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Critiques de Philippe Le Guillou (119)
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Les marées du Faou

Gabriel s’en est allé juste au moment où Philippe se trouvait à l’étranger, à Saint-Pétersbourg. Le dernier de ses grands-parents est parti pour des contrées inconnues alors qu’il était absent.



Il est des instants de la vie qui nous font prendre conscience de l’importance, de l’impact de l’amour de nos grands-parents sur notre construction d’homme ou de femme. La maturité aidant, nous percevons la vie avec plus de discernement et d’acuité. Si nous avons eu la chance de connaître ce bonheur, c’est un flot de souvenirs, de récits, d’images, nichés au plus profond de notre intimité qui se rappellent à nous instantanément venant tous nous bousculer. Ils apportent avec eux la tendresse, la chaleur, la lumière, des saveurs, des joies simples, que chacun de nos mémé, pépé, papy, mamy ont su nous apporter.



Philippe, à partir de ce moment, éprouve la nécessité d’écrire sur Gabriel, Anne, Jean et Marie. C’est un besoin impérieux pour se rapprocher d’eux, leur rendre « un hommage fervent, la reconnaissance publique d’une dette que l’on ne finirait pas de payer », et coucher sur le papier tous ces merveilleux instants d’une époque révolue mais qui parlent d’eux, de leur histoire, de leur culture et de cette ensorceleuse Bretagne éternelle.



Philippe raconte le brun mordoré des flancs du Menez Hom, l’épaisse, la ténébreuse forêt du Cranou, la légendaire Ville d’Ys, les bords de l’Aulne et la maison du passeur, les récits familiaux parlant de landes, de brumes, de mauvaises rencontres, de croque-mitaine, de voyageurs dévalisés, disparus dans cette mystérieuse auberge rouge, de grenier interdit où il est plaisant de se cacher afin de pouvoir feuilleter les vieux Paris-Match, les Chasseurs Français, du chien Sultan, de l’égrégore de certaines messes et des disparus que la mer a emportés. IL n’en faudra pas plus à un enfant hyper sensible, romanesque, rêveur, pour alimenter son imaginaire et faire de lui un écrivain.



Sous sa plume, les « Pardon » s’animent, les femmes portent la coiffe, les bannières flottent au vent, que ce soit celui de Rumengol ou de Sainte-Anne-la-Palud, tout un monde d’un autre temps prend vie sous nos yeux.



Il y a de drôles d’anecdotes comme celle des prénoms. Elle était née un 26 mars, jour de l’Annonciation faite à Marie et ses parents avaient jugé bon, selon les préceptes de l’Eglise catholique, de la nommer « Annonciat ». – Ne riez pas, mon compagnon a eu un patient qui se prénommait « FêtNat » et il n'était pas breton. –



A la lecture de ce récit, la mémoire fait ressurgir ces matins de pêche imprégnés de l’odeur du goémon, où selon l’horaire de la marée, équipé de bottes, de paniers, de vieilles cuillers à palourdes, le regard s’arrête sur le courant que vient strier l’eau de petites rides chatoyantes et où les pieds s’enfoncent dans le sable mouillé parsemé d’algues échouées.



Philippe Le Guillou possède une écriture élégante, classique, que j’ai savourée en cette période de confinement, je me suis échappée. C’est un homme qui aime les mots ! Au cours de ma lecture, j’ai eu, en un éclair, l’impression vive de lire Marcel Proust.



Il y a de merveilleux instantanés d’une Bretagne légendaire, d’autres instantanés d’une Bretagne pauvre, laborieuse et rude, d’autres instantanés d’une Bretagne catholique et c’est une belle promenade dans les brumes celtiques et une remontée dans le temps.



Je continuerai ma découverte de Philippe Le Guillou mais je voudrais découvrir plutôt ses récits de légende comme « Livres des guerriers d’or », je trouve que la tonalité de son écriture s'y prête parfaitement.



« D’autres fois encore, si la marée était haute vers cinq ou six heures, il (Gabriel) allait s’asseoir près de l’église, sur la terrasse circulaire qui surplombait les flots et qu’il appelait, lui, toujours le « cimetière » parce que, comme à Landévennec ou en Irlande, les tombes avaient longtemps entouré la nef jusqu’à ce que l’on estime, essentiellement pour des raisons d’hygiène, qu’il était préférable d’inhumer les morts un peu plus loin du village. IL s’installait sur un banc, il regardait le large, seul ou en compagnie de quelques anciens de la Marine qu’il trouvait là, cette petite société parlait peu, elle contemplait, jusqu’à l’hébétude, les rouleaux d’écume et les courants qui ridaient le flot ».
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Le testament breton

C’est de Kerrod, sa maison du Faou, qu’écrit Philippe Le Guillou. Confiné au Faou, entouré de solitude, dans une atmosphère propice à la méditation, avec sous les yeux sa Bretagne tant affectionnée, qu’il a ressenti, comme une nécessité devant le temps qui passe, le besoin d’écrire ses réminiscences enfouies, son enfance en Bretagne dans les années 60.



On retrouve les mêmes motivations que celles qui l’ont incité à consigner le souvenir de ses grands-parents dans « Les marées du Faou ». Ce fut le livre de « la rencontre » et la plume poétique de Philippe Le Guillou m’a enchantée, marquée à tout jamais.



Avec PLG, je retisse les liens avec mon passé et ses fantômes, je redécouvre la magie des contes et légendes, des lieux que j’ai parcouru, des vieilles photographies de famille où mes aïeux portent le costume traditionnel. La Bretagne prend vie sous mes yeux, les odeurs, les bruits, n’ont plus la même saveur, ils sont porteurs d’affect. Auparavant, je fuyais l’austérité de cette terre très dure, cette misère qui touchait des familles. PLG en explorant la mémoire de l’enfance, sait m’emporter dans un ailleurs où je peux rêver, où mon imaginaire s’imprègne de beauté et communie avec la mer iodée, les rafales de vent, la vraie nature sauvage et exit mes angoisses!



A l’école primaire, PLG se prenait à rêver devant les cartes de géographie murales de sa classe. Poussé par une certaine jubilation, ses mains tentaient de dessiner cette péninsule avec tout ce qui la compose : son peuple, ses landes, ses forets, ses rivières, ses plateaux de granit. La Bretagne habitait son cœur d’enfant. De cette évocation chargée d’amour, PLG nous restitue, quelques décennies plus tard, entre autobiographie, introspection, et récits de légendes, son testament breton emprunt d’émotion. Il nous transmet quelque chose de charnel, entre rêverie et réalité, sublimé par une écriture magnifique !



Nul mieux que Philippe Le Guillou pour décrire ce paysage breton, foulé par les celtes, au cinquième siècle de notre ère, venus du pays de Galles et d’Irlande pour christianiser cette « proue accidentée et rugueuse qui s’enfonce dans l’Océan ».



PLG crée une rêverie infinie. C’est un enchantement, une véritable communion avec les quatre éléments qu’il décline, exorcise ses peurs d'enfant, s’inspirant des forces en présence à la façon de Bachelard mais toujours chargé de poésie entre ces deux opposés, la forêt et la mer.



De sa plume, il se dégage des descriptions d’un tel réalisme que l’on peut entendre le frémissement du vent dans les branches. On se retrouve en ciré à admirer un soir d’orage, le déferlement des vagues qui viennent se jeter sur les rochers, prêtes à submerger la terre. On imagine l’église du Faou avec sa terrasse circulaire qui surplombe le port où tous les anciens au passé de marins viennent admirer les marées comme son grand-père Gabriel.



Et que dire de l’Ankou avec son charroi où certaines nuits, on peut entendre les essieux grincer (c’est pour notre amie@Sachka).Toujours à la frontière qui sépare les vivants et les morts, on sent la présence d’un culte presque païen dans les traces des pratiques anciennes qui devaient rassurer les vivants et vénérer les disparus.



Les forêts qui recouvrent la Bretagne ont inspiré moult contes et légendes, elles portent en elles, les fantasmes, les peurs des voyageurs qui s’égarent, de ceux qui sont détroussées comme dans la forêt du Cranou, la plus grande du Finistère. En glissant jusqu’au Morbihan, on ne peut ne pas s’arrêter dans la mythique Brocéliande, magnifiée par Chrétien de Troyes et ses chevaliers en quête du Graal, pour mieux y transposer la légende arthurienne.



Habiter en Finistère – là où finit la terre - engendre le mystère comme cette nuit effroyable, secouée par des rafales d’une violence inouïe où la ville d’YS fut ensevelie par l’Océan, dans la baie de Douarnenez afin de punir la princesse Dahut. On pourrait presqu’imaginer que le continent s’arrête là, lieu ultime qui peut se prêter à toutes les légendes, serait-ce le domaine de l’Autre monde.



Il suffit de s’éloigner plus loin dans les terres pour prendre conscience de ce que représente le déracinement, de l’importance d’un lieu, d’un endroit, un coin de terre qui devient le symbole de notre représentation du monde. PLG évoque son admiration pour Gracq, Le Braz et pour les peintres Méheut et Yves Tanguy, ces artistes qu’il a découvert alors qu’étudiant, dans les années 70, il se sentait en exil dans cette grande ville de Rennes. Mais comme dans tout désert intérieur, il y a des rencontres qui apportent un peu de lumière et c’est dans une librairie « Les nourritures terrestres » que PLG va trouver son havre de paix.



« C’est une autre conscience qui se forge ainsi, plus secrète, plus rêveuse, indissolublement liée à un imaginaire esthétique cette fois et à cet égard, Gracq, Le Braz, Tanguy auront été des intercesseurs décisifs. Ils me font soudain mesurer l’importance et la richesse d’un univers que j’ai tout juste effleuré alors qu’il dort en moi » - page 115



PLG songe aussi à l’évolution des pratiques religieuses dont le sens se perd au profit d’une modernité qui s’apparente plus à des représentations pour touriste. Son esprit critique nous donne aussi à réfléchir sur cette perte de sens qui gangrène aujourd’hui tous les domaines.



Modernité oblige, l’atroce formica aidant, il y a ce chapitre où il retrace le moment où sa maman a remisé subitement la vaisselle de chez Henriot, un pichet de chez Fouillent, toutes ces « bretonneries » qui lui ont été offertes le jour de son mariage et dont elle veut se libérer. Aujourd’hui, PLG de nouveau chine sur les brocantes pour retrouver cette vaisselle qui le relie à un passé figuré qu’il n’a pas connu et j’ai beaucoup souri, chez moi, toutes ces « bretonneries » ont trouvé leur place. Ce n’est pas un musée, loin de là, mais j’ai conservé quelques vestiges de chez Henriot qui rehaussent un intérieur blanc méditerranéen et moderne. N’ayant aucune racine côté maternelle, je crois que je m’attache à ce qui me donne une identité, ma branche paternelle.



Lire ce « Testament breton » suscite une expérience émotionnelle qui vous entraîne dans une belle promenade au bord de la rivière du Faou, sur la grève de Lanvoy, dans la forêt du Cranou jusqu’au passage de l’Aulne, la plage de Telgruc-sur-mer, la magnifique baie de Douarnenez, sur les grèves de Landevennec et les impressionnants Monts d’Arrée. Une songerie à nulle autre pareille, un texte superbe qui magnifie la Bretagne dans une atmosphère de re-naissance.



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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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Les sept noms du peintre

Dommage qu’il ne soit possible de mettre que cinq étoiles, j’aurais aimé en mettre sept une pour chaque nom du peintre Erich Sebastian Berg qui selon les étapes de sa vie, quand il veut fuir, disparaître signe aussi Huel Goat, Bastien, Autessier, Adam Orber, John Egal et Essenbach.



Erich Sebastian Berg est le fils d’un allemand, Hans Berg qui avait des sympathies pour le régime nazi, «un être faible, velléitaire, fasciné par l’éclat et la parade» qui trompe sa femme, une cantatrice française Hélène, avec ses maquignons.

Erich deviendra un peintre reconnu, célèbre, mélange du Caravage, d’Egon Schiele et Francis Bacon, un homme fuyant, errant, déchiré, tourmenté jusqu’à la folie, avec des moments d’ivresse créatrice où de la fange il fait jaillir de l’or.

Son parcours initiatique commence auprès de son grand-père, «vieil officier solitaire et taciturne, qui vit dans un fort battu par les tempêtes, sur l’île de Rûgen puis dans un collège religieux de garçon à Ettal en Bavière où plane l’ombre du Roi fou Louis II, où règne le prieur Korbs et finalement auprès d’un maître «le maître d’Anvers» Adam Van Johansen qui l’initie au dessin et à la peinture. Emprise des pères spirituels qui remplacent le père naturel qui n’a pas joué son rôle.

Erich Sebastian confie dans son «Atelier portatif» à la fois carnet de croquis et journal :

«Je suis l’homme des départs et des ruptures. Je me lasse très vite.

(...) Mon père était un incapable. Un homme fin et beau. Il a tout gâché, tout perdu. Mon grand-père a compté pour moi. Il m’a donné le sens de la mort, le sens aussi de ce qu’est le monde élémentaire...

Il y a deux choses que j’ai su très tôt, dès l’âge de quatorze ans, j’étais à Ettal, au collège : c’est mon goût des garçons et mon désir de peindre. Une double singularité. Comme une élection merveilleuse p 221 222


Ce livre est habité, traversé par les ombres des romantiques allemands, Novalis, le peintre Caspar David friedrich et par celle de Rimbaud. On se retrouve aussi plongés dans des scènes érotiques ou mortifères qui raniment le souvenir de celles des films de Visconti et en ont l’esthétique, Ludwig, le crépuscule des Dieux, Mort à Venise ou même Les damnés lors de l’évocation du père.

La scène de début fait elle, songer à la visite du mystérieux commanditaire du Requiem de Mozart qui viendrait là, passer commande, à Erich vieillissant, d’un jugement dernier.

Erich Sebastian, pris entre forces païennes et élans mystiques, aime les lieux sombres, les tavernes, les bars à matelot où il part en quête de modèles et d’amants, il est fasciné par les cadavres. Il aime les contrastes violents qui provoque une décharge et le font désirer, brûler et créer.

Plus que tout autre roman du même auteur (parmi ceux que j’ai lu) celui-ci incarne la lutte dans un même être entre Eros et Thanatos et illustre parfaitement Georges Bataille quand il écrit «L’érotisme c’est l’acceptation de la vie jusque dans la mort»

Par moment, j’ai cru retrouver Simon, le peintre du Pont des Anges ou Guillaume Vègh l’un des jumeaux peintre et dessinateur dans «Le bateau Brume»

Et pourtant si les mêmes thèmes, les mêmes passions, les personnages et les lieux semblent être repris et se croiser d’un roman à l’autre de Philippe Le Guillou, par une alchimie mystérieuse la lecture garde toujours le même attrait. Chacun des romans de Philippe Le Guillou est comme un palimpseste, la peau du parchemin est ancienne, elle est grattée avant d’être recouverte d’encre une nouvelle fois et, même si elle en garde des traces, l’histoire qui nous est contée est toujours neuve, ensorcelante et troublante aussi.

C'est mon enthousiasme qui me fait faire un si long commentaire mais je suis bien loin de dévoiler toutes les richesses et les errances de la vie de Erich Sebastian Berg.
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À Argol, il n'y a pas de château

À Argol, il n'y a pas de château est un magnifique hommage à Julien Gracq. Reprenant le titre du premier roman de cet écrivain aussi simple (je parle de l'homme et non de son style) que pudique, Philippe Le Guillou nous retranscrit de la même manière, de façon presque mimétique, ses rencontres avec l'auteur mais également l'entourage de ce dernier. On entre à pas feutrés dans la vie de celui qui fut toujours à part dans le monde littéraire. Bien souvent incompris, sa prose poétique révélait pourtant une puissance inégalée.



Bon d'accord, je ne suis pas vraiment objective puisque c'est un auteur que j'aime beaucoup. L'idée de lui rendre hommage et, surtout, la façon dont ce dernier est fait, est admirable et Philippe Le Guillou a mené tout ceci avec brio. Et comme cela m'a donné envie d'aller relire les œuvres de Louis Poirier, véritable nom de Gracq, je vous laisse pour aller rejoindre Albert, Herminien et Heide.



Un grand merci à Babelio, à l'auteur ainsi qu'aux éditions Pierre Guillaume de Roux pour cette très belle découverte.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Novembre

En général je trouve toujours un intérêt aux récits d'écrivains sur la mort du père, et celui-ci ne m'a pas déçue.

C'est le récit d'une enfance traditionnelle dans les années soixante et soixante-dix dans le Finistère.

Un père fonctionnaire qui accorde beaucoup d'importance à son travail, receveur des impôts, à une époque où c'était un honneur d'avoir cette responsabilité.

Une mère au foyer qui élève ses enfants.

Le portrait est intéressant par la stature du père, intimidant, qu'on n'ose pas déranger, qui n'exprime pas ses sentiments.

Rien que de très courant pour l'époque, mais cette éducation a marqué à vie toute une génération (la mienne, je suis de la même année que Philippe le Guillou).

C'est sans doute par le choix des études, littéraires et pas juridiques ou comptables, et par son intérêt pour les arts que l'auteur réussira à se démarquer de cette « statue du Commandeur ».



Philippe le Guillou se livre peu dans ce livre, il fait surtout le parallèle avec ce qui se passe au même moment dans le pays, en effet son père meurt mi-novembre 2015 et son deuil se mêle à l'émotion de toute une nation.

Je découvre peu à peu cet auteur, au style très classique (grand admirateur de Julien Gracq) qui parle très bien de la Bretagne historique et légendaire.

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Livres des guerriers d'or

POUR UNE GÉOGRAPHIE DES SONGES.



Il est souvent très délicat, ou prétentieux, ou imprudent, lorsque ce n'est pas tout cela à la fois, de vouloir reprendre à son compte l'un ou l'autre des grands mythes constitutifs de notre culture commune, de les revoir, les réinterpréter, les renouveler avec ce qu'il faut de continuité, avec ce qui est indispensable de modernité. C'est inévitablement le cas avec ce que l'on a parfois appelé "la matière de Bretagne", à savoir toutes ces incroyables et mirifiques histoires de chevaliers, d'enchanteurs - Merlin en étant le plus fameux -, de rois - on songe avant tout à Arthur -, de forêts magiques - l'incroyable Brocéliande - et de cités mythiques - Camelot. Tout cela est fait et refait, avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins d'énergie, plus ou moins d'inventivité et de talent depuis des siècles. Depuis le milieu du XIXème, ce sont les anglais puis les américains qui auront porté - pour le meilleurs, parfois, comme pour le pire, souvent - haut la légende. Or, bien souvent, ces textes récents ne sont finalement, avec parfois un talent incontestable et un vrai bonheur à le faire et à le lire, que des "resucées" mises au goût du jour par leurs auteurs respectifs. On songe ainsi à l'incroyable succès des Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley, à l'inspiration plutôt libre du cycle de Pendragon de Stephen R. Lawhead, à l'approche plus adolescente de Terence Hanbury White, à l'étonnant Mordred de la jeune Justine Niogret, sans omettre l'impressionnante bibliographie (aux influences et aux interprétations souvent contestables) de Jean Markale, sans oublier le réjouissant L'Enchanteur de cet éternel jeune homme que fut le regretté René Barjavel. Ces œuvres, et tant d'autres, ont leur place dans cette galaxie arthurienne, souvent fantasque quand ce n'est de pure fantaisie. Impossible de tous les citer, il y faudrait des heures. Tout cela est bel et bon, pour singer l'expression consacrée - encore que pas toujours mais nous nous en sortirons avec cette pirouette qu'il en faut pour tous les goûts - mais demeure presque exclusivement dans la poursuite du rêve d'Arthur, de ses chevaliers de la table ronde, des prophéties de Merlin et des amours impossibles de Lancelot et de Guenièvre.



Or, le projet un peu fou, pour bonne part démesuré et titanesque de Philippe Le Guillou dans ces "Livres des guerriers d'or", est à la fois empreint de, se situe dans, toute cette géographie arthurienne "classique" en même temps qu'il est tout autre et, dans une large mesure, plus profond car loin de se contenter d'une énième écriture romanesque de la légende, il en fait à la fois un immense poème en prose ainsi qu'une intense et très dense rêverie métaphysique.



Mais avant d'en arriver là, reprenons rapidement le cours tumultueux de ce roman hétérodoxe, polyphonique et polymorphe. Nous croisons tout d'abord, au cours d'un bref et énigmatique prologue, un vieil érudit d'origine belge, le professeur Herbert von Gerhaf, dont on comprend qu'il vient de vivre une sorte d'extase violente et définitive tandis que, dans la superbe cathédrale de Wells (somerset) qu'il découvrait, il semble avoir vu ou reconnu une figure archétypale surgit brutalement du passé - de ses rêves ? -. La voici, qui va accompagner le lecteur tout au long de ces "Livres" puisqu'il faut bien ainsi les nommer et qu'ils ne sont en rien ni à proprement parler les chapitres classiques d'un roman de même tonneau. C'est mots, très explicites, sont tirés du «Carnet secret du Professeur von Gerhaf» que l'on découvre à la fin de l'ouvrage : «XXII; C'est une figure que je ne connaissais pas. Une présence étrange qui se manifeste aux frontières du monde arthurien. Guerrier, roi, errant, prêtre, les fonctions varies selon les textes. Il migre sans cesse, disparaît sous terre, revient. Certaines enluminures le montrent cuirassé d'or. Il semble plus ancien que tous les autres, Tristant, Lancelot, Perceval. Il aimante désormais toute ma recherche.»



Cet homme que l'on rencontre dans le premier livre intitulé "Le livre des druides", c'est l'un des deux fils de la reine Mève, celle surnommée "la Grande Reine" et qui, pour d'obscures raisons, pourri sur pied agonisante, en attendant de pouvoir décider qui, de ses fils, Fern, le préféré, un robuste et brutal gaillard ou de Luin Gorn, plus gracieux, plus intelligent, sans doute un peu moins mâle hériterait du Royaume d'Irlande. C'est l'ultime Samain de la Haute-Reine, dont il est par ailleurs question dans l'un des plus merveilleux textes de la tradition celte irlandaise, La Razzia des vaches de Cooley (ainsi Le Guillou situe-t-il d'emblée son texte dans les prémices de notre culture commune européenne). Sa décision aura une importance capitale pour l'avenir de sa nation. Nous sommes au moment du monde primordial, dans un monde rugueux et magique, un monde d'ombres et de lumières fortes, un monde alternativement violent et mystique lorsqu'il ne l'est pas tout ensemble. La décision ne se fait pas attendre : à Fern, le nouveau roi, la terre des ancêtres, les pierres, les forêts, les tourbières. Quant à Luin Gorn, c'est de la mer et du vent, des rivages et des îles éparpillées qui formeraient son domaine. La Reine le condamnait ainsi à un royaume d'errance, un royaume à conquérir lui confierait son précepteur druidique. C'est en quelque sorte cet immense et impalpable royaume qui va défiler, pages après pages, sous les yeux émerveillés tout autant qu'interloqués du lecteur. Car Luin Gorn, dont le nom va d'abord lui être interdit à prononcer, va nous embarquer du côté des terres et des rêves glacés des vaillants vikings (Le livre de glace). De là, il va découvrir l'île de Bretagne, rencontrer de bien étranges compagnons de route, croiser un fascinant cavalier à la cuirasse verte dont on devine qu'il est au commencement de cette chevalerie des romans courtois et, bien évidemment, de la geste arthurienne (le livre des Haute-Terres). On va penser le perdre un instant, puisqu'il laissera la place à l'un de ces anonymes constructeurs de cathédrales du bas moyen-âge, intellectuellement et spirituellement opposé en presque tout à l'évêque qui l'a engagé afin de parachever son chef-d'oeuvre (Le livre de la Cathédrale), au cours du passage le plus profond mais peut-être aussi le plus complexe de ce texte parfois énigmatique. On va enfin retrouver notre cavalier errant à la cour du Roi Arthur, dont on devine très vite qu'elle vit ses ultimes soubresauts, ses derniers feux puisqu'il assistera au «carnage, au combat final», à la confession de Girflet qui se refusa par trois fois aux injonctions de son Roi de rendre Excalibur à la Dame du Lac... Luin Gor va s'échapper en Armorique où il va croiser Dahut et son Ys orgueilleuse. On va le retrouver, perdu au plus profond de lui-même, en Brocéliande, auprès des Seigneurs de Comper et de Trécesson.



Pour être honnête, s'astreindre à un tel travail de résumé de cet ouvrage baroque, atypique, original n'a qu'une portée très limitée. Il y a tout d'abord l'indicible, l'inexplicable de cette langue employée par Philippe Le Guillou. Un phrasé inhabituel, infiniment poétique - ce qui rendra la lecture un peu malaisée à qui ne se laisserait prendre par ce rythme incroyable, quelque fois retors -, se déliant comme une suite infinie de vagues, de flots subitement endiablés, connaissant plus loin une trompeuse accalmie ; un style fait de courants telluriques et de brusques mouvements de surface, de clapots incessants que suit une mer d'huile après tel moment de tempête. D'ailleurs, cette image marine n'est en rien innocente car bien qu'il s'agisse ici, pour une part essentielle, d'une longue errance temporelle et principalement terrestre, c'est à une navigation au long cours que nous sommes conviés, sans répit, sans facilité putassière, sans faiblesse importune. Et sur cet océan d'éternité - à notre pitoyable échelle humaine - il nous faut sans cesse ramer, voguer, larguer amarres et certitudes, confort et raison.

Mais que serait un style s'il n'était au service d'un projet ? Et celui de Philippe Le Guillou est de vaste ampleur. En effet, non content de ceindre sous une même couronne les grands mythes de l'Europe celtique et nordique, l'arrivée de la religion nouvelle (le christianisme des premiers temps, l’érémitisme, les cathédrales, etc) et les prémices de notre grande littérature romanesque, l'auteur s'emploie à dresser une cartographie complète de ce monde enchanté, de ces imaginaires anciens mais jamais oubliés, tant ils portent d'archétypal, de fondateur et de novations en eux, que, peu ou prou, une large part de nos fantasmagories, de nos rêves, de notre socle culturel commun , de nos mémoires éclatées, parfois souffrantes mais jamais mortes, en sont les fils et les filles prodigues. Cette géographie des songes de l'homme occidental, il la traduit par un souffle épique, élégiaque, héroïque dans lequel nous pouvons tous nous retrouver, à défaut de toujours parvenir à nous y reconnaître - tant nous avons perdu les traces, les alphabets nécessaires à ces lectures qui vont au plus profond mais résistent à la parole souvent légère, vaine, futile de notre contemporanéité faite de trop d’immédiateté et de raison raisonneuse -, nous pouvons nous y laisser submerger sans y sombrer tout à fait puisque c'est une autre part de nous-même que ces Livres des guerriers d'or nous content. Surgit peu à peu une lecture dense, sans concession, qui pourra parfois sembler complexe - pour ne pas dire impossible - mais que cette langue d'une beauté lustrale, que cette respiration démesurée aux images roboratives, emplies d'une énergie vitale, immémoriale, frayant avec le divin, s'accouplant, s'abouchant dans le merveilleux avec cet humain, trop humain d'un Nietzsche résurgent, que toutes ces qualités qu'il serait vain de vouloir exprimer en quelques lignes embrasent, illuminent, attisent et rependent dans un tourbillon véritablement magique dont on sort - et nos rêves abrutis de culture marchandisé et de pensées obligatoires - à la fois exsangue et fortifié !



Laissons, pour conclure, le dernier mot à Philippe Le Guillou qui, dans une postface particulièrement éclairante, donne un peu plus de sens encore à cette oeuvre hautement inclassable : «Elle [la transmission] est dans l'Histoire, dans les paysages, dans les connexions et les passerelles du "monde d'image", dans la continuité des diseurs et des récitants, l'essence de la tradition et de la chaîne arthurienne. Elle invite à se mettre en marche, à briser les amarres de la facticité, et d'un rationalisme frileux. Dans la plus pure obédience surréaliste, elle veille, guet, attention portée au signes, profération de la seule formule qui vaille : «Qui vive ?» Elle est vigilance, irrédentisme foncier. Elle est exploration inlassable de cette part de la géographie et de l'âme humaine qui a pour nom "source des songes". Elle est silence, dormition, androgynie, éternité. Elle est dérive au fil de ce continent de brume et d'or qui va du cairn de Mève aux sanctuaires crépusculaires de Ludwig. Et si, dans la création ou dans la veille, nous voulons rester fidèle à Celui que les Bretons attendent, il nous revient en tout premier lieu d'être ses rêveurs et ses servants.»
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Le passage de l'Aulne

Morlaix, je connais bien cette ville. J’y suis né, j’y ai vécu, je compare les écrits de le guillou et mon sentiment. Dans cette ville, Je n’ai jamais eu froid. De l’église saint Mathieu, je ne me souviens que des vitraux . La vierge ouvrante, je ne m’en souviens pas. J ‘ai oublié. Il est vrai qu’elle ne m’intéressait pas. Je garde seulement en tête le minuit Chrétien. Ce n’est pas très bouddhiste. Je ne grelottais pas je jouais avec Isnard frères au Ping Pong et Julien Clerc Je chantais l’Amérique a l’époque.
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Le sel de la Bretagne

Un recueil de divers textes écrits par 36 auteurs ayant tous un lien avec la Bretagne : des souvenirs pour la plupart, des poèmes, des récits d'odeurs, de sons et d'images mais aussi sur des objets et des goûts qui la représentent !



Nul besoin de connaître la Bretagne pour être touché par ces mots qui respirent l'amour, le bien-être, l'apaisement ou l'envie d'y retourner et s'y lover ! La Bretagne me manque et j'ai plongé avec délectation dans ces récits qui pour la plupart m'ont parlé !



Ne vous attendez pas à un fil conducteur narratif, ce sont textes d'émois et de sensations personnels et n'ont pas la prétention de donner dans la littérature, uniquement celle de partager la passion pour un pays, si beau et si riche !



#Leseldelabretagne #NetGalleyFrance
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Paris intérieur

Philippe le Guillou sait rendre la vie, la vie bien souvent disparue, des anciens quartiers de Paris qu’il a arpenté, ceux où il a vécu et vit encore. Il le fait dans sa belle langue qui nous les donne à voir avec tout leur cachet, en nous en découvrant les strates anciennes mais aussi en nous présentant des figures croisées au détour des rues comme « L’errante immobile de la rue de Cléry qui l’intrigue et le fascine. Sorte de figure beckettienne, mendiante prostrée sous son habitacle putride, en plein cœur de la ville, dans le tumulte et la frénésie des gens pressés, des bobos suractifs, elle incarne tout l’inverse : l’inertie, une sorte de rêverie hébétée, le dénuement matériel face à tant d’élégance, de mise en scène, de culte de l’apparence. »



Il nous fait cadeau de lieux privilégiés où il se réfugiait, sachant y trouver chaleur amicale, vie et échange tel le bistrot "la Grappe du Montorgueil " qui avait gardé toute son authenticité mais qui était surtout un ilot protecteur où officiait une petite femme frêle, à la chevelure frisée, une sorte de fée rousse, vive, curieuse, liante qui le tenait : Dehbia, Kabyle par son père et Juive par sa mère », Debhia que ses lecteurs ont pu croiser au détour d'un de ses livres magnifiques  "Le bateau brume"



Ce livre bien trop court (c’est pourquoi je ne lui mets que trois étoiles car il a goût de trop peu) se termine par l’évocation d’un lieu magique, sa librairie, la librairie Jousseaume :

« Ma librairie reste le dernier lieu vrai et habité d’un univers que je vois, à brève échéance, colonisé par les montres de luxe et les compositions florales d’inspiration zen. Oui le livre, la tradition de la bibliophilie et des envois résistent toujours, pour combien de temps, pour longtemps j’espère… Le libraire me confie parfois ses craintes et ses agacements, de manière discrète et feutrée. Je les entends. Je les connais. Ils m’ont été délivrés dans tous ces havres et ces refuges que j’aimais tant. »

Il la quitte pour descendre vers le Palais Royal où l’attendent les fantômes de Colette et de Malraux.

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L'intimité de la rivière

DANS LA RUMEUR DES EAUX.



Il faut parfois se méfier des textes qui paraissent par trop autobiographiques : lorsqu'ils sont de prime talent, il arrive plus souvent qu'à leur tour d'être non pas seulement "quelque chose d'autre que" mais, plus inconcevable sans doute, d'être "bien plus que cela", c'est à dire que, puisant au plus loin dans la mythologie personnelle de l'auteur, ils en arrivent à définir les contours d'un moment universel et vaste. Ce bref mais dense opus dans l'oeuvre de l'écrivain finistérien Philippe le Guillou ne déroge pas à cette règle pour ainsi dire proustienne - génie incommensurable avec lequel notre breton se sent, à juste titre, quelque noble filiation -.



Aussi, plus qu'un simple - tout est relatif - Lied malhérien de souvenirs anciens, quelque émouvant fussent-ils, c'est au déroulé sensible et profond d'un morceau de musique de chambre - on songe par exemple à un trio sombrement lumineux de Brahms - dans lequel les souvenirs d'enfance entameraient une étonnante discussion avec l'adulte écrivain qu'il est devenu, le lien entre les deux se transmuant, par la magie de la rivière Faou, en une manière - matière - de récit de voyage tranquille quoi qu'inquiet de ce qu'il va retrouver, nostalgiquement paresseux - de cette paresse active des passeurs de rêves et de mots, l'otium de nos antiques - un voyage à contre-temps autant qu'à contre-courant, au propre comme au figuré.



Ne voit-on pas ainsi notre arpenteur remonter le cours tortueux de cette petite rivière ayant donné nom au village de sa naissance, le Faou, le "fagus" pour en revenir à cette source essentielle de notre langue, cette langue d'un classicisme impérieux, poétique et complexe chez le Guillou, le Hêtre donc, et, pour rattachement viscéral aux racines celtes, l'arbre de l'éloquence, de la communication avec les ancêtres, ceux avec lesquels l'auteur de l'impressionnant Livres des Guerriers d'or ne cesse d'échanger mots - cette grand-mère «sérieuse, efficace, drôle et pétillante, mais certainement pas contestataire», plus loin le grand-père maternel, un taiseux sur lui-même mais qui distillait des «récits plein de crocs et de prunelles luisantes [...] avec la virtuosité d'un conteur»- contre remembrance de temps pas forcément si lointains mais qu'il avoue ne pas avoir toujours lui-même connus.



Rapide et lente pérégrination au fil de ce courant de souvenirs d'avants divers et d'enfance, le livre s'offre aussi l'attachement des grands prédécesseurs. Ainsi le Guillou convoque-t-il comme de son compagnonnage primordial, sans fausse modestie mais sans appesantissement, l'incontournable Julien Gracq, le grand styliste devenu aussi grand chrétien Joris-Karl Huysmans, Proust bien entendu, mais encore le poète terrien Jean-loup Trassard et Patrick Grainville, autre immense prosateur, pour les plus proches de notre temps. Et l'écrivain de nous rappeler, par le biais de ces dédicaces reconnaissantes autant que par l'immersion dans l'écrit - ceux de ces autres-là, le sien -, que les mots choisis sont en eux-mêmes voyage et creusement, sillon et frondaison, rareté et connaissance, que la phrase est surface et profondeur, silence et abondance, saisissement et influx. Où le lecteur, en ravissement, raffole de se noyer.



Prégnance sensible et humble en cette dé-marche véridique, celle des églises de ce presque bout du monde, celle aussi de cette foi chrétienne pénétrante, réconfortante, évidente, dont le Guillou ne fait nul secret, sans jamais en faire quelque cheval de bataille que ce soit, que marquent ce dialogue tant avec lui-même qu'avec ces lieux aimés. Autre forme d'Église, la Nature - rivière, mer, rocs, landes, forêt -, dans ce qu'elle a de génésiaque, de plus sauvage, cardinal et précieux, semble seule à même, en de courts instants, de transsubstantier ce croyant affirmé en un païen des temps de la belle Dahu et du roi Gradlon, à retrouver les temps et le «génie» de lieux millénaires, ravivant «aussitôt les sortilèges d'un monde qui continue de vivre, fidèle aux mythes, aux rites, loin des atteintes d'une modernité ravageuse.»



L'invite est si forte, le voyage semble tellement enchanteur qu'on n'hésite pas un instant à suivre l'écrivain dans ce rassérénant voyage vers "L'intimité de la rivière". Et on fait bien !
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Colombey : L'autre colline inspirée

Je remercie chaleureusement les Éditions Salvator, l’auteur Philippe Le Guillou, ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !



Philippe Le Guillou nous envoûte avec son « Colombey. L’autre Colline inspirée » en cette année 2020 où l’on célèbre notamment les 80 ans de l’appel du 18 juin 1940 et les 50 ans de la mort du Général le 9 novembre 1970. Le titre fait écho à « La Colline inspirée », un roman historique de Maurice Barrès publié en 1913 et qui débutait par la célèbre phrase : « Il est des lieux où souffle l’esprit ». Philippe Le Guillou est un romancier et essayiste, lauréat du prix Médicis en 1997, il est également l’auteur de nombreux ouvrages, parus notamment chez Gallimard. Son essai « La pierre et le vent » (Tallandier, 2019) a reçu le prix Témoins de Lumière. A l’image d’un Jean Paul Kauffmann arpentant l’île de Sainte Hélène en souvenir de Napoléon Bonaparte, Philippe Le Guillou chemine à Colombey, à la Boisserie, l’antre gaullienne en nous décrivant avec passion les différents lieux du village et de la propriété. C’est un De Gaulle intime que nous découvrons là. De Gaulle alors lieutenant-colonel se porte acquéreur d’une maison de campagne en 1934, à quelques encablures de la frontière stratégique, aux limites de la Lorraine, tout près des célèbres évêchés de Toul, de Metz et de Verdun. C’est là qu’il passera « La traversée du désert », temps de solitude et d’écriture de ses mémoires de guerre. C’est aussi là qu’il perdra sa fille adorée en 1948, atteinte de déficience mentale, Anne qu’il aimait complimenter sur ses vêtements, sa tragédie personnelle et sa blessure la plus intime. L’écriture de Philippe Le Guillou est pleine de beauté et de lyrisme. 12 ans d’attente pour De Gaulle avant le retour. C’est à La Boisserie à Colombey que l’Histoire, la grande histoire s’écrit. Il y a l’appel du 15 mai 1958 depuis Colombey, alors que la révolte gronde à Alger où s’est constitué un comité de salut public. De Gaulle écrit ainsi dans son Appel : « Devant les épreuves qui montent de nouveau vers le pays, qu’il sache que je me tiens prêt à assurer les pouvoirs de la République. » C’est cette même année, les 14 et 15 septembre 1958 que le Général reçoit à la Boisserie le chancelier allemand Adenauer. C’est le premier acte de la réconciliation avec l’Allemagne. L’auteur nous fais visiter et mesurer la dimension quasi spirituelle de ce lieu tout au long de la vie du Général. Quand vient l’heure de retraite politique en 1969, c’est à Colombey qu’il passe, dans cette Champagne humide, ses derniers mois avant sa mort le 9 novembre 1970. Il est enterré le 12 novembre. Le récit de sa mort, de ses derniers instants sont poignants. L’auteur raconte la dernière rencontre entre André Malraux et le Général le 11 décembre 1969. Il nous décrit avec talent l’Église et le cimetière, la tombe simple dans un cimetière banal d’un géant de l’histoire. Il y a cette phrase de Chateaubriand : « Il faut de grands tombeaux aux petits hommes et de petits tombeaux aux grands. » Philippe Le Guillou conclut de façon magnifique : « Aventure et destin sont des mots de ce lointain et vieux monde. Je les chéris plus que tout, autant que j’aime De Gaulle. » Un récit poignant mais sans emphase, les mots de Philippe Le Guillou résonnent longtemps dans notre esprit, c’est une lecture spirituelle en quête de ce qui a fait et constitue encore l’âme de ce lieu. A méditer pour s’imprégner de ces lieux chargés d’histoire.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Le dieu noir

Dans le Pont des Anges qui vient de paraître, Clément XV, successeur de Miltiade II le pape noir qui est monté sur le trône de Saint Pierre au début du XXIème siècle, fait un voyage en Afrique qu’il termine au Zaïre, à Kingshasa d’où était originaire Léopold Hédor Dagotta, primat du Zaïre, devenu Miltiade II. Il fait un beau portrait de son prédécesseur, dont le pontificat fait l'objet du «dieu noir», auquel il rend hommage avant d’annoncer son élévation au titre de bienheureux :

«Le grand pape tiaré que ses ennemis caricaturaient comme une idole lointaine et monstrueuse était un homme priant, fragile, avec sa sensibilité et ses faiblesses. J’ai pleuré en voyant les ravages de ceux qui voulaient détruire Rome pour mieux le chasser, sans doute parce que certains, ici, le trouvaient trop loin de vous, comme un renégat qui tournait le dos à sa terre et à ses idéaux, tandis que d’autres en Europe ne pouvaient admettre que le siège romain leur eût échappé et n’aspiraient qu’à le voir retomber dans leur escarcelle, eux qui avaient eu déjà trop longtemps les rênes.» p 324 du Pont des Anges

L’ambiance du «dieu noir» est apocalyptique, le terrorisme gagne. La planète entière est soumise aux secousses et convulsions d’un monde en révolution, chaotique. Miltiade II, le pape noir, rêve de concilier l’inconciliable, les pauvres en révolte et les possédants qui veulent préserver leur monde qui risque de voler en éclat.

Léopold Hédor Dagotta encore patriarche du Zaïre songe « Aujourd’hui je vois le monde comme une multitude de lambeaux errants, tous détenteurs d’une fraction de vérité. Hostie tentaculaire et morcelée. Il conviendrait de se souvenir un seul instant du sacrifice du Fils de l’Homme au jardin d’agonie. J’attends la réunification de l’Eglise autour de sa source, la racine de Jessé, le tronc de l’Arbre du Salut. Mon Eglise est celle du mystère, du miracle et de la jubilation.» p 33

Devenu le pape Miltiade II, il rêve de totalité, d’unifier, fédérer : «Je veux coudre, rentoiler les continents, je veux rétablir le monde dans sa plénitude insulaire, sa compacité originelle.» écrit-il dans son journal p 172


Son rêve sera broyé par ses pairs au sein de l’Eglise et par les foules qui le rejettent. Dans ce Vatican où il se trouve enfermé il note : « La beauté ici est veuve, stérile, apanage de momie. Je vis parmi les spectres. Il me faut rompre, trancher, partir. J’habite le nom d’un mort.»


Philippe Le Guillou sait faire jaillir de la fange même des images fortes dans un langage hallucinatoire. Il le fait grâce à une écriture baroque, mélange de boue et d’or, de décomposition et résurrection. Les phrases sont généreuses et somptueuses comme les ors et les richesses du Vatican, pleines d’un accent visionnaire soutenu par l’abondance des énumérations et des mots précis et choisis.

Il est peut-être inspiré par Miltiade dont il dit page 237 « Africain, il avait le goût des mots. Pour leur masse, leurs sonorités. Les mots pour lui était substance avant d’être idée. Pâte, limon à fouiller. Chair entre douleur et mémoire. Entre néant et souffle.»

J’avais mis 3 à ce livre que je comparais trop à celui qui vient de paraître «Le Pont des Anges» mais en essayant de traduire son contenu je les mets au même niveau 4 car tout en différant ils s’inscrivent dans une continuité et les papes, Miltiade II et Clément XV qui lui succède, sont tous les deux passionnants à suivre dans leur complexité et leur humanité ainsi que leur entourage.

Merci à Dominique «ivre de livres» qui par sa chronique du «Pont des Anges» m’a permis de découvrir Philippe Le Guillou et de lire deux livres aussi passionnants l’un que l’autre.

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L'escalier des brumes

Je tiens à remercier Babelio et les Editions Dialogues pour ce magnifique ouvrage « L'escalier des brumes » de Philippe le Guillou, avec les illustrations tout aussi belles de Philippe Kerarvran. Et je remercie bien sûr la librairie Dialogues à Brest sans qui tout ça ne serait pas…

Cette critique ne sera pas tout à fait objective (mais peut-on l'être vraiment lorsqu'on parle des émotions que procurent des oeuvres ?). Ayant déjà lu et plus qu'apprécié plusieurs romans de le Guillou (« le bateau brume », « Fleur de tempête », « Les 7 noms du peintre »- prix Médicis en 1997, etc.) j'éprouve une certaine admiration pour l'écriture de cet auteur et pour sa culture (artistique, historique, etc.) indéniable.

Cette critique ne sera pas d'autant plus objective car je suis originaire de la région de l'auteur, le Finistère, cette région froide et pluvieuse ( :) ), truffée de légendes, de fées, de lutins, de tempêtes et de beauté sauvage. Je suis de cette région dans laquelle je ne peux m'empêcher de retourner au moins une fois par an pour aller voir ma famille, aller marcher les pieds nus sur le sable fin, pas loin du phare, écouter le bruit des vagues et regarder la mer pendant des heures. C'est là-bas que je me ressource.

Cette oeuvre parle de cet amour pour cette région et particulièrement pour Brest. Par un format en petit carnet au papier épais tel ceux des papiers à dessins pour artistes peintres, le Guillou raconte dans de petits textes ses souvenirs, sa première rencontre avec la ville en tant que professeur de lettres (lui qui est originaire du Faou), les personnes chères à son coeur. Il parle d'un lieu, de rues, d'un artiste ou encore de sa meilleure amie Hélène disparue (celle qu'il nous a fait connaître avec tant d'émotions dans « Fleurs de tempête »). Parfois, pour certains textes, nous découvrons le dessin (à l'aquarelle ?) de Philippe Kerarvran qui renforce la beauté du texte. Brest n'est pas reconnue pour sa beauté, mais elle porte fièrement l'âme et le coeur de ses habitants.

A chaque page, j'étais moi-même replongée dans mes propres souvenirs. J'ai souri de nostalgie à ces lieux qui parlaient de mon enfance, de ces endroits que j'aimais moi aussi et que je ne pouvais raconter aussi bien. La rue de Siam, la librairie Dialogues bien sûr, les bars comme « Les quatre vents », la rade, les marins, et puis tous ces villages aux alentours, tous ces petits chemins qui nous amènent toujours à la mer, à la liberté, à de grandes émotions proches du bonheur.

Comme d'habitude, Philippe le Guillou à cette capacité de m'emporter par ses phrases très littéraires, presque précieuses. J'aime sa rigueur pour le choix des mots. J'aime qu'il me détaille des endroits avec toute sa culture, qu'il me fasse découvrir des auteurs, des artistes, qu'il fasse référence à ces oeuvres qu'il admire, qu'il fasse passer tant d'émotions et d'amour pour eux dans ses textes.

Il y a toujours une ambiance particulière dans les oeuvres de cet auteur. J'ai l'impression d'être dans la bibliothèque d'une vieille maison du XIXème, installée confortablement dans un fauteuil voltaire, entourée de centaines et de centaines de livres classiques, ces oeuvres indispensables, aussi vitales que l'air. Et moi, je serais là à écouter, charmée, un grand oncle érudit (je le vois bien avec une grande barbe blanche) me parler pendant des heures, de sa voix à la fois grave et douce, tantôt avec gravité ou gaité, de ses rencontres, de ses voyages, de ses lectures, de ses amours.

Avec le Guillou, j'ai l'impression d'être plongée dans un lieu où on ne parle que de la beauté des choses. Si je ne me sens pas toujours proche de lui (de par sa croyance religieuse ou encore par ses préférences politiques), pourtant, son amour pour la littérature mais aussi pour la nature et la peinture est largement suffisant pour me faire apprécier cet homme, son élégance (moi qui suis loin de l'être toujours) et en être impressionnée.

Cette fois encore il m'a rendue curieuse : je suis allée regarder les oeuvres de l'artiste Pierre Péron, la bio d'Alain Robbe-Grillet ou de Pierre Mac Orlan, redécouvrir La Vierge de Penmarc'h de Lévy-Dhurmer et bien entendu rechercher plus d'informations sur le film Remorques (de J. Grémillon en 1941 avec notamment Jacques Prévert comme scénariste) dans lequel ont joué Jean Gabin et Michèle Morgan. Gabin descendra ce fameux « escalier des brumes » du cours Dajot.

Si vous passez un jour par hasard par Brest, juste après une courte ondée, et que le soleil donne une couleur si particulière au ciel et à la mer, avec tous ces petits cristaux sur les vagues, après avoir pris un café dans un bar en souriant aux cris des mouettes ou à l'accent des bretons, allez découvrir la librairie Dialogues, allez vous y enchanter, vous y émerveiller et avoir plein d'autres sourires, pourquoi pas en emportant avec vous un roman de Philippe le Guillou.

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D'Armor en Argoat

Je mes suis accrochée à la falaise du mieux que j'ai pu en lisant les jolis mots érudits de l'auteur, mais mes pieds ont dérapé sur un tas d'algues quand j'ai voulu remonter la pente. Heureusement il n'y avait pas de tempête, et la température de l'eau était tout à fait raisonnable pour une trempette bretonne.



Philippe Le Guillou connaît à fond les légendes et tous les mystères de la Bretagne, mais j'aurais préféré des mots plus simples, plus sauvages, plus bouillonnants, plus iodés, pour la décrire .



Les illustrations de Mathieu Dorval sont lumineuseses, on sent le tumulte et la force des éléments. Je n'ai pas toujours compris de quel lieu il s'agissait, avant de me référer à la légende. Cela n'enlève rien au talent du peintre. C'est bien aussi d'imaginer autre chose, de s'évader au-delà.



Un beau petit livre qui fleure bon la Bretagne, même si je ne suis pas à la hauteur pour partir en balade avec les mots de l'auteur.
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D'Armor en Argoat

Merci à Babelio et aux éditions dialogues de faire connaître, lors du dernier Masse critique, ce livre d'errances sur la Bretagne mis en prose poétique par Philippe Le Guillou et illustré de peintures instantanées par Matthieu Dorval.



J'ai apprécié parfois le côté un peu sombre et peut-être tourmenté des promenades solitaires de Philippe Le Guillou.



Il connaît les légendes bretonnes, sait ce que semble dire les vieilles pierres des enclos paroissiaux et parvient à nous faire entendre la source qui trille parmi les rochers de Huelgoat ou l'océan qui dévaste les côtes déchiquetées.



Si on ajoute les Mont d'Arrée et Brocéliande le guide aura parachevé son programme tel le promoteur désireux de faire découvrir la géographie, il est vrai très variée, de la Bretagne.



Tout aurait pu me plaire s'il n'y avait pas, la distance que met l'écrivain avec son lecteur. C'est une écriture qui quand elle n'est pas incarnée par le “je” de son auteur peut refroidir. Les descriptions sont d'un grand lyrisme et ses balades m'ont perdu souvent. Mais il manque un liant et l'emphase a tendance à me faire fuir.



Si vous aimez une Bretagne figée dans ses traditions “arthurienne et chrétienne”, c'est le livre adéquat. Etant Finistérien, je ne me limiterais pas à cette définition étriquée. Il y manquerait un élément plus actuel et surtout moins religieux.



Toutefois il reste tout de même quelques phrases qui touchent leur but et des peintures qui accrochent le regard un bon moment.
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Le dernier veilleur de Bretagne

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Novembre

Un récit (un de plus) pour dire le décès du père et remonter le cours d'une vie.

Cette mort elle a eu lieu un 13 novembre 2015. La France était secouée par un drame qui nous envahit encore d'horreurs.

Dans le secret de son bureau Phillipe Le Guillou a en un mois raconté son histoire ( père et fils) et celle d'une France un peu hagarde mais aussi d'une France d'une autre époque.

Un récit qui nous plonge dans nos racines, dans une région ( la Bretagne ) pour dire la conclusion d'une vie bien remplie. Joli portrait écrit d'une plume très littéraire ( il y a du Julien Gracq dans cet auteur) et sensible.

Intéressant et émouvant. j'ai aimé découvrir cet auteur par ce livre.
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Les années insulaires

Un livre documentaire sur les années "Pompidou" le modernisme (pas toujours heureux !) Les relations entre le peintre Kerros et le Président;

J'ai lu environ 60 pages et j'ai laissé tomber, je m'ennuyais. Si ce genre de sujet m'intéresse, c'est sous forme de rubrique journalistique et non pas d'un livre de plus de 300 pages. Je le qualifierais de soporifique.
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Fleurs de tempête

J’ai voulu lire quelques pages de ce livre sans penser le lire immédiatement, juste pour voir, comme je le fais lorsque m’arrive un nouveau livre et puis je l’ai lu cette nuit d’une traite et l’ai fini en larmes.

Hélène est une femme inoubliable pour son ami Philippe Le Guillou qui sait par cette belle et bouleversante évocation de leur étroite connivence de 20 années nous la rendre vivante attachante et proche. Elle est une fleur de tempête, une fleur de vent et d’embrun, forte et fragile. L’autre fleur de tempête est sa petite fille Marie qui est née en novembre et qu’elle avait surnommée ainsi. 
«Cette nuit de novembre les vents d’Ouessant et de Molène s’étaient levés, les laminaires dorées avaient surgi des sédiments enfouis de la ville d’Ys, les rafales soufflaient à Camaret dans les ruines du Magnifique, la tempête qui avait tant manqué à Hélène toutes ces nuits où elle avait dormi dans son antre voluptueux de la cité Bergère (à Paris) saluait la naissance de la toute belle, l’immaculée --- la fleur des vents.» p 97 98

Hélène a désiré que ses cendres s’en aillent à «la grâce du vent et des flots» et je trouve que cela lui correspond parfaitement.
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