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Citations de Michel Houellebecq (3681)


Selon la Soeur suprême, la jalousie, le désir, et l’appétit de procréation ont la même origine qui est la souffrance d’être. C’est la souffrance d’être qui nous fait rechercher l’autre comme un palliatif ; nous devons dépasser ce stade afin d’atteindre l’état où le simple fait d’être constitue par lui même une occasion permanente de joie ; où l’intermédiation n’est plus qu’un jeu, librement poursuivi, non constitutif d’être. Nous devons atteindre, en un mot, à la liberté d’indifférence, condition de possibilité de la sérénité parfaite.
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La femme reprit le dossier, pensant visiblement que l'entretien était terminé, et se leva pour le ranger dans l'armoire. Jed se leva aussi, s'approcha d'elle et la gifla violemment. Elle émit une sorte de gémissement très étouffé, mais n'eut pas le temps d'envisager une riposte. Il enchaîna par un violent uppercut au menton, suivi d'une série de manchettes rapides. Alors qu'elle vacillait sur place, tentant de reprendre sa respiration, il se recula pour prendre de l'élan et lui donna de toutes ses forces un coup de pied au niveau du plexus solaire. Cette fois elle s'effondra, heurtant violemment dans sa chute un angle métallique du bureau ; il y eut un craquement net. La colonne vertébrale a dû en prendre un coup, se dit Jed. Il se pencha sur elle : elle était sonnée, respirait avec difficulté, mais elle respirait.
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Juste à coté du bar, je trouvais un restaurant de plein air. Pratiquement toutes les tables étaient occupées par des couples composés d'un occidental et d'une Thaie. La plupart ressemblaient à des californiens, à l'idée qu'on se fait des californiens, en tout cas ils portaient des tongs. En réalité, il s'agissait peut-être d'Australiens, c'est facile à confondre ; quoi qu'il en soit, ils avaient l'air sains, sportifs et bien nourris. Ils étaient l'avenir du monde. C'est à ce moment, en voyant tous ces Anglo-Saxons jeunes, irréprochables et pleins d'avenir, que je compris à quel point le tourisme sexuel était l'avenir du monde.
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(suite au décès de son père) j'étais un peu tendu, c'est certain ; ce n'est pas tous les jours qu'on a des morts dans sa famille. J'avais refusé de voir le cadavre. J'ai quarante ans, j'ai déja eu l'occasion de voir des cadavres ; maintenant je préfère éviter.
C'est ce qui m'a toujours retenu d'acheter un animal domestique.
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Dans la mort, les corps déviandés
De ceux qu’on avait cru connaître
Ont l’attitude un peu guindée
De ceux qui ne vont pas renaître.
 
Ils sont là, simples et sans blessures,
Tous leurs désirs sont apaisés,
Ils ne sont plus qu’une ossature
Que le temps finit par user. 
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La publicité constitue la dernière en date de ces tentatives. Bien qu’elle vise à susciter, à provoquer, à être le désir, ses méthodes sont au fond assez proches de celles qui caractérisaient l’ancienne morale. Elle met en effet en place un Surmoi terrifiant et dur, beaucoup plus impitoyable « qu’aucun impératif ayant jamais existé, qui se colle à la peau de l’individu et lui répète sans cesse : « Tu dois désirer. Tu dois être désirable. Tu dois participer à la compétition, à la lutte, à la vie du monde. Si tu t’arrêtes, tu n’existes plus. Si tu restes en arrière, tu es mort. » Niant toute notion d’éternité, se définissant elle-même comme processus de renouvellement permanent, la publicité vise à vaporiser le sujet pour le transformer en fantôme obéissant du devenir. Et cette participation épidermique, superficielle à la vie du monde est supposée prendre la place du désir d’être.
La publicité échoue, les dépressions se multiplient, le désarroi s’accentue ; la publicité continue cependant à bâtir les infrastructures de réception de ses messages. Elle continue à perfectionner des moyens de déplacement pour des êtres qui n’ont nulle part où aller, parce qu’ils ne sont nulle part chez eux ; à développer des moyens de communication pour des êtres qui n’ont plus rien à dire ; à faciliter les possibilités d’interaction entre des êtres qui n’ont plus envie d’entrer en relation avec quiconque. 
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Je n'avais fait que très occasionnellement appel à des sites d'escorts, je l'avais fait le plus souvent pendant les mois d'été, pour assurer en quelque sorte la jonction entre deux étudiantes; j'avais dans l'ensemble été satisfait. Une rapide exploration sur internet me permit de constater que le nouveau régime islamique n'avait en rien perturbé leur fonctionnement. Je tergiversai quelques semaines, examinant de nombreux profils, en imprimant certains pour les relire (il en allait des sites d'escorts un peu comme des guides gastronomiques, ou la description, d'un lyrisme remarquable, des plats à la carte, laissait entrevoir des délices bien supérieurs à ceux qui étaient en fin de compte éprouvés.
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La nuit est là, mon bel amour,
Douce et très pure ;
Je vis depuis le point du jour
Une torture.

Ton bracelet lui doucement
Contre ma peau,
Les larmes coulent lentement
De mes yeux clos.

Mon corps soufrant et las se brise
Loin de tes yeux
Je pense à toi, gentille Lise ;
Je suis heureux.
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Les Norvégiens sont translucides ; exposés au soleil, ils meurent presque aussitôt.
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« Si ces gens sont sauvés », disait à peu près (avec cruauté, mais justesse) Nietzsche, « il faudrait qu’ils en aient davantage l’air ».
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Le libéralisme économique, c'est l'extension de domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. (2ième partie, chapitre 8)
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j’avais besoin d’amour et d’amour sous une forme très précise, j’avais besoin d’amour en général mais en particulier j’avais besoin d’une chatte, il y avait beaucoup de chattes, des milliards à la surface d’une planète pourtant de taille modérée, c’est hallucinant ce qu’il y a comme chattes quand on y pense, ça vous donne le tournis, chaque homme je pense a pu ressentir ce vertige, d’un autre côté les chattes avaient besoin de bites, enfin du moins c’est ce qu’elles s’étaient imaginé (heureuse méprise, sur laquelle repose le plaisir de l’homme, la perpétuation de l’espèce, et peut-être même celle de la social-démocratie), en principe la question est soluble mais en pratique elle ne l’est plus, et voilà comment une civilisation meurt, sans tracas, sans dangers ni sans drames et avec très peu de carnage, une civilisation meurt
juste par lassitude, par dégoût d’elle-même, que pouvait me proposer la social-démocratie évidemment rien, juste une perpétuation du manque, un appel à l’oubli.
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Une ambiance de catastrophe globale allège toujours un peu les catastrophes individuelles, c'est sans doute pour cette raison que les suicides sont si rares en période de guerre.
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Quand à ses fellations, je n'avais jamais rien connu de semblable, elle abordait chaque fellation comme si c'était la première, et que ce devait être la dernière de sa vie. Chacune de ses fellations aurait suffi à justifier la vie d'un homme.
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Aurais-je, au moins, l'élémentaire courage du suicide ? Ce n'était même pas sûr.
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Elle avait sans doute depuis toujours, comme toutes les dépressives, des dispositions à l'égoïsme et à l'absence de coeur; mais sa psychanalyse l'a transformée de manière irréversible en une véritable ordure, sans tripes et sans conscience - un détritus entouré de papier glacé.
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L'ennemi idéologique se tapit souvent près du but, et avec un long cri de haine il se jette à l'entrée du dernier virage sur le penseur imprudent qui, ivre de sentir déjà les premiers rayons de la vérité se poser sur son front exsangue, avait sottement négligé d'assurer ses arrières. Je n'imiterai pas cette erreur et, laissant s'allumer d'eux-mêmes dans vos cerveaux les candélabres de la stupéfaction, je continuerai à dérouler les anneaux de mon raisonnement avec la silencieuse modération du crotale.
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« (…) Prends une Moldave, ou d'un autre point de vue une Camerounaise ou une Malgache, une Laotienne à la rigueur : ce sont des filles pas très riches et même carrément pauvres, issues d'un milieu absolument rural, elles n'ont jamais connu d'autre univers, elles ne savent même pas que ça existe. Alors là tu arrives, tu es dans la force de l'âge, encore pas mal physiquement, un beau mec costaud dans la quarantaine, et tu possèdes la moitié du département en herbages (là j'exagérais un peu, mais c'était l'idée). Évidemment ça te rapporte que dalle mais ça elle ne peuvent pas le deviner et au fond elles ne le comprendront jamais parce que dans leur esprit la richesse c'est la terre et le troupeau, alors je peux t'assurer qu'elles ne lâcheront pas l'affaire, elles seront dures à la tâche, elles ne renonceront jamais, elles seront debout à cinq heures du matin pour la traite. Et en plus elles seront jeunes, largement plus sexy que toutes tes pétasses aristocratiques, et elles baiseront quarante fois mieux. (…) Elles se lèveront à cinq heures du matin pour la traite, m'enthousiasmai-je, de plus en plus convaincu par ma propre évocation, je visualisais la Moldave, ensuite elles te réveilleront avec une pipe, et en plus le petit déjeuner sera prêt !... »
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(…) et au fond tout le monde était dans la même situation, les années d'étude sont les seules années heureuses, les seules années où l'avenir paraît ouvert, où tout paraît possible, la vie d'adulte ensuite, la vie professionnelle n'est qu'un lent et progressif enlisement, c'est même sans doute pour cette raison que les amitiés de jeunesse, celles qu'on noue pendant ses années d'étudiant et qui sont au fond les seules amitiés véritables, ne survivent jamais à l'entrée dans la vie adulte, on évite de revoir ses amis de jeunesse pour éviter d'être confronté aux témoins de ses espérances déçues, à l'évidence de son propre écrasement.
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Avec le sexe, tout peut être résolu, sans le sexe, plus rien ne peut l’être.
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