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Critiques de Michel Pastoureau (442)
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Le petit livre des couleurs

Les couleurs sont évidentes, aveuglantes de simplicité, les enfants les nomment dès l'âge le plus tendre, on joue avec elles, avec des pinceaux, avec des lettres, e blanc, i rouge, on les étale et on s'en régale, comme des cornets de glace: rouge cerise, jaune vanille, marron chocolat, violet myrtille, vert menthe....Mais les couleurs jouent avec nous, le jaune devient vert, le bleu se fait gris, le rose éclate en fuschia, ou pâlit vers le blanc, le noir est-il anthracite ou d'ébène?

"Rêve ta vie en couleurs" dit la chanson, car une vie de grisaille, de sépia, en demi-teintes, c'est une vie sans gaieté, morose et terne.

Mais suffit-il d'une couche de Ripolin pour chasser le spleen et embellir le monde? Les plus beaux films, les meilleures photos, ne sont-ils pas en noir et blanc?

Les papistes aiment la couleur, les huguenots préfèrent la rigueur de l'habit noir à col blanc.Pourtant, la couleur n'a ni sexe, ni opinion, ni croyance, elle est neutre, croyons-nous.

Pas du tout! le rouge est de gauche, le bleu conservateur, et le noir c'est le désespoir des anars, des pirates et des hors-la-loi. La "couleur politique" c'est plus que des slogans, des affiches et des insignes, c'est une vibration, un manifeste, une déclaration.

Le rouge à lèvres fait de moi une vamp, une voiture rouge roule plus vite qu'une blanche, et le feu rouge me crie STOP. La couleur, c'est surtout un signe, celui des émotions, des interdits, des désirs, des rêves, des visions, un code non écrit qui nous influence en silence.
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L'Ours : histoire d'un roi déchu

Michel Pastoureau serait-il "l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'ours"?



Je suis tentée de le croire, tant cet animal s'est fait discret, pour ne pas dire invisible, dans presque toute l'Europe.

Alors pourquoi s'intéresser à lui? Précisément parce qu'il aura bientôt totalement disparu, ne survivant que dans les zoos et les cirques de seconde catégorie.



Mais l'ours auquel s'intéresse notre historien n'est pas celui des naturalistes ou des éthologues. Il nous parle de la vie rêvée des ours, dans notre imaginaire, et aussi de sa signification symbolique qui a imprégné les civilisations occidentales.



Dans les mythologies les plus anciennes, l'ours est une divinité, un ancêtre, qui a engendré un peuple de guerriers invincibles. Face à lui, l'homme est faible et désarmé, et pour rivaliser avec le fauve, il doit devenir ours lui-même. Fourrure, griffes, canines, viande, crâne, autant d'attributs que les petits chasseurs cueilleurs transforment en talismans. Vaincre un ours est une prouesse dont seul un chef est capable.



Car ce voisin irascible est doublement menaçant: il est capable d'entrainer dans son antre de belles jeunes femmes pour satisfaire sa libido, de les retenir captives et de leur faire une ribambelle de rejetons, mi-hommes, mi-ours. De nombreux récits donnent foi à cette croyance dès l'Antiquité et au cours du Moyen-âge.

Cette légende persista jusqu'au XVIIè siècle, où un soir d'avril 1602, une jeune fille d'un village de Tarentaise (Savoie) fut déclarée victime d'un enlèvement et séquestrée plusieurs années par un ours. Une chronique de l'époque fait le récit détaillé de l'évènement, de la libération de la bergère et de la mise à mort de l'ours.

Ce diable d'ours est bientôt chargé de toutes les tares: brutal, goinfre, sournois,

stupide, vicieux, paresseux, il faut l'exterminer, l'expulser, le ridiculiser. Il ne sert plus qu'à distraire les badauds et à faire rire les enfants.

Ultime avanie, on en fait un jouet pour les bébés!



Quelques descendants de ce lointain ancêtre mènent une vie solitaire dans des lieux retirés. Timides ou ombrageux, on ne sait, personne n'ose s'approcher d'eux, et on passe devant leur porte sans s'arrêter en disant: "n'allez pas chez lui, c'est un ours!"
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L'Ours : histoire d'un roi déchu

Ce livre ajoute à la longue liste des victimes persécutées par les chrétiens et surtout les catholiques, un animal, l'ours.



Pour implanter leur religion, par tous les moyens, il fallait détruire les autres et notamment le culte de l'ours, qui fut même sous Charlemagne exterminé au cours de battues.



Michel Pastoureau jette un pont entre nous et nos ancêtres d'avant l'an mille jusqu'à la Préhistoire, en nous faisant redécouvrir leurs croyances, autour de cet animal. Il nous en montre les traces qui subsistent.



Il cite de nombreux animaux figurant dans les mythes, dans les armoiries ou dans les livres, mais parle très peu de l'aigle. Pourquoi ? Il y a pourtant toute une mythologie autour de cet animal.



Un livre passionnant, riche, résultat d'un travail impressionnant.
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Une histoire symbolique du Moyen Age occide..

On ne présente plus Michel Pastoureau, historien médiéviste, qui a rencontré depuis plusieurs années un grand succès en librairie grâce à ses histoires des couleurs ou ses travaux sur les bestiaires du Moyen Âge.

Avec cette Histoire symbolique du Moyen Âge occidental, recueil d’articles de l’auteur édité initialement en 2004 au Seuil et aujourd’hui réédité en poche, on retrouve l’essentiel des thèmes chers à Michel Pastoureau et qui lui ont permis de toucher le grand public : couleurs et bestiaires, donc, qui occupent une place majeure dans l’ouvrage, mais aussi héraldique, vexillologie, végétaux, jeux, et regards portés postérieurement sur le Moyen Âge par des auteurs comme Walter Scott, Jean de La Fontaine ou Nerval.



Ouvrage à la fois érudit et grand public grâce à la plume alerte de Michel Pastoureau qui ne sacrifie jamais ni le style ni la précision des faits et des concepts, Une histoire symbolique du Moyen Âge se révèle être un livre qui allie dans le meilleur sens du terme la vulgarisation et l’exigence scientifique.

Car outre des articles solidement étayés par des décennies de recherches et de lectures et souvent passionnants, ce recueil offre aussi une belle leçon sur la façon de faire et de voir l’histoire, mettant notamment en garde contre la tentation qu’il peut y avoir à analyser des faits ou des mentalités à l’aune de nos propres valeurs contemporaines, véritable fléau aujourd’hui d’une grande partie de la vulgarisation, en particulier télévisuelle. Michel Pastoureau le rappelle en ce qui concerne la symbolique médiévale, mais la leçon est valable pour toutes les périodes historiques : « Ainsi non seulement l’étude des symboles nécessite de ne pas projeter tels quels dans le passé, sans précaution aucune, les savoirs qui sont les nôtres aujourd’hui parce qu’ils n’étaient pas ceux des sociétés qui nous ont précédés, mais elle invite également à ne pas établir une frontière trop nette entre le réel et l’imaginaire ».



Cet imaginaire médiéval qui est au centre de ce livre, de chacun de ses articles, vient par ailleurs faire vibrer le nôtre comme il a fait vibrer celui des générations précédentes. Et Michel Pastoureau de finir en nous montrant comment la manière dont cet imaginaire a pu être modelé et remodelé plus tard est aussi un fait historique en citant Marc Bloch : « L’Histoire, ce n’est pas seulement ce qui a été, c’est aussi ce l’on en a fait ».

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Le corbeau

Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé les animaux mal-aimés : les serpents, les crapauds, les chauves-souris... Et bien sûr les corbeaux ! Depuis tout petit, je suis fasciné par ces volatiles qui m'ont toujours parus être très intelligents et, maintenant que je suis devenu un vieil adulte, je suis très satisfait de constater que, depuis quelques années, les scientifiques s'intéressent enfin de près aux corvidés et confirment remarquablement mes premières impressions !

C'est pourquoi mes enfants, qui me connaissent bien, m'ont offert ce livre de Michel Pastoureau qui constitue une remarquable petite encyclopédie illustrée de la façon dont, à travers les siècles, les hommes ont perçu le corbeau. Cette analyse se limite à l'Europe et l'auteur l'annonce dès le début de son livre.

J'ai découvert dans cet ouvrage, non sans une certaine satisfaction, qu'aux époques antérieures à la christianisation, le corbeau était souvent vénéré. On peut lire ainsi qu'aux premiers siècles de notre ère, « enterrer un mort avec un corbeau, c'est s'assurer que l'âme du défunt sera bien guidée par celle de l'oiseau vers l'autre monde ». Et même quand il n'était pas vénéré, il était souvent l'objet d'admiration ou d'intérêt.

Avec l'arrivée du christianisme, la symbolique du corbeau devient entièrement négative voire diabolique, et va le rester longtemps. Cette exécration propagée par l'Église a conduit à de véritables massacres de corbeaux.

Vous trouverez dans cet ouvrage tous les détails de cette évolution tout au long de l'histoire européenne. Je ne vais pas ici reprendre toutes les découvertes que vous pourrez faire en le lisant : il est une véritable mine d'informations relatives aux légendes, à la littérature, à la symbolique, etc., le tout parsemé d'anecdotes.

L'auteur n'oublie pas, pour terminer, de rappeler la reconnaissance récente apportée par la science pour l'intelligence remarquable de cet oiseau, qui rivalise avec celle de nos cousins les primates autres que l'homme et parfois même la dépasse dans certains tests ! le corbeau pourrait donc se situer deuxième dans le classement de l'intelligence des êtres vivants sur Terre, juste après l'homme, au moins pour certains tests. L'homme resterait le premier, mais ce classement est-il vraiment impartial ? N'oublions pas que ce sont des êtres humains qui l'ont établi…
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Le corbeau

Outre sa série sur la couleurs de notre mémoire collective ,Michel Pastoureau poursuit son exploration dans le zoo de nos croyances , superstitions , imaginaire et savoirs sur les animaux .Dans cet ouvrage , c’est la place du corbeau dans l’histoire culturelle qui est l’objet de son étude . Comme toujours il s’agit d’un condensé d’érudition , couvrant les civilisations européennes de l’Antiquité à nos jours , dans une langue très accessible et remarquablement illustré . Fascinant destin de l’oiseau noir passé d’idole , truchement des dieux , symbole de savoir à charognard réprouvé , compagnon de la mort et du diable . Cette leçon vaut bien un fromage sans doute … ou du moins le prix de ce passionnant ouvrage.
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Le cochon. Histoire, symbolique et cuisine

Selon le dicton, « dans le cochon tout est bon ».

Vous le découvrirez ici sous de multiples coutures, même s'il est plus coupé que cousu...



L'histoire de la genèse du cochon - résultat de la domestication du sanglier puis de processus de sélection - est intéressante mais m'a un peu laissé sur ma faim. Au début de ce processus, l'une des particularités de l'animal résidait dans le fait que son élevage n'était guère possible dans des sociétés nomades ou semi-nomades, contrairement au mouton ou à la chèvre. Son régime omnivore était en revanche un atout, même si sa goinfrerie et sa capacité à manger des déchets (charognes, excréments de chevaux...) a beaucoup nui à son image.



Les tabous religieux sont nombreux autour de la viande de cochon, dont la consommation est interdite aux Juifs et aux Musulmans.

Michel Pastoureau montre et explique les symboliques autour du cochon, des plus négatives au plus positives - ne sont-ils pas adorables les trois petits cochons du conte de notre enfance !? 🐷🐷🐷



La partie consacrée à la cuisine - avec des indications tendancieuses sur ses qualités nutritives - est aujourd'hui très contestable dans un pays où l'on souffre plus de malbouffe que de sous-nutrition, d'autant plus que l'élevage industriel des porcs fait des ravages dans les rivières et nappes phréatiques ainsi que sur les côtes bretonnes (les algues dites 'vertes' prolifèrent en raison d'excès d'azote dans les lisiers de porcs), problème que l'ouvrage omet.



De nombreuses photographies rappellent l'époque de l'après Seconde Guerre mondiale, avant l'invasion de la cuisine rapide absorbée rapidement hors du domicile. Il y a là un chouia trop de nostalgie franchouillarde à mon goût (même si j'adore andouillette, boudin et fressure).

A cette époque, le cha(i)r-cu(i)tier était un notable dans beaucoup de communes.

Quelques confréries défendent avec vigueur ces traditions culinaires. Ce militantisme ne serait-il pas en lien avec le fait que parmi les trois 'grandes' religions monothéistes présentes en France, le catholicisme est celle qui a le moins de tabous à l'encontre du cochon (durant le Carême, ce dernier est quand même 'interdit', comme les autres chairs animales, hors poisson) ?



Il n'y a pas que l'excès d'alcool qui nuit à la santé, on peut en dire autant de l'excès de cochon.

'Eviter de manger trop gras, trop salé, trop sucré' ; or avec la charcuterie on a les deux premiers de ces ingrédients en trop.

De nos jours, les réfrigérateurs permettant de conserver la viande, le sel comme ingrédient de conservation n'a plus guère sa place.
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L'Étoffe du diable : Une histoire des rayure..



Comme toujours avec Michel Pastoureau, on apprend beaucoup. Dans ce livre c’est l’histoire des rayures qui est racontée, depuis leurs débuts péjoratifs puisqu’ils sont réservés aux personnes à part, les fous, les prostituées par exemple jusqu’à aujourd’hui où elle évoquent les loisirs et surtout le sport. Si le tigre est rayé, cela souligne sa méchanceté. Quant aux tissus tachetés ils évoquent des maladies de peau.

Je n’avais jamais remarqué par exemple que les dessous et les pyjamas étaient rayés parce que perçus ainsi comme plus hygiéniques. Cependant le livre date un peu, presque trente ans ce qui le rend un peu dépassé pour le présent.

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Le loup : Une histoire culturelle

Après des ouvrages consacrés à l’ours, au cochon et bien d’autres figures du bestiaire médiéval, Michel Pastoureau retrace l’histoire de la représentation du loup dans l’imaginaire européen. Pour y parvenir, il s’appuie autant sur des textes antiques ou médiévaux que sur une iconographie moderne et contemporaine. Ainsi sont passés en revue le mythe de la louve romaine, la place des loups dans les fables et les contes, mais aussi dans les croyances et les superstitions actuelles, sans oublier l’effrayante Bête du Gévaudan.

Le propos est, comme souvent chez Michel Pastoureau, passionnant grâce à un discours brillant mais très pédagogique, le tout richement illustré par des plusieurs planches en pleine page. Cependant et contrairement à ses ouvrages précédents, j’ai eu le sentiment d’un essai produit pour répondre à une commande commerciale. Une sorte de compilation de luxe d’articles universitaires très rapidement revus et corrigés pour une livraison d’avant Noël.

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Bleu : Histoire d'une couleur

Je me suis mise à lire cet ouvrage suite à ma découverte du roman Pastel d'olivier Bleys et je ne le regrette pas du tout. D'où provient cette couleur longtemps méconnue et incomprise ? Quelle était son utilité ? Comment était-elle perçue au sein des différentes sociétés et civilisations ? ce petit livre se lit rapidement et permet de mieux comprendre les enjeux de cette couleur et ses nuances ainsi que son impact et son évolution au sein du microcosme de la société.
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Le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux ..

Michel PASTOUREAU possède une qualité rare chez un historien: la bonne vulgarisation scientifique Il a l'art de raconter simplement, sur base de diverses théories énoncées par des historiens de métier, un fait historique. Outre spécialiste de l'histoire des couleurs, Pastoureau est aussi historien animalier. Le Roi tué par un cochon est à mi-chemin entres ses deux spécialités. Il y raconte la mort de l'héritier du trône de France, Philippe, fils de Louis VI en octobre 1131. Celui-ci est déjà sacré roi du vivant de son père pour le préparer à la fonction royale. Malheureusement, Philippe meurt dans les faubourgs de Paris, un cochon s'étant mis en travers des jambes du cheval que le prince chevauchait occasionnant une chute fatale. Et Pastoureau de nous raconter l'histoire de la monarchie française au Moyen Age et pourquoi dans la foulée de ce drame, le Bleu devient la couleur emblématique du royaume de France; celle là même que porte encore nos jours l'équipe nationale de football. Sans ce funeste pourceau, l'histoire de France eut sans doute été bien différente. Cet ouvrage est un essai. L'auteur confronte donc les différentes sources historiques et les analysent. L'humour omniprésent dans l'écriture rend cet essai tout à fait abordable à tout un chacun.
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Le corbeau

Voici un bel ouvrage sur un animal commun sous nos latitudes, le corbeau. Si ce n'est que Michel Pastoureau évoque ici le grand corbeau qui a presque disparu de nos contrées suite aux massacres qu'il subit depuis le Moyen-Age à cause du christianisme. Cet animal controversé a pourtant été admiré et révéré en Europe dans toutes les civilisations antiques de notre continent.

J'ignorais par exemple que la plupart des fêtes chrétiennes avaient été placées à certains moments de l'année spécifiquement pour combattre les cultes qui lui avaient été associés.

Une histoire culturelle qui prouve à quel point elle peut influencer l'histoire naturelle d'une espèce: un livre qui se lit agréablement et qui est richement illustré, ce qui en renforce l'attrait.
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Bleu : Histoire d'une couleur





Le bleu est aujourd’hui la couleur préférée des Européens. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Dans l'Antiquité, si le bleu existe bien sûr, il n’est pas valorisé. On ne sait pas le produire et le lexique le désignant est peu abondant : certaines fleurs bleues sont décrites avec des termes correspondant à d’autres couleurs. Ce qui est valorisé alors c’est le blanc, le rouge et le noir. Je conçois parfaitement que le bleu était difficile à obtenir, et que son usage par les “Barbares" en ait dégoûté les Grecs et Romains mais ne pas percevoir le ciel ou la mer comme bleus est surprenant.

Les couleurs ne semblent pas dans l’Antiquité être perçues en tant que telles mais comme des valeurs claires ou foncées. Et l’on peut donc représenter le ciel jaune ou rouge. Parce que la couleur est d’abord une affaire de société.

L’auteur parle aussi des liens entre l’Eglise y compris celle de la Réforme avec le bleu. Il présente le romantisme et l'influence de Werther. Le bleu et de l’armée jusqu’à l’aventure du blue jean.



Si le livre est centré sur l’Europe, il évoque aussi d’autres civilisations, au Japon c’est le blanc qui est en tête, le vocabulaire pour en parler est infiniment plus riche que dans les langues européennes mais surtout l’important est de savoir si une couleur est mate ou brillante. Tandis qu’ en Afrique les couleurs peuvent êtres sèches ou humides, tendre ou dure, lisse ou rugueuse, sourde ou sonore, gaie ou triste.



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Bleu : Histoire d'une couleur

Le titre annonce une histoire, celle d’une couleur dévalorisée qui devient neutre, que cette neutralité rend opportuniste, et qui triomphe pour s’installer finalement dans la banalité. C’est que l’auteur sait raconter et qu’il aborde le bleu de toutes les perspectives possibles à l’exception de la physique (une longueur d’onde donnée dans le spectre visible).



On apprend beaucoup de faits historiques. Les lacunes du lexique antique où les mots du bleu sont pauvres, ambigus, absents de la description de l’arc en ciel, au point qu’on a pensé que les anciens ne voyaient pas le bleu. Le désintérêt pour le bleu dans le haut Moyen Age, couleur neutre, absente de la liturgie mais aussi des marques infamantes. Puis l’investissement du bleu, couleur disponible, comme attribut marial, ce qui amène les capétiens au bleu en hommage à la Vierge. Quand le bleu devient royal, puis populaire, l’échec de la protection des producteurs de guède et de pastel contre les importateurs d’indigo. Et finalement la domination du bleu dans le drapeau, l’uniforme, le vêtement civil, et dans les symboles littéraires et musicaux.



Le livre soulève des questions passionnantes. La relation causale (mais dans quel sens ?) entre l’accès aux pigments bleus et la demande pour cette couleur. Le ressenti mystérieux des couleurs, perçues en occident comme chaudes ou froides, ailleurs comme sèche ou humides, ou bien comme sourdes ou sonores. La longue détestation des chromophobes (Saint Bernard, la réforme, les jansénistes) pour la couleur, trace de pigment, donc de matière, quand la lumière « seule partie du monde sensible qui soit à la fois visible et immatérielle », « visibilité de l’ineffable » (p 39), est la manifestation de Dieu, concept qui s’évanouit avec la décomposition de la lumière blanche par le prisme. Une autre thèse absurde, cette fois dans l’ère scientifique, l’affirmation par Goethe qu’une couleur que personne ne regarde est une couleur qui n’existe pas (p 120). Un mot sur une comptine chromophobe et « clivante » : « Les yeux bleus vont aux cieux. Les yeux gris vont au paradis. Les yeux verts vont en enfer. Les yeux noirs vont au purgatoire ». Je l’ai entendue de mon institutrice à Pondichéry, où mon frère était bien le seul à avoir les yeux bleus. Est-elle encore chantée ?



Un livre robuste et captivant sur la puissance que les hommes ont prêtée aux couleurs.



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Le petit livre des couleurs

C'est en empruntant à la bibliothèque, le livre Bleu, histoire d'une couleur de Michel Pastoureau que je suis tombée sur cet essai de vulgarisation du même auteur. Sous forme d'entretien, l'historien, spécialiste des couleurs, répond de manière concise, simple et très instructive sur l'utilisation des couleurs à travers le temps, leur fabrication et leur origine, leur symbolisme et leur évolution au travers des époques.



Le bleu était par exemple une couleur peu utilisée dans l'Antiquité car difficile à fabriquer (guède) ou relativement cher à se procurer (lapis-lazuli). Pour Rome, cette couleur était l'apanage des Germains qui s'enduisaient le corps de guède pour effrayer leurs ennemis. Jusqu'au Moyen Âge, il n'y a d'ailleurs pas de mots pour désigner cette couleur : on emprunte au germain le mot "blau" pour bleu et aux Arabes, le mot "Azraq" pour l'azur. À partir du XIIème siècle, la situation se renverse puisque le bleu s'associe au "divin" : il devient par exemple la couleur qui désigne la Vierge ou orne les rosaces des cathédrales. Enfin, avec la découverte de l'Indigo, dans les colonies américaines, le bleu devient une couleur récurrente, au point d'être plébiscitée en première position par les Européens. On la trouve partout aujourd'hui : chez les Républicains, dans les instances européennes, à l'ONU, l'UNESCO, etc... Le bleu se veut alors consensuel et sage.



L'utilisation du rouge, dans la teinture ou les peintures pariétales, est très précoce et remonte au paléolithique, grâce à l'emploi de végétaux (la garance) ou de métaux (oxyde de fer). Dès l'Antiquité, il devient le symbole du pouvoir et est couramment associé à la religion (Mars) ou à la guerre (Le général victorieux se peint le visage en rouge). Le Christianisme récupère d'ailleurs ce symbolisme puisque le rouge représente aussi le sang versé par le Christ. À partir du XIII-XIVème, le Pape et les Cardinaux, autrefois habillés de blanc, revêtent désormais cette couleur. Aujourd'hui, le rouge est en concurrence directe avec le bleu, voire son opposé : c'est la couleur des socialistes, de la passion, du luxe, du danger, etc...



Le symbolisme du blanc, en revanche, a peu évolué dans le temps et est relativement universel. Il revêt un caractère d'innocence, pacifique, pur, propre et est l'apanage des jeunes vierges ou de la vieillesse. En Afrique et en Asie, il devient la couleur du deuil.



Dans l'Histoire, le vert était une couleur mal aimée car s'il n'est pas difficile de la fabriquer, elle reste, en revanche, très instable et vire avec la lumière et le temps. Elle était obtenue soit à partir de végétaux (aulne, bouleau, poireau ou épinard), soit par des métaux (vert-de-gris). Le vert est donc devenue rapidement le symbole de l'instabilité, de la chance, du hasard ou du destin. Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle et de la période romantique que le vert est associé à la nature. Aujourd'hui, il est couramment associé aux notions d'environnement et d'écologie.



Dans l'Antiquité, le jaune n'était pas dédaigné et était même arboré par les jeunes mariées romaines. C'est à partir du Moyen Âge qu'il devient la couleur de la trahison (dans la peinture, Judas porte des vêtements de cette couleur) ou de l'infamie (ceux condamnés au bûcher devaient porter une robe jaune ou l'étoile de cette même couleur imposée aux Juifs). En Asie, cette couleur est au contraire très positive puisqu'elle est réservée à l'empereur et au pouvoir.



Le noir est au contraire une couleur ambivalente : elle est tantôt associée à la Mort, au deuil, tantôt à l'humilité, l'austérité, l'autorité (la robe des moines, du juge ou des anciens policiers) et l'élégance.



En conclusion, l'essai de Michel Pastoureau vaut le détour à plus d'un titre : il livre des anecdotes intéressantes, est abordable pour tout le monde, court et précis. Pour ceux qui recherchent des connaissances plus poussées, je conseille davantage de se tourner vers ses ouvrages plus spécialisés comme Bleu, Rouge, Noir ou Vert.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux ..

Une occasion de découvrir le XIIe siècle, une époque de grands changements, en commençant par la mort d'un jeune roi, Philippe, décédé suite à un accident de cheval provoqué par le passage d'un cochon. Le texte est accessible mais très riche en informations. L'auteur part de l'hypothèse que ce simple accident va largement influer sur l'histoire d'un royaume en construction.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Bleu : Histoire d'une couleur

Naturellement, mes goûts ne m'auraient pas porté vers cet essai sur la couleur bleue. Mais on me l'a offert et je ne regrette pas de l'avoir lu car ce petit ouvrage s'est révélé passionnant et parfaitement accessible, même avec la trentaine de pages de notes additionnelles (pas forcément toutes à lire d'ailleurs).



Remontant le temps jusqu'à l'Antiquité, Michel Pastoureau nous explique l'histoire sociale du bleu dans le monde occidental. Bien sûr, il contextualise la place et l'importance des différentes couleurs en fonction des époques, des classes sociales, des découvertes de la science, des techniques de teinture, de la symbolique aussi.



Pour les Grecs et les Romains, trois couleurs dominaient et s'opposaient : le blanc, le noir et le rouge. Il n'y avait guère d'utilisation ni d'appétence pour le bleu. C'est seulement à partir de l'an mil que le bleu va s'imposer progressivement jusqu'à devenir la couleur préférée des Européens. D'abord couleur mariale, puis royale aux XII et XIIèmes siècles, le bleu prend une connotation morale à partir de la fin du XIVème siècle sous l'influence des lois somptuaires et des décrets vestimentaires qui réprouvent les dépenses improductives et le luxe ostentatoire. Puis la Réforme protestante renforce cette sobriété des tons, valorisant le noir et le bleu, couleurs austères et "honnêtes" par opposition aux couleurs vives synonymes du péché. Au XVIIIème, le bleu se fera romantique, poétique, puis révolutionnaire, enfin national, politique et immensément popularisé avec l'invention du jean.



Cette étonnante évolution est aussi expliquée par l'historien par les guerres économiques autour de la production de ces pigments bleus d'origine minérale (lapis-lazuli et azurite, deux pierres précieuses d'Orient), végétale (issues de la guède une plante herbacée européenne également appelée pastel ou de l'indigotier, un arbuste des Indes ou des Antilles), ou chimique avec la découverte fortuite du Bleu de Prusse.



Avec cet ouvrage érudit, on découvre le métier de teinturier, le mordançage (un joli mot pour définir la technique consistant à ajouter une matière qui va aider à fixer la couleur), les conflits qui ont opposé teinturiers du rouge (issu de la garance, plante tinctoriale) et teinturiers du bleu au Moyen-Age, la suprématie de l'indigo végétal puis artificiel qui s'est progressivement imposé jusqu'à faire disparaître les marchands de guède.



Et puis l'on termine avec cette inversion de la perception du bleu, couleur chaude au Moyen-Age et à la Renaissance, couleur froide de nos jours, la préférée des Européens mais banale, neutre, comme pour mieux se fondre dans la masse...



Mais si c'est bien la couleur qu'ils préfèrent, je m'interroge une fois de plus : pourquoi ai-je toujours l'impression d'aller à un enterrement en prenant le RER chaque matin ? Manteaux, trenchs, vestes, doudounes, pantalons ou chaussures : que du noir ou presque ! Ce n'est jamais une foule en bleu qui se presse le matin sur les quais et dans les escalators mais une masse uniforme, désespérément terne et morose.

Je n'ai pas trouvé la réponse dans cet ouvrage...



Challenge Multi-défis 2023

Challenge Non fiction 2023
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Le corbeau

Passionné par les corbeaux depuis de nombreuses années, je me suis plongé avec plaisir dans ce très beau livre que m'a prêté une amie. J'ai retrouvé beaucoup de choses tout en apprenant de nouvelles. La structure de l'ouvrage est très maîtrisée. J'ai un peu regretté certaines redites, mais l'historien construit sa pensée au fur et à mesure que les informations arrivent, ce qui rend le lecteur "acteur" de la démarche scientifique. Les symboliques de cet animal volatile, qui se nourrit de charogne et passe son temps à duper les autres ; est très lourde de sens. On sent bien (l'étude se limite à l'Europe ce qui est déjà énorme) que le raz de marré chrétien a bien changé la donne. Étant un animal "païen", on lui a attribué une réputation lugubre qui assombrit l'oiseau noir qui est pourtant très intelligent. Les dernières parties apportent de très bons éclairages, réflexions et ouvrent des perspectives vraiment intéressantes. Même l'historien se demande s'il n'est pas dupé par le corbeau. Alors qu'elle est sa véritable stratégie lorsqu'il fait le zozo avec un fromage ? Personne n'aura le dernier mot. J'ai appris que le croassement est synonyme de procrastination ; alors je m'attarderai sur cette question, plus tard...
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Noir : Histoire d'une couleur

Après "Bleu : histoire d'une couleur", voici "Noir : histoire d'une couleur". L'histoire est passionnante quand elle se limite au noir, sa symbolique et son utilisation, mais si on a lu d'autres livres de Pastoureau, cela devient beaucoup moins intéressant spécialement quand il fait des détours vers d'autres couleurs. Ainsi les lecteurs du "Bleu" y retrouveront des paragraphes entiers tirés de ce livre. Un conseil, ne pas lire ce livre juste après avoir lu l'autre.
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Le petit livre des couleurs

Livre amusant, riche en anecdotes et instructif – sans toutefois se prendre la tête – pour celui qui s’intéresse aux couleurs (pas si anodines que cela) et à la symbolique, pour celui qui s’interroge sur la présence de la présence du blanc, du noir et du rouge dans de nombreux contes européens (le chaperon rouge apporte un petit pot de beurre blanc à sa grand-mère habillée de noir, Blanche-Neige reçoit une pomme rouge d’une sorcière noire, une reine se blesse et saigne en cousant parce que, distraite, elle regarde par la fenêtre un corbeau noir s’élancer sur la plaine enneigée, ….).



L’approche est historique, et non psychologique … Vous n’y apprendrez rien de votre profil psychologique sur base de votre couleur préférée. Mais vous apprendrez, entre autre, que le bleu, la couleur préférée des Occidentaux, la couleur du drapeau de l’Europe et de l’ONU, a longtemps été une couleur peu appréciée, que le rouge était la couleur des robes de mariée et des prostituées au Moyen Age (en symbolique il y a – quasiment toujours - plusieurs interprétations possibles, les unes avec une connotation positive, les autres négative …), que Goethe préconisait de dormir dans une chambre ….. verte !



Le livre et chacun des chapitres sont introduits par une préface poétique de quelques lignes de Dominique Simonnet.



Bref, ce « petit livre des couleurs » permet de s’instruire tout en se distrayant. Et « apprenez à penser en couleurs, et vous verrez le monde autrement ! »

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