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Critiques de Michel Pastoureau (442)
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La Baleine : Une histoire culturelle

"Pour faire rire une baleine; Quand elle a beaucoup de peine

Frottez lui les dents avec un cure-dents

Frottez lui le nez avec un balai." Pour faire rire une baleine, Pierre Chêne.



Ne me regardez pas avec ces yeux de merlan frit, si je vous dis que le "vomi de baleine ", l'ambre gris ( concrétion intestinale du cachalot) se monnaye une fortune, auprès des parfumeurs...



La baleine était considérée comme un monstre, ou comme le Diable par Saint Brendan, un abbé Irlandais... Il fit halte sur une île (en fait, une baleine qui tenta de le noyer). Nul ne sait si l'abbé avait consommé force vin de messe ou du whiskey irlandais ! Il y a anguille sous roche....



La baleine et le cachalot furent pourchassés pour le blanc de baleine, la peau, les os, l'huile... On tire la sirène ..d'alarme?

"Au cours du 20e siècle, plus de 1,5 million de baleines ont été tuées. Certaines espèces, comme la baleine bleue, ont été presque complètement décimées. Aujourd'hui encore, la plupart sont menacées."

Le monde restait muet comme une carpe!



"Moby Dick de Melville", celle de Jonas, puis le "Monstro" de Pinocchio, nous parlent encore de monstres, avant que la baleine ne devienne cet être sensible qui chante sa détresse, dans la mer...

Christopher Clark ( Université Cornell) soutient que, avant que l'homme ne vienne perturber la surface des océans, les chants des baleines pouvaient probablement traverser les océans d'un bout à l'autre.



Seule, la Baleine blanche de Luis Sepùlveda se dressa contre le baleinier Essex du capitaine Achab. Elle va livrer une guerre sans merci aux baleiniers et devenir un grand mythe de la littérature.



Depuis, la baleine est comme un poisson dans l'eau, même si elle a des soucis avec le Japon qui en fait du surimi ou des sushis ? ( Norvège et Islande aussi, à cause des...requins de la finance!)
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Bleu : Histoire d'une couleur



Historien des symboles, de leur importance dans chaque civilisation, Michel Pastoureau , dans un livre ultra savant et documenté s’applique au bleu.

Cette couleur n’a pas toujours été la préférée de l’Occident, elle a même été occultée pour des raisons matérielles : la difficulté de trouver des pigments dans la nature, et la conception puritaine de Saint Bernard, haïssant les couleurs tout autant que le fera Calvin. La couleur, puisqu’elle est matière, détourne du vrai et du bien.

Les Grecs et les Romains aimaient le noir, le blanc et le rouge, couleurs faciles à trouver dans la nature. : dans le ciel, la mer ou les fleurs, le bleu existe, mais les pigments bleus manquent( seuls les Egyptiens en fabriquent avec du lapis-lazuli. )

Jusqu’à la fin du Moyen-Age, le bleu n’existe pratiquement pas en Occident.

Au douzième siècle, les choses changent :

Pour Saint augustin la lumière est «la visibilité de l’ineffable », comme telle, émanation de Dieu, et la couleur, dont le bleu, plus lumière que matière. La couleur pour Suger exalte la spiritualité, les vitraux faisant entrer la lumière divine dans la cathédrale de Chartres en sont l’exemple type.



De là, le culte voué à la Vierge Marie s’imprime dans la peinture de son manteau, souvent rouge et bleu. Le bleu entre par la grande porte avec les peintures mariales.

Au XII et XIII siècles, le bleu devient enfin une couleur de premier plan.

L’exploitation de la guède, ou pastel, cet « or bleu » fera la richesse des marchands, financera la caution à donner à Charles Quint pour libérer François 1· , et avait facilité la construction de la Cathédrale d’Amiens( et la richesse de Toulouse et autres villes )

L’indigo, importé des Indes, via Venise, se trouve d’abord interdite puisque concurrence illégale envers les guédiers .

L’indigo gagne cependant du terrain au détriment de la guède : Colbert autorise l’indigo dans les manufactures drapières d’Abraham Van Robais à Abbeville.

(Remarquons un fait essentiel : toujours la Picardie ).

Puis apparaît une couleur artificielle obtenue par méprise : le bleu de Prusse, profond et stable.

Enfin, avec l’influence de Goethe, non seulement l’habit bleu de Werther mais son traité des couleurs – pour lui, le bleu (du ciel)est une des couleurs avec le jaune( du soleil) les plus répandues dans la nature, qui combinées produisent le vert (des arbres).

Goethe répand le symbolisme du bleu comme couleur romantique, du rêve et de la mélancolie.

Le bleu a d’autres tours dans son sac, il fait partie à partir de 1830, pour évincer le drapeau blanc de la monarchie et le drapeau rouge insurrectionnel, du drapeau français.

Tranquille, le bleu.

Politique, le bleu.

Et gagnant, le bleu.

Car il se porte sur les jeans, il se danse avec le blues, il figure dans les drapeaux de l’ONU , de l’Unesco, et de l’Union européenne.



Un livre culte, rempli de dates et de considérations sociales, économiques, littéraires, artistiques, politiques, symboliques concernant la couleur maintenant préférée des français.



LC thématique août : Lire en couleur

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Le petit livre des couleurs

Ô, LA BELLE BLEUE ! Ô, LA BELLE ROUGE !



Quoi de plus universel, quoi de plus anodin, quoi de plus neutre que les couleurs, penserez-vous peut-être ? Et bien, détrompez-vous, car c'est à peu près tout le contraire : rien de plus lié à son époque, à son ère géographique, aux us et coutumes, aux religions, aux modèles sociaux et, bien entendu, aux sciences, aux modes de fabrication et de reproduction que nos couleurs !



Sous la forme d'un amical entretien d'un peu plus de cent pages passionnantes, le grand historien, médiéviste de renom, spécialiste des... couleurs, mais aussi paléographe et héraldiste de renom Michel Pastoureau se livre, avec la passion, le sens de la formule et une clarté jamais mise en défaut, à un rapide mais enthousiasmant petit survol de l'histoire des principales couleurs qui ont marqué l'humanité à travers les âges, les cultures (les différences de perception, d'usage, d'interprétations symboliques sont encore notable entre l'Asie et l'Occident d'aujourd'hui, pour ne prendre que ce distinguo), les sphères sociales, les utilisations. Évitant toute froide érudition, Michel Pastoureau répond ainsi aux questions choisies avec intelligence et curiosité par le journaliste, écrivain, essayiste, journaliste et amateur d'art Dominique Simonnet dont les interventions relancent et rythment cet échange plein d'esprit et de subtilité.



Ainsi, on prendra conscience de cette espèce de guerre culturelle que se livrent le rouge et le bleu à travers notre histoire. Que si le jaune est une couleur plutôt mal perçue chez nous - cocu un jour, cocu toujours...- malgré la promotion réalisée par un certain maillot cycliste, il n'en est franchement pas de même en extrême Orient où cette couleur vit des jours plutôt heureux !

Se servant et de l'histoire et des sciences les plus récentes, Michel Pastoureaux en profite aussi pour faire la peau aux supposées "couleurs primaires" et autres "complémentaires" qui ne se justifient guère plus que par des conventions et des astuces inventées pour l'essentiel à partir du XVIIIème siècle et consolidées à partir du XIXème. Ainsi, avant le siècle des "lumières", nul ne se serait lancé à mélanger jaune et bleu pour obtenir du vert. Et pour cause : si l'on a mis fort longtemps à stabiliser les pigments verts obtenus naturellement (ce qui a d'ailleurs longtemps fait de cette couleur celle de l'extravagance, de l'instabilité, bien avant d'être celle de la... nature !), on savait cependant parfaitement le réaliser sans tour de passe-passe !



Ainsi, Michel Pastoureau n'hésite-t-il pas à redéfinir, ou plutôt à bousculer nombre de nos certitudes concernant ce que nous croyons acquis de tout temps (et qui ne l'est, en vérité, que depuis deux ou trois siècles). Voici d'ailleurs ce qu'il en dit, sans ambages :



«Elle [la théorie des couleurs primaires et secondaires] ne repose sur aucune réalité sociale, elle nie tous les systèmes de valeurs et de symboles qui se sont rattachés à la couleur depuis des siècles, elle refuse d'admettre que celle-ci est d'abord un phénomène culturel. Une telle classification témoigne d'une étonnante méconnaissance de l'Histoire.»



Systèmes de valeurs et de symboles, voilà les maîtres mots lorsqu'il s'agit d'évoquer ce que sont, en réalité, nos si courantes, si sympathiques, si faussement évidentes couleurs !



Et de remettre le blanc et le noir dans la courses - mais surtout pas dans cet espèce de néant chromatique où ces deux COULEURS ont été maintenues par ce classement aussi arbitraire qu'inconséquent -, ainsi que le jaune, donc, ainsi, bien sûr, le vert (couleur fétiche de notre médiéviste, il est important de le préciser).



A la suite de ces six couleurs principales, on trouvera ce que l'historien appelle les "demi-couleurs". Pourquoi un tel semblant de dénigrement ? Pour une raison fort simple, c'est que ces couleurs sont d'un cortège infini de nuances tandis que, nous explique-t-il, les six couleurs de base «se définissent de manière abstraite sans avoir besoin d'une référence dans la nature, au contraire de ce qu' [il] appelle les demi-couleurs : le violet, le rose, l'orangé, le marron ; le gris, quant à lui, est un peu particulier.» Et de s'en expliquer plus longuement dans la suite de sa démonstration.



Et de conclure, sur la portée et l'importance de cette (re)connaissance du rôle et de la symbolique des couleurs :



«Mais, malgré les découvertes technologiques, l'essentiel ne change pas. En Occident, nos six couleurs de base seront rigoureusement les mêmes dans les prochaines décennies. Des changements affecteront peut-être les nuances, mais pas notre système de symboles. Nos couleurs sont des catégories abstraites sur lesquelles la technique n'a pas de prise. Je crois qu'il est bon de connaitre leurs significations, car elles conditionnent nos comportements et notre manière de penser.»



Petit ouvrage s'il en est - par ses dimensions modestes - Le petit livre des couleurs est de ces ouvrages tout à la fois passionnant, sobrement didactique, enjoué, et parfaitement abordable par quiconque est un tant soit peu curieux du monde qui l'entoure. Les plus épris de cette Histoire Ô! combien fascinante pourront satisfaire leur appétit symbolique et coloriste en allant fouiner du côté des autres ouvrages - onéreux dans leurs versions "beau-livre" mais sublimissimes - de ce très grand bonhomme : Bleu : Histoire d'une couleur, Vert : Histoire d'une couleur, Noir, Histoire d'une couleur, Rouge, Histoire d'une Couleur (à noter que ni le blanc ni le jaune n'ont eu leur publication dans cette collection à ce jour) ou encore, regroupant l'ensemble des couleurs abordées dans la présente édition poche, ce très bel ouvrage : Les Couleurs expliquées en images ...



Autant d'idées de cadeaux intelligent et beaux à la fois pour cette fin d'année approchante ! Précisons que nous n'avons pas d'action ni un quelconque intérêt aux éditions du Seuil où sont tous édités ces riches volumes... Hélas !

Disons que, considérant ce grand esprit - peu médiatique malgré son immense jovialité et son sens inné de la vulgarisation - comme l'un de ceux parmi les plus élevés de notre temps, au moins dans le domaine historique, il faut parfois mettre un point d'honneur à leur faire une promotion aussi méritée qu'elle est injustement rare.
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Bleu : Histoire d'une couleur

J'avais commencé par regarder, il y a déjà quelques temps, les conférences en ligne de Michel Pastoureau sur les couleurs à l'auditorium du Louvre. Et c'est parce qu'elles m'ont captivées que j'ai entrepris de lire les ouvrages de celui-ci sur le même thème, à commencer par « Bleu ».



Je noterai tout d'abord deux choses. D'une part, le livre en question est lui-même très intéressant et accessible, mais cependant moins grand public que les conférences ; bien qu'assez court, il réclame une attention assez soutenue. D'autre part, il est beaucoup moins axé sur l'histoire de l'art. Ce qui est bien normal, étant donné qu'il s'agit avant tout d'un travail d'historien.



Michel Pastoureau nous livre donc un état de ses travaux sur l'histoire de la couleur bleue dans les sociétés occidentales. Il nous expose comment elle est perçue depuis l'Antiquité, comment elle a envahi le devant de la scène, comment on a plus ou moins maîtrisé son emploi en teinturerie ou en peinture, mais aussi comment son histoire est liée à la religion, à l'économie, à la politique. Mais au-delà du bleu proprement dit, c'est toute l'histoire du rapport de nos sociétés aux différentes couleurs qui est abordée, puisqu'on ne peut, comme le rappelle l'auteur, étudier l'une sans se pencher sur les autres (et même si les autres couleurs font ou feront l'objet d'études spécifiques).



C'est aussi en partie une histoire de la France en creux : l'histoire du drapeau national et donc de la Révolution française y sont largement abordées ; notamment l'hypothèse qui avance que, si le drapeau du Royaume-Uni n'avait pas été bleu, blanc, rouge, le nôtre ne le serait pas non plus (je vous laisse découvrir comment Michel Pastoureau en arrive à cette conclusion). Mais le livre traite de bien d'autres sujets. Il est question de religion et de chromophobie, d'héraldique, d'optique et d'économie. On y parle de blues et de blue jean... Et, d'ailleurs, une bonne part du livre est consacrée à la teinturerie et à l'histoire du vêtement, ce qui est d'autant plus intéressant que le sujet est encore peu étudié, et peu présenté au grand public.



Quelques bémols cependant. Il m'a semblé que les raisons pour lesquelles le bleu était devenu la couleur de la Vierge et du roi au Moyen-âge étaient un peu trop survolées, et, sur ces sujets, je reste sur ma faim. Je regrette ensuite les quelques répétitions, qui sont pratiquement des copier-coller d'un chapitre à l'autre (voire dans le même chapitre), notamment sur la guède et l'indigo. Je ne risque pas d'oublier que les Romains croyaient que l'indigo était d'origine minérale parce que celui-ci arrivait d'Orient sous forme de blocs compacts (c'est dit au moins quatre ou cinq fois) !



J'ajoute pour terminer qu'il existe deux éditions de cet ouvrage, l'un avec illustrations, l'autre en format poche et sans illustrations. La seconde version se lit très bien. Chacun pourra ensuite aller à la pêche aux images si le besoin d'aller plus loin se fait ressentir.


Lien : http://musardises-en-depit-d..
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Le petit livre des couleurs

Elles sont partout et pourtant les hommes ne cessent de les chercher, les inventer ou les recréer.

De nombreux ouvrages de Michel Pastoureau apportent un éclairage passionnant sur les couleurs d'un point de vue historique, anthropologique et culturel, ce qui est d'autant plus intéressant que l'histoire des couleurs offre un témoignage de l'évolution des moeurs et des pensées d'une époque.



« Le petit livre des couleurs » est écrit en sept chapitres sur le mode vivant de l'entretien avec Dominique Simonnet, journaliste et écrivain, autour de six couleurs : le bleu, le jaune, le rouge, le vert, le blanc et le noir. Les six premiers chapitres sont consacrés chacun à une couleur, le septième aux demi-couleurs. A l'instar d'Aristote, Michel Pastoureau compte en effet 6 couleurs de base qui sont incontournables. Viennent ensuite les demi-couleurs, celles dont les noms sont principalement issus de la nature tels l'orange, le rose, le mauve…



Ainsi apprend-t-on que c'est au XIIe siècle que l'on passe de trois couleurs de base - le blanc, le rouge, le noir - à un système à six couleurs avec le bleu, le vert et le jaune. Au fil du temps, le rouge va rentrer en concurrence avec le bleu. « A la fin du Moyen Age, la vague moraliste, qui va provoquer la Réforme, se porte aussi sur les couleurs, en désignant des couleurs dignes et d'autres qui ne le sont pas. La palette protestante s'articule autour du blanc, du noir, du gris, du brun… et du bleu. » L'approche de Pastoureau consiste essentiellement à décrire comment est perçue la couleur à diverses époques.



Ce « petit livre des couleurs » se lit rapidement et nous présente l'essentiel des connaissances sur la symbolique des couleurs en tenant compte de leur poids culturel et historique. Celles-ci sont en effet chargées d'histoire, et consciemment ou non, nous sommes influencés par le passé dans le choix de nos couleurs (vestimentaires, décoratives…). Comme nous le rappelle l'auteur, chaque culture appréhende différemment les couleurs, le savoir occidental en la matière n'a pas force de loi. Avec des mots simples et justes, à travers des anecdotes liées à l'histoire, aux arts ou aux religions, Michel Pastoureau s'adresse à tout public et s'attache à faire connaître et comprendre les émotions liées aux couleurs aujourd'hui.

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Le loup : Une histoire culturelle

L'HOMME QUI A VU LE LOUP !



"L'homme est un loup pour l'homme", "se tenir à la queue leu leu", "avoir une faim de loup", "crier au loup", "les loups ne se mangent pas entre eux", "se jeter dans la gueule du loup", "avoir vu le loup", "faire entrer le loup dans la bergerie", etc, etc, etc.



Nombre de nos expressions courantes, de maximes plus ou moins encore employées, d'adages définitifs ont pour point commun ce fameux loup. Ces dictons ont presque tous en commun de donner du «canis lupus», selon sa taxonomie latine, une image plus que négative : Méchant, constamment affamé, rusé, lâche, maléfique et lubrique (surtout s'agissant de la louve, bien évidemment...). En un mot : diabolique !



C'est tout l'art du grand historien médiéviste, spécialiste des couleurs, de l'histoire de la héraldique ainsi que des bestiaires du Moyen-Âge, Michel Pastoureau, de nous expliquer, de nous conter, d'illustrer avec sapience mais avec une certaine simplicité, l'histoire si particulière qui lie les hommes - précisons : dans le monde occidental. L'auteur explique la raison de ce resserrement en introduction - à cet animal parfois énigmatique, jadis compagnon des Dieux (chez les Grecs, les Romains, les anciens Nordiques et les Celtes, en particulier), devenu au fil du temps et en très grande part par la volonté de l'Église catholique, un animal effrayant et maudit.



C'est ainsi qu'en une douzaine de brefs chapitres, débutant comme il se doit par nos antiquités communes (bien que certaines méconnues du grand public), l'ancien chartiste, auteur et historien prolifique que l'on connait tout particulièrement pour, entre autres, Le petit livre des couleurs (qui n'est qu'un très rapide condensé d'ouvrages ultérieurs très riches et très documentés publiés aux éditions Seuil comme le présent ouvrage), son récent et captivant Le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?", consacré à un autre mal aimé de nos bestiaires ou encore le roboratif et passionnant L'Ours : histoire d'un roi déchu, c'est ainsi, donc, qu'il fait le tour de l'histoire culturelle, légendaire, fabuliste, sociale, religieuse et même fantastique de ce canidé mal aimé.



L'ouvrage se lit, indubitablement, avec grand plaisir. Et même si la couverture est assez décevante comparativement à la richesse des illustrations disponibles, l'iconographie retenue dans le corps de l'ouvrage est très judicieuse, relativement originale - elle entremêle des dessins, peintures, extraits de bestiaires diversement connus, voire parfois totalement inconnus - et éclairante quant à la vision des hommes d'avant-hier, d'hier et d'aujourd'hui sur le loup.

On pourra toutefois reprocher aux légendes de n'être, la plupart du temps, que des synthèses de ce que l'on retrouve de manière à peine plus développé dans le corps du texte, sans rien lui apporter de particulier. (Une erreur impardonnable pour un ouvrage de ce type est d'ailleurs liée à l'iconographie : la nationalité américaine y est attribuée au célèbre auteur, britannique, du Livre de la Jungle, Rudyard Kipling.)



Mais la principale faiblesse de cet ouvrage réside sans doute dans sa brièveté : 12 chapitres d'une dizaine de pages chaque, avec une iconographie très riche, cela laisse somme toute assez peu de place au texte, d'autant qu'il couvre pas moins de 2 500 ans d'histoire et de mythologies. Et si l'on y découvre beaucoup de choses, l'ensemble, à force de vulgarisation, reste un peu trop en surface de notre point de vue. Les lecteurs des précédents ouvrages de Michel Pastoureau risquent de rester, de ce point de vue, sur leur faim... de loup ! On regrettera sans doute la rapidité du chapitre consacré au loup dans les contes tandis que celui consacré à la fameuse "bête du Gévaudan" fait fort bien le tour de la question. Idem quant à l'animal dans la conscience et la culture depuis, pour aller vite, le début du XXème siècle à nos jours : Michel Pastoureau n'est décidément pas un spécialiste de l'histoire immédiate et cette ultime partie pourra sembler un peu légère à d'aucun, tandis que les chapitres consacrés aux rapports entre Saints et loup ou encore aux loups dans les bestiaires profanes sont absolument passionnants.



Mais ne boudons pas notre plaisir : l'ouvrage est très agréable, plein d'enseignement et s'avère être un bel hommage à ce mal-aimé de nos bestiaires européens, bien que cette situation n'a de cesse de s'améliorer depuis le début du XXème siècle.



On notera aussi que Michel Pastoureau y règle quelques comptes avec, d'une part, les zoologues et autres éthologues auxquels il ne conteste évidemment pas les observations liées aux loups CONTEMPORAINS (et qui vivent dans un monde qui n'a strictement rien à voir avec celui du Moyen-Âge ni de l'Ancien-Régime ou même des débuts de l'ère industrielle) mais il se porte définitivement en faux quant à l'assertion définitive et universelle selon laquelle les loups n'auraient jamais attaqué ni tué d'êtres humains : toutes les recherches historiques ( recoupement d'archives, témoignages, faits historiques avérés, etc) démontrent qu'en certaines époques (famines, mini périodes glaciaires, chute démographique, etc) ces superbes canidés se sont bel et bien attaqué à l'homme pour s'en nourrir (On en retrouve même des traces dans certains récits méconnus de Jack London, lequel a pourtant tant fait pour rendre à cet animal la place d'honneur qu'il mérite), sans être pour autant contaminés par la rage, ce terrible fléau.



L'autre petit règlement de compte est lié aux contes populaires et à leur interprétation par les psychiatres, Bruno Bettelheim en tête. Michel Pastoureau lui reproche en particulier des raccourcis, de rapprochements liés essentiellement à la sexualité qui ne peuvent fonctionner que pour notre époque contemporaine, car presque tout dans ce que ces contes tâchent de dire n'a de ses que selon des critères sociaux et culturels assez récents et sont relèveraient donc de l'anachronisme parfait quant aux époques de leur création et de leur propagation, Petit chaperon rouge en tête. Chacun se fera bien entendu sa propre opinion. Quant à votre humble chroniqueur, il pense que toute vérité se situe souvent dans les entre-deux, les intelligentes synthèses, que nul n'en est l'entier et définitif défenseur... tout comme il est vrai que les apports des historiens de ces quelques dernières décennies sont bien souvent oubliés, pour ne pas dire méprisés par nombre d'autres sciences sociales ayant plus l'attention des médias et des modes. Mais c'est là un autre débat que Michel Pastoureau ne fait qu'effleurer, juste le temps de remettre certaines choses à leur place.



Ne crions donc pas au loup : "Le loup, une histoire culturelle" est un livre fort agréable à feuilleter et à lire et il ravira, sans aucun doute, la majorité de ses lecteurs, même sans être aucunement historien ni spécialiste de Canis Lupus, mais tout simplement un lecteur attentif et curieux.



Loup, y es-tu...?

Définitivement, ici : OUI !
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Le loup : Une histoire culturelle

Histoire de la symbolique du loup en Europe, de la préhistoire à nos jours : mythologies gréco-romaine, gauloise et celtique ; fables (d'Esope à La Fontaine) ; catholicisme et figure diabolique de la bête ; loup-garou ; contes et légendes populaires ; littérature jeunesse et cinéma contemporains ; marketing ; peur persistante face à la réintroduction de l'animal dans certaines zones...

Parce que « comme au Moyen Age et sous l'Ancien régime, le loup est un animal qui déclenche les passions. »



D'ailleurs, je peux le dire, - I - L♥VE - L♥UP - : j'adore les histoires de loup(s), de celles pour enfants aux coups de gueule de José Bové, en passant par la mystérieuse Bête du Gévaudan, peut-être la première histoire de meurtres pervers en série médiatisée.

Et j'aime beaucoup les ouvrages de Michel Pastoureau, sur les couleurs et sur les animaux : ils présentent un excellent mélange accessible à tous d'Histoire de l'art et des civilisations - oeuvres à l'appui.



Ce 'beau livre' compte 150 pages, mais il y a beaucoup moins à lire :

- d'abord parce qu'il est abondamment et très joliment illustré

- ensuite parce qu'il est à la fois synthétique et répétitif (les légendes des images reprennent souvent mot pour mot le texte développé sur la même page)

- et puis parce que j'ai reçu un exemplaire 'loupé', qui m'a fait rater quelques pages du chapitre 'Le loup des bestiaires' (grande pensée aussi compatissante que rigolarde pour un ami breton 😉😘... mea culpa, homo homini lupus, les hyènes se marrent mais le car à Vannes passe sans louvoyer, etc.).



Quoi qu'il en soit, je me suis régalée, même si l'auteur m'a un poil contrariée en réfutant les thèses psy sur l'interprétation du célèbre 'Petit Chaperon rouge' (Bruno Bettelheim, Anne-Marie Garat...). Sans rancune ! Et de toute façon, ça n'a guère ébranlé mes convictions sur la dimension sexuelle de ce conte.



• Merci à Babelio, merci aux éditions du Seuil ! 🐺
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Le petit livre des couleurs

Saviez-vous que jusqu’au 19ème siècle, la couleur de la robe de la mariée était le rouge ?

Rouge qui signifiait alors prospérité.

Saviez-vous que le bleu était une couleur fort dépréciée du temps des Romains, à tel point que les femmes qui avaient les yeux bleus étaient mal vues, car supposées mener une vie de débauche ?

Saviez-vous que le noir a été la couleur du deuil réservée aux nobles et aux membres des classes supérieures jusqu’au 19ème siècle ? ceci en raison du coût élevé pour obtenir des vêtements de cette couleur.



Michel Pastoureau, célèbre historien anthropologue, interrogé ici par Dominique Simonnet, auteur de romans et d’essais, nous relate l’histoire des couleurs, ou plus exactement l’histoire de la perception des couleurs au travers des âges.

C’est un essai que j’ai trouvé réellement passionnant.



Bien sûr il y a des constantes au cours de cette Histoire : ainsi même si certaines couleurs comme le blanc, le rouge gardent globalement le même symbolisme au travers des âges, le blanc étant apparenté à l’innocence, la pureté et le rouge au pouvoir, et à la guerre, certaines couleurs ont eu un statut qui a fortement « bougé » au travers des siècles.

Le meilleur exemple est la couleur bleue, qui va être « méprisée » tout au long de l’Antiquité, symbolisant alors la débauche, tout simplement parce qu’à cette époque elle était une couleur difficile à obtenir et chimiquement instable.

Ce n’est qu’au Moyen-Age que le bleu va acquérir un statut de couleur « noble », en étant associée au divin et aux cieux.

Depuis le 18ème siècle, cette couleur devient la couleur préférée des Occidentaux, à l’inverse des Japonais qui lui préfèrent le noir.

Une histoire passionnante.



Michel Pastoureau nous montre tout l’enjeu et l’importance de cette perception des couleurs.

Les couleurs ne sont pas anodines. Elles véhiculent des tabous, des préjugés conscients ou inconscients.

Elles possèdent aussi des sens cachés et ont une histoire mouvementée qui raconte l’évolution des mentalités.

L’art, la peinture, la décoration, l’architecture, la publicité, nos produits de consommation, nos vêtements et même nos sous-vêtements, tout est régi par ce code non écrit.

Michel Pastoureau nous montre magnifiquement que cette perception évolue certes au fil du temps mais aussi en fonction des variables géographiques et sociales : ainsi l’Europe occidentale est moins colorée que l’ Asie, l’Afrique ou l’Amérique du Sud.

De même, il nous montre fort bien que l’on ne vit pas la couleur de la même manière selon les milieux sociaux. Et encore de nos jours, dans les quartiers défavorisés, vous verrez beaucoup plus de couleurs que dans les quartiers «huppés ».

J’ai adoré ce livre, court et passionnant ;

La couleur qui m’a passionnée le plus est la couleur blanche, la plus ambivalente finalement.

Une couleur aussi bien associée à l’enfance qu’à la vieillesse, à la naissance et à la mort…

Quel exploit…

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Vert : Histoire d'une couleur

Passionnante et érudite histoire du vert , dévoilée pour nous par Michel Pastoureau, l'historien spécialiste ( entre autres) des couleurs!



C'est maintenant la deuxième couleur préférée des Européens ( la mienne aussi...) , assez loin derrière le bleu. Mais il n'en a pas toujours été ainsi ! Le vert , comme il nous l'explique brillamment, a connu un destin très contrasté, depuis la préhistoire. On ne le trouve pas sur les peintures rupestres des cavernes, cette couleur était difficile à fixer. Les Grecs semblaient ne pas la connaître, aucun terme pour la désigner...



Elle devient emblématique de l'art et de la littérature courtois au début du Moyen-Age, pour régresser ensuite à la fin de cette période. Les représentations du Diable, et de son cortège d'animaux comme le dragon utilisent le vert... Ensuite, elle semble être une couleur plutôt secondaire , jusqu'à la fin du 19 ème siècle.



En fait, il y a toujours eu une ambivalence attachée au vert: couleur de l'espérance, de la nature, du renouveau, elle est aussi associée au mensonge, à l'instabilité, à la sorcellerie.



Comme le laissait deviner Apollinaire dans " Nuit rhénane", le vert est à la fois source de magie et de peur:



" La voix chante toujours à en râle-mourir

Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été "...



Évidemment, de nos jours, le vert est intimement mêlé à l'écologie, il est le symbole d'une volonté de protéger la nature. La publicité, les enseignes s'en emparent pour attirer les gens ...



En tout cas, j'ai beaucoup appris à travers cette lecture foisonnante et très documentée. Si vous désirez savoir pourquoi, par exemple, le vert est banni superstitieusement des théâtres, alors lisez ce livre! Vous découvrirez bien d'autres choses encore...



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Rouge : Histoire d'une couleur

Encore une couleur qui vient illuminer et enrichir la palette-écritoire de Michel Pastoureau.

Comme les précédentes monographies dédiées aux couleurs (bleu, noir, vert…), l'historien, spécialiste de la couleur , raconte avec un indéniable talent, l'histoire du rouge à la fois luxuriant et luxurieux, fastueux, séditieux , couleur dominante de l'amour, du désir mais aussi de la violence et des flammes de l'enfer, de la guerre , des honneurs, symbole du pouvoir et de l'orgueil …

Lecture enrichissante et passionnante !
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Bestiaires du Moyen Âge

A la lecture de cet excellent livre de Michel Pastoureau, il est aisé de voir les progrès d'une science telle que la zoologie.

Encore qu'au moyen âge, il est excessif de parler de science zoologique, ou si science il y a elle est très éloignée de celle que nous connaissons. Les auteurs médiévaux vivent dans un monde où les animaux sont omniprésents, la forêt couvre encore de larges portions du territoire et du bétail est élevé jusque dans les villes.

de plus, beaucoup de choses sont encore à découvrir ; c'est le début des grandes expéditions vers les terres inconnues.



Les chercheurs de cette époque cherchent déjà à comprendre et à classer le vivant, mais avec les connaissances et les moyens de leur temps.



Le bestiaire médiéval a de quoi nous surprendre ; les animaux domestiques côtoient les animaux sauvages (comme dans la réalité de l'époque), mais c'est surtout la classification qui reste hasardeuse : des animaux imaginaires tels que licornes, dragons ou sirènes, sont considérés comme réels. Les insectes sont qualifiés de "larves", et certains petits mammifères sont des "vers". En outre, on prête aux bêtes des qualités et des défauts très humains ; l'étude comportementale n'existe tout simplement pas et pour les auteurs on ne peut donc qualifier que de vices les habitudes "choquantes" des animaux.

Quant aux illustrateurs, ils doivent souvent faire appel à leur imagination pour représenter des animaux qu'ils n'ont jamais vus ; éléphants, crocodiles, baleines, ce qui donne des résultats parfois...cocasses !



"Bestiaires du Moyen âge", est un livre que l'on peut conseiller autant aux passionné(e)s d'histoire qu'aux passionné(e)s de la faune, il démontre que depuis longtemps l'homme est curieux de la vie animale et cherche à mieux la connaitre.



PS : La couverture représente...un caméléon..!

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Le loup : Une histoire culturelle

Le grand historien des couleurs qu'est Michel Pastroureau nous livre un ouvrage savant et savoureux qui nous explique pourquoi l'homme est parfois un loup pour l'homme et aussi un loup pour le loup.



Les rapports particulièrement ambigus que nous pouvons entretenir avec cet animal, entre terreur et fascination sans ici livrés dans le détail, et le loup occupe une place centrale dans les mythes de l'enfance, en hantant les cauchemars d'enfants depuis des générations à générations.



"On ne peut pas être "pour" ou "contre" le loup, c'est aussi absurde que d'être "pour" ou "contre" les orages et la foudre. Le loup est là, c'est tout. Nous devons faire avec."

Un travail très documenté, très érudit, superbement illustré ou la Louve de Romus et Romulus cotoie le loup de Tex Avery et la bête du Guévédan..



Et forcément, maintenant on attend les autres manuels de Pastoureaux sur le coq ou le cheval prochainement annoncés..après les couleurs, l'immense Michel Pastoureau montre qu'il a tout pour devenir le spécialiste des animaux.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Rouge : Histoire d'une couleur

Les travaux de Michel Pastoureau reposent sur l’idée, qui pourrait sembler évidente mais qui ne l’est pas, puisque personne ne semble l’avoir eu avant lui, que les couleurs ont une histoire. Elles nous paraissent tellement quotidiennes, présentes depuis toujours, que nous n’avons pas conscience à quel point le contexte culturel conditionne notre rapport à elles. Rien que le vocabulaire : sans pouvoir nommer, comment percevoir? Au-delà de la perception, il y aussi les associations, positives ou négatives, agréables ou pénibles, signifiantes souvent, sexuées, voire politiques que l’on attribue aux couleurs dans une sphère culturelle, à un moment donné. Et c’est tout cela que nous raconte, car il est un conteur, Michel Pastoureau, ici à propos du rouge dans la culture occidentale.



Le rouge, qui est la première couleur, celle que l’on retrouve dès les grottes préhistoriques, et dont le nom même a signifié pendant longtemps « couleur ». Elle est apparue avant les autres, et a donc des sens profonds, qui subsistent, même lorsqu’on en est plus conscient. Les premières teintures sont rouges, on retrouve cette teinte dans l’architecture (tuiles, briques..). Notre monde à sa naissance baigne dans le rouge, au point de ne pas voir les autres couleurs, sauf le blanc et le noir, mais dont le statut en tant que couleur est autre. Nous suivons donc, dans une première partie, les premières manifestations et évolutions de cette couleur fondamentale entre toutes, de la préhistoire à l’antiquité.



Puis, entre le VIe et XIVe, Michel Pastoureau la qualifie de couleur préférée. D’autres couleurs apparaissent de plus en plus, avec des progrès techniques, des découvertes, de nouvelles teintes sont distinguées. La couleur devient aussi un concept, ce qu’elle n’était pas vraiment dans l’Antiquité. Mais le rouge garde un prestige inégalé. Couleur du sang, elle est celle du Christ. Couleur de pouvoir, les rois, papes et puissants la revendiquent. Elle de loin la couleur la plus présente sur les blasons. C’est aussi la couleur associée à l’amour, à la passion. Sa face négative, c’est la mort, c’est le diable, l’enfer, mais là souvent c’est en association avec le noir, une association néfaste.



Ensuite, entre le XVIe et le XVIIe siècle, elle devient une couleur contestée. D’autres couleurs, dont le bleu, commencent à lui faire concurrence. Certaines de ses teintes sont particulièrement mises en cause, comme le roux, néfaste. La réforme protestante la bannit, la condamne, au nom de la morale car elle est trop voyante, trop somptuaire. La contre-réforme catholique va en partie emboîter le pas, la réserver à certaines circonstances, certaines catégories de la population. On va lui demander de s’assagir, de s’éteindre quelque peu dans des teintes moins flamboyantes.



Jusqu’à ce qu’elle devienne entre le XVIIIe et le XXIe siècle, une couleur peut-être dangereuse. Elle s’abâtardit dans des teintes pastels, comme le rose, qui n’apparaît comme couleur que tardivement. Elle va commencer à servir comme signal de danger, elle va se retrouver en politique dans l’extrême du drapeau rouge. Couleur de la revendication, de la révolte, du théâtre aussi, ce n’est plus une couleur d’un quotidien paisible.



C’est passionnant de bout en bout, très accessible aussi, malgré toute l’érudition de l’auteur. Sans oublier les splendides illustrations, qui contribuent au plaisir de la lecture, et dont le choix éclaire et accompagne la réflexion. Cela donne furieusement envie de continuer avec les autres teintes proposées par Michel Pastoureau.
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Bleu : Histoire d'une couleur

Après avoir lu ce livre, vous ne verrez plus la couleur "bleu" de la même façon. L'histoire du "bleu" nous est contée, depuis sa mauvaise renommée pendant l'Antiquité et le haut Moyen-âge en occident, jusqu'à sa promotion au rang de la couleur préférée du monde occidental de nos jours.



Promotion théologique avec la vierge Marie, héraldique avec l'art des blasons, royale et aristocratique.

Le bleu va aussi évoluer avec les progrès des teintures, de la culture de la guède à celle de l'indigo asiatique ou d'Amérique.

De couleur sombre et barbare, le bleu passe à une couleur neutre, pacifique, calme, qui ne fait pas de vagues.

Il évoque le rêve, le romantisme, la poésie, la sagesse. Il sécurise, il rassemble.



Ce livre est étonnant, car on ne croirait pas qu'une couleur pourrait nous dire tant de choses sur notre histoire, sur l'évolution de notre perception au fil du temps, notre imagination, nos sentiments.



" Froid comme nos sociétés occidentales contemporaines dont le bleu est à la fois l’emblème, le symbole et la couleur préférée."

Le bleu à une belle histoire à vous raconter...Laissez-vous glisser sur la vague du bleu...

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Le corbeau

Après celles du loup et du taureau, Michel Pastoureau nous propose une histoire culturelle du Corbeau de l’Antiquité à aujourd’hui. Nous comprenons que cet animal d’abord bien considéré s’est transformé progressivement, après l’avènement du catholicisme, en animal diabolique et malfaisant… Michel Pastoureau nous guide à travers les époques et dans différents pays, faisant la part belle à l’Antiquité et au Moyen Âge. Nous verrons le prestige du corbeau décroître, sa réputation s’entacher de toutes sortes d’histoires déplaisantes et de légendes maléfiques. La Fontaine ne l’épargne pas : il le présente comme un oiseau stupide. Pour leur part, les Romantiques en feront un messager de la mort. Et que dire de son rôle terrifiant dans Les Oiseaux d’Hitchcock ! On sait aujourd’hui, et l’auteur s’attache à le prouver dans les dernières pages de ce beau livre, mais trop brièvement à mon goût, qu’il fait mentir cette mauvaise réputation. Dans certains tests d’intelligence, « le corbeau se situe au niveau des grands singes, parfois les dépasse » (p.143).

***

J’aime beaucoup les ouvrages de Michel Pastoureau. J’en ai lu trois sur les couleurs, plus celui sur le loup et un autre m’attend dans ma PAL : Les Animaux célèbres. Je suis chaque fois épatée par la façon dont cet auteur partage son érudition, sans compliquer son propos ni le simplifier à outrance. Le Corbeau : Une histoire culturelle ne fait pas exception. J’y ai appris une foule de choses passionnantes et, si je suis consciente que je n’en retiendrai que des miettes, certains détails et l’évolution de la perception que les hommes ont eue de cet oiseau au fil du temps m’ont assez marquée pour que je m’en souvienne durablement. Facile à lire, l’ouvrage est en plus magnifiquement illustré et imprimé sur un papier de qualité pour le prix d’un roman, ce qui est une bonne surprise, non ?J’attends le suivant !

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Histoire des préjugés

39 historiennes et historiens reconnus et de différents horizons tentent de déconstruisent près d’une cinquantaine de préjugés dans cet essai édifiant.



Histoires des préjugés se penchent sur l’origine et sur les effets que peuvent encore avoir ces idées préconçues sur notre société moderne. Cet essai nous fera voyager dans le temps et dans l’espace et nous offre une liste très exhaustive et pertinente. On apprend énormément de choses dans cet ouvrage. Bien que chaque partie ne contienne que quelques pages, ce texte m’a permis de découvrir des auteurs et m’a donné envie de me pencher sur des textes plus approfondis sur plusieurs des thématiques proposées.



Le pari est donc parfaitement réussi et je conseille fortement cet essai qui a su parfaitement être didactique et agréable à découvrir. Il nous prouve que l’Histoire et la vérité historique a une importance fondamentale.
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Le petit livre des couleurs

Dominque Simmonet interroge Michel Pastoureau, historien, anthropologue, spécialiste de l’histoire des couleurs. Il nous raconte l’histoire du bleu, du rouge, du blanc, du vert, du jaune, du noir et enfin des demi-couleurs en s’appuyant sur des textes anciens, des tableaux et à la fin de cet ouvrage, on ne dira plus jamais « les goûts et les couleurs, c’est personnel » tant nous sommes inconsciemment conditionnés dès notre plus jeune âge.

Ses réponses fourmillent d’anecdotes passionnantes, il nous permet d’apprendre un tas de choses sans jamais être ennuyeux.

C’est un petit livre qui se lit d’une traite et dont on a envie de mettre à chaque page, une citation sur Babelio tant le propos est intéressant !

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Le petit livre des couleurs

Les couleurs, elles ont envahi notre quotidien depuis des siècles… Et pourtant, on en sait finalement très peu sur elles… On connait quelques significations comme le rouge, symbole de l’amour, ou le blanc, celui de la pureté, mais saviez-vous qu’il n’en a pas toujours été ainsi ? La symbolique de certaines couleurs change réellement au fil du temps et résulte souvent d’une mutation sociale, religieuse ou idéologique… C’est justement ce que va nous apprendre cet essai. J’ai passé un moment agréable et intelligent avec cet ouvrage faisant un point sur les teintes suivantes : le bleu, le rouge, le blanc, le vert, le jaune, le noir ainsi que les demi-couleurs. C’était très intéressant !



Grâce à un système d’entretien avec des questions/réponses, les auteurs permettent au lecteur de découvrir l’histoire de chaque couleur de façon ludique : sa place à tel ou tel siècle, son emploi dans le langage courant (blanc comme un linge, rouge de honte, main verte, cordon bleu, etc.), sa représentation au quotidien, sa symbolique ainsi que sa place dans la société. Par exemple, j’ai appris que les robes de mariées étaient autrefois rouges et non blanches. J’ai également été intéressée par l’évolution du vert, aujourd’hui représentatif de la nature et de la santé. La place du bleu, autrefois mal vu puis apprécié dès le XVIII ème siècle m’a également captivée.



Cet essai se lit vite (entre trente minutes et une heure) qui aurait presque pu être un peu plus développé. Même si les anecdotes sont sympathiques, on va quand même souvent à l’essentiel. On est plus sur une introduction à la sémantique des couleurs. De ce fait, on en redemanderait !… En tout cas, le contenu est instructif et léger. On tourne les pages facilement. Si, comme moi, vous souhaitez faire une petite pause entre deux romans, « Le petit livre des couleurs » m’a semblé l’idéal. D’ailleurs, j’ai été conquise par la version collector avec les rayons de couleur que l’on peut tourner à sa guise. On a là un beau livre objet ! Merci à ma mère pour cette découverte aussi divertissante qu’enrichissante.
Lien : https://lespagesquitournent...
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La Baleine : Une histoire culturelle

Michel Pastoureau est "spécialiste de la symbolique et de l'histoire culturelle des couleurs, des emblèmes, de l'héraldique et des animaux."

Je suis toujours friande de ses ouvrages sur les couleurs : son petit essai (2005) et ses 'beaux livres' reliés (bleu, noir, vert, rouge, jaune, blanc).

Il est également l'auteur de bestiaires, publiés notamment aux éditions du Seuil. Celui consacré au loup m'avait enchantée, celui sur le taureau m'avait déçue, ennuyée.

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Effrayée et fascinée par les baleines (probablement depuis le film 'Pinocchio' de Luigi Comencini), j'ai choisi cet ouvrage lors de la dernière MC 'non-fiction'.

Même ressenti qu'à la lecture du 'Taureau' : un début passionnant, de l'Histoire de l'Art simple, à mon niveau, avec des illustrations sublimes - mosaïques, cartes, sculptures (parfois malheureusement tronquées par le milieu de page).

Mais hélas, le propos se transforme en leçon de choses (poisson/mammifère, cachalot/baleine, pêche/chasse), tourne en rond, radote, et se focalise trop sur l'aspect économique de l'industrie baleinière.

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J'aurais aimé trouver davantage d'histoire des arts, mais le titre, qui promet plus généralement une 'histoire culturelle', ne ment pas.

On trouve quand même à la fin quelques références littéraires : le tant attendu 'Pinocchio' (Carlo Collodi, 1881), et 'Moby Dick' (Herman Melville, 1851), bien sûr, que je ne lirai pas, parce que je n'aime pas les romans d'aventure, surtout dans l'eau.

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Merci à Babelio et au Seuil.
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La Baleine : Une histoire culturelle

J'ai beaucoup appris à la lecture de ce livre.

Michel pastoureau nous présente les aspects culturels occidentaux relatifs aux baleines et autres cétacés.



J'ignorais par exemple que la baleine a longtemps été considérée comme un animal monstrueux,du fait de sa taille bien sûr, mais aussi parce qu'on lui attribuait un comportement malveillant voire démoniaque.



Quand la baleine a été mieux connue, plus vue comme une ressource que comme un monstre, sa pêche est devenue une industrie...



Michel Pastoureau met sa culture et son expértise du symbolisme dans l'histoire au service d'un animal emblématique, comme il l'a fait précédemment pour d'autres animaux, porc, ours, loup, corbeau.



Ce livre, comme les autres de cet auteur est d'une lecture agréable et bénéficie d'une belle iconographie.



M. Pastoureau est un vulgarisateur de talent, je le salue bien bas pour l'intérêt didactique de son oeuvre !
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