Citations de Michel Houellebecq (3690)
Le matin du 1er janvier se leva, comme tous les matins du monde, sur nos existences problématiques.
Elle ne le trompait probablement pas, ou peut-être juste un peu, elle devait se laisser occasionnellement troncher par un stagiaire qui ajoutait encore foi à son aura de grande journaliste, qui lui supposait une importance dans l'organigramme, l'ambition inassouvie avait dévoré beaucoup de choses en elle, demeurait son désir intarissable de montrer qu'elle était une fille cool, moderne et sympa, et qu'elle avait de nombreux contacts dans le milieu.
Officiellement, donc, je suis en dépression. La formule me paraît heureuse. Non que je me sente très bas ; c’est plutôt le monde autour de moi qui me paraît haut.
Mais je ne veux pas discuter. Il a une théorie, c’est bien. C’est toujours mieux d’avoir une théorie, au bout du compte.
Une nouvelle fois il fut frappé par la photo de ses parents, enlacés sur le front de mer. ils avaient l'air jeunes, amoureux, ils quittaient littéralement le désir.
Leurs corps ne s'étaient pas véritablement mélangés, cela viendrait plus tard, mais ils s'étaient longuement touchés et il en demeurait des traces, des odeurs ; cela participait du rituel d'apprivoisement des corps.
Ce qui se passe à l'intérieur d'un couple est particulier, non transposable à d'autres couples, non susceptible d'interventions ni de commentaires, assez séparé du reste de l'existence humaine, différent de la vie en général comme de la vie sociale commune à beaucoup de mammifères, même pas compréhensible à partir de la descendance que le couple a éventuellement pu engendrer, enfin c'est une expérience d'un autre ordre, même pas une expérience à proprement parler, une tentative.
Cécile et Madeleine sortirent ; le regard de son père restait planté dans le sien, immobile. Il ne pouvait avoir aucune expression, se répétait Aurélien, il n’avait aucun moyen de faire connaître ses sentiments ; mais il lui fallut encore une ou deux minutes avant de se lancer.
Ils se trouvaient en bas d’une petite butte herbeuse au sommet de laquelle s’élevait une guillotine. Le visage de Bruno Juge en découvrant l’instrument ne laissait pas transparaître de crainte, juste une légère surprise.
À la station Voltaire, le graffiti était plus brutal et plus angoissé : « Message définitif à tous les télépathes, à tous les Stéphane qui ont voulu perturber ma vie : c’est NON ! »
l'abjection commune dont je savais comme tout le monde faire preuve m'avait permis de l'oublier
je me demandais à quoi je pourrais m'intéresser moi-même si ma sortie de la vie amoureuse se confirmait, je pourrais prendre des cours d’œnologie peut-être, ou collectionner les modèles réduits d'avion
Dans les minutes qui suivirent, il ressentit surtout l'étrange présence du monde observable.
J'avais même parlé une fois à une jeune fille, jolie, attirante qui fantasmait sur Jean-François Copé ; il m'avait fallu plusieurs jours pour m'en remettre. On rencontre vraiment n'importe quoi de nos jours, chez les filles.
De tous les animaux de la création, le chameau est sans conteste un des plus agressifs et des plus hargneux. Il est peu de mammifères supérieurs - à l'exception de certains singes- qui donnent une impression de méchanceté aussi frappante. Fréquemment, au Maroc, les touristes tentant de caresser le museau de l'animal se font arracher plusieurs doigts. "J('avais dit à la dame de faire attention...se lamente alors hypocritement le chamelier.Chameau pas gentil..."
Je suis Dieu dans mon sous-sol. J'ai choisi de créer un petit monde, facile, où l'on ne rencontre que le bonheur.
À partir d'un certain âge, la vie devient administrative - surtout.
Dans la contradiction qui remplit nos matins
Nous respirons, c'est vrai, et le ciel est paisible ;
Mais nous ne croyons plus que la vie soit possible,
Nous n'avons plus vraiment l'impression d'être humains.
L'enfance est terminée, les jeux sont répartis ;
À force d'habitude et de renonciation,
Nous avons étouffé les cris de la passion ;
Nous nous acheminons vers la fin de partie.
La poussière tournoie sur le sol gris, mouvante ;
Un coup de vent surgit et purifie l'espace.
Nous avons voulu vivre, il en reste des traces ;
Nos corps au ralenti sont figés dans l'attente.
À l’issue des vacances d’été, au début donc de la nouvelle année universitaire, la relation prenait fin, presque toujours à l’initiative des filles. Elles avaient « vécu quelque chose » au cours de l’été, telle était l’explication qu’elles me donnaient, le plus souvent sans précision complémentaire ; certaines, moins soucieuses sans doute de me ménager, me précisaient qu’elles avaient « rencontré quelqu’un ». Oui, et alors ? Moi aussi j’étais « quelqu’un ».
Comme d'habitude, MH m'éduque avec ses références (philosophie, roman, poésie...), j'avoue m'identifier à cet homme, le considérer comme un mentor, j'aurais été, si je l'avais croisé, un de ces anonymes qui lui aurait susurré 'continuez à écrire...'
Quand à BHL, que je ne connais pas, autre que par ses sorties médiatiques (et encore...), il m'a paru plus 'sympathique' que l'idée que je m'en faisais, mais j'avoue avoir 'survolé' ses passages, tant le personnage semble désordonné dans sa pensée...Ma mère disait 'ça veut tout faire, ça sait rien faire'...
Il aura au moins eu le mérite de faire parler MH, parole si rare.