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Critiques de Luis Sepúlveda (1608)
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Antonio José Bolivar a toujours vécu le long de son Amazonie. La forêt, il la connaît comme sa poche, pour avoir partagé la vie des indiens Shuars, appris leurs rites, leurs coutumes, la chasse mêlée de respect pour l'animal. Dans la jungle, nul besoin de s'entourer du superficiel, la forêt offre la vie en même temps qu'elle la prend.

Un beau jour, vers ses 60 ans, Antonio s'aperçoit qu'il sait lire. Un peu. Et cette capacité, il va la développer avec des romans d'amour. Mais attention, le vrai amour ! Celui qui fait souffrir et tirer les larmes aux yeux. Même lorsqu'il sera chargé de mener un groupe poursuivre un félin tueur d'hommes, il n'oubliera pas d'emporter un livre.



J'ai aimé Antonio, cet homme fort et vulnérable, ayant une connaissance stupéfiante sur les habitants de la forêt et une ignorance colossale de la vie moderne telle que nous la connaissons. Son intelligence aiguisée et son intuition, l'amour de son environnement et le rejet naïf de la méchanceté et la médiocrité font de lui une âme noble.



Lui est sa forêt emplissent ce court roman qui peut paraître tout simple au premier abord mais pourquoi me reste-t-il en tête plusieurs jours après l'avoir lu ? Les romans d'amour d'Antonio Bolivar ne sont qu'un prétexte à un sujet pour lequel l'auteur s'est battu toute sa vie : les droits des peuples. Il y dénonce la colonisation des indiens et de la nature dont ils font parti au nom de la convoitise des petits cailloux si précieux. Et il les connaît bien ces indiens Shuars pour avoir partagé leur vie pendant un an. Et la forêt semble être sa seconde maison.



Un livre et un auteur à découvrir.
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Histoire d'une mouette et du chat qui lui a..



Une merveille, ce livre! Drôle, poétique, émouvant!



Venez faire la connaissance de Zorbas, " le chat grand noir et gros"du port d'Hambourg, au coeur d'or. Il aura la lourde charge de respecter la promesse qu'il a faite à une mouette, Kengah, couverte de goudron et qui en mourra: couver son oeuf!



Généreux et tendre, Zorbas va réussir cet exploit, et un joli poussin, Afortunada, sortira de la coquille...Il fera son " éducation" comme il le peut, aidé en cela par l'équipe de choc des chats du port, tous aussi originaux et désopilants les uns que les autres. Il y a " Jesaistout", le chat érudit, qui passe ses journées dans les livres, et qui me fait penser à Firmin, un certain rat de bibliothèque... "Colonello", le conseiller à voir en cas de problème, " Ventdebout", un authentique chat de mer...



Il faudra surtout apprendre à Afortunada à voler, ce qui ne sera pas évident du tout! Il finira par s'élever vers sa vie d'oiseau...



Un très joli conte, qui célèbre la solidarité, la tendresse, le partage, et fait réfléchir aux conséquences désastreuses des fléaux modernes comme le mazout répandu sur les mers. On retrouve bien ici les préoccupations écologiques de l 'auteur, adaptées à un jeune public . Humour et émotion ravissent nos coeurs d'enfant...
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Les Roses d'Atacama

Trente-quatre histoires marginales naissent sous la plume et de la mémoire de Luis Sepulveda. Trente-quatre récits qui s'inscrivent en lettres de feu dans l'esprit du lecteur.



L'auteur rend un vibrant hommage à l'humanité et à la nature à travers des vies singulières. Elles sont toutes marquées par la résistance. Résistance à un régime dictatorial, qu'il s'agisse du Chili de Pinochet, de l'Argentine de Peron et de bien d'autres pays. Résistance à la destruction de la nature, sous prétexte de progrès et de nécessité capitalistique comme la déforestation en Amazonie ou la pêche à la baleine au Japon.



Les hommes et femmes présentés par Luis Sepulveda ont pour la plupart été pourchassés, arrêtés, torturés. Et pour certains, lâchement exécutés sans le moindre procès. Beaucoup ont connu l'exil, comme l'auteur lui-même. Mais aucun ne renonça à la lutte pour la liberté et la démocratie.

Deux récits diffèrent en parlant respectivement d'un chien Fernando et d'un chat Zorbas. Celui-ci servit de modèle pour le merveilleux conte Histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler. Comme pour le reste du recueil, on y retrouve les notions de solidarité et de respect apporté à la dignité de toute vie.



Les histoires sont très marquantes. La simplicité d'écriture de l'auteur ne les rend que plus percutantes. Il n'y met nul pathos et ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Au contraire, il tend plus à transmettre le flambeau de la résistance, qu'elle soit de nature syndicale, politique, idéologique et écologiste.



Et à ce que tout lecteur réfléchisse à la question qu'il s'est posé quand il s'est rendu au camp de concentration de Bergen-Belsen: "Qu'est ce que je peux faire, moi, pour que cela ne se reproduise pas?"
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Avant-hier j'ai découvert la lecture commune de juin, hier j'ai été emprunter le livre à la bibliothèque et aujourd'hui je l'ai lu ^^



Quel bon moment de lecture! Une petite pépite tombée dans ma PAL. Merci pour ce choix.



Au début j'ai eu un peu peur... du dentiste! Ensuite, j'ai fait la connaissance d'Antonio et j'ai été conquise par ce personnage. Pas parce qu'il lit des romans d'amour, mais par le vécu qui a forgé l'homme.



J'ai été émue par l'histoire de cette femelle jaguar et son baroud d'honneur.



"Parfois sur le rivage de la mer Cantabrique, je laisse mon regard se perdre à l'horizon. Je sais que de l'autre côté, en remontant le grand fleuve Amazone et les mille fleuves qui l'alimentent, au coeur de la forêt, Antonio José Bolivar Proano, avec vingt ans de plus sur les épaules, est debout, un livre ouvert sur sa table, en train de lire lentement ses romans d'amour, à l'abri de l'infatigable barbarie humaine."



Un livre à avoir lu au moins une fois dans sa vie.

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Les Roses d'Atacama

Des histoires courtes émouvantes, qui rendent hommage aux vrais héros, ceux du quotidien, ceux qui n'apparaissent pas dans les livres d'histoire, une œuvre magnifique, humaniste, militante. Et qui m'a rappelé mon passage au Chili, entre autres à Santiago dans le quartier de San Miguel (et son musée à ciel ouvert, d'immenses graffitis qui ornent ses immeubles très populaires), et dans le désert d'Atacama, ce qui m'a irrémédiablement attiré vers ce livre, même si ces histoires se déroulent en bien d'autres endroits.
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L'ombre de ce que nous avons été

Voilà un auteur qu'on lit avec grand plaisir.

Trois vieux militants gauchistes se retrouvent à Santiago, 35 ans après avoir fui le régime de Pinochet. De retour, ils n'ont pas oubliés leurs idéaux et attendent avec joie et excitation la venue du "Spécialiste" qui doit leur proposer une dernière action, sorte de baroud d'honneur. Hélas, quand ce n'est pas la dictature, c'est le destin qui s'en mêle.

Sépulveda brosse le portraits de papys cabossés par leur exil, mais qui ont gardé au fond des yeux une lueur d'espoir et de revanche. Tour à tour touchant, cocasse, cynique, le grand auteur Chilien rend un bel hommage à son peuple qui aura payé de sa chair l'avènement de Pinochet. Un roman qui va droit au coeur, profondement humain, magnifié par la langue de Sépulveda. Excellent.
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Histoire d'une mouette et du chat qui lui a..

Par l'encre de calamar ! J'ai adoré ce livre et ce n'était pas gagné du tout. Je pensais qu'il s'agissait d'un conte de fée un peu simplet. Et en plus il y avait un chat dedans. Et moi j'en ai assez des histoires de chat. Et puis une mouette. Je me suis dit tiens le goéland était déjà pris alors Luis Sepúlveda a pris la mouette. Et la mouette ben ça braille, ça bouffe les ordures et ça vous fait des cacas sur le pare-brise gros comme des bouses de veau. Mais bon j'avais bien aimé le Vieux qui lisait des romans d'amour alors quand j'ai vu la jolie couverture chez mon libraire d'occasion, j'ai sauté dessus ! Et puis j'ai décollé par dessus les toits du port de la Rochelle, de Hambourg ou d'ailleurs.

Ce conte est magnifique, chaleureux, plein d'invention et de drôlerie. Il est superbement construit et véhicule -en finesse- de belles valeurs : le respect de la nature, la générosité désintéressée, la fraternité à l'égard des gens différents. Et puis il demande de croire en soi malgré les difficultés.

Un conte qui ravira petits et grands.
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L'ombre de ce que nous avons été

Qu'ont-ils donc été, ces trois vieux types qui en attendent un quatrième dans un hangar de Santiago, par une nuit de pluie sans fin ? Ils ont été trois militants gauchistes, fervents partisans de Salvador Allende, qui ont payé cher leur loyauté à leurs idéaux, en passant par la case prison sous Pinochet puis celle de l'exil en Europe. Trente-cinq ans plus tard, de retour dans leur pays, ils savent qu' "On ne revient pas de l'exil, toute tentative est un leurre, le désir absurde de vivre dans le pays gardé dans sa mémoire. Tout est beau au pays de la mémoire, il n'y a pas de dommages au pays de la mémoire, pas de tremblement de terre, et même la pluie est agréable au pays de la mémoire. C'est le pays de Peter Pan, le pays de la mémoire". Mais malgré leurs désillusions, il leur reste un brin d'espoir, d'utopie et d'envie de revanche. Alors ils ont décidé de préparer un dernier coup, un dernier baroud en l'honneur de leurs frères d'armes disparus et des générations sacrifiées par la dictature. Ils ont besoin pour cela du "Spécialiste", le quatrième larron qu'ils attendent. Mais le destin est un vilain farceur, le Spécialiste n'arrivera pas, victime d'un tourne-disques jeté d'un balcon au moment où il passait dessous. Un quatrième personnage, invité surprise, viendra néanmoins en renfort. Et évidemment, ce serait trop simple si la police ne s'en mêlait pas. Mais avec un peu de chance, ses représentants seront peut-être intègres, pour une fois...



Cocasse, nostalgique, cruel, attachant, ce roman est un hommage aux perdants, au peuple chilien, aux générations passées brisées par la dictature, et aux actuelles, qui en portent toujours le poids. C'est aussi une charge virulente contre des autorités qui continuent à occulter le passé et à profiter de cet héritage, qui ne rendent pas justice aux victimes, et contribuent à la division d'un pays qui ne parvient pas à se réconcilier avec son histoire. Un roman profondément sincère et humain, qui touche au coeur.

"Je suis l'ombre de ce que nous avons été et nous existerons aussi longtemps qu'il y aura de la lumière."
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Un nom de torero

Un nom de torero…. Quel titre ! Je pensais que Luis Sepúlveda allait parler de taureaux … Il fallait oser un titre pareil !

Ce n’est pas en tant que défenseur de la Terre Feu, que Luis Sepúlveda, a écrit ce roman, bien qu’il cite Francisco Coloane.

Luis Sepúlveda propose un roman d’espionnage dont l’intrigue fait suite à la réunification des deux Allemagnes, avec un des derniers soubresauts des ex-agents de la Stasi, cherchant à s’accaparer un trésor volé durant la seconde guerre mondiale …

Pour cette chasse au trésor, Luis Sepúlveda rappelle les liens ambigus qu’entretenaient la RDA avec les groupes révolutionnaires d'Amérique du Sud pendant les sinistres dictatures.

Lorsque Luis Sepúlveda, comme dans « le neveu d’Amérique », évoque la torture, son style reste très sobre, mais c’est très poignant.

Le roman n’est pas que noir de désillusions. Luis Sepulveda rappelle le combat et le courage des Mères de la place de Mai.

Pour finir, je voudrais signaler qu’au moins une fois dans son œuvre, dans le chapitre intitulé « Intermèdes » , pendant une veillée funèbre, Luis Sepúlveda rend hommage à un carabinier et à un curé en leur prêtant des citations d’anthologie… Bonne lecture !

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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Une longue nouvelle ou un court roman curieusement nommé qui pourrait, peut-être, rater un public qui n'imaginerait, a priori, qu'il ne s'agit, encore, que d'un récit à l'eau de rose. On en est très très loin et la lecture en est vraiment savoureuse. Le personnage principal est très vite très attachant. On regrette même de le laisser là sur les bords du fleuve à la fin du livre...
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Le vieux est campé dans sa cabane, debout devant sa table, lisant lentement des romans d'amour tout en dégustant une Frontera. Le dentiste arrache des dents, ponctuant ces interventions malhabiles par des jurons bien placés. Les Jivaros, hilares, observent ce drôle de médecin trifouiller la dentition de ses patients. Le maire, la Limace, assis dans son bureau, vide les bouteilles d'alcool, suant et dégoulinant de sa bêtise.



Et puis, il y a cette femelle jaguar qui a tué l'un de ces stupides gringos après la mort injuste de ses petits. Vengeresse, sa haine est insatiable, une chasse à l'homme va débuter. C'est ce bon vieil Antonio José Bolivar, lecteur assidu de roman à l'eau de rose, respectueux de l'environnement et des êtres qui y vivent, qui va devoir se lancer à sa poursuite. Son plus fidèle ami est Nushino, un Shuars, qui lâche des pets sonores pour exprimer son contentement ou pour couper court à la conversation.



Luis Sepúlveda dénonce avec drôlerie et sensibilité, la cupidité des hommes, leur soif de pouvoir, et la déforestation de ces territoires sauvages. Forêts hostiles, ceci dit, qui n'ont jamais eu besoin de l'empreinte corrosive de l'être humain pour pouvoir s'épanouir et vivre en paix.
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Histoire d'un chien mapuche

Il était une fois un jeune chiot qui se perdit dans les forêts d'Araucanie au Chili, et qui faillit mourir de froid, enseveli dans la neige. Un jaguar le sauva, le recueillit dans sa tanière, puis le mena auprès des Indiens Mapuche, les Gens de la Terre, qui pourraient mieux s'occuper de lui.



Et ainsi fut-il. le chiot, baptisé Afmau (loyal, fidèle, en mapuche) grandit aux côtés d'un petit d'homme, Aukamañ, et ces deux-là devinrent inséparables, des quasi-frères. Ils vivaient paisiblement au milieu de la tribu, en harmonie avec la nature.



Et puis un jour, des hommes venus de loin décidèrent de confisquer les terres des Mapuche. Cruels et sans âme, ils tuèrent le grand-père d'Aukamañ, qui était le chef de la tribu et qui avait osé protester, et ils emmenèrent Afmau avec eux.



Depuis son enlèvement, Afmau, résigné, est au service de ces hommes sans âme. le temps a passé, mais il n'a jamais oublié son amitié avec le petit d'homme, ni les odeurs de leur forêt, du miel, de la farine et de la laine brute.



Alors, des années plus tard, quand ses maîtres l'ont obligé à pourchasser un fugitif indien, Afmau s'est mis en chasse. Mais quand il s'est rendu compte que celui qu'il traquait n'était autre qu'Aukamañ, son frère homme, le vieux chien a tout tenté pour le sauver de ses poursuivants, faisant ainsi honneur à son nom mapuche.



Racontée par Afmau lui-même, cette "Histoire d'un chien mapuche" est un conte un peu triste, un peu désespérant, qui met l'accent sur l'amitié, la fidélité, le respect de la nature et des traditions autochtones, en butte à la cupidité, la brutalité et l'incompréhension des néo-colons.



Des thèmes et des valeurs chers à cet immense conteur qu'était feu Luis Sepúlveda, qui rend une fois de plus hommage à un monde en voie de disparition, à la Terre mère et à la Nature.
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Le vieux qui lisait des romans d'amour, c'est l'histoire touchante et magique d'un homme, Antonio José Bolivar, qui vit en plein cœur de l'Amazonie. Rejeté de sa communauté puis des Indiens qui l'avaient recueilli, le vieil homme s'établit dans une petite ville et se découvre avec l'âge une passion : les romans d'amour. Antonio José Bolivar lit des romans d'amour les plus tristes possible, mot à mot en cherchant le sens de chaque mot et en essayant de comprendre, de visualiser chaque ville décrite (Venise, Paris, Barcelone, etc.), Mais la magie des mots lui apporte un espoir et une joie inespérée à la fin de sa vie.

Sa vie, c'est celle d'un chasseur de félins. Pas le chasseur blanc qui tue pour tuer et montrer les animaux dépecés devant ses amis, mais celui qui tue dans l'esprit de la forêt, pour protéger les hommes. La victoire sur l'animal traqué n'est pas une victoire, mais un déchirement, celui d'avoir volé une vie dans une nature exploitée par les chercheurs d'or et les exploitants forestiers et les blancs avides de nouveaux horizons. 

Ce court roman est un hymne à la forêt; Le vieux qui lisait des romans d'amour est un rêve naïf, celui de croire que la nature peut encore être sauvée, que la cupidité des hommes ne peut atteindre ces régions. Et le seul refuge serait la culture (les romans d'amour ici) mais une culture bien inaccessible pour des hommes pour qui l'instruction n'existe pas. Mais le principal est de sortir de ce roman avec l'impression d'être épié par un félin plus rusé que l'homme, en goûtant l'eau de pluie chargée des senteurs de la forêt qu'elle a longuement traversée... 

Très belle écriture avec des mots simples et compréhensibles qui décrivent si bien les états d'âme de la forêt amazonienne, de ses habitants et le respect des Shuars pour elle. 

Sous le couvert de réflexions naïves, mais pas mélos, l'auteur parle de la déforestation de l'Amazonie par les gringos. 

Pouvons-nous aller à contre-courant du progrès? 

Malgré nos petites rebuffades écolos, ne sommes-nous pas emportés, noyés par lui?

Un petit bijou! 
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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Je suis ravi de découvrir enfin la première publication de ce grand écrivain chilien disparu en avril 2020, il y a tout juste deux ans. Le thème central du récit, la confrontation de l’homme et de la nature, avec son lot de destruction, est de plus en plus d’actualité... ou devrait l’être au vu des risques climatiques qui pèsent sur le devenir de l’homme.



J’ai envie d’insister sur la forme littéraire remarquable adoptée par l’auteur qui, personnellement, m’a évoqué l’esthétique du western. J’avoue avoir eu un faible dans ma jeunesse pour ces films, ces livres, où un héros solitaire parvient à s’imposer, grâce à son intelligence, à son courage, face à des forces injustes et plus nombreuses...



Les colons sont là, établis à El Idilio, sur le rivage du fleuve Nangaritza dans les profondeurs de la forêt amazonienne. Ils vivent à côté des Shuars, peuple hautain et orgueilleux et de chercheurs d’or... et des jivaros, rejetés par les Shuars car trop proches des gringos...



Le récit commence par une magistrale scène de présentation de tout ce microcosme avec l’arrivée du docteur Loachamin, une forte figure. C’est lui qui va approvisionner le personnage principal, Antonio José Bolivar, en romans d’amour. Il vient deux fois par an pour des extractions dentaires que je ne souhaite à personne, rappelant les extractions de balles dans les westerns sous le seul anesthésique du whisky. Ici, c’est l’ « aguardiente Frontera » qui aide à supporter et est sensé désinfecter.



La loi est représentée par Le maire, autorité suprême dans ces contrées lointaines, surnommé inamicalement « Limace » à cause de sa transpiration abondante. C’est une espèce de shérif, au passé douteux, ne répugnant pas à se faire appeler « Excellence ». Quant à la loyauté elle est selon ses intérêts. Il apporte au récit, une bonne dose d’humour... A ses dépens.



Le héros solitaire de ce western détourné, avec ses figures féminines archétypiques, est un homme meurtri par la vie suite à une histoire d’amour malheureuse avec la belle au nom long comme le fleuve tropical, Dolores Encarnacion del Santisimo Sacramento Estupian Otavalo... Voici pourquoi Antonio José Bolivar va lire des romans d’amour, de ceux qui finissent mal.



Antonio va devoir sortir de ses lectures lorsque ses amis Shuars sont injustement accusés d’un meurtre. Ayant appris à survivre dans la forêt au contact de cette population indigène dont il a partagé le quotidien, il a vite compris qu’un fauve pris de folie est à l’origine de la mort du chasseur blanc.



L’affrontement final entre le héros et la bête rendue folle par la faute des chasseurs est à la hauteur de ce chef-d’œuvre magnifiant l’amour de la nature. Le plaidoyer est habile : faute de connaître et respecter celle-ci, elle se venge et cause la perte des hommes. Un équilibre est à chercher et pour le trouver il est nécessaire d’apprendre à l’écouter et la comprendre. Sorti en 1992, ce livre éclaire l’actualité alors que l’Amazonie est de plus en plus meurtrie par une déforestation absurde, conduisant à la disparition des hommes qui savent vivre en harmonie avec l’environnement non-humain et dont on aurait de plus en plus besoin, crime maintenant qualifié d’écocide...



Luis Sepulveda dédie son livre à son ami Chico Mendes, grand défenseur de la forêt amazonienne, assassiné pour ses idéaux en 1988.



Antonio José Bolivar, le vieux qui lisait des romans d’amour, lit à son rythme. C’est un homme simple, peu cultivé, ayant découvert que la lecture lui permet de s’échapper d’un monde jugé barbare.



Un livre sur le plaisir de la lecture, un roman truculent qui a révélé immédiatement son auteur avec une diffusion mondiale et plusieurs prix. Il est à l’origine d’une œuvre forte en relation avec l’histoire du 20ème siècle. J’avais aimé « Un nom de torero », à la narration proche du roman policier.



Luis Sepulveda a eu une vie bien remplie. Il a connu l’exil du Chili après le coup d’état du général Pinochet en 1973, impliqué directement car membre de la garde personnelle de Salvatore Allende, la GAP, dont bien peu avait survécu à l’arrivée du terrible dictateur qui l’avait condamné à 28 ans de prison. Libéré en 1977, grâce à l'intervention d'Amnesty International, il s’était exilé en Équateur, au Pérou et en Colombie et s’était investi dans le théâtre tout en poursuivant son engagement auprès de mouvements révolutionnaires.



En 1978, il passe un an avec des indiens d’Amazonie dans le cadre d’une étude de l’Unesco traitant de « l'impact de la colonisation sur les populations amazoniennes ».



Avec son premier roman, « Le Vieux qui lisait des romans d'amour », traduit dans une quarantaine de langues, il invitait à repenser notre rapport à la nature, thème on ne peut plus actuel en cette période de réchauffement climatique et de pandémie virale.



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Chronique avec illustrations sur blogue Bibliofeel et Facebook à la page clesbibliofeel.








Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Histoire d'une mouette et du chat qui lui a..

Un bijou : c'est poétique, c'est plein de tendresse, c'est drôle et ce récit véhicule un très beau message sur la différence!





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Le vieux qui lisait des romans d'amour

C'est pure délectation que des livres comme celui-ci !



J'ai déjà dit mon amour des petits livres, qui s'emportent partout, qui offrent souvent de belles échappatoires imaginaires dans leurs ellipses, ce dont je raffole. Ici, il convient de mettre en avant une autre de leurs qualités : leur densité.



Car ce livre est aussi dense que l'était la forêt amazonienne dans laquelle il nous entraîne. Quand je l'ai reçu en prêt d'un cousin attentionné, j'avais une certaine crainte de tomber sur un de ces récits Nature réalistes qui arrivent rarement à me captiver. Je me souvenais de la critique enthousiaste de ClaireG mais nous n'avons pas toujours les mêmes goûts, c'est bien normal. C'était sans savoir que sa densité, loin de provoquer un sentiment d'étouffement, offre les espaces de liberté d'intérêts multiples.



Les colons sont arrivés, ont violé la forêt vierge avant de l'abattre.



Des faits, pas de jugement.



L'homme occidental est une espèce invasive.

Les connaissances empiriques disparaissent.

Les indiens Shuars vivaient intégrés dans la forêt.

Ils se soignaient grâce à leur connaissance approfondie de plantes que l'homme civilisé n'a jamais vues.



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Pistes pour vos imaginaires :

Les antibiotiques dernière génération sont basés sur ...

Dali avait un ocelot.

Mais ce même nom est aussi utilisé pour désigner le Jaguar.

Le jaguar avait sa place au panthéon des divinités des grandes civilisations précolombiennes
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Journal d'un tueur sentimental et autres hi..

Quel bon moment passé en compagnie de ce tueur à gages amoureux en diable de sa petite Française et qui se découvre cocu! Cela marque le début de la chute pour ce professionnel du crime dont la déontologie et les habitudes de travail prennent un sérieux coup de cette trahison. Même quand il y a à la clé un chèque à six zéros, net d'impôts.



Luis Sepulveda nous entraîne à la suite de ce personnage hors norme d'une Madrid caniculaire à Istanbul, de Francfort à Paris puis direction Mexico. On voit du pays pour remplir ce fichu dernier contrat où ses réflexes pros le lâchent et où tout part en eau de boudin. Déjà, contrairement à ses principes, il cherche à savoir pourquoi il doit assassiner ce type de 36 ans, un des rares personnages dont le nom nous est révélé d'ailleurs.



L'auteur se joue de nombreux clichés dans ce très court roman. Les chauffeurs de taxi de tous pays en prennent notamment pour leur grade. Raconté directement par le tueur, dont on ignore le nom (professionnalisme oblige), le récit est bourré d'humour au second degré et de remarques où le cynisme se partage la donne avec la mélancolie amoureuse de notre anti-héros. Les affres de l'amour n'épargne décidément personne!



Si la fin de l'intrigue est prévisible, cette histoire offre paradoxalement une bouffée plus légère après plusieurs lectures au ton nettement plus dramatique. J'avais déjà apprécié son vieil homme qui lisait des romans d'amour, ce tueur sentimental confirme mon envie de poursuivre la découverte de l'oeuvre de Luis Sepulveda. Et quels titres à chaque fois! L'enchantement commence par ça.
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Histoires d'ici et d'ailleurs

La gentillesse d’une amie m’a permis de découvrir, cette semaine, les écrits de Luis Sépúlveda et de mieux appréhender le parcours, pour le moins agité, de ce militant politique chilien.

Ce recueil de chroniques, intitulé « Histoires d’ici et d’ailleurs », est sans doute le plus court chemin pour apprécier la personnalité et les talents d’écrivain de cet homme courageux.



Le 11 mars 1990, après 16 ans de cauchemar, prend fin le pouvoir dictatorial du Général Pinochet.

C’est le moment que choisit Luis Sépúlveda pour revenir dans son pays après un exil de 14 ans en Europe. Cet opposant de la première heure au régime militaire a passé plus de 2 ans de prison à Temuco avant qu’Amnesty International ne réussisse à obtenir, en 1977, sa libération contre un exil.



La joie, sans doute immense, de fouler à nouveau le sol de la mère-patrie n’est pas relatée. Sépúlveda préfère sillonner la banlieue de Santiago où les stigmates des années de plomb sont partout présents. Avec sincérité, l’écrivain humaniste rend hommage à ses compatriotes miséreux, ces anonymes qui, parfois au péril de leur vie, ont résisté aux militaires avec des moyens dérisoires. Cette première chronique est particulièrement émouvante.



La deuxième nous permet de survoler dans un petit avion la Terre de Feu.

Sépúlveda a travaillé avec Greenpeace dans les années 80. Le militant écologiste dénonce ici la réalisation de projets énergétiques néfastes pour l'environnement et critique ouvertement une industrie touristique peu soucieuse de la fragilité de la région.

L’écrivain rappelle avec à propos qu’en seulement 50 ans, la température de l'Antarctique, de la Patagonie et de la Terre de Feu a augmenté de 2.5 degrés modifiant considérablement la topographie des glaciers de ces régions australes.



Suivent 23 autres chroniques tantôt en Amérique latine, tantôt en Europe.

L'une d'elles devrait particulièrement intéresser les nombreux lecteurs d’ "Un vieux qui lisait des romans d'amour" ; elle relate la genèse, au cœur de la forêt amazonienne, de ce livre à succès.



De nombreuses chroniques rendent hommage aux compagnons d'armes de l'auteur.

Sepúlveda a fait partie du GAP, la garde rapprochée de Salvador Allende, dont la devise était : "Ni oubli, ni pardon".

L’homme au tempérament de guerrier déplore avec amertume les mesures d'impunité dont bénéficient, au nom de la réconciliation nationale, les assassins du régime Pinochet.



Tel un bon vin dont les arômes impriment durablement la mémoire, je garderai à l’esprit les chroniques vagabondes de ce livre d’emprunt.

Merci Eliane de m’avoir fait découvrir cet auteur chilien aux convictions affirmées !

Une lecture prochaine d’un roman de Luis Sépúlveda me paraît maintenant une évidence.

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Le monde du bout du monde

Journaliste chilien exilé à Hambourg, le narrateur est alerté par Greenpeace à propos d’un baleinier qui aurait fait naufrage au sud de la Patagonie. Après vingt-quatre années d’absence, il retourne dans son pays natal, dans ces terres du bout du monde où, adolescent passionné par Moby Dick, il avait passé un été à chasser la baleine sur un petit chalutier. Cette fois pourtant, la pêche n’a rien d’artisanal. Le lanceur d’alerte, le capitaine Nilssen, mi-danois, mi-indien Ona, surveille le Nishin Maru, un bateau-usine japonais, lancé à la poursuite des baleines, sans se soucier, ni de l’écosystème, ni des protestations des militants écologistes. Pourtant, le bateau a été déclaré naufragé et démantelé…



Un petit livre en forme de déclaration d’amour pour Melville, le Chili, les baleines, la nature et la Terre de Feu.

Double du narrateur, Sepulveda y dénonce la pêche industrielle, les magouilles des capitaines japonais, mais aussi l’ethnocide des peuples indiens du Chili.

Ecologique et engagé, ce voyage maritime peine pourtant à passionner. L’auteur y énumère tous ses sujets (légitimes) d’indignation et se lance dans une énumération soporifique de chaque fjord, bras de mer, îlot qu’il croise sur son chemin.

Le monde du bout du monde reste un livre nécessaire mais il lui manque le souffle épique qui font les vrais romans d’aventures. On s’ennuie et c’est bien dommage.

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Histoire d'une mouette et du chat qui lui a..

C'est l'histoire d'un chat, noir, injustement taxé de poissard indécrottable, et d'une mouette en devenir qui ne savait pas voler pour cause de naissance l'avant-veille au soir.

Zorbas, le chat grand noir et gros décida de la prendre sous son aile, enfin sa patte, puisqu'il le jura ses grands dieux à sa mère mourante venue s'échouer sur son balcon attitré. Et un chat du port n'a qu'une parole.



Sous ses airs naïfs de conte bon enfant, ce récit faire la part belle à l'ouverture d'esprit, au partage et à l'acceptation de l'autre, fût-il aux antipodes de son patrimoine génétique.

En ces temps de nationalisme exacerbé porté par des extrêmes venimeux avides de pouvoir et de guerre de civilisation qui ne dit pas son nom, il serait vraiment dommage de passer à côté de cette petite douceur adaptée du roman éponyme de Luis Sepúlveda décédé en avril 2020.



Si le propos interpelle, que dire du trait bicolore hypnotique de Cever aussi à l'aise dans le rendu architectural que dans le portrait animalier.

Un trait sobre, élégant, étourdissant de précision, aux contrastes idéalement dosés, parfait hommage d'un dessinateur habité à un écrivain engagé.



Merci à Babelio et aux éditions Caurette pour cette piqûre de rappel. En plus, c'est de saison, alors.
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