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Critiques de Patrik Svensson (37)
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L'Evangile des Anguilles

Ecrire un livre consacré aux anguilles et qui plus est, un évangile, peut paraître un défi étonnant. Patrick Svensson a relevé ce challenge haut la main en mêlant l’étude scientifique et le récit intime. Il a reçu, à cet effet, le prix August, l’équivalent de notre Goncourt en Suède pour cet ouvrage.



Originaire de Scanie, depuis son plus jeune âge, l’auteur a toujours accompagné son père dans ses parties de pêche. Il écrit de très belles pages consacrées à cette relation dont une particulièrement émouvante, celle où il trace le portrait de celui-ci, ouvrier asphalteur, « ces forçats sans chaîne » pour reprendre son expression si éloquente. Métier éprouvant, pénible, qui finira par avoir sa peau à cinquante-six ans. J’y vois dans cette fascination pour l’anguille, un lien symbolique qui relie l’auteur à son père, ce père qui lui a enseigné les rudiments de la pêche à l’anguille comme une forme de compréhension de ce poisson, ce père tant admiré avec lequel, il a beaucoup partagé. Mais l’absence, le deuil, engendre toujours plus ou moins des regrets, comme ceux de l’auteur, du temps où il étudiait à l’université. Absorbé par les études et les copains, il s’était quelque peu éloigné. La conscience aidée du chagrin vient ternir quelque peu les souvenirs.



Patrick Svensson alterne un chapitre dédié aux parties de pêche et un chapitre dédié à la science, à l’histoire, à la biologie, à l’écologie, aux traditions, à la mythologie et à la théologie jusqu’aux travaux sur l’E.M.I. (expérience mort imminente). L’auteur balaie énormément de domaines avec comme sujet central, l’anguille. Le récit démarre avec Aristote, puis les anguilles de Trieste du jeune médecin Freud. L’anguille est un poisson mystérieux dont on ne connait pas encore tous les secrets. Il y a un très beau portrait de Rachel Carson, docteur en biologie marine, qui a passé sa vie à vouloir comprendre comment l’anguille pouvait s’adapter aux énormes changements qui marquaient le cours de sa vie. Sans compter aussi, toutes les expéditions telle que celle de Johannes Schmidt qui a publié, en 1923, ses vingt ans de travaux dans la revue scientifique Philosophical Transactions of the Royal Society of London et qui a reçu la prestigieuse médaille Darwin. C’est grâce à ses travaux que nous avons la quasi certitude du lieu où l’anguille se reproduit : la mer des Sargasses.



Le monde du silence fascine. Il reste encore tant de questions à élucider. Ce que j’ai beaucoup aimé c’est ce parallèle philosophique entre l’humain et ce monde marin. Nous faisons partie d’un grand tout mais il nous reste encore des blancs dans la genèse de la grande Histoire et c’est passionnant de se poser tant de questions qui n’ont toujours pas encore de réponse et c’est tant mieux !



Il y a un passage qui m’a beaucoup interpelée : la différence subtile qui existe entre le saumon et l’anguille. En un mot, je schématise mais le chapitre est très intéressant ; le saumon suit à la trace ses ancêtres, il sait précisément à quel endroit il doit retourner, il rejoint tôt ou tard son groupe prédestiné. L’anguille, elle, retourne à la vaste mer des Sargasses mais fraie sans aucune considération pour la provenance de ses partenaires. Et l’anguille est aussi vieille que la dérive des continents et depuis des millions d’années, elle n’aurait pas changé.

Mais l’anguille tant à se raréfier, plus l’anguille est exposé aux humains, plus elle meurt sans vraiment comprendre pourquoi « Tant qu’une partie de son cycle de vie nous échappe, nous ne pouvons pas savoir avec certitude pourquoi elle meurt. Tant que nous ignorons, par exemple, de quelle façon elle s’oriente dans l’océan, nous ne pouvons pas savoir ce qui l’empêche de le faire. Pour la sauver, nous devons la comprendre. C’est ce que souligne la plupart des rapports sur la situation de l’anguille aujourd’hui : pour l’aider, nous devons en savoir plus ».



Et pour cela, je vous laisse vous plonger dans cet évangile de l’anguille !

Je remercie vivement les Editions du Seuil ainsi que la masse critique privilégiée de Babelio qui m’ont permis ainsi de découvrir l’écriture très agréable de Patrick Svensson.



« Ce qui est caché chez l’anguille, est aussi ce qui est caché chez l’être humain. Et chercher solitairement sa place dans le monde, c’est sans doute en fin de compte la plus universelle des expériences humaines ».

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L'Evangile des Anguilles

L’anguille est un animal étrange et fascinant, difficile à saisir, au propre comme au figuré. Je m’attendais à un roman dans le style de David Vann, mais c’est plutôt un nature writing que nous propose Patrik Svensson avec cet ouvrage passionnant dédié aux anguilles. Et on se laisse prendre, comme tous ceux qui se sont intéressé au destin hors norme de ce poisson qui vient naitre et mourir dans la mer des Sargasses après avoir parcouru des milliers de kilomètres et vécu de longues années dans nos lacs et rivières. Animal farouchement sauvage, que malheureusement l’évolution de nos sociétés menace de disparition…



Longtemps les hommes se sont posé des questions sur elle, sa reproduction, Freud lui-même s’est penché en vain sur le sexe des anguilles…Grande voyageuse, elle se métamorphose au fil de ses périples, vivant alternativement en eau douce et salée, prenant des apparences différentes selon sa maturité, et ne développant que tardivement des organes sexuels. Pêchée mais impossible à élever, l’auteur raconte avec tendresse cette pêche qui l’a rapproché de son père et ouvert à l’étude de ce poisson énigmatique, qui ne livrera jamais tous ses secrets. Scientifiques, écrivains, explorateurs, cuisiniers, l’ont croisée et adoptée sans jamais la dompter. Mais aujourd’hui le constat est amer : doit-elle comme de nombreuses espèces avant elle, le dodo, la vache de mer disparaitre de notre horizon ?



Une chose est sûre : Patrik Svensson nous convertit à la cause des anguilles et nous fait découvrir leur existence presque philosophique marquée par ce retour aux origines et ces vocations qu’elle a déclenché pour la comprendre et sonder les profondeurs dont elle est issue. Un très beau livre qui mérite l’attrait qu’il a suscité. Merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour cette magnifique découverte.

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L'Evangile des Anguilles

L'auteur et narrateur, Patrick Svensson, a découvert l'anguille, et la pêche à l'anguille, auprès de son père en Scanie, au sud de la Suède.

Il y trouve le fil conducteur pour un retour vers le passé, et plus particulièrement vers les liens qui l'unissaient à son père.

Il en profite également pour mieux nous faire connaître cette animal étrange qu'est l'anguille, vrai poisson et donc faux reptile, mais aux mœurs particulières. Nées en plein océan Atlantique, en mer des Sargasses, les larves sont portées par les courants marins jusqu'aux côtes européennes, qu'elles atteignent après un périple de plusieurs années. Elles deviennent alors des civelles (ou pibales au sud de la France), alevins de quelques centimètres de long qui s'engagent dans la remontée des fleuves et rivières. Devenues anguilles, elles séjourneront de longues années en eau douce, avant que la maturité sexuelle ne les ramène en mer des Sargasses où elles finiront leur vie.



Ce texte est à la fois un récit et un essai : le récit des relations d'un fils avec son père ; un essai sur les recherches qui ont permis, d'Aristote jusqu'au vingtième-et-unième siècle, de mieux comprendre la vie de l'Anguille jusqu'à son risque de disparition.

L'ensemble n'est pas inintéressant, mais la dimension essai, très documentée, l'emporte trop sur le récit, de sorte que l'on se sent frustré du peu de l'on apprend sur les liens entre le père et le fils.

Sur la forme, c'est bien écrit, et traduit, sans pédanterie scientifique exagérée. La lecture est fluide. L'ouvrage se laisse donc lire aisément. Dommage que le déséquilibre entre histoire scientifique et histoire personnelle génère une petite déception.



Merci aux Éditions du Seuil et à Babelio de m'avoir proposé de lire ce livre.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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L'Evangile des Anguilles

Encore une couverture particulièrement réussie avec ce canot perdu sur les flots. Plastifiée et mate, le toucher est agréable, pas loin du toucher lisse de cet étrange animal dont on découvre, dans le détail, l'incroyable existence.



Patrick Svensson fait le récit des connaissances de cet animal mystérieux appelé anguille et, en alternance, il écrit ses souvenirs de pêche qui ont rythmé toute son enfance, constituant une relation très riche et sensible avec son père.



J'ai appris là des choses étonnantes sur cet animal qui capte notre attention dès le premier chapitre. L'anguille est la reine du transformisme : elle vit dans les rivières et les étangs, va se reproduire en automne dans les Sargasses qu'elle peut atteindre au mieux au printemps suivant, puis meurt – on le suppose, jamais la moindre anguille n'ayant été observée lors du frai et jamais trouvée dans les Sargasses ! Les minuscules larves, en forme de feuille de saule, vont refaire le voyage inverse en dérivant grâce au courant du Gulf Stream, à travers tout l'océan Atlantique. Ce voyage dure 3 ans ! Elles sont devenues civelles, fines tiges translucides, quand elles remontent le courant des rivières pour s'installer.



L'auteur se fait lyrique dans les pages racontant son enfance, la vie et l'origine de sa famille, la complicité avec son père lorsqu'ils vont pêcher. Roman de souvenirs, traité scientifique, voyage maritime, psychanalyse, religion, philosophie... Il y a tout cela dans ce livre de 230 pages d'une densité exceptionnelle. Les sources sont citées en fin d'ouvrage. Il faut quand même un total de 7 pages pour les citer toutes. Vraiment impressionnant ! Comment l'auteur a-t-il pu tirer un livre aussi cohérent de cette masse de texte ?



Particulièrement ambitieux, le grand tout de la vie est abordé ici – d'où le titre ! C'est un peu la panthère des neiges de Sylvain Tesson, la poésie et les grandes envolées en moins, la sciences et la rigueur ajoutées. Vous aimez peut-être les livres du baroudeur écrivain, je prends le pari que vous pourriez adorer le livre de Patrick Svensson !

En fait, dans le cas de Sylvain Tesson, c'est l'auteur qui fait les voyages, et raconte son expérience avec la devise : « partir, c'est vivre ». Pour Patrick Svensson la démarche est inversée : il nous propose le récit du voyage de l'anguille, en tant que miroir du voyage de l'homme sur la terre – dont le sien qu'il conte –, à la fois dans sa vie et cela depuis les origines.

L'auteur tisse un nombre considérable de fils pour nous donner en un seul volume, la somme des connaissances – croyances, recettes, techniques de pêche... –, et des mystères de l'anguille. Rien ne semble arrêter cet auteur cherchant à extraire scientifiquement et en même temps symboliquement la nature de l'anguille, la nature de la vie, sa force et sa fragilité aussi !

Dans les deux cas, pour ces deux auteurs, il y a une introspection nous amenant à réfléchir à la place de l'homme dans le monde, mais avec Svensson on a une entreprise folle et parfaitement argumentée de penser le rapport à son père – l'anguille faisant lien entre eux – et le destin de la vie sur des millions d'années.



Pour moi, le pari est superbement réussi. Il y a là un terreau collectif de l'imagination lié au milieu aquatique, où la vie s'est formée, d'où nous venons. Ce livre met en pratique un riche imaginaire d'images, de représentations sociales, de grands récits traversant les temps. Il contient des propos scientifiques avec ce complément d'âme, qui enrichit la lecture. Je pense à Gaston Bachelard ou au philosophe Jean-Jacques Wunenburger ayant théorisé cette perception mêlée de l'observation et de la sensation. On passe du microscope aux grands récits des explorateurs, des scientifiques ayant apporté leur contribution à l'étude de l'animal mythique : Aristote, Freud, Linné, Rachel Carson et bien d'autres.

Le titre est intriguant ? L'évangile des anguilles... Il fallait oser. Et si c'était vrai, si à partir du livre on refondait le monde en partant de la nature cette fois-ci et non de l'homme seulement ? Il y a urgence à agir, l'anguille se raréfie et pourrait bien disparaître rapidement, alors qu'elle est présente depuis des millions d'années.



Patrick Svensson, né en 1972, a grandi en Scanie, dans le sud de la Suède. Passionné dès son enfance par le monde naturel et animal, il a fait des études de littérature puis est devenu journaliste, spécialisé dans les arts et la culture mais aussi la recherche scientifique. Ce livre, publié en Suède en 2019, a déjà été traduit dans plus de 30 pays et est lauréat du prix August, le « Goncourt » suédois, L'évangile des anguilles est son premier livre.



J'ai eu, également dans l'enfance, ce contact avec l'anguille. Je connais les chemins creux qui mènent à la rivière ; la pêche ; la pose des cordées (appelées ici cordeaux) ; le braconnage par jeu... à l'occasion... Et vous avez-vous un contact avec l'anguille et le monde fabuleux des cours d'eau ?

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Visitez le blog Bibliofeel afin de compléter cette lecture par une composition personnelle à partir de la très belle couverture et une photo prise dans le marais poitevin. Vous pourrez voir également des exemples de couvertures de ce livre dans différents pays.


Lien : https://clesbibliofeel.blog
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L'Evangile des Anguilles

Enfin un livre dans l'air du temps, adapté au confinement ; un anti covide piquant, drôle, écrit en prime pour vous préparer à vos propre rêves oniriques et stimulants.



L'auteur un homme inspiré par les philosophes et par les évangélistes est un suédois Patrik Svensson.

La pêche est-elle une question de croyance, de chance ou reste t-elle un mystère. En étant inspiré par les civelles puis par les anguilles on ne pouvait que se heurter au surnaturel, ou à la faculté abyssale des animaux sous marins de se dissimuler.



La preuve ? Quand Freud ,spécialiste de biologie marine, débarque à Triestre, c'est pour relever le défi posé par l'énigmatique Anguille dont le comportement échappait depuis Aristote à tous les scientifiques.

Il était sûr de trouver, mais TROUVER QUOI ?



Sigmund Freud tenta de relever à 19 ans le défi de comprendre la sexualité des anguilles. Ce fût peut être un moment capital de sa vocation de psychanalyste !

Freud n'a pas réussi à découvrir le sexe des Anguilles, ni à tenir principalement dans sa main leurs testicules.

l'auteur nous le précise en page 57, Freud examina en plus de 400 anguilles, dont aucune n'a pu être identifiée comme étant de sexe Mâle.



Il a sans doute reporté sa frustration sur l'Homme. Une première intuition, émergeait pour lui page 57 ; à quelle profondeur certaines vérités se maquillent le mieux pour l'homme comme pour l'anguille ?

La quête du sexe des individus mâles devint sa marque de fabrique, comme par hasard, cette intuition l'a conduit vers un nombre important de théories autour des rapports avoués ou sublimés dans les couples.



Je me disperse un peu, pardon, revenons à nos chers petits bébés les civelles.



Dans les années 1896 Giovanni Battista Grassi et Son élève Salvatore Calandrandruccio décrivent la toute première transformation d'une larve en une civelle.

Mais où ces larves semblables à des feuilles de saule sont elles apparues ? Et bien sûr que s'est- il passé dans la mer des Sargasses. Quel sorte d'accouplement ?



Beaucoup de biologistes ont passé des années à tenter une compréhension rationnelle des anguilles. Je relève vers l'an 2000, le sort malchanceux de l'équipe qui a lancé 707 anguilles dotées de capteurs pour être suivies sur un écran d'ordinateur. Ainsi les 707 spécimens ont été lâchées de différents endroits, de France, d'Allemagne, de Suède....

Aucune anguille n'a pu être suivie assez longtemps pour connaître sa destination finale. 87 anguilles étaient arrivées assez loin pour donner un aperçu de leur voyage avant de perdre leur émetteur.



Au printemps 2022, s'il vous cherchez un os à ronger, ou à communiquer avec Odin, le plus irrationnel serait peut être de suivre des anguilles à la trace...

La complexité de la vie de cet animal des mers (hautement culinaire par ses civelles) devrait vous subjuguer comme pour moi à la lecture de cet étrange évangile.



Ma mémoire garde intacte l'image d'une centaine d'anguilles cherchant à remonter des marais salants vers des retenues moins saumâtres, spectacle insolite et totalement invraisemblable ( Presqu'île de Rhuys).
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L'Evangile des Anguilles

De premier abord ce n'est pas du tout mon genre de lecture mais étant de lecture curieuse et me souvenant lors d'un passage aux poissonneries du marché d'avoir vu une scène avec des anguilles dans une bassine sortie de sous l'étal de la poissonnerie je me suis dis pourquoi ne pas en savoir plus sur cet animal.



Déjà en elle-même l'anguille est plutôt curieuse ressemblant plus à un serpent d'eau qu'à un véritable poisson, l'auteur ici nous mêle ses anecdotes d'enfance lors de la pêche aux anguilles avec son père avec l'histoire de celle-ci.



L'auteur nous emmène loin dans le temps car l'animal est étudié notamment par Aristote et Freud est beaucoup de mystères sont encore étudiés, ou vit exactement ce poisson, ou se reproduit-il, pourquoi n'a t'on jamais retrouvé de lieux de pontes ou d'anguilles mortes dans les océans à part lorsque celle-ci est tué par des prédateurs.



On nous décrit également le fait que l'anguille peut vivre extrêmement longtemps en captivité, s'adaptant même morphologiquement à celle-ci.



Une lecture qui m'a vraiment appris sur cet animal et qui se lit extrêmement bien en 2 petits jours pour ma part.
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L'Evangile des Anguilles

C'est l'Odyssée de cette créature mystérieuse , mi-poisson et mi-serpent, omniprésente depuis l'Antiquité, dans toutes les mers du globe, dans nos lacs, nos étangs : elle est mentionnée dans la Bible, dans l'Egypte ancienne, dans la littérature et dans les cultures du monde entier, en partant du Japon à la Scandinavie et, en passant par le pays Basque ! Elle fut, et est encore pêchée car elle a été pendant longtemps un mets apprécié dans les " cuisines " mondiales, en effet même si elle est grasse, elle apportait des protéines et constituait une base alimentaire peu onéreuse, et à la portée de tous !

Cette anguille est pour Patrick Svensson le lien qui le rattache à les souvenirs heureux de son enfance, à l'époque ou il allait pêcher avec son père, ou il a tout appris de lui sur le plan technique et sur les habitudes de leur proie favorite.

Mais, c'est avant tout un roman qui parle des origines des animaux et par voie de conséquence des hommes, de l'écologie, de la disparition des espèces ( le Dodo et la vache des mers ) et au travers de cet Evangile : un historique et une étude scientifique sur une espèce qui reste encore pleine de mystères !

L'anguille commence par être une larve leptocéphale pendant 1/2 ans , elle se nourrit de plancton, devient une civelle ( ou pibale dans le Sud de la France ), puis se transforme en anguille jaune pendant une dizaine d'années pour devenir une anguille argentée qui va partir à des milliers de kilomètres se reproduire dans la Mer des Sargasses, elle est lucifuge, amphihaline, thalassotoque et catadrome ! Elle est stimulée par la température des eaux, la lumière, le cycle de la lune, les champs magnétiques et les crues, mais elle est en regression constante ( comme le saumon ) à cause des polluants toxiques, de la surpêche, du braconnage et même après toutes les observations faites à son sujet ( par Aristote, par Freud à Triste, par Rachel Carson et par de nombreux scientifiques ) : il a été impossible de retrouver une anguille entière dans la Mer des Sargasses ! Elle garde tout son mystère dans les profondeurs !

Un roman à caractère sentimental pour moi car je pêchais aussi l'anguille avec mon père ! Nous la mangions en matelote au vin rouge ou grillée au feu de bois !

L.C thématique de Mai 2022 : un animal dans le titre.
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L'Evangile des Anguilles

Le titre énigmatique du livre ainsi que la phrase l’accompagnant ( Histoire d’un père, d’un fils, et de la créature la plus mystérieuse du monde animal ) m’ont donné envie de me lancer dans le livre de Patrick Svensson. Bien m’en a pris !

Le livre de Patrick Svensson est un concentré sur la vie des anguilles mais aussi la mise à nu de la relation entre l’auteur et son père. Le livre basculant avec bonheur de l’un à l’autre.

Pour qui ne connaît pas sur le bout des doigts la vie de l’anguille, le premier chapitre en quelques pages nous rappelle ce qu’est la vie de l’anguille. Je fais court.

Elle nait au milieu de L’Atlantique dans la Mer des Sargasses. Elle a la forme d’une petite feuille de saule qui va se laisser dériver jusqu’aux côtes européennes où elle devient une civelle. Devenue civelle elle remonte fleuves, rivières et étangs en se transformant en anguille. Là, elle restera des années avant de vouloir se reproduire. Et pour se reproduire elle reprendra la direction de la Mer des Sargasses, où reproduction faite, elle mourra.

Patrick Svensson a vécu son enfance en Scanie dans le Sud de la Suède, et le Sud de la Suède est l’un des lieux de vie de l’anguille. Enfant, avec son père, il allait régulièrement pêcher les anguilles.

Simultanément l’auteur va nous révéler l’aventure scientifique de l’anguille et la relation intime avec son père .

Par petites touches délicates, Patrick Svensson va nous dévoiler comment les mystères de l’origine de l’anguille parle du mystère que chacun porte en soi :celui de notre propre origine et du sens même de la vie.

Avant d’en arriver aux dernières pages du livre, bouleversantes, nous aurons appris qu’Aristote pensait que les anguilles se créait elle même à partir de la vase, que Freud à disséquer en vain les anguilles afin de leur trouver un sexe!

Tout aussi sérieusement , aucun scientifique n’a trouvé une anguille adulte dans la Mer des Sargasses. Et pourtant.

Depuis 20 ans il est indéniable que l’anguille nous quitte. Elle est un marqueur important de la sixième extinction de masse . Pourtant l’anguille paraît éternelle, elle existe depuis que le monde est monde. Elle peut rester hors de l’eau des heures paraître morte et ressusciter au contact de l’eau.

L’anguille reste un animal dont nous ne connaissons pas grand chose. Il faut croire.... comme pour notre propre origine.

L’ Évangile des Anguilles, un titre on ne peut mieux trouver pour nous parler des hommes.

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L'Evangile des Anguilles

L’anguille est un poisson qui ne m’est pas étranger car la branche maternelle de ma famille est charentaise (maritime), donc j’en ai souvent entendu parler dans mon enfance et en ai mangé. Les anguilles, que l’on appelait aussi « piballes », étaient pêchées dans les marais (salés). Ce poisson est d’ailleurs l’emblème du Marais Poitevin voisin.

Le seul mystère que représentait l’anguille pour moi, enfant, c’était pourquoi on l’appelait « poisson » alors qu’elle ressemblait à un serpent ! L’auteur, Patrick Svensson, n’écrit-il pas lui-même à son propos page 12 : « Peut-être ne sait-elle pas qu’elle est un poisson ». Alors le sujet de ce livre m’a intriguée ; dans un premier temps, je me suis informée sur l’animal et me suis rendu compte que je n’en connaissais rien ; je ne suis pas la seule puisqu’effectivement, on ignore encore beaucoup de choses sur ce mystérieux poisson.

Le titre a également titillé ma curiosité. Le mot « évangile » avait-il un sens que je ne lui connaissais pas ? Et enfin, le parallèle entre l’anguille et l’homme est ce qui m’a vraiment décidée à accepter la proposition de Babelio et des Editions du Seuil de chroniquer ce premier roman avant sa parution, ce dont je les remercie vivement car il m’a enthousiasmée et je vous en recommande la lecture.

Depuis Aristote, l’anguille a toujours représenté une énigme pour les scientifiques, même les plus éminents (y compris Freud !), elle est toujours restée « étrangère », pour utiliser le terme de l’auteur. Aujourd’hui encore, nous en sommes toujours en partie au stade de la croyance, de la conjecture, il existe peu de certitudes à son sujet, tout n’a pas été vérifié scientifiquement, malgré les innombrables observations et expériences, fondements de toute étude scientifique. Ce que l’on sait, c’est qu’elle peut vivre très longtemps, mais d’où vient-elle et où va-t-elle, et comment sait-elle trouver son chemin sur des milliers de kilomètres ?? Bien des questions restent en suspens. Je vous laisse le plaisir de suivre ce cheminement.

Dans le chapitre intitulé « Aristote et l’anguille née de la vase », je trouve un embryon d’explication pour l’emploi du mot « évangile » dans le titre. En effet, le philosophe grec parle du « miracle » de « l’avènement » de l’anguille qui, d’après lui, ne pond pas, ne fraie pas, n’est ni mâle ni femelle, bref ne se reproduit pas et pourtant elle naît !! Comme Jésus en quelque sorte, non ? dont la conception était elle aussi bien mystérieuse.

L’Evangile des Anguilles est construit sur une alternance de chapitres scientifiques (mais abordables, je vous rassure) et de chapitres dédiés à la relation du narrateur avec son père lorsqu’il était enfant, en Suède, et l’accompagnait pêcher l’anguille. Ces pages n’ont pas manqué d’évoquer pour moi le film « Et au milieu coule une rivière », dans lequel un père, pasteur, donne à ses fils le goût de la pêche à la mouche, ce qui créera un lien très fort entre eux.

Ce que j’ai aimé dans ce récit singulier voire improbable, c’est l’énigme : l’énigme de la naissance, de la reproduction et de la mort de l’anguille, l’énigme de la vie, du sens de la vie, l’énigme de nos origines, la mise en échec de la science. Bref, j’ai aimé le questionnement que cette lecture induit ; assez proche finalement de celui que l’on peut mener lorsqu’on lit une enquête policière. L’écriture qui sert ce texte est l’oeuvre d’un homme aux multiples intérêts et qualités : il est à la fois journaliste, passionné par la science et l’art, et écrivain. Il sait captiver le lecteur sans avoir recours à des effets spéciaux !

J’ai ainsi beaucoup appris sur l’anguille et sur l’homme. Ce dernier, comme souvent, est responsable de sa situation actuelle : elle est en voie d’extinction (50% en moins dans les 45 dernières années) pour de multiples causes : surpêche, braconnage, changement climatique, constructions, pollution… Alors de l’étude de l’anguille, P.Svensson dérive logiquement vers une étude climatologique car la sixième extinction de masse, que nous pourrions être en train de vivre, est unique, comparée aux cinq précédentes (refroidissement dû à la dérive des continents ou astéroïde qui se serait abattu sur terre), au sens où « son agent responsable est un être vivant : l’homme ». Une note finale pas très optimiste donc mais par ailleurs un livre que j’ai trouvé passionnant, bien écrit et bien traduit.

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L'Evangile des Anguilles

Un livre intéressant dont le récit vogue entre le récit familial et relationnel d'un côté et le documentaire. On apprend des tas de choses sur l'anguille et on passe un très agréablement moment de lecture, Un effet un peu page turner.



Cependant le style est beaucoup trop sobre et passe-partout et n'est reconnaissable en rien. C'est peut être causé par la traduction, peut être pas mais je crains que je ne me souviendra pas de cette lecture dans quelques années.



Un très bon divertissement.

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L'Evangile des Anguilles

En commençant ce livre je n'avais pas d'attente particulière, voir même j'étais à moitié septique. J'avais peur d'un "big fish" version livre, un peu fade sans le visuel magique de Tim Burton. Mais je le referme sur un coup de coeur!



De page en page je me suis retrouvée totalement happée, de plus en plus engluée dans l'envie de lire tout d'une traite, chaque moment où je fermais le livre était une forte frustration...



L'auteur mêle récit de jeunesse, thèse sur l'histoire des recherches et connaissances scientifiques sur l'anguille et réflexions philosophiques en s'appuyant sur ces connaissances.



Dit comme ça on dirait un patchwork non homogène et étrange, mais ce coté étrange fait toute la magie du livre.



A la fois beau et poétique, émouvant par moment, passionnant sur le plan scientifique... Ce livre a su jouer sur plusieurs de mes sensibilités et intérêts.



J'ai adoré apprendre toutes ces choses sur l'anguille, sur les diverses personnages connus qui interviennent dans l'évolution des croyances et connaissances sur elle.



Dur de parler de ce livre, sa magie est comme celle de l'anguille: discrète, secrète et difficile à décrire... Finalement, big fish en livre et en mieux à mon gout.
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L'Evangile des Anguilles

Avec l'Evangile des Anguilles, Patrick Svensson nous emmène hors des sentiers battus, et j'ai pour ma part pris grand plaisir à sortir ainsi de ma zone de confort...

Dans l'Evangile des Anguilles, on alterne : un chapitre consacré à la conquête des mystères de la petite bête en question, un chapitre consacré aux souvenirs d'enfance de l'auteur avec son père, lors de leurs parties de pêche... à l'anguille bien sûr...

Je n'avais jamais soupçonné que l'anguille avait donné autant de fil à retordre aux humains qui ont cherché à la comprendre... Et pas n'importe quels humains, on parle quand même de Freud ou d'Aristote, pour les plus célèbres...

Mais au-delà de la foultitude de choses qu'on apprend sur l'anguille, sa vie, ses moeurs, la meilleure façon de la pêcher, c'est bien ici de l'hommage d'un fils à son père dont il s'agit. Réel ou imaginaire, là, j'avoue, je l'ignore, mais ça sonne en tous cas très juste, et j'ai adoré ce livre.

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil.
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L'Evangile des Anguilles

Depuis des millénaires, l'Homme a toujours été fasciné par l'anguille. Mi-poisson, mi-serpent on éprouve, devant cet animal, pour certains de la répulsion et pour d'autres la promesse d'un succulent repas. Depuis Aristote, beaucoup de grands esprits se sont intéressés à cette étrange créature et c'est seulement au début du 20ème siècle que les secrets de l'anguille nous ont été enfin dévoilés, bien qu'il subsiste encore quelques zones d'ombre sur son mode de reproduction. Mais comme le reste du vivant l'anguille tend à disparaître emportant avec elle les secrets de sa fécondation et l'énigme de l'unique lieu de ses origines : la mer des Sargasses.

L’Évangile des anguilles se lit comme un conte philosophique à la fois très bien documenté et emprunt de la nostalgie d'un monde révolu. Patrick Svensson nous invite tout au long de son ouvrage à la réflexion et au questionnement sur notre devenir.

Merci à Babélio et aux éditions seuil pour cette découverte.
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L'Evangile des Anguilles

J’ai reçu ce roman en avant-première sur proposition de Babelio que je remercie, ainsi que les éditions du Seuil. D’ailleurs je parle de roman, mais on pourrait aussi bien parler d’essai philosophique aussi bien sur l’anguille que sur la vie et la mort.



Patrik Svensson est un auteur suédois qui écrit avec ce titre son premier livre, et celui-ci est très original. S’appuyant à la fois sur son histoire personnelle et familiale, notamment avec le récit de pêches à l’anguille avec son père, et sur des recherches scientifiques poussées (d’ailleurs il y a une bibliographie à la fin), ce récit alterne des chapitres personnels, et d’autres plus longs, à la recherche de l’énigme scientifique de l’anguille, qui glisse entre les mains de quiconque tente de percer son mystère.



Et sur un sujet qui n’a pas l’air si palpitant au premier abord, je me suis retrouvée happée par surprise dans ce récit. Car l’auteur a réussi à m’hameçonner habilement, en racontant les mystères de l’anguille, auxquels l’homme essaye de trouver des réponses concrètes et scientifiques depuis Aristote, mais qui se heurte à un animal tellement secret qu’on sait peu de choses sur lui, même si on progresse peu à peu avec les moyens modernes.



C’est ainsi que j’ai appris que ce poisson ( car c’en est bien un, malgré son allure de serpent), naîtrait dans la mer des Sargasses sous forme de petite feuille larvaire, puis suit les courants marins, se transforme en alevin, et arrive dans les rivières d’eau douce où il devient une anguille de couleur jaune, vit sa vie d’anguille et un jour, poussé par on ne sait quel instinct, se transforme en anguille argentée, développe des organes sexuels et repart vers la mer des Sargasses se reproduire et mourir.



Enfin bon, tout cela reste encore un peu théorique, car toutes les preuves ne sont pas là. Par exemple, on n’a jamais vu d’anguille se reproduire, il a fallu des siècles avant de découvrir des anguilles avec des organes reproducteurs, et on n’a jamais vu d’anguille morte dans les Sargasses.



Et ces mystères nuisent aussi à cet animal de légende, qui pourrait rapidement disparaître de la surface du globe, à cause de l’action humaine, alors qu’il est apparu sur terre bien avant l’homme.



Ce roman fourmille d’informations sur l’anguille, son mode de vie, les légendes qui l’entourent, la passion des hommes sur ses mystères (même Freud, avant d’être le célèbre psychanalyste qu’on connaît, s’est penché sur le mystère de l’anguille et n’a rien trouvé), la volonté de quelques uns à passer des années pour en savoir plus sur elle. Et en même temps, c’est aussi l’occasion pour l’auteur de renouer avec ses origines, ses parties de pêche à l’anguille avec son père, et de réfléchir à des questions philosophiques et métaphysiques liées à cet animal nimbé de mystère, de réfléchir sur ses racines pour savoir où l’on va, sur les croyances et la foi, sur la vie, ses transformations, la mort.



Et la couverture est très réussie, avec le bleu de la mer ou de la rivière, la barque où se trouvent père et fils, et l’onde de l’eau qui fait penser à des anguilles, mystérieuses et cachées.



Un titre original que je conseille, qui a d’ailleurs été lauréat du prix August, équivalent du prix Goncourt en Suède.




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L'Evangile des Anguilles

Merci à Babelio et aux éditions du seuil pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre d'une masse critique. Pour moi le pari n'était pas gagné d'avance : comment m'intéresser à la vie des anguilles pendant 300 pages ? Et pourtant ! Je dois dire que cet ouvrage est réussi.

C'est en effet un véritable évangile pour les anguilles que nous livre l'auteur. L'animal se manifeste d'ailleurs par une sorte d'épiphanie sacrée. Il y a quelque chose du culte à mystère derrière la connaissance de l'anguille que seuls les initiés saisissent.

On croise dans cet ouvrage Aristote, Freud ou encore les fondateurs de la brasserie Carlsberg et l'auteur vous emmène au Pays Basque, en Irlande, en Italie et en Scanie tout comme au sein de la mer des de Sargasses ou aux côtés des premiers colons du Mayflower...

L'ambiance rappelle parfois un peu celle de "Au milieu coule une rivière" à ceci près que cette fois c'est bien l'anguille le héros et non la rivière.

Ce livre est aussi intéressant au travers de ce qu'il nous dit des coutumes, des traditions et de la filiation père/fils. On sent cet immense amour et ce respect entre le père et le fils qui se contentent de peu de mots et c'est sans doute le plus émouvant dans cet ouvrage qui a obtenu le prix August : le Goncourt suédois.

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L'Evangile des Anguilles

Voilà une belle histoire de Babelio, et des masse critique sauvage, comme je peux les nommer ainsi, un e-mail, une demande de lire un roman en échange d’une critique, j’accepte en m’inscrivant puis la réponse quelque jours plus tard, le premier roman du suédois Patrick Svensson est déposé dans ma boite à lettre par le facteur, L’évangile des anguilles. En caractère rouge, tout en haut de la première de couverture est écrit Best-seller international, et ces quelque mots en bas , une petite mise en bouche , Histoire d’un père, d’un fils, et de la créature la plus mystérieuse du monde animal, l’ensemble sous un fond bleu océanique, un bateau à rame au coin gauche au-dessus du nom de l’auteur, et dans un flux marin , une nuance de bleu, comme des courbes, serpentent la couverture, c’est la ballet des anguilles, ce tableau me donne beaucoup d’envie, au-delà des mots, une envie de plonger dans cette mer prosaïque m’inonde, je suis heureux d’avoir cette chance de cette masse critique, et de cette découverte littéraire.

Patrick Svensson est de l’année 1972, ce cru millésimé, grandissant dans le sud de la Suède en Scanie, amateur de la nature, il fait des études de littérature, pour devenir journaliste, L’évangile des anguilles est son premier roman, primé par le prix August dans son pays natal, l’équivalent au Goncourt en France, (si peu qu’il a une valeur particulière en France, c’est une autre histoire) .Traduit dans plus de trente pays, le roman en devient comme le dit sa première de couverture, un best-seller mondiale, vais-je m’y noyer ou nager dans un émerveillement comme l’avait été ma lecture du roman de Jim Lynch, Les grandes marées !

Ce qui est fabuleux dans une lecture, lorsque votre regard absorbe les mots, les phrases s’envolent dans une danse musicale, c’est la façon dont votre humeur se rythme à la prosaïque de l’auteur, une forme de jeu s’agence incidemment entre le lecteur et l’écrivain, c’est au-delà de l’inconscience, ce fil vous liant , une voix vous accompagne, L’évangile des anguilles porte en moi, une sérénité évaporante, je suis presque porté par un air d’allégresse, l’anguille par son mystère et ses phases de vies, invite tout mon être à une humilité entière, Patrik Svensson à travers son roman au titre vraiment significatif vient de me porter dans sa nouvelle religion, celle de l’anguille, L’évangile des anguilles. Tout peut se concentrer avec cette phrase déclarée sur son lit mort d’un inconnu scientifique, collègue du zoologue allemand Carl H. Eigenmann, par l’énigme que fût l’anguille à travers les siècles ; « Toutes les questions importantes sont à présent résolues, sauf celle de l’anguille. »

Je ne connaissais pas l’importance de l’anguille à travers les âges, d’Aristote à Onfray, comme les fameuses histoires de L iléale, l’anguille a bercé toutes sortes de réflexions, elles font revivre en nous le mystère de la vie, et de l’homme, comme le souligne notre auteur : « C’est que la question de l’anguille vous saisit. Son caractère énigmatique devient un écho des questions que tous êtres humains portent en eux. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Ou vais-je ? ». Même dans la littérature l’anguille aura un rôle plutôt inquiétant, comme dans, L’écume des jours de Boris Vian, Le tambour de Günter Grass, annonçant la mort, au contraire dans Pays des eaux de Graham Swift 1983 comprendre l'origine et le sens de toute chose, la religion bannira l’anguille, l’histoire du Mayflower et des colons , survivant grâce à un autochtone et des anguilles , l'anguille ne sera jamais un symbole de cette Amérique. L’anguille semble donner un malaise, nommé en allemand par le terme unheimlich, que Freud tenta d’expliquer, toujours avec l'anguille sous-jacente. Plus tard l’anguille sera l’héroïne d’un beau livre celui de Parle Rachel Carson et de l'humanisation de l'anguille pour tenter de la comprendre, lui donnant une conscience , dans son roman La vie de l'océan publié en 1941, Patrik Svensson laisse une place importante à cette femme, et son œuvre si riche ce monde que l’on détruit chaque jour , un peu plus, l’anguille se meurt, Le printemps silencieux, livre de Rachel Carson , sur son combat de la défense de la planète , elle savait que l'anguille disparaissait ! L’anguille deviendra surement comme l’oiseau le Dodo, ou les vaches de mer que narre brièvement Patrik Svensson, dans ces légendes froides de l’histoire de l’homme et de ses ravages, l’extermination de la race animale, sans Machiavélisme, juste la fatalité de toute chose, comme les différentes extinctions connues de tout temps sur notre terre, cette philosophie de la fatalité de la vie.

L’anguille traverse les âges, les légendes comme celle de Brantevik, puis celle de Netzler, leurs âges , leurs longévités sans pouvoir se transformer en anguilles argentées, dernier stade avant de rejoindre les océans et la mer des Sargasses pour se reproduire, une force d’adaptation fabuleuse, où le temps se fige , d’où la question de ce temps, celui de l'homme sur la terre et ce temps presque invisible en mer et dans les profondeurs, d'êtres millénaires, comme ces éponges de verre. Patrik Svensson, nous invite à la question de la différence entre l'homme et les animaux, de Descartes à car Von Linné, Charles Darwin et Nagel, de cet aveux que l’humain a le pouvoir de l'imagination.

Même Freud dans sa quête de l’anguille aura de cette frustration, inventé la psychanalyse antiféministe, ce terme m’est propre, l’auteur ne le dit pas crument, mais plus subtilement, Freud sera mentionné dans deux chapitres différents, l’un sur sa visite à Trieste, pour trouver le sexe masculin chez une anguille, cet échec, comme un refoulement et sur le malaise provoquée par l’anguille sous le terme allemand, intraduisible, unheimlich, Freud consacra un livre sur cette notion, l’anguille devient une métaphore de l’abominable, j’ai aimé ce tacle sur Freud et je le savoure avec acidité.

Ces questions philosophiques liées à l’anguille sont aussi pour Patrik Svensson des questions relationnelles qu’il se posera sur l’intimité avec son père, l’anguille est ce lien indéfectible, ces longues séances de pêche entre eux, seront à jamais leur conversation unique, ce roman est un hommage véritable à son père et à l’anguille. Ce texte biographique est touchant par l’approche et la relation entre l’anguille et celle de son défunt père. Ces moments que relate Patrik Svensson et de leurs pêches dans sa Suède natale sur la côte est de la Scanie, la braconnage comme une aventure , la pêche à la vermée, celle à la nasse, puis le lac proche du chalet, et ce secret sous la surface, qui devient le son secret.

Lançant son père dans ce secret et immortel avec ce roman, cet homme dévoreur d’anguilles, jamais rassasié, laissera une place indélébile dans le cœur de son fils Patrik Svensson.

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L'Evangile des Anguilles

Intriguée par ce titre proposé dans le cadre d’une masse critique, je me suis laissée séduire par la quatrième de couverture. Je m’attendais à un roman dans la même ligne que Et au milieu coule une rivière de Norman Maclean mais il n’en est rien.



Entre essai et roman biographique, Patrik Svensson réussit le pari fou de nous faire adhérer à son ouvrage, que l’on soit ou non intéressés par les anguilles. Le récit alterne les chapitres sur l’anguille d’un point de vie scientifique, historique, culturel et les chapitres plus personnels dans lesquels l’auteur se remémore sa découverte de l’animal et surtout de l’art de la pêcher en compagnie de son père. Mais ce roman est aussi un voyage en Scanie, cette province suédoise dans laquelle l'auteur a grandi et nous en décrit certains paysages avec un regard sincère sur la beauté qui s'anime devant ses yeux.

Je dois dire qu’aussi intéressants que soient les chapitres sur l’anguille, ce sont ceux sur l’enfance de Svensson qui m’ont le plus séduite. L’émotion palpable, l’amour d’un fils pour un père parti trop tôt nous font ressentir la douleur et la difficulté à faire son deuil. Il n’en reste que j’ai trouvé cette fascination pour l’anguille vraiment intéressante, d’autant plus que le deuil semble se faire au travers de cet écrit; qu’on nous parle de ses origines, de sa reproduction ou encore de sa disparition probable, en passant par la meilleure façon de la cuisiner, les mystères qui entourent ce poisson sont multiples et l’étude ou les recherches menées pour en résoudre au moins certains sont passionnantes à lire. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi ce titre remporte un tel succès à travers le monde.



Je remercie Babelio et les éditions Seuil pour cette découverte originale.
Lien : https://sirthisandladythat.c..
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L'Evangile des Anguilles

Merci à Babelio et aux Editions du seuil pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique !



Je viens tout juste de terminer "L'évangile des Anguilles" et j'avoue être un peu dans le flou concernant mon ressenti sur cet ouvrage, et ce, pour plusieurs raisons.

J'ai passé un bon moment de lecture. Même si le sujet des anguilles n'est pas un sujet qui me passionne aux premiers abords. Cependant, j'ai eu envie de me plonger dans le livre dès que j'avais un moment pour voir où voulait en venir l'auteur et voir également tout ce qu'il avait à m'apprendre sur le sujet.

Et j'avoue que j'avais beaucoup de choses à apprendre étant totalement ignorant avant cette lecture sur les anguilles.

Maintenant, je pense pouvoir tenir une conversation tranquillement à une soirée si quelqu'un aborde le sujet des anguilles et je ne manquerai sûrement pas de sortir un peu ma science en roulant des mécaniques parce que ça en jette de s'y connaître sur les anguilles !

Pour moi, un bon livre, ou en tout cas un livre que je vais aimer doit respecter certains critères qui sont les suivants :

-A la fin du livre, je dois avoir appris quelque chose. Que ce soit sur une période historique, sur un thème en particulier, sur quelqu'un, je m'en fiche de ce que j'apprends tant que j'en ressors avec des connaissances en plus à la fin de ma lecture. Il m'arrive cependant d'apprécier une lecture où on n'en tire rien sauf du plaisir d'avoir suivi des personnages dans une fiction agréable mais je préfère dans l'idéal apprendre quelque chose d'un récit de manière subtile.

-Le style de l'auteur doit être agréable. Si c'est une traduction, on doit ressentir qu'elle est fidèle à l'écriture originale et à la pensée de l'auteur ce qui n'est pas toujours évident quand on traduit certains auteurs...

-L'histoire ou le sujet doit être intéressant de base ou le devenir au fil du récit.



Et pour le coup, l'Evangile des Anguilles de Patrick Svensson répond à ces critères.

-J'ai appris beaucoup de choses. Je n'ai pas tout retenu parce qu'il y a foule d'informations, beaucoup d'explorateurs, scientifiques célèbres ou pas... que je ne connaissais pas et dont je ne saurais redire le nom dans quelques jours mais l'important c'est de retenir l'idée globale du livre qui est que l'anguille est vraiment un animal à part, qui nous emporte de mystère en mystère.

-L'écriture est agréable. La traduction semble fidèle et malgré qu'on alterne explications scientifiques sur l'anguille mais pas seulement et passages sur la vie de l'auteur et de sa relation avec son père, on passe un bon moment de lecture et d'une manière assez fluide.

-L'anguille, comme je l'ai dit, n'est pas un animal d'emblée qui me fascine, qui m'intéresse et pourtant grâce à ce livre, j'ai réussi à y trouver un intérêt et à prendre du plaisir pendant ma lecture malgré certaines longueurs et des répétitions de l'auteur sur l'anguille et son cheminement dans la vie qui s'apparente étrangement au nôtre. On y voit l'importance des origines aussi bien pour l'anguille, qui pour des raisons obscures se reproduit à un endroit précis du globe et qui meurt aussi là où elle doit mourir.

Tout comme nous, l'anguille a besoin de repères et est guidée par ses origines et du sens même de la vie...

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L'Evangile des Anguilles

C’était l’occasion rêvée. Un livre au titre aguicheur sur un animal dont j’entends parler depuis de nombreuses années, mais dont ma paresse m’en avait détourné d’une connaissance plus profonde. Un animal dont je savais qu’il se reproduisait dans une supposée Mer des Sargasses, mais que j’étais incapable de localiser sur le globe terrestre. Un animal qui a admirablement su conserver son aura de mystère, mais dont l’aspect rebutant de charognard gluant et nu ne m’avait jusqu’à présent pas donné envie d’en percer les secrets. Ce sont quelques raisons qui m’ont poussé à la lecture de "L’Évangile des anguilles". Et je dois dire que j’ai bien aimé. En alternant des chapitres d’informations scientifiques sur l’anguille, d’autres sur la place de l’animal dans l’histoire des sciences, d’autres encore sur les souvenirs de pêches de l’auteur avec son père, tout cela émaillé de réflexions écologiques, philosophiques ou spirituelles, Patrik Svensson m’a agréablement tenu la main sur les traces de la bête. L’histoire commence donc dans la Mer des Sargasses où se reproduit l’anguille. C’est alors que, à l’état de larve et poussée par des désirs vagabonds, elle se laisse dériver vers les rivages de l’Europe où elle peut mettre jusqu’à trois ans à arriver, elle y remonte les rivières, son corps vitreux jaunit, s’épaissit, et poursuit sa vie de manière tranquille et discrète. Mais ensuite, pour une raison ou une autre, dix ans, vingt ans ou trente ans plus tard, quelque chose va se briser et l’anguille ressentira le besoin d’errer à nouveau, mais cette fois à reculons. Elle redescendra la rivière et retournera à la mer, se métamorphosant en une créature marine. Sa couleur prendra des teintes argentées, ses organes reproducteurs se développeront tandis que ses organes digestifs s’atrophieront, et après un long voyage de plusieurs mois, elle se reproduira et disparaîtra quelque part dans la Mer des Sargasses. On ne sait pas encore exactement ce qui lui arrive, mais une chose est sûre : si elle disparaît, ses descendants, les larves translucides en forme de minuscules feuilles de saule qui recommencent le cycle, apparaissent à sa place. Le récit de Patrik Svensson est fascinant tout comme sont plaisants les chapitres qui portent sur les personnes qui ont étudié les anguilles. On y croise des célébrités comme Aristote, Rachel Carson ou Sigmund Freud (vous ne serez pas surpris d’apprendre que ses études sur les anguilles consistaient à trouver les testicules des mâles). J’ai trouvé aussi intéressant d’apprendre que les Pères pèlerins arrivés en Amérique sur le Mayflower ont survécu en grande partie grâce à leur consommation d’anguilles qu’un Amérindien leur avait appris à pêcher. Pourtant, la dinde a supplanté l’anguille au repas de Thanksgiving. Et puis les souvenirs de pêche de l’écrivain avec son père m’ont ému et m’ont ramené des années en arrière où, enfant, j’allais moi aussi à la pêche avec le mien. Comme l’auteur, je dois être intéressé par la compréhension et le souvenir de ma relation avec mon père et par la façon dont il a pu être à la fois quelqu’un de profondément familier et rester un mystère, tout comme l’anguille. Le chapitre consacré à la tradition de la pêche à l’anguille m’a par contre dérangé. Patrik Svensson y présente la position des défenseurs de la pêche : « Si on ne peut plus la pêcher – la capturer, la tuer et la manger – on va cesser de s’y intéresser. Et si on cesse de s’y intéresser, elle sera perdue. » Aucun contre-argument n’est présenté derrière cette déclaration, ce qui pourrait amener les lecteurs à croire qu’il s’agit de l’opinion de Svensson jusqu’à ce que, huit chapitres plus loin, il admette avec hésitation que la pêche peut effectivement être une raison pour laquelle le nombre d’anguilles semble diminuer. Faut-il chasser, tuer ou manger un animal pour prouver qu’on s’y intéresse ? Alors certes, le texte de Patrik Svensson laisse beaucoup de questions sans réponses, quelques zones d’ombres et l’on peut ressortir de cette lecture avec un sentiment de frustration ou d’incompréhension. Mais c’est aussi un texte sensible sur un environnement en danger, une sensibilité qui n’est que renforcée par le courage de l’auteur d’y inclure ses expériences personnelles, donnant ainsi raison à son intérêt pour le sujet ainsi que la preuve de son désir insatiable d’explorer l’inconnu. Je vais à présent regarder l’anguille d’une manière différente, moins gluante, y découvrir peut-être une lueur espiègle dans les yeux.

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L'Evangile des Anguilles



Voici une lecture qui aurait pu me plaire davantage. Patrik Svensson nous plonge dans la recherche de soi au travers des origines. Et pour cette quête, il va s’approprier d’une manière inattendue et surprenante la vie des anguilles. Poisson légendaire et mystérieux qui depuis la nuit des temps donne des sueurs froides à tout scientifique qui s’y pique. Un parallèle incongru mais qui doit avoir une certaine évidence que je n’ai malheureusement pas su voir ni comprendre.

L’anguille a une part très importante tout au long du récit intime que délivre Patrik Svensson. Elle devient ce symbole intergénérationnel, de souvenirs, de coutumes, d’un pays (la Suède). L’anguille devient l’emblème de la transformation, du mystère, de la fuite du temps, de la temporalité, de l’immortalité et de l’échec. Cet échec puissant qui se trouve dans la disparition définitive, la mort. Tout au long de son exposé argumenté et très bien documenté, Patrik Svensson interroge le lecteur sur l’idée de l’écologie, de la transformation de nos modes de vies et leurs conséquences inéluctables. Un discours alarmant qui tend à annoncer la fin de ce quelque chose qui fait peur.





La partie documentée est particulièrement fournie avec des références scientifiques de la Grèce Antique à nos jours. J’ai suivi tout ce parcours d’études qui prouve la ténacité des chercheurs mais qui en contrepartie dénonce leur impuissance face au grand monde. Riche en détails, le récit intime n’a pas la même profondeur. L’auteur ayant choisi de rester succinct dans son développement allant à quelque redondance.





Je suis arrivée à la conclusion que je suis passée littéralement à côté de ce roman. Je n’ai pas su me saisir de l’objectif de ce roman pour autant j’ai apprécié le côté documentaire. Un roman quelque peu rigide dans les différentes transitions et parfois redondant. Je ne connaissais point la grande odyssée de l’anguille me voilà maintenant imbattable à son sujet.





Un roman qui se laisse découvrir malgré tout !
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