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Citations de Louis Calaferte (698)


La maison est un îlot confortable. Matrice rassurante.Il ferait bon s'endormir, comme hibernent les animaux, dans un extrême repliement sur soi.

( Denoël- 1968, p.75 )
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Cette trop simple possibilité qui nous est départie de supprimer la vie, de tenir en notre pouvoir la fin de quelque chose de vivant. La mort des autres est difficile.

( Denoël- 1968, p.84)
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Touriste : idiot de passage

Etat : gangstérisme officialisé

Amertume : vice de vieillard
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Louis Calaferte
Sur les hauteurs
les forêts s'allument
au soleil montant
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-S'il ne faisait pas toujours qu'emmerder le monde, on pourrait manger tranquille !
Elle coupe une tranche de saucisson, qu'elle jette dans mon assiette.
-Allez, mange.
La rondelle est épaisse, ses morceaux de gras à l'aspect de laitance grisâtre inégalement répartis dans la masse compacte de la viande d'un rouge terreux qui me rappelle la cicatrice boursouflée que la femme a récemment eue au-dessus du poignet.
-Et ceux qui emmerdent le monde, voilà ce que j'en fais, moi !
Les yeux à peine levés, je vois le saucisson dans l'une des mains de l'homme, l'autre y tranchant en arrondi d'un coup ferme du couteau, la lame brillante taillant dans ce qui m'apparaît être soudain de la chair sensible souffrant en silence ce supplice dont, frissonnant, je ressens pour moi-même l'horreur, découvrant avec saisissement que l 'homme qui me fait face serait à coup sûr capable de plonger ce couteau, par exemple dans mon cou, qu'il sectionnerait ensuite d'un petit geste serré du poignet comme je viens de le lui voir faire avec ce saucisson dont je comprends alors que la couleur n'est autre que celle du sang séché.
Page 163
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Petite brise
Soudain
le jardin danse.
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Dimensions (carnets 1993) Mercredi 8 décembre
Je ne crois pas aux penseurs, qui se sont débrouillés pour se procurer une place dans la société et qui, ensuite, ne manquent pas de se singulariser sans cesse par des trouvailles verbales de salon. Je ne puis rencontrer une célébrité brillante sans aussitôt l'imaginer avec des coliques et des boutons sur les fesses, des embarras gastriques et toutes ces petites misères qui sont notre quotidienne réalité. Il faut avoir l'intelligence de notre condition – rester modestes. Nous allons tous mourir, victimes d'angoisses, tous redevenus des petits enfants apeurés qui supplient qu'on leur tienne la main pour mourir – ce que je veux voir chez l'homme célèbre, comme chez les autres, c'est l'homme qui est en train de mourir. Cet homme là m'émeut, je l'aime et je lui pardonne tout.
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Tôt, j'ai connu le monde de la nuit. J'étais, je suis destiné à la nuit. Je garde l'impression de ne pas exister pleinement pendant le jour, et la nuit m'est favorable. Le soir venu, pour moi la vie commence. Lobe était de cette race de nocturnes. La nuit tombée, son comportement changeait, sa voix devenait autre. Il est des êtres qui ne savent pas se mettre au diapason de la nuit. La nuit ne se livre pas d'elle-même. Il faut la pénétrer, la décortiquer, la violer. Il faut lui arracher les lambeaux qui la recouvrent. A l'heure où les hommes s'endorment, une seconde catégorie d'hommes se montre à nu. La nuit depuis longtemps les a façonnés à sa manière qui est brutale. Les a pétris, faits et refaits. Je suis de ceux-là. Je suis de ceux qui ne peuvent dormir tant que vit la nuit. Mes souvenirs et mes désirs les plus profonds reviennent. Affluent. Je veille, les yeux ouverts sur la nuit qui s'accroche au réel. J'éprouve la pénible et agréable sensation - la lâche sensation, comme au moment de l'anesthésie - de me dédoubler. Je me fixe au coeur de la nuit.
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Beaucoup de femmes qui n'avaient jamais travaillé travaillent.
Beaucoup de femmes qui n'avaient jamais fumé fument (...)
Beaucoup de femmes de prisonniers élèvent seules leur enfant.( Que leur père n'a pas connu avant d'être mobilisé)
Beaucoup de femmes de prisonniers ont un amant.
Beaucoup de femmes apprennent qu'elles peuvent vivre seules.

( L'Imaginaire, mars 2022, p.178)
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Elle écrit :
Ma faiblesse réside dans le fait que je suis comme un animal blessé et que j'ai besoin d'amour.
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Les filles ont des robes d’été que le vent soulève quand elles sont à bicyclette. On voit leur culotte. Bleue. Rose. Blanche. Noire. Je les suis avec mon vélo et ma carriole. Elles le savent.
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- J'aime que les hommes me regardent. Le soir, si je suis toute seule dans mon lit, j'y repense. Je deviens toute glacée et puis toute chaude.
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Le museau ensanglanté d'un point rouge, le cou écrasé par la mince tige d'acier transversale du piège, les quatre pattes au rose pâlissant recroquevillées, la queue pendante, la souris garde un œil ouvert, vrille noire qui a conservé son éclat.
La femme a un réflexe de recul à la découverte, sur une étagère de la cuisine, de ce cadavre qu'elle n'ose toucher.
-Y a une souris crevée ! Viens m'enlever cette saloperie !
En attendant que l'homme se dérange, je reste figé devant cette mort dont je ne comprends pas qu'elle a été provoquée ni exactement de quelle façon, car le minuscule morceau de gruyère embroché sur une pointe recourbée me paraît sans rapport avec l’insondable que représente pour moi cette immobilité de velours gris qui, selon moi, reprendra vie dès qu'on l'aura soustraite à l'assujettissement de cette mécanique barbare, mais que je ne puis imaginer mortelle ; d'autant moins peut-être que dans sa fixité brillante la pastille noire de l’œil conserve une vivacité incompatible avec, pour confuse qu'elle soit, l'idée que j'ai pu me forger de l'anéantissement par la mort.
Page 47
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Il est donc possible qu'on fasse entrer chez soi des inconnus qui s'y conduisent aussitôt avec autorité, qui peuvent, sans avoir à prononcer une seule parole, nous toucher où bon leur semble, nous soumettre à des contrôles inquiétants, nous déshabiller, procéder sur notre corps à on ne sait quelles manipulations bizarres, nous renfoncer dans notre lit et s'en aller comme si nous n'avions pas plus d'intérêt qu'un objet inanimé.
Page 153
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Je me jetais sur les livres comme s'ils devaient nécessairement me livrer la clef de moi-même. Et la serrure avec.
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Elle est pas emmerdante pour un sou. On s’entend bien, ça va. Mais moi j’ai besoin de tirer mon coup tous les jours, c’est la nature. Et elle, ça ne lui dit rien. En rentrant chez moi, je me demande ce qu’elle aura encore trouvé pour ne pas y passer. Un jour c’est la fatigue, un autre jour, elle a mal au ventre ou elle a sommeil ou alors il faut qu’elle fasse un brin de lessive avant de se coucher. Après ça, c’est les règles et tout le bataclan. Ou bien elle dit que je lui fais mal. La vérité c’est que ça ne lui dit rien. Elle jouit pas! Qu’est- que vous voulez que j’y fasse ! Elle jouit pas ! Merde c’est pas marrant !
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Louis Calaferte
Je suis prêt à l’anonymat, qu’on ne mette pas mon nom sur les couvertures, dans les journaux. Je m’en fous ! Ça ne me gêne pas. Je m’en fous ! Au contraire, même, je souhaiterais que l’art soit complètement anonyme.
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A longueur de vie, les faibles éprouvent le besoin de se faire pardonner. De tout et de rien. Ils se sentent universellement coupables. Coupables de n'être qu'eux-mêmes.
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Vivre. Etre la vie. Se saisir du monde, comme d'un bien personnel, et en jouir, librement. Se dépouiller, se gonfler, s'épuiser de vie et arriver nu jusqu'à Dieu. Dieu qui n'est peut-être que l'extrémité de soi Se présenter les mains vides, volontairement pauvre, mais l'âme plongée dans un ravissement de joie.
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Depuis qu'on sait que les américains arrivent, tout le monde a été résistant. Tout le monde a connu un juif. Un juif qu'on aimait bien. Un juif à qui on a rendu service. Un bon juif.
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