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Critiques de Luis Sepúlveda (1607)
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Excellente entrée en matière que celle de cet ouvrage qui me permet de faire la connaissance de l'auteur chilien Luis Sepulveda récemment disparu. Cette découverte est d'autant plus singulière que nous ne sommes pas habitués à applaudir la prose d'un ancien footballeur. Convenons que la dextérité de la balle au pied va rarement de pair avec celle de l'écriture.



Il faut dire que Sepulveda a une expérience de vie riche en péripéties, jusqu'à lui faire connaître les geôles de Pinochet et l'exil. Les pérégrinations qui ont émaillé cet éloignement de sa terre natale l'ont conduit dans la forêt amazonienne où il a partagé pendant un an la vie des amérindiens Shuars, plus connus en nos contrées européennes sous le vocable de Jivaros. C'est la source de l'inspiration de ce petit ouvrage dans lequel on découvre en l'auteur un militant de la cause des minorités ethniques qui ont vu leur terres ancestrales envahies par des colons assoiffés de richesses. Et le pillage continue au grand mépris de faune et flore locales.



C'est le combat de la sagesse contre celui de l'avidité que nous propose Luis Sepulveda avec l'aventure dans laquelle le vieux Antonio José Bolivar se trouve embarqué à contre cœur. Parce que lui ce qu'il aime c'est les romans d'amour qu'il a découverts depuis qu'il sait lire. Sans doute ces livres qu'il se fait prêter, lit et relit, sont-ils pour lui une diversion au mauvais côté de la vie des hommes dont il a le spectacle pitoyable sous les yeux.



Une forme de conte qui permet à l'auteur d'aborder un thème qui lui est cher, et à moi de découvrir une belle écriture. Avec comme souvent derrière un texte qui paraît anodin une réalité lourde de sens quant à la nature humaine et son avenir.

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La fin de l'histoire

Trois époques, deux pays, un seul métier : guérillero.

Juan Belmonte a le métier qui lui colle à la peau. Ancien sniper dans diverses guérillas sud-américaines, formé à l'école soviétique, il coule désormais des jours paisibles au fond de la Patagonie avec sa compagne, meurtrie au plus profond de son âme par les tortures de la dictature chilienne.

Mais ses anciens camarades des services secrets de l'ex-URSS n'ont pas oublié les talents de Belmonte, et vont le forcer à les remettre à leur service. A savoir localiser quelques cosaques nostalgiques et fanatiques, tout juste débarqués à Santiago depuis la steppe russe, et dont le but est de libérer un certain Krasnoff, descendant d'un dignitaire cosaque ayant oeuvré aux côtés des nazis pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Lequel Krasnoff a lui-même sévi (les chiens ne font pas des chats) en tant que général au sein de l'armée de Pinochet. Et qui, au retour de la démocratie, s'est retrouvé de l'autre côté des barreaux pour sa participation à la torture. Et avec qui, comme si ça ne suffisait pas, Belmonte a un oeuf personnel à peler.

Dit comme ça, c'est un peu difficile à suivre, et la lecture est effectivement un peu complexe, passant d'un continent et d'une époque à l'autre sans souci de la chronologie. Mais ce qui est très clair, c'est la dénonciation à la sulfateuse de la dictature de Pinochet, de tous les totalitarismes et des mafieux de tous bords. le final est à haute teneur en suspense, je me suis demandée jusqu'au bout quelle serait "la fin de l'histoire". Une fin, au bout du compte, pas dénuée d'une certaine poésie.

On sent que Sepúlveda sait de quoi il parle, on imagine sans peine que Belmonte aurait pu être son double. Un roman noir dans lequel pointe quand même une lueur d'espoir, et éclairé d'un bout à l'autre d'amour et de solidarité. Avec un message limpide : "la littérature raconte ce que l'histoire officielle dissimule".
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

D'un côté, mon bureau frisquet, un soir de réveillon et mon clavier qui attend mes mots.

De l'autre, la forêt amazonienne colorée, bruyante, riche de dangers et d'émerveillements.

D'un côté, Croquignolle qui s'apprête à déguster un bon repas de St-Sylvestre, les pieds sous la table.

De l'autre, Antonio José Bolivar qui chasse sa nourriture avec la technique efficace des Shuars.

D'un côté, la lectrice éclectique qui fuit les romans d'amour.

De l'autre, un vieux monsieur qui apprend à lire pour découvrir Paris et Venise sous le regard de personnages amoureux.

D'un côté un fond de musique jazzy et des pétards au loin qui annoncent la nouvelle année.

De l'autre, le bruit du félin en chasse, le chant de la pluie dense sur les feuilles, l'hymne rythmé des Indiens au bord du fleuve.

D'un côté, un Moscato pour lancer les festivités.

De l'autre, un Frontera pour éloigner la peur.



C'est cela que j'aime dans la lecture : le mélange des horizons, des expériences et des sensations.



Au côté de Luis Sepulveda, j'ai découvert ce coin de terre amazonienne avec mes cinq sens. Avec le 6ème également. Cet auteur a le don de peindre sous nos yeux, avec une précision délicate, l'univers qu'il a choisi. Ses mots sont colorés, riches, denses. Sa plume est poétique. Elle peut devenir très crue pour dépeindre la réalité d'une rencontre mortelle.



J'ai voyagé avec le vieux qui lisait des romans d'amour. Je ne me suis pas ennuyée. J'ai tenté d'apprendre la vie sans confort, la survie en conditions extrêmes, la richesse des rencontres et les croyances ancestrales d'un peuple éveillé. J'ai aimé ce voyage. Je n'en ressors pas indemne.



Je referme cette année littéraire 2019 avec ce petit roman passionnant et décapant ! Et avec une envie décuplée de continuer à lire, à vivre ces voyages si dépaysants en 2020 !

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Histoire d'une mouette et du chat qui lui a..

J’avais lu de cet auteur « le vieux qui lisait des romans d’amour ». Comme j’avais adorer et qu’il me fallait un chat sur la couverture (pour mon challenge). Je me suis donc précipité dessus. Et j’ai bien fait…

Mon seul regret, c’est de ne pas l’avoir lu plus tôt, pour le lire à ma fille… parce que c’est une très belle histoire pleine de poésie… de philosophie et remplis d’amour, et de respect pour la nature et le monde animal…



un conte à mettre dans toutes les mains et un auteur à suivre…



CHALLENGE MULTI-DEFIS 2024



Bonne lecture !
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Histoire d'une mouette et du chat qui lui a..

Quelle super idée d’avoir mis en roman graphique ce livre pour la jeunesse de Sepùlveda ! Merci à marina53 qui, de par sa critique, m’a fait découvrir cette adaptation. Un matin, une mouette goudronnée atterrit à bout de force sur un balcon et s’apprête à pondre un œuf. C’est le chat de cet appartement qui va la recueillir et promettre trois choses à la mourante pour sa petite à naitre.

La première page de Cever est émouvante. Sa fille avait laissé traîner son livre et la magie a opéré quand il l’a lu. Il a contacté Luis Sepúlveda en lui présentant ses croquis. Quelques semaines plus tard, il nous quittait. Des planches en noire et blanc détaillées aux têtes très expressives. Bas de page 59 écrit en tout petit : « 16 avril 2020, au revoir, Monsieur Sepúlveda » Et, pour mon plus grand plaisir, nous le retrouvons vers la fin en dessin quand les chats demandent l’avis à un humain. Merci à Cever pour ce bel hommage à cet auteur chilien irremplaçable.
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Histoire du chat et de la souris qui devinr..

Mix et Max vivent dans une maison à Munich. Max est un petit garçon, Mix un jeune chat au profil grec, noir sur le dos et blanc sur la poitrine. Max et Mix sont des amis pour de vrai, et cela ne changera jamais : quand Max grandira et déménagera pour ses études puis son travail, il emmènera avec lui Mix, son chat au profil grec, dans son nouvel appartement sous les toits, et ils resteront amis.



Et quand Mix vieillira et deviendra un chat, au profil grec, aveugle, Max fera bien attention de laisser toujours tous les meubles à la même place pour éviter que Mix se cogne, parce que les vrais amis sont solidaires.



Et quand Mex, une souris mexicaine bavarde et trouillarde, fera son apparition dans l'appartement, Max deviendra aussi son ami, parce que les amis de Mix sont les amis de Max.



Parce que bien sûr, Mex et Mix sont devenus amis : Mix, guidé par Mex, l'emmène en balade sur les toits, et Mex, ainsi promenée par Mix, lui décrit les arbres, les gens, le monde. Les vrais amis s'entraident toujours.



Voilà à nouveau une jolie histoire, tendre et poétique, de Luis Sepúlveda, inspirée par le chaton (Mix) adopté par son fils (Max). Un conte tout simple et plein de charme sur l'amitié, pour petits et grands enfants, qui vous met un sourire rêveur aux lèvres tant son écriture est désarmante. Et puis un serrement de coeur quand on se rappelle alors que Luis Sepúlveda est parti bien loin, au-delà du bout du monde, et n'écrira plus. Heureusement ses livres restent, à lire et à relire.
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Un récit court, beau et triste, qui nous désespère d'être humains.

Antonio José Bolivar, vieil homme qui vit tranquillement dans sa cabane de la forêt amazonienne et occupe ses journées à lire et relire des romans d'amour, doit un jour partir à la recherche d'un jaguar qui attaque les hommes, après que l'un d'eux ait tué ses petits.

C'est forcément une histoire qui prend aux tripes, opposant le vieil homme qui a vécu dans une tribu indienne en s'adaptant à son environnement, et les gringos qui saccagent la faune et la flore pour de l'or, pour des clichés, ou simplement pour se sentir virils. Pour autant, les indigènes ne sont pas dépeints comme de "bons sauvages", et tous les Blancs ne sont pas des sales types. Et puis, il y a le sage et pittoresque Antonio José Bolivar, qui sait à peine lire, ignore à quoi ressemble Venise, mais qui connaît la Nature, la respecte et l'aime mieux que quiconque.

J'ai été très émue par ce roman, par l'amour et la colère qui s'en dégagent. Il m'a parfois fait penser aux "Racines du Ciel" de Romain Gary. Luis Sepulveda l'a dédié à son ami Chico Mendès, défenseur de l'Amazonie assassiné par un propriétaire terrien. Plus de 30 ans plus tard, on ne peut que continuer à enrager devant les ravages que continue de subir cette forêt et ceux qui la peuplent.

Une belle leçon de civilisation, et d'humanité aussi, qui fait encore plus regretter la disparition d'un tel auteur.
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Histoire d'un escargot qui découvrit l'import..

"ls savaient qu'ils étaient lents et silencieux, très lents et très silencieux, ils savaient aussi que cette lenteur et ce silence les rendaient vulnérables, beaucoup plus vulnérables que d'autres animaux capables de bouger avec rapidité et de pousser des cris d'alarme. Pour ne pas avoir peur de la lenteur et du silence, ils préféraient ne pas en parler et acceptaient d'être comme ils étaient avec une résignation lente et silencieuse."



Un conte philosophique très attachant qui met en scène un petit escargot qui se rebelle, à la fois , de ne pas avoir de nom à lui, ni de ne pas comprendre pourquoi ses congénères et lui-même sont si lents... Il questionne, questionne, et lassés , les autres escargots préfèrent se résigner, et ils finissent par le chasser, du groupe !...



Il part à l'aventure pour tenter de trouver des réponses à ses interrogations, ses inquiétudes, il rencontrera plusieurs animaux différents: une tortue, un hibou, des fourmis... avec tout ce qu'il apprendra au fil de son périple, il reviendra parmi les siens... pour les "sauver", les humains faisant des travaux de goudronnage de route... ils détruisent tout, les herbes, les plantes... la prairie où vivaient tranquillement les escargots...



Les questionnements du petit escargot, surnommé "Rebelle", son courage et sa détermination permettront de sauver ses congénères...Une belle leçon sur la perception du temps, de la volonté de combattre,ainsi que sur le refus de subir ce que l'on ne comprend pas...



Un beau refus de l'ignorance et de la résignation !!... Une fable qui ouvre les horizons, engageant à toutes les curiosités... Un court texte fort sympathique, enrichi des jolis dessins, naïfs et expressifs de Joëlle Jolivet...



"Il pensait qu'il avait commis une erreur en abandonnant le groupe et la sécurité du pied d'acanthe, mais en même temps quelque chose, une voix qui n'était pas la sienne, lui répétait que la lenteur devait bien avoir une raison et qu'avoir un nom à lui, rien qu'à lui, un nom qui le rendrait unique, singulier, cela serait formidable. "( Métailié, Suites, octobre 2017, p. 30)

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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Lecture commune de juin 2017

Les lectures communes proposées par Babelio sont vraiment l’occasion de faire de magnifiques découvertes… Je ne connaissais Luis Sepúlveda que de nom, plus pour ses activités politiques et écologiques, son emprisonnement sous la dictature de Pinochet puis son exil, que pour son activité littéraire proprement dite.



Quelle merveille que ce court roman (nouvelle ?), véritable conte philosophique !

J’ai immédiatement ressenti l’influence de Gabriel García Márquez dans son écriture, une verve, une démesure, une poésie, un humour assortis d’une justesse et d’une appropriation personnelle et originale, puisque Luis Sepúlveda a réellement vécu auprès des indiens Shuars d’Amazonie mis en scène dans son roman.

Le titre d’abord, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, phrase-titre poétique et intrigante dans son étrangeté, proche de l’oxymore, est une invitation à vivre cette lecture de l’intérieur, dans l’intimité du personnage principal et dans notre propre rapport à la lecture, avec nos contradictions et nos émotions. L’antinomie des termes n’est qu’apparente puisque l’amour, avec ses souffrances et ses bonheurs, guide le personnage principal tandis que le fait de savoir lire devient pour lui « un antidote contre le redoutable venin de la vieillesse ».

La lecture des romans d’amour participe à la construction de nœud thématique de ce roman, autour du lieu métaphoriquement nommé « el Idilio » (l’Idylle) ; l’amour sert en effet de fil conducteur depuis le couple formé par Antonio José Bolivar et Dolores Encarnación del Santísimo Sacramento Estupiñán Otavalo (je ne me lasse pas de la musicalité de leurs deux noms accolés), la souffrance de la femelle jaguar dont les gringos ont tué la portée et mortellement blessé le mâle et le rapport du vieil homme avec sa terre amazonienne, sa faune et sa flore.

La lecture assidue et laborieuse du vieil homme symbolise le processus lent de la lecture, tant dans le plaisir que dans la transmission d’un rapport privilégié au monde. Ses difficultés à comprendre certains mots (un « baiser ardent »), à se représenter par exemple la ville lagunaire de Venise et ses gondoles traduisent un besoin d’ouverture au monde et une nécessaire confrontation à l’altérité.



Cette lecture va être l’occasion d’étoffer encore ma pile à lire avec les autres écrits de Luis Sepúlveda.

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La fin de l'histoire

Ce que j’ai ressenti:…Une fin d’histoire sous haute tension…



Avec ce livre , je découvre un auteur avec une plume magnifique, qui nous raconte toute la noirceur du monde. Ce polar, on ne peut plus sombre, nous transporte d’une contrée à une autre, dans les plus grands conflits du XXe siècle. Les pires horreurs sont commises pendant les guerres, de génocides en tortures, tout est prétexte à la violence inouïe, et c’est sur ce fond d’Histoire, que Luis Sepulveda nous livre La fin de l’histoire. Avec talent, il intègre la fiction dans ce lourd passé qui oppose le Chili à la Russie, et nous livre dans ce court roman, une puissance d’écriture et un tour d’horizon sanglant, dans une ultime mission d’espionnage palpitante.



« La littérature raconte ce que l’histoire officielle dissimule. »



Juan Belmonte, est un guérillero, plus qu’un torero, mais il est retranché maintenant en Patagonie, essayant de réparer les blessures indéfectibles de sa bien aimée…Mais quand on est maître dans son domaine, et que votre ombre vous poursuit, fatalement, les vautours se rappellent à votre souvenir, et il est obligé de rempiler pour une dernière mission…C’est un personnage fort, auquel on se lie, malgré son passé sombre… Il a cette petite lumière, ce brin d’humanité qui nous fait trembler à ses côtés, même s’il a le coup sûr du sniper aguerri…



« Quelles que soient les routes que l’on prend, l’ombre de ce que nous avons été nous poursuit avec la ténacité d’une malédiction. «



Je pense que si cette lecture a été aussi percutante, c’est que l’on sent entre les lignes, un certain vécu, une déchirure à parler de ce climat chilien irrespirable, à subir la tyrannie et la folie de certains hommes enivrés de pouvoir. Krassnof, c’est l’ombre noire aux mains rougies de tout ce sang versé, et Luis Sepulveda, attire notre regard dans cette lunette de sniper, pour dénoncer les agissements d’un dictateur sans scrupule. Il se fait un devoir de mettre en lumière l’horrible réalité historique, avec un humour noir et une ritournelle poétique, et cette lecture devient de ce fait, une étonnante plongée dans les services secrets russes et un polar noir captivant.



-La vérité, c’est qu’on va se faire un petit plaisir que l’Histoire semblait nous avoir refusé pour toujours, tovaritch. On va écrire la fin de l’histoire.


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Raconter c'est résister

Si vous ne savez pas quoi demander ou offrir pour Noël, ne cherchez plus, il y a "Raconter c'est résister", l'autre riche idée qu'ont eue les Editions Métailié de rassembler quatre romans de Luis Sepúlveda en un seul volume, après avoir publié "Bestiaire", un recueil de ses cinq contes animaliers.



Cette fois, ce sont quatre romans ou récits qui sont autant de facettes de l'auteur chilien et qui illustrent quelques-uns de ses thèmes d'écriture récurrents.

Il y a "Le vieux qui lisait des romans d'amour", son premier roman, un conte écologique sur la surexploitation de la nature, ici l'Amazonie, par les Blancs, et la spoliation des Indiens qui y et en vivent.



Il y a "Le monde du bout du monde", un hommage rendu à la Terre de Feu, ses habitants et ses légendes, au travers des aventures d'un jeune garçon de 16 ans sur un baleinier, devenu 20 ans plus tard journaliste collaborant avec Greenpeace pour dénoncer, entre autres, le massacre des baleines dans les mers australes.



Dans "Le neveu d'Amérique", récit autobiographique, on suit Luis Sepúlveda qui retourne vers ses racines espagnoles après une promesse faite à son grand-père lorsqu'il avait 11 ans. de Santiago du Chili à l'Andalousie, d'Allende et Pinochet au village espagnol de Martos en passant par la torture et l'exil, il raconte le voyage de sa vie, toujours vers la liberté.



Et dans "L'ombre de ce que nous avons été", à travers les retrouvailles de trois vieux militants gauchistes qui préparent un ultime coup, il rend hommage à ses camarades, "ces hommes et ces femmes qui sont tombés, se sont relevés, ont soigné leurs blessures, conservé leurs rires, sauvé la joie et continué à marcher". 



Pour des comptes-rendus plus complets, je me permets de vous renvoyer vers mes critiques de ces romans, postées sous leurs titres respectifs.



Mais ce recueil n'est pas juste une compilation de ces quatre livres, il faut mentionner en cadeau bonus le prologue de José Manuel Fajardo, qui conclut que "faire de la fiction était sa façon de rendre l'existence meilleure, de la rendre plus grande. C'est et ce sera toujours le formidable pouvoir de son imagination". Et aussi un très court texte de Luis Sepúlveda lui-même, "Le jour où Indiana Jones n'est pas arrivé à la gare Montparnasse", dans lequel il raconte sa première rencontre avec Anne-Marie Métailié et sa fierté de "faire partie de son écurie". Cet hommage à celle qui aura été son éditrice, son amie et son "implacable critique" est une petite perle d'autodérision touchante et truculente, dans laquelle on ressent bien toute l'importance que Sepúlveda accorde à l'amitié et à la sincérité.



"Raconter c'est résister", c'est donc le cadeau incontournable de quatre histoires parsemées d'éléments autobiographiques qui font voyager, qui (r)éveillent les consciences, qui donnent la parole à ce, ceux ou celles qu'on n'entend pas ou plus, qui célèbrent la nature, la fraternité humaine, l'amitié et la liberté, en un mot, la vie.



En partenariat avec les Editions Métailié.
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Le vieux qui lisait des romans d’amour, c’est bien je suis content pour lui.

Un p’tit 337e billet sur ce bouquin. Je ne voulais pas en faire et puis j’ai été voir les avis des babelioteurs et là… j’ai fait défilé les dix premières pages sur les trente quatre existantes et là… quelle surprise !!!!!! Seulement trois avis à trois étoiles sinon que du quatre et du cinq. Alors là que je me suis dis, ça va pas se passer comme ça, assume ta différence au grand jour et crie haut et fort : C’est quoi cette bouse?????? Oui j’en rajoute un peu mais pas tant que ça.



Voilà pour moi le prototype même du bouquin Canada Dry. Ca nous vend limite du lanceur d’alerte et on se retrouve avec Oui Oui au jardin des plantes (avec dédicaces sur l’esplanade du château de Vincennes).

L’histoire en gros : les indiens d’Amazonie ont les dents pourries, les touristes blancs venant chasser sont des gros cons, les colons foutent la merde (si je puis dire), le chef du village, le maire, est un abruti fini, le héros est un colon qui s’est fondu dans le paysage et qui connait les us et coutumes de la forêt presque mieux que les indiens dont il a tout appris. Cerise sur le gâteau et suspens insoutenable, la chasse à la panthère face à la chasse à l’homme. Ah, j’oubliais, le héros, le vieux, ben il lisait des romans d’amour aussi. Bien vu, fallait y penser.

Ah cette scène où il baptise sa pirogue du nom de gondole de je sais plus quoi (pas le courage de retrouver la page). Gondole, ce mot qu’il a lu et qui l’a fait rêver comme Venise dans un de ces romans à l’ode rose.

Et puis cette fin, j’ai le film en tête. Une sorte d’hybride de Petite maison dans la prairie réalisée par Sergio Léone. Il était une fois en Amazonie, De Niro face à Duchesse (des Aristochats), le duel avec Pow Wow en musique de fond. Insoutenable je vous dis.

Y avait plus d’émotion de réflexion et de surprises dans les Akim ou Zembla de mon enfance que dans ce bouquin.

Ici, à chaque page on sait ce qu’on va trouver à la suivante. Le bon est bon sur toute la ligne, l’abruti est abruti… sur toute la ligne (vous commencez à comprendre le principe décliné à l’infini). C’est la fête à Neuneu, le salon de la caricature # balance ton guarana, c’est les vacances de monsieur Hulot (alias Nicolas le jardinier) au pays de Rika Zaraï. Ce titre vous est présenté par Harlequin.

Bon, j’arrête là, je vais juste rajouter que ce bouquin n’est pas mauvais, juste sans aucun intérêt pour moi. Il m’a juste fait passer un moment sur la plage. Voilà c’est ça, c’est un sujet bâclé du 20h, tout en superficialité, qu’on nous place entre deux conneries et dont il ne reste rien dès la présentation de la météo passée.

Suivant…

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La folie de Pinochet

Le 16 octobre 2018, Augusto Pinochet est arrêté à Londres, sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par le juge d'instruction espagnol Baltasar Garzón.



En mars 2000, après une sage juridico-politique épique, l'ex-dictateur est extradé vers le Chili, où il ne sera finalement jamais jugé en raison de son état de démence, peut-être feint.



Ce livre rassemble une vingtaine d'articles et chroniques écrites entre ces deux dates pour différents journaux européens, par Luis Sepúlveda, l'un des très proches de Salvador Allende, et qui fut emprisonné, torturé puis exilé après le coup d'Etat de 1973.



Dans ces textes politiques, il s'insurge violemment contre les crimes de Pinochet et de sa clique de tortionnaires, contre l'hypocrisie des dirigeants du Chili dont pas un ne condamne fermement la dictature ou se réjouit de l'arrestation de l'ex-dictateur. Près de 30 ans après le coup d'Etat, le pays est toujours divisé entre les vainqueurs et les vaincus, les premiers plaidant l'amnistie et la réconciliation « pour pouvoir aller de l'avant », sans prendre conscience que cela signifierait pour les seconds la négation ignoble de tous les crimes commis pendant la dictature.



Des textes coups de gueule également, contre les Etats-Unis et la CIA qui ont fomenté le coup d'Etat, contre le FMI et ses politiques d'austérité qui étranglent la population, le tout dans l'unique but de promouvoir un système économique ultra-libéral et faire barrage à tout ce qui ressemble de près ou de loin à la gauche et au spectre de la nationalisation.



Mais ces textes sont aussi mémoriels, des hommages aux résistants, morts ou survivants, pour ne pas les bafouer une nouvelle fois en laissant impunis tous les crimes de la dictature. « Ni oubli, ni pardon », tel est le cri de ralliement de ces femmes et ces hommes, et le leitmotiv de ces textes un peu redondants, mais dans lesquels l'auteur a su transmettre toute sa révolte contre l'injustice, son intransigeance radicale envers le tyran, mais aussi tout son amour et son espoir pour le Chili, la fierté des résistants, et la solidarité et la convivialité avec ses frères humains.
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Histoire d'un escargot qui découvrit l'import..

Une jolie fable que cette quête d'un jeune escargot sur les raisons de la lenteur de son cheminement physique qui l'amène à rencontrer une tortue et à bénéficier de l'aide d'un hibou pour lui et quelques-uns de ses semblables.



J'en retiens particulièrement le déni de certains de ses congénères devant le danger, déni à transposer sur tous ceux des humains qui, par insouciance, égoïsme, indifférence sont incapables de s'unir pour prévenir toutes les atteintes qui les menacent.



La simplicité et les évidences de cette fable peuvent faire penser à certains aspects du Petit Prince. Sepulveda n'est pas très loin de Saint-Exupéry.
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Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre

C'est drôle comme les choses arrivent parfois : il aura fallu la nouvelle du décès de Luis Sepulveda pour que je me décide à lire en entier son admirable Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre. Jusque là j'avais savouré une ou ceux nouvelles par ci par là, suffisamment pour décréter que c'était un des plus beaux livres que j'ai jamais lus... Aujourd'hui je l'ai terminé et l'émotion d'avoir lu un grand livre se mêle au chagrin de savoir son auteur parti pour toujours. C'était finalement le bon moment pour lire ce recueil : ces nouvelles mystérieuses, fantastiques, mélancoliques, magiques aussi sont là pour dire que cette lecture était un rendez-vous, réussi lui, entre un lecteur et un auteur, un dernier rendez-vous, celui où l'on dit : Adios!
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Les Roses d'Atacama

Un livre fait de petites vignettes. Sepulvéda n'y parle pas de personnages victimes, pas des grands noms de l'Histoire (ou en toile de fond), mais des marginaux, ou des personnes qui par leurs actions ont marqué leur entourage.



Il y est plusieurs fois questions du Chili et du système totalitaire de Pinochet, mais pas seulement. L'auteur nous raconte des histoires dont les lieux varient beaucoup. D'un rescapé de la Shoah, à un poète oublié en passant par un pirate qui a voulu que son dernier geste soit pour sauver son équipage.

Des histoires de générosité, de bonté, de solidarité, d'altruisme, de désintéressement : des thèmes importants pour cet écrivain révolté et parfois un peu idéaliste. Et une fois de plus, la simplicité avec laquelle il raconte ces épisodes prouve son efficacité.



Un livre qui est une vraie bouffée d'air frais et qui donne envie d'avoir foi en l'Humanité.



La morale de toutes ces histoires, s'il y en a une, c'est quand même la résistance face à ceux qui ont la prétention de faire l'Histoire, celle d'aujourd'hui et de demain. Pour finir, il me semble qu'il faut citer le poème du tchèque, Jan Palach, cité dans l'une des vignettes de Luis Sepulveda :



J'ose parce que

tu oses parce que

il ose parce que

nous osons parce que

vous osez parce que

ils n'osent pas.
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Journal d'un tueur sentimental et autres hi..

Le grand Sépulveda, Luis pour les intimes, s’accorde une sympathique récréation avec ce « journal d’un tueur … ». La trame est toute simplette un tueur en bout de course commence à ce triturer les méninges et comme dit le dicton (inventé par moi !!! ) tueur qui réfléchit est en partie fini. L’auteur chilien nous embarque, c’est le cas de le dire, dans les méandres du cerveau de notre tueur rigolo, amoureux, torturé. Et là-haut c’est un sacré merdier.

Au final, une histoire qui m’a amusé autant que Luis (on est intime maintenant) qu’on ferme en se disant que même avec peu de chose, le plaisir est au rendez-vous. Hasta la vista, Ombre.

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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Une heure à perdre, ou plutôt à enrichir d'une lecture enivrante et inspirée? Précipitez-vous sur ce petit conte succulent et luxuriant, cette escapade au bout du monde au fond de laquelle se révèle un message d'une efficacité redoutable.

J'ai eu bien tort de tourner pendant longtemps un dos dédaigneux à ce livre dont le titre m'évoquait quelque historiette culculteuse : on en est loin!

Certes, il est question d'un vieux qui lit des romans d'amour, mais à sa place on ferait tous la même chose : échoué à El Idilio, ironique nom donné facétieusement par l'auteur aux trois cahutes branlantes posées au bord du fleuve en Amazonie, il lui faut bien ça pour supporter la misère que les gringos amènent dans ce coin de nature inviolée, misère bien plus insupportable que la précarité matérielle dans laquelle vivent les autochtones car c'est une misère faite d'ignorance des lois de la faune et de destruction de la forêt.

Quel talent de conteur a l'auteur pour passer ce message avec beaucoup plus de subtilité et de brio que je ne viens de l'écrire! C'est drôle, c'est foisonnant, c'est construit comme un polar, comme une fresque, comme un roman d'initiation, bref c'est d'une richesse sans prétention qui force le respect. Sans compter qu'après l'avoir refermé, vous ne regarderez plus le majestueux jaguar du même oeil.
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Histoire du chat et de la souris qui devinr..

Avec Mix, Mex et Max, Luis Sepulveda signe une nouvelle fable complètement envoûtante par sa simplicité et sa sincérité.



Comme pour l'histoire du chat Zorbas et de la petite mouette à qui il apprit à voler, tout est résumé dans le titre. Et pourtant ce court conte apporte tellement plus, définissant ce qu'est la vraie amitié. Celle-ci transcende les différences et permet à la fois de surmonter les épreuves et de partager des bonheurs, d'être complices et se découvrir complémentaires par ce qu'on peut apporter.

Ici que ce soit la souris, le chat ou le jeune homme, aucun ne prédomine et tous tirent profit et joie d'être ensemble. Mex la souris est tout à fait adorable avec sa volubilité. Quant à Mix, comment résister à ce félin au profil grec? L'épilogue de l'auteur m'a également charmée avec cet affinité qu'il ressent pour les chats, et que je partage. J'aime aussi sa façon d'expliquer la genèse de ce récit.



L'édition est magnifiée par les illustrations de Joëlle Jolivet, accompagnant avec délicatesse le texte. Un livre qui doit beaucoup plaire aux enfants. Mais pas que! Les adultes aussi ont droit de goûter aux douces saveurs de la prose de ce magicien de Sepulveda! Personnellement j'en redemande!
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Le Neveu d'Amérique

Luis Sepulveda à regrouper ces récits en deux parties : l’origine des ces partis pris et, ces rencontres.

Ses témoignages directs sur les tortures et sur la dictature Chilienne ont beaucoup de forces. Ce ne sont pas avec des descriptions techniques, mais avec des échanges, des dialogues que Louis Sepulveda passent les messages sur la violence de la dictature Chilienne.

Ces rencontres sont avec des personnages ayant des caractères bien trempés. Luis Sepulveda arrive en quelques phrases à les définir, ce qui permet d’adhérer très facilement aux histoires de ces rencontres.

Luis Sépulvelda est un très bon conteur, il a su rendre vivante les rencontres relatées dans « Le neveu d’Amérique »,( c’est très difficile d’e s’interrompre de lire au cours des nouvelles ) et c’est une très bonne idée de sa part d’avoir partagé ses notes de voyages en Amérique du Sud, même si les lieux sont difficilement identifiables , ou la chronologie n’est pas respectée.

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