une vie à la fois trépidante et très triste, et j'avais déjà prévu de quitter la ville quand, à la fin d’une fête d’anniversaire, j’ai accepté de rentrer à pied de Belleville à Montmartre avec un ami d’amis qui vivait à quelques rues de chez moi. C'était la première fois que je le voyais.» Alors elle n'imaginait pas qu'elle avait rencontré l'homme de sa vie. Un homme qui, pour les pages que lui consacre Julia, pourra se dire qu'il a réussi sa vie. Même et surtout parce que ce n'était pas gagné d'avance.

Avec lui, elle a construit un couple avec deux enfants. Oui maintenant, elle a touché la terre ferme.




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Le dernier amour d'Attila Kiss

Âgé de dix-neuf ans, Attila épouse Alma, quitte son emploi de pâtissier pour divers travaux illicites dont le charge son beau-père, Bela. À quarante ans, fatigué de cette vie, il s'en va et passe plusieurs mois dans la Puszta avant de gagner Budapest où il trouvera un emploi dans une usine de foie gras.

Il est attablé à la terrasse d'un café à Budapest lorsque Theodora, riche héritière viennoise de 25 ans, lui demande la permission de s'assoir à ses côtés. Alors que Theodora vit chez lui, Attila se pose beaucoup de questions, le passé historique entre l'Autriche et la Hongrie perturbe sa relation amoureuse pendant quelques temps. À cinquante et un ans, Attila connaît son dernier amour.



Lu dans le cadre du Festival et Prix Horizon 2018 du 2e roman de Marche-en-Famenne (Belgique).

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Ma dévotion

À quoi bon ajouter une critique ? .



Tout a été dit déjà.



C’est mon quatrième livre de cette jeune auteure , mais que d’émotions à la lecture !

À travers cette double biographie , une femme âgée met à plat sans langue de bois ni pathos, honnêtement, un parcours animé, vivant, douloureux , d’amitié amoureuse —— élans amoureux brûlants——- entre tumulte des sentiments , douleurs anciennes ravivées , regrets , rancœurs anciennes , paradoxe de ces deux vies entrecroisées, toute passion dépassée !





Un livre bouleversant où l’auteure explore les âmes avec une infinie délicatesse où le sacrifice , le dévouement inconditionnel , côtoient l’amitié , la blessure , le manque, le drame, la tragédie, la rupture .





Elle peint avec subtilité , intelligence et profondeur la force implacable qui lia Helen et Franck , jeune homme égoïste , oisif, négligent et fantasque ———il deviendra un peintre célèbre ——-à l’éblouissante carrière , Helen, une femme sensible , discrète ,efficace ,intelligente , qui facilitera la vie de Franck, entièrement dévouée à l’homme qui enchantera sa vie et l’assombrira tout autant.





À travers des chapitres courts , magnifiques l’auteure peint ces deux êtres : ils se sont aimés ,liés , déchirés , séparés ….

Le besoin constant qu’ils ont eu l’un de l’autre …..



On les suit depuis leur rencontre en 1950 à Rome encore adolescents jusqu’en janvier 1995, à Londres , Amsterdam, Venise, Boston,La Normandie , et Londres à nouveau…..



Chaque étape , chaque souvenir s’incruste dans un parcours de dévouement inconditionnel à un garçon frivole ,solaire, égocentrique , irrespectueux, quelque part irresponsable .



Un livre subtil, sensible, sorte d’analyse psychologique, dévotion d’une femme à l’égard d’un homme , relation compliquée , très forte , profonde, puissante , parfois dangereuse d’un grand amour !

Magnifique analyse d’un GRAND AMOUR !

«  Je crois qu’il y a bientôt six heures que je te parle tout bas.

Cela aura été notre vie, Franck.

C’est tout. Embrasse - moi . Pour tout le reste , il est trop tard .. »

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Ma dévotion

Helen a 72 ans. Quand elle croise par hasard dans une rue de Londres Franck qu'elle n'a pas vu depuis vingt ans, c'est le moment, enfin, de tout lui dire. Confession murmurée, écrite ou parlée avec les yeux: on ne sait. Elle durera six heures pendant lesquelles Helen revisitera sans concession mais le coeur apaisé leur longue histoire commune, depuis leur adolescence errante d'ambassade en ambassade, l'explosion de la carrière de peintre de Franck jusqu'au retrait normand. Fusionnels mais pas sur la même vibration, l'un dans l'ombre de l'autre, parlant beaucoup mais jamais de l'essentiel, jusqu'au drame.



Coup de coeur inattendu pour ce livre découvert à l'occasion du prix Libraires en Seine, et qui est l'illustration parfaite de cette rare alchimie qui advient entre un livre et son lecteur, moi en l'occurrence, qui ai été aspirée dès les premières lignes par les mots d'Helen.

Il s'en dégage une musique si mélancolique, une puissance d'évocation si réelle que l'on ne peut s'empêcher ni de s'identifier, ni de tourner les pages pour remonter avec Helen le cours de son histoire belle et tragique avec le bel Appledore, si proche et si lointain.

Beau à pleurer.

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Liv Maria

J'avais été impressionnée par la maîtrise et la force de son premier roman," Buvard". Mais je n'avais plus rien lu d'elle ensuite. Et voilà Liv Maria!



Un grand souffle romanesque, fait d'embruns et de voyages, m'a emportée .De la Bretagne à Berlin, du Chili à l'Irlande, le lecteur accompagne les tribulations de la jeune puis moins jeune Liv Maria, née d'un père norvégien et d'une femme native d'une île bretonne.



D'abord naïve et inexpérimentée, plutôt sauvage, à 17 ans, suite à une tentative d'agression sexuelle, elle est envoyée chez une tante à Berlin. Quitter pour la première fois son île est angoissant, déstabilisant . Mais elle tombe amoureuse de son professeur d'anglais, durant cet été berlinois....



Je ne tiens pas à en dire plus mais j'ai volontairement utilisé l'adjectif" romanesque", dans son sens " plein d'aventures et de sentiments" car ce livre est vraiment un tourbillon d'émotions , de situations inattendues. Il faut y adhérer dès le départ, car un hasard notamment , source d'un secret douloureux, est quand même peu vraisemblable... Qu'importe, on passe outre, on s'emballe et on suit l'héroïne jusqu'au bout!



Ce qui est passionnant, c'est cette entrée en direct dans l'esprit , les pensées de Liv Maria, une femme singulière, complexe, avide de liberté, ayant vécu plusieurs vies, qu'elle n'arrive plus à contenir lorsqu'elle décide de mener une existence plus assagie, auprès de Flynn et de leurs deux garçons...



Virevoltant, écrit avec fougue et poésie, ce roman nous offre un magnifique portrait de femme. A découvrir!
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Sauvage

Voilà un beau portrait de femme passionnée, très vivante et passionnante.



Ottavia Selvaggio vit à Rome. Son père est restaurateur, au grand dam de sa femme qui refuse ostensiblement de faire la cuisine à ses enfants pour manifester sa colère contre ce choix d’un métier aussi absorbant.

C’est pourtant la même voie que va choisir Ottavia, contre l’avis de sa mère, parce que la passion d’une cuisine différente et inventive l’anime plus que tout.



Et pourtant Ottavia va avoir trois hommes dans sa vie.



Le premier, Cassio, qu’elle a entraperçu dans la cuisine de son père, et pour qui elle éprouve un coup de foudre immédiat, est comme elle passionné de cuisine. Il détient un secret jusque-là jalousement gardé : la recette de la fameuse Sacher Torte que seul le grand restaurant autrichien détenait. En échange de la transmission de cette recette au père d’Ottavia, il va rentrer dans sa brigade et apprendre le métier. Avec Ottavia ils vont pratiquer ensemble pendant des heures entières, concentrés sur les tâches à exécuter, et les gestes remplaceront les paroles inutiles.

Cassio demeurera sa grande passion, même si elle le quittera sans un regard en arrière quand elle comprendra qu’il s’abîme dans l’alcool et la drogue, alors qu’il tient son propre restaurant.



Ottavia elle aussi va avoir son propre restaurant. Mais avant cela elle rencontrera un autre homme, Clem, étudiant français aux Beaux-Arts, dont elle tombe amoureuse au premier regard. Lui aussi souhaite la revoir et lui donne son adresse parisienne. Alors, quand Ottavia prend le train direction Paris, elle fonce tête baissée telle qu’elle l’a toujours fait : sans un remords, elle est prête à tout pour retrouver le bel étudiant dont elle ne sait rien.

Arrivée à Paris, elle va retrouver ce Clem qui semble l’attendre passionnément, lui aussi, mais après une soirée et nuit d’ivresse, il la laisse repartir, et ensuite ne lui donne plus aucune nouvelle : Ottavia en ressortira profondément blessée , et plongera dans le travail comme elle a toujours su le faire en apprenant la cuisine française et en rencontrant une compatriote, Marina, avec qui elle scellera une amitié durable.



Et enfin Ottavia va rencontrer Bench, un critique gastronomique, mais sur tout un homme telle qu’elle en a besoin, qui prend soin d’elle et lui donne trois enfants, et fait en tant que mari tout ce qui est nécessaire pour que la famille fonctionne, puisque bien sûr Ottavia, malgré ses maternités, se consacre toujours avec autant de passion à la quête d’une cuisine qui soit la sienne uniquement.





C’est un très beau portrait de femme parce qu’Ottavia vit intensément tout ce qui lui arrive, qu’elle ne dévie pas d’un pouce de la ligne qu’elle s’est fixée, et qu’elle avance dans la vie avec sa passion dévorante nichée au cœur de ses pensées, ses actes et la majorité de son temps de travail.



On peut la décrire égoïste, tyrannique, individualiste et même sans cœur (ses enfants craignent qu’elle les abandonne) mais elle a le mérite de la cohérence et de se dévouer à une quête qui n’aura pas de fin.



Alors quand Clem surgit du passé pour lui expliquer ce qui s’est produit suite à la nuit parisienne et veut effacer le passé pour donner un avenir à leur relation, Ottavia va hésiter. Fera-t-elle le chemin inverse et sera-t-elle prête à tout quitter à nouveau pour suivre celui dont elle est tombée amoureuse il y a quelques temps déjà ? Le récit nous le dira, mais ce n’est pas le plus important.



Le plus important c’est cette flamme logée dans son cœur qui n’est pas près de s’éteindre. Quiconque a vécu auprès d’un artiste peut comprendre cette forme d’égoïsme qu’incarne celui qui vit pour sa passion. Ici c’est la cuisine (et Julia Kerninon en parle très bien) mais ce pourrait être la peinture (comme dans « La nourrice de Francis Bacon »), la musique (comme dans « Le grand feu » de Leonor de Recondo) ou bien sûr la littérature.



Intense, ce pourrait être le qualificatif qui traduirait la vie d’Ottavia, une femme attachante parce que profondément libre de suivre le cours de sa destinée.

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Toucher la terre ferme



Devenir mère est un grand bouleversement dans la vie d’une femme. 

De fille elle devient à son adolescence une femme et l'arrivée d’un enfant  va lui donner un nouveau statut, celui de mère. Cette étiquette qui la rend facilement identifiable aux yeux de la société est parfois difficile et longue à apprivoiser.



Dès les premières lignes de "Toucher la terre ferme" j'ai eu l'impression de continuer ma lecture de "Liv Maria" tant les sujets abordés se font échos.  J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Julia Kerninon qui est si singulière. Malheureusement, pour cet ouvrage autobiographique j'ai fait l’erreur de lire la quatrième de couverture et je me suis imaginée une direction qui n’était pas tout à fait celle prise par l’auteure.



En tant que jeune mère ayant fait un post-partum, je pense que j'attendais trop de réponses sur son expérience ce qui n’est pas tout à fait le sujet du livre.  Malgré ce sentiment, c’est avec impatience que j'attends le prochain livre de Julia Kerninon qui aborde dans ses écrits des thèmes qui sont toujours d’actualité...
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Ma dévotion

J'ai retrouvé avec grand plaisir l'auteure, dont j'aime le souffle romanesque et l'écriture dense.



Jusqu'où est-on prêt à aller, lorsqu'on vénère quelqu'un et que rien d'autre n'a d'importance? Jusqu'où la dévotion entraine-t-elle les êtres? C'est le coeur de cette histoire.



Sur un trottoir londonien, la narratrice, Helen, maintenant une vieille dame, revoit Franck, l'homme qu'elle a tant aimé. Pourquoi ces deux-là, inséparables durant de nombreuses années, et ce depuis l'adolescence, sont-ils restés aussi longtemps sans se rencontrer. Qu'ont-ils fui en refusant tout contact?



Dans un long monologue qu'adresse Helen à Franck, elle va remonter le fil du temps , égrener les souvenirs, révéler les secrets, bien gardés pourtant, et évoquer enfin l'événement qui a scellé leur rupture définitive.



Même si le personnage d'Helen a des excuses ( horreur de son enfance!), on s'indigne quand même de son aveuglement, de ses décisions si catastrophiques. Et l'égocentrique et inconséquent Frank est exaspérant.



Cependant, comme dans " Buvard", l'auteure excelle à raconter les affres de la création, picturale ou littéraire, l'état d'esprit complexe des artistes. La joie d'être à l'origine d'une vocation, comme Helen l'a été pour Franck. Les limites d'un sacrifice destructeur.



Un roman très prenant, présentant des personnages passionnés, précipités vers le drame par leurs faiblesses, leurs dénis. Leur dévotion.
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Liv Maria

Qui s'est déjà demandé si nos vies étaient conciliables ? Qui peut vivre sans secrets ? de toute évidence pas grand monde. Mais Liv Maria, elle, a la conscience triturée : elle s'est mariée avec un homme dont le père avait été son amant dix ans auparavant. Pas juste un amant de passage, mais un amant avec qui elle avait eu des relations sexuelles inoubliables. Et des échanges intenses. Un homme qu'elle n'est pas prête d'oublier. Mais voilà que ce Monsieur est mort (après être rentré dans son foyer ou plutôt après avoir disparu du radar). Il a effectué un très long (ou court) vol plané au-dessus des escaliers de sa maison (pendant que Liv Maria se demandait mais pourquoi diable ne donne-t-il pas signe de vie ?). Il a rendu le souffle en bas, après son vol plané, là où chaque année maintenant, la famille dépose un cierge : un moment un peu délicat pour notre héroïne qui ne compte pas du tout, mais alors pas du tout raconter cet épisode de sa vie amoureuse.



Des vies, Liv maria en a eu un nombre incroyable. Car Liv Maria est une femme libre. Elle a eu quantité d'amants, élevé des chevaux, parcouru l'Amérique du Sud, habité à Antofagasta où elle a bâti un empire avec son amant Carrar, atterri dans un hôpital après une chute sur une piste de danse. Et enfin rencontré Flynn, le fils de son ancien amant, dans une librairie.



Julia Kerninon a une plume très pétillante. Elle s'insinue merveilleusement bien dans la conscience de son héroïne pour nous raconter ses hésitations, ses déchirements, toutes ces vies irréconciliables qui l'habitent. Tout ça est mené de main de maître, mais, il y a un petit mais, il y a trop d'évènements rocambolesques à mon goût. Trop de rebondissements, pas toujours bienvenus quand on veut justement se poser et réfléchir à cette question intéressante, qui est cette vie secrète qui nous habite, ces mille vies qui nous constituent et font de nous ce que nous sommes. Ces voix du passé qui peuplent la mémoire, nous enrichissent. Qui n'a pas regardé son amoureux ou son amoureuse en se demandant ce que ce regard perdu pouvait bien cacher ? Dommage donc que l'histoire soit autant tirée par les cheveux, car on se demande comment elle va retomber sur ses pieds. Et la réception est quand même un peu décevante. Mais je le recommande quand même chaudement pour la plume, la beauté des personnages et surtout la richesse de leur vie intérieure.



4/5



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Buvard

Un écrivain, à quoi ça ressemble?

On est happé par ce texte court, fluide et enlevé qui nous plonge dans un huit- clos saisissant entre Lou, le simple étudiant qui voulait savoir comment s'écrivent les livres, désireux-- nous lecteurs d'en savoir plus-- et cette femme " écrivain" Caroline.N.Spacek, diva de la littérature, recluse dans sa propriété de la campagne Anglaise, énigmatique, sulfureuse, silencieuse surtout , :"Mon silence est tout ce qu'ils ont à écrire".

"La littérature--- la Littérature est mon affaire---"

Caroline et Lou ont chacun un passé très douloureux qui les ronge, un passé envahissant leur présent à tout instant, qui risque de les paralyser.......

Le malheur est partout dans l'enfance de Caroline,"MES parents m'avaient élevée sans précaution---sans Amour"......."Ravaler cette histoire -- Faire du papier avec la démence insigne de mon pére, avec la peau de ma mére gorgée d'eau comme un sac en plastique ".

En fait nous sommes au cœur de secrets vertigineux, de faits invraisemblables, de jeux de miroirs , d' identités qui se brouillent .Ce récit nous immerge au cœur d'une somme inracontable et écrasante à la fois,oú l'on se déverse, l'on se confie, l'on s'épanche.......L'auteur nous plonge au plus profond du processus de création , à la recherche des codes secrets des portes blindées de la littérature.

Seuls comptent la perfection, la démesure, la douleur, l'excès........la violence aussi, l'inspiration et oú l'écriture devient salvatrice. Je n'en dirai pas plus........

Une écriture qui peut construire ou détruire une vie.....

Un texte entièrement dédié à la lecture et aux mécanismes de l"écriture qui balaie tout sur son passage et ne laisse personne indifférent .Un récit qui reconstruit une trajectoire ô combien minée et fêlée, le temps d'un été brûlant .

Une écriture envoûtante et riche au souffle puissant, surtout pour un premier roman!

Étonnant !

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Ma dévotion

Une jolie surprise ce roman. C'est en lisant un article de cette auteure dans un magazine que j'ai voulu découvrir ce récit.

Helen croise Frank par hasard à Londres alors que cela fait vingt-trois ans qu'ils ne sont pas vus. Ils se sont connus adolescents en 1950 à Rome. Aujourd'hui ils ont plus de soixante-dix ans. Grâce à cette rencontre, Helen en profite pour lui donner sa version de leur vie ensemble.

Helen qui est une femme plutôt introvertie, généreuse, douée s'entiche de Frank qui est son cadet, égoïste, extraverti, et doté d'une âme d'artiste. Ils ont eu tous les deux des vies exceptionnelles, un destin hors du commun, vue l'enfance compliquée qu'ils ont eue.

Un couple passionnant, passionné et passionnel.

C'est un couple d'amour et d'amitié avec deux grands A.

Le roman se situe dans le monde littéraire et artistique.

C'est un long monologue mais pas du tout ennuyeux. On a que la version d'Helen, dommage, mais c'est un point de vue de l'auteure.

L'écriture est vraiment très agréable. Quelques longueurs, par ci-par-là, mais dans l'ensemble ce livre est très plaisant.
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Sauvage

Comme Liv Maria, Ottavia est une femme forte. Déterminée. Intense. Passionnée par son métier de cheffe. Qui, à 38 ans, mariée, 3 enfants, se retrouve à la croisée des chemins. Quelle route aurait été la sienne si elle avait suivi ses premiers amours ? Difficile de savoir, difficile surtout de renoncer à ce qu’offre le monde dans son entièreté. Même au profit de ceux qui l’aiment. Ottavia ne se laisse jamais enfermer.

De sa plume sensuelle et rythmée, Julia Kerninon narre une histoire d’amour, de couple et de passion dans laquelle on plonge avec gourmandise. Et où les mots sonnent vrais.



« Dans nos vies, certains hommes étaient partis en avaient été remplacés, mais les femmes et les enfants demeuraient, comme l’exprimait Antonia avec défiance. Est-ce que ça veut dire que les femmes ne peuvent pas partir ? je lui avais demandé un jour. - Je ne crois pas. Je crois que c’est plus que ça n’a pas d’importance pour nous, on n’a pas besoin de fuir, on est là mais on est aussi toujours ailleurs, dans nos têtes. »



J’aurais seulement fait l’impasse sur l’excipit 😉
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