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Critiques de Serge Lehman (504)
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

J’aime le style graphique de Frederik Peeters, aux couleurs intenses et vives, noirs tranchants, il renforce l’inquiétude et la violence du récit du scénariste. De son côté, Serge Lehman nous entraîne dans une ambiance trouble et malsaine, très violente. On est dans un village de montagne, une entreprise d'embouteillage d’eau minérale semble la principale économie du pays, dirigée par une famille mafieuse. Un homme enquête sur la disparition d’un individu, une petite fille en captivité est libérée par le membre d’une équipe mafieuse, et autour de tout ça règne une ambiance étrange, des grenouilles grouillent partout, la petite fille enlevée dessine des signes bizarres. Tout semble plausible, pourtant, et connaissant les auteurs, on attend le moment où ça va déraper.

Beau suspense, beau graphisme, et une ambiance vraiment tendue, ce premier tome envoie de bons arguments pour prolonger avec cette série.
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L'Homme gribouillé

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc avec des nuances de gris, dont la première édition date de 2018. Elle a été réalisée par Serge Lehman pour le scénario, et Frederik Peeters les dessins et les nuances de gris.



En 2015, il pleut sans cesse sur Paris en cet hiver. Betty Couvreur est allée boire un verre dans un bar pour se détendre, et un homme l'aborde : il commence à la draguer. Elle se retrouve vite importunée et l'énervement monte. Après avoir contemplé l'idée de faire mine, elle finit son verre d'un coup, prend son téléphone et écrit un message : lâche-moi où je t'éclate ! Elle rentre à pied chez sa mère, bien protégée de la pluie dans ses bottes et son imperméable. Elle remarque une grenouille dans un coin et s'arrête pour l'observer, pensant à un prince charmant. Elle parvient en bas de l'immeuble, monte et rentre dans l'appartement. Elle croise fille Clara qui lui fait une bise et reprend son activité sur son téléphone, puis sa mère Maud qui lui fait aussi la bise. Il est temps de passer à table car visiblement Betty a déjà pris son apéritif. Elles dînent à quatre : Betty, sa fille Clara, sa mère Maud, et Jasmine une amie de Maud. À la fin du repas, Betty s'en grille une. Puis Jasmine l'emmène en voiture voir le magicien Paul. Celui-ci est disponible : il descend de chez lui comme s'il allait promener son chien. Ce dernier monte sur le siège passager de la voiture de Jasmine, Paul monte à l'arrière et endort Betty pour la détendre, avec des gestes des mains. Elle perd conscience, éprouve l'impression de voir un squelette d'homme oiseau bondir vers elle. Elle se réveille d'un coup et elle a recouvré l'usage de sa voix. Elle remercie Paul qui rentre chez lui, et Jasmine raccompagne Betty chez elle en voiture, toujours sous la pluie qui n'a pas cessé de tomber.



Betty rentre chez elle, se met dans une tenue plus décontractée et se fume un petit joint. Le chat Baël vient dans la cuisine en miaulant avec insistance et en faisant le dos rond : il veut être nourri. C'est le chat des voisins dont elle s'occupe pendant leur absence. Il ne manifeste aucun signe de reconnaissance et se montre même agressif vis-à-vis d'elle. Dehors la pluie continue de tomber. Clara a dormi chez sa grand-mère en attendant que sa mère fasse faire des travaux dans sa chambre. Le lendemain, elle est réveillée par un coup de sonnette. Elle va ouvrir : Max Corbeau, un individu étrange se tient sur le pas de la porte, avec un feutre mou, un masque blanc à long nez sur le visage, et un manteau avec un col de plumes. Il demande si Maud est là. Il explique qu'il avait rendez-vous avec elle au square René Le Gall et qu'elle n'est pas venue. Clara lui demande de rester sur le pas de la porte et elle va réveiller sa grand-mère. Celle-ci ne réagit pas : elle est sans connaissance. Max Corbeau en a profité pour entrer dans l'appartement et fouille dans les commodes à la recherche d'un paquet que devait lui apporter Maud. Clara appelle Jasmine pour savoir quoi faire. Max Corbeau s'en prend à elle et la somme de lui apporter le paquet le vendredi suivant au square René Le Gall. Il finit par partir en laissant 2 plumes et une note avec le rendez-vous.



Le début de cette histoire installe un sentiment d'étrangeté avec cette pluie incessante, et visiblement très intense, puisque des stations de métro sont inondés, et il faut un agent municipal pour aider à évacuer l'eau de la voirie (page 78). Ce sentiment d'étrangeté est renforcé par une multitude de détails : la grenouille en plein Paris, l'extinction de voix de Betty, la méthode de guérison par le magicien Paul, les 2 dessins en pleine page d'un squelette d'homme oiseau, l'irruption de Max Corbeau avec son étrange accoutrement, le coma soudain de Maud Couvreur. Le sentiment d'étrangeté est encore accru par le dessin très pragmatique et descriptif : c'est vraiment comme ça. L'artiste montre les choses comme étant normales : une vraie grenouille sur une borne trempée, de l'eau que les bouches d'égout n'avalent pas assez vite, un monsieur sans gêne qui profite d'une porte ouverte, etc. Il allie un trait qui semble un peu lâché, un peu sur le vif, avec une densité de description très impressionnante. Par exemple, la page 34 comprend deux cases. La première montre l'étage supérieur d'un immeuble haussmannien dans Paris, avec une conformité avec la réalité : la forme des fenêtres, l'étroit balcon qui court tout du long avec sa rambarde en fer forgé, les encorbellements et les embellissements. La seconde montre Clara endormie sur son lit, la couette à moitié enroulée, les peluches, les posters, le livre par terre, la batte de baseball posée contre le lit, le téléphone portable avec les écouteurs à l'extrémité du lit, etc. Dans les 2 cases, le lecteur peut faire le choix d'y jeter un simple coup d'œil pour en retirer l'information globale, ou il peut s'attarder sur ce qui est représenté pour en savourer tous les détails.



Frederik Peeters s'avère aussi impressionnant pour insuffler de la vie dans les personnages, que pour représenter les moments ordinaires, et les événements extraordinaires. Comme pour les décors, le dessinateur donne l'impression de croquer rapidement ses personnages à grand traits pour les coiffures, les traits du visage, les vêtements, avec quelques touches de noir pour quelques plis, quelques ombres, et des zones de gris pour rehausser les reliefs, rendre compte de l'ambiance lumineuse. Le lecteur apprécie l'expressivité de chaque individu, une direction d'acteurs naturaliste, sans exagération dramatique ou autre, sans tomber dans la fadeur. Il remarque l'aisance avec laquelle un individu apparaît comme étrange : les longs doigts (6 à chaque main) de Pierre Inféri, la posture un peu voûtée de Max Corbeau, la retenue rigide de Salomon Lévy, etc. Il n'est pas près d'oublier les mains baladeuses d'Inféri, la nonchalance du responsable de la station-service, ou encore la désinvolture de Gwendolyne son employée de haute taille. Il se rend compte du degré de coordination entre scénariste et dessinateur lors des scènes de dialogue : ils ne se contentent jamais d'une alternance de champ et de contrechamp, les personnages ayant toujours une activité, le cadrage s'adaptant également au rythme de la conversation, aux émotions. Lorsqu'on y prête attention, c'est très impressionnant car même quand les interlocuteurs sont statiques, assis autour d'une table, la narration visuelle apporte des informations supplémentaires, et pas uniquement sur leurs états d'esprit successifs.



En tant que chef décorateur, l'artiste en impose tout autant. Lors des différentes scènes se déroulant à Paris, les décors en montrent les éléments caractéristiques de manière organique dans les décors, les arrière-plans, les aménagements : les façades des immeubles parisiens, l'agencement des pièces de l'appartement de Maud Couvreur et son ameublement, un pont reconnaissable au-dessus de la Seine, plusieurs vues des toits parisiens dont une avec la butte Montmartre (page 55), les escaliers d'une des entrée du square René Le Gall dans le treizième arrondissement de Paris, la Fondation Louis Vuitton, ou encore les alentours de la petite commune de La Roche-Maugris, hameau du Doubs, à 5km de Montbéliard, dans le Doubs en région Bourgogne-Franche-Comté. À chaque fois, le lecteur peut se projeter dans le lieu, éprouver la sensation qu'il existe au-delà des bordures de la case, aussi bien dans le bureau étroit de Betty aux éditions du Saule, que dans la crypte du couvent Sainte Odile. Il est tout autant sous le charme de la fluidité de la narration lors des séquences d'action : l'aquaplanage de la voiture de Betty, les 8 pages d'affrontement physique dans le square René Le Gall, ou encore les 24 pages de combat dans et aux alentours du couvent Sainte Odile. S'il a encore un doute, il lui suffit de relire les pages 132 à 141, dépourvues de tout texte, pour prendre conscience de la dextérité de Peeters à raconter l'histoire par les dessins.



Le lecteur se retrouve donc entièrement embarqué dans cette enquête, avec de nombreux éléments étranges mais pas impossibles et cet individu bizarrement accoutré et menaçant qu'est Max Corbeau. Il relève les phénomènes étranges au fur et à mesure des séquences : la pluie incessante, la grenouille, le magicien, l'homme corbeau et les 2 plumes qu'il laisse à chacune de ses apparitions, le dessin de l'homme gribouillé, deux visions oniriques de Betty, une mention cryptique au Bureau des Traversants, l'homme aux six doigts et ses oiseaux mécaniques, le comportement agressif des animaux vis-à-vis de Betty, la mention de Philippe un inspecteur de police ami de Betty, une affaire qui se déroule durant la seconde guerre mondiale, etc. Il ressent vaguement les événements qui font penser à un conte, ou à une histoire fantastique : le temps détraqué, certains comportements des animaux. Mais dans le même temps, le récit est nourri par des situations très concrètes qui vont d'un pneu crevé à une histoire de famille, et un AVC. Mis à part Max Corbeau, tous les autres éléments relèvent de la réalité plausible. Par ailleurs, passé un bref moment d'incrédulité, Betty Couvreur et sa fille Clara ne s'émeuvent pas plus que ça des éléments fantastiques, les acceptant en l'état, sans s'offusquer de l'existence dudit fantastique. Du coup, le lecteur en fait de même, ce qui l'amène à ne pas trop se préoccuper des phénomènes étranges qui s'accumulent. Pris comme ça, le récit perd e son intensité dramatique malgré la narration visuelle élégante et virtuose : après tout prenons les choses comme elles viennent sans trop d'étonnement puisque tout est possible.



Il est aussi possible de considérer autrement cette accumulation de phénomènes étranges. Sans chercher à les interpréter, ni à leur donner une valeur en fonction de la réaction de Betty Couvreur, ou de son absence de réaction, le lecteur considère leur nature, et les champs auxquels ils appartiennent. Le scénariste nourrit son récit d'éléments romanesques empruntés pour quelques-uns aux mythes et légendes (ce parfum de conte, une référence en passant à Prométhée se faisant dévorer le foie par un aigle) et pour d'autres aux conventions de genres littéraires comme le polar ou la saga familiale. Le lecteur se voit en train de relever chaque élément étrange pour lui donner un sens, dès la pluie incessante et la grenouille. Betty Couvreur appelle à plusieurs reprises un inspecteur de police de sa connaissance (prénommé Philippe) qui ne répond pas à ses coups de fil. Le scénariste est-il en train de préparer l'arrivée providentielle et inattendue de Philippe dans une séquence à venir ? La raison pour laquelle il ne répond pas est-elle liée à l'homme corbeau ou aux Bureaux des Traversants ? Il est impossible résister à la tentation d'identifier des schémas, de faire des hypothèses sur des liens de cause à effet, de tenter d'anticiper un rebondissement de l'intrigue. Alors le mystère et l'étrangeté deviennent plus important que l'intrigue en elle-même, car elle est racontée avec verve et conviction. Il est également possible d'envisager le récit sous l'angle de la mise en abîme. Maud et Clara ont le don de raconter et de captiver leur auditoire, mais Betty perd régulièrement l'usage de la parole. Difficile de se retenir d'y voir des avatars des créateurs-auteurs de cette bande dessinée, Lehman ayant indiqué qu'il avait aussi connu une période de plusieurs années durant lesquelles il avait cessé d'écrire (de s'exprimer = il avait perdu sa voix d'auteur) faute d'inspiration. Il est également très tentant de considérer les 3 générations de Couvreur (Maud, Betty, Clara) comme une cellule familiale vivant sans présence masculine.



Dès la première page, le lecteur est happé dans le récit aux côtés de Betty Couvreur par des dessins très expressifs, très vivants, très détaillés tout en fournissant une lecture rapide. Il est aux aguets dans cette enquête se déroulant dans un environnement où surviennent des phénomènes plausibles mais inhabituels. Il se laisse porter par la richesse de la narration tant visuelle que pour l'intrigue. Son ressenti final dépend fortement de la manière dont il considère le récit, sous un seul angle de vue pour l'intrigue, pour le fantastique, pour l'histoire de famille, ou sous l'ensemble de ces angles de vue.
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L'Homme gribouillé

Waouh... un coup de coeur ! Histoire de mystere(s) concernant une famille de femmes qui débute comme un thriller et se termine dans le fantastique. Personnages feminins attachants (et réalistes dans leurs attitudes) qui ont du caractère... Graphisme (en N&B) original et sublime... avec des paysages (p.140-141) qui m’ont fait frissonner, tellement ils m’ont rappelé ce qu’on peut réellement observer/voir dans le Doubs. J’en redemande !
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Sept, tome 17 : Sept Mages

Voici un tome de la série Sept qui m'a beaucoup plu. L'intrigue est intéressante : sept mages doivent s'unir pour sauver un royaume. Tous les éléments y sont représentés et personnifiés par des personnages aux caractères bien distincts. Un happy end avec en prime une petite leçon de vie. Y'a des planches vraiment belles. Bref, un bel album à lire pour se changer les idées entre deux lectures plus substantielles.
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Saint-Elme, tome 2 : L'avenir de la famille

Ce commentaire vaut pour les tomes 1 et 2, en signalant que je ne lirai sûrement pas les autres.

Je n'ai pas aimé les dessins dont j'ai trouvé les couleurs trop agressives.

Quant à l'histoire, violente, j'avoue n'avoir pas compris grand-chose et même rien du tout. Il est vrai que je n'ai pas vraiment cherché...

Quant au fantastique...

Oui, pléthore de grenouilles, quelqu'un qui parle à un fauteuil vide, la pluie qui tombe ou s'arrête sur demande...

Rien de transcendant.
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

Dans un lieu reculé, de louches individus semblent travailler à un trafic pas très légal. Et puis...



Un début étrange, rien ne nous ai donné comme piste. On passe de cette intro à une riche famille ainsi que dans les pas d'un détective à la recherche d'un fugueur.

Les événements s'enchaînent sans lien apparent. Le dessin n'aide pas à s'immerger dans le récit. C'est rouge, violet, bleu, c'est sale et glauque. Je me demande sur quoi je suis tombé.

Mais je suis intrigué. Alors une page de plus et une autre jusqu'à ce que tous les fils se rejoignent, la compréhension se fait. Et nous sommes face à un bon thriller. Qu'une envie, lire jusqu'à la fin qui arrive bien entendu trop rapidement. Et au final, le dessin s'accorde parfaitement à l'intrigue.



Tome 1 oblige, tout s'arrête au pire moment. J'ai lu que le tome deux sortait fin janvier 2022. Par contre je n'ai vu nulle part une indication sur le nombre de tomes totales...
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée



"If frogs had side pockets, they'd carry hand guns"

Dan Rather



Je ne sais pas vous mais moi j'aime humer les livres.

L'odeur de la BD neuve qu'on est le premier à ouvrir avec la reliure qui craque et les pages un peu raides sont pour moi un pur plaisir.



Et dans ce bonheur olfactif, on plonge dans un univers au beau jeu de couleurs bleu, rouge, violet. Pas forcément très lisible, j'ai dû faire quelques retours en arrière pour bien comprendre ce que me montraient les premières cases.

Et puis il fait jour, et on se prend au trait, à l'intrigue de ce polar dont on semble parachuté au milieu d'un beau bazar. En quête. Je me suis mise à chercher des indices (moi j'ai vu Terry Pratchett en page 29) en observant ces phénomènes plus ou moins étranges. Ce premier tome pose les bases de ce qui sera révélé plus tard, j'espère. Oui parce qu'il n'est peut-être pas encore sorti que j'ai envie de lire la suite. Après tout l'aperçu était chouette et aguicheur et il est passé trop vite.



[Masse Critique]
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Metropolis, tome 1

Premier volume de la série Metropolis, cette histoire se déroule dans les années 30 sous forme d'utopie.

La première guerre mondiale n'as pas eu lieu, nous suivons un inspecteur de police atypique lors d'une enquête sur un attentat comis à Metropolis, ville utopique sans pays, regroupant les citoyens se disant libre et européen. Ce policier est lui le "citoyen" N°1 de la ville.



L'intrigue est riche et très travaillé même si les dessins sont assez classique, on y croise des figures connues tel que Winston Churchill ou Sigmund Freud (qui lui a un rôle important dans cette histoire) et on entend parler aussi de personnalités tel que Stephan Zweig et d'autres.



J'ai vraiment bien aimé !
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L'homme truqué

Ce tome comprend une histoire complète qui se rattache à l'environnement appelé Hypermonde, développé par Serge Lehman, voir La Brigade chimérique. Il contient un récit en 62 pages de bande dessinée, initialement paru en 2013, écrit par Serge Lehman, et dessiné par Gess. Il met en scène l'homme truqué, un personnage créé en 1921 par l'écrivain Maurice Renard (1875-1939), dans le roman du même nom L'Homme truqué.



La première séquence se déroule le 27 mai 1918, lors de la bataille du Chemin des Dames, alors que le capitaine Jean Lebris de l'Armée Française essaye d'échapper à la mitraille. Il se réveille quelques temps plus tard dans un hôpital en ayant perdu la vue.



Le 11 janvier 1919, la professeure Marie Curie installe son institut du radium au pied de la montagne saint Geneviève à Paris. Elle y reçoit la visite de Léo Saint-Clair, alias le Nyctalope (voir L'Œil de la nuit). Il lui raconte que depuis quelques temps rôde au Nord de Paris, un voleur avec une tête de fer que la populace a affublé du nom de l'Homme truqué. Il la sollicite pour qu'elle l'aide à l'arrêter.



Dans la page précédent le début de l'histoire, Serge Lehman indique que ce récit constitue une adaptation libre du roman de Maurice Renard. De fait le lecteur peut identifier d'autres références au cours de sa lecture. Une colonne Morris porte l'affiche du film Les Vampires de Louis Feuillade. Maurice Renard apparaît et joue un rôle de premier plan dans le récit. La dernière scène intègre un individu nommé Gyula Halász, un futur grand photographe parisien. Il apparaît également un journaliste américain un peu insistant du nom d'Harold Hersey, où là il sera nécessaire d'aller se renseigner dans une encyclopédie pour savoir de qui il s'agit (auteur entre autres d'une biographie de Margaret Sanger). D'un côté, Lehman met en avant toutes ces références (sauf peut-être l'affiche de film) pour être sûr que le lecteur ne puisse pas les rater. De l'autre côté, ne pas les connaître produit un agacement passager (du fait de leur mise en avant), mais cela ne nuit pas à la compréhension de l'intrigue.



Le scénariste raconte son histoire à sa manière, à sa guise. Il incorpore quelques illustrations pleine page (souvent une une de journal ou de magazine), mais pas à intervalle régulier. Il y a plusieurs scènes d'action qui elles aussi interviennent sans souci de régularité, ni pour scander un rythme particulier. Si le titre de l'histoire le met en avant, il faut attendre la page 25 pour que l'homme truqué intègre les personnages principaux.



Serge Lehman prend le temps d'installer un premier mystère concernant l'identité de cet homme masqué et de ses capacités, ce qui, dans cette première partie, fait de Marie Curie et de Léo Saint-Clair les personnages principaux, sans que leur caractère ne soit très développé. Le centre d'intérêt de la narration porte plus sur cette chasse à l'homme, qui permet d'exposer les particularités de cet Hypermonde. Il s'agit d'une forme de rétro-futurisme dans lequel la science a connu un essor plus important que dans le nôtre (à la même époque) grâce à des recherches sur le radium, un sous-genre que l'on peut qualifier de radiumpunk comme le dit l'auteur (plutôt que du steampunk, une autre forme de rétro-futurisme basé sur les machines à vapeur).



Une fois l'homme truqué entre de bonnes mains, l'histoire se développe alors dans une autre direction, avec un ennemi invisible. À nouveau l'intrigue permet d'exposer les capacités de l'homme truqué. Cette histoire développe donc essentiellement une intrigue en 2 parties, ainsi qu'un rétro-futurisme original.



Pour donner corps à cette fantaisie historique, Serge Lehman a recruté le dessinateur Gess, qui avait déjà mis en images les aventures de la Brigade Chimérique. La première séquence (3 pages) est quasiment muette et permet d'apprécier le sens de la narration du dessinateur, les cases s'enchaînent toutes seules, l'action étant compréhensible du premier coup d'œil. Avec la deuxième séquence, le lecteur peut apprécier le sens du détail dans les décors. Il apprécie aussi la pertinence de la mise en couleurs qui renforce des dessins dont les traits sont parfois un peu fragiles, qui ne donnent pas assez de consistance aux éléments qu'ils détourent.



Par la suite, le lecteur apprécie la capacité de Gess à réaliser une reconstitution historique consistante de Paris. Il a dû effectuer un travail de recherches conséquent pour aboutir à ces artères parisiennes d'époque, ou à ces intérieurs évoquant effectivement l'entre-deux guerres. Le lecteur remarque également facilement la versatilité du dessinateur qui laisse de côté le dessin de BD traditionnel (détourage des formes par le biais d'un trait à l'encre), pour passer au crayon avec une teinte dominante (l'évocation des larcins de l'homme truqué, page11), ou encore à des techniques composites pour réaliser les facsimilés des couvertures de magazines.



Il faut un peu de recul pour apprécier les talents de metteur en scène de cet artiste. À bien y regarder, les scènes de dialogue apporte leur lot d'information visuelle, que ce soit par le langage corporel des interlocuteurs, ou par leur déplacement. Gess ne se contente pas de cases alternant champ et contrechamp entre les 2 interlocuteurs.



Petit à petit, le lecteur se laisse entraîner par cette narration posée, avec certains personnages qui utilisent des phrases construites (le Nyctalope ou Maurice Renard) à l'opposé d'un langage parlé, avec un flux d'information constant, sans être envahissant, avec une évocation de Paris consistante, sans pour autant aller jusqu'au tourisme historique. Il se laisse prendre au jeu de ce sous-sous-genre (le radiumpunk), avec des avancées technologiques bien mystérieuses, et finalement assez vagues.



L'une des grandes réussites de Serge Lehman et Gess est d'avoir su mettre en scène des individus aux capacités extraordinaires, dans un contexte français. Le lecteur ne ressent jamais l'impression de lire une histoire de superhéros à la française. Il lit un récit enraciné dans la culture française, et dans une époque clairement identifiée qui ne se limite pas à un décor de carton-pâte. Effectivement, les personnages évoluent bien à Paris, en 1919. Le lecteur peut le constater.



Ces capacités extraordinaires restent tout de même assez floues. Finalement il n'y aura pas d'explication quant à la vision électrique d l'homme truqué. Par contre Gess a imaginé une représentation qui rend compte de cette vision étrange. Les capacités du Nyctalope restent elles aussi assez vagues (tout du moins à la lecture de ce seul tome), ainsi que sa source d'argent, ou sa liberté d'indépendance vis-à-vis des forces de l'ordre de la République.



L'intrigue présente plus de consistance et réserve plus de surprises. Il s'agit donc à la fois du retour à la société normale pour l'homme truqué, ainsi que d'un étrange mystère associé à un immeuble de logements parisiens. Lehman met en scène un homme qui souhaite revenir à la normale, alors même que son apparence a profondément changé suite aux expériences dont il a été le cobaye involontaire. Il est possible d'y voir une métaphore du traumatisme occasionné par la guerre qui transforme le soldat au point qu'il n'y ait plus de retour à la normale possible. Avec ce point de vue en tête, la deuxième partie du récit renforce cette allégorie dans la mesure où le traumatisme du capitaine Jean Lebris lui permet de voir des choses que les autres êtres humains (les civils) ne sont pas capables de voir.



Ce tome possède la qualité de pouvoir être lu indépendamment de ceux de la Brigade Chimérique, et de proposer une aventure originale et divertissante, à la fois du fait de la reconstitution historique, mais aussi de par le merveilleux qu'introduisent ces inventions rétro-futuriste nées d'une technologie d'anticipation basée sur le radium. Le lecteur aurait apprécié que les protagonistes disposent de plus de personnalité, pour pouvoir mieux s'identifier à leurs difficultés.
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L'Homme gribouillé

Un sombre mythe qui prend vie et devient un golem. Une famille lui est liée à vie. Là est me fond de cette histoire.

Nous découvrons la famille Couvreur, une famille exclusivement de femmes. Elles ont toutes un talent artistique mais surtout celle de raconter des histoires. Maud, la grand-mère, fait un AVC, sa petite-fille appelle les secours et voit debarquer une être étrange. Un homme corbeau désirant un paquet que Maud devait lui remettre. Il est menaçant, inquiétant et sombre.



Une histoire de myhte et légende qui prend vie, un chantage qui cache les origines de la famille et bien des questions sans réponse au début du récit. C'est une BD sombre et inquiétante qui prend vie et nous mène sur les traces d'un mystérieux village perdu au fin fond de la France et où les filles Couvreur vont déterrer bien des secrets.
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L'Homme gribouillé

Reçu en cadeau il y a un an ou deux, j'ai tardé à me lancer dans cette grande BD. C'est à la faveur d'une lecture commune que je m'y suis finalement plongée.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère très pluvieuse de ce récit qui renforce la tension du thriller. Le côté fantastique, lui, ne se révèle qu'au fur et à mesure par petites touches. Et enfin , ce qui démarrait comme une histoire de secrets de famille se teinte petit à petit de légendes séculaires et de créatures anciennes et terrifiantes. Beaucoup apprécié aussi les personnages et leur évolution notamment dans la relation mère / fille et plus généralement cette lignée de femmes aux pouvoirs mystiques assez prodigieux. Les graphismes en noir et blanc ainsi que certaines cases sans texte donnent un ton très mystérieux et contemplatif à l'ensemble. Une réussite graphique autant que scénaristique.
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Sept, tome 17 : Sept Mages

AVANT QUE VIENNE RENAISSANCE.



Nous sommes en Royaume de Cocaigne, autrement dit dans le le légendaire Pays de Cocagne, une terre qui regorge des bienfaits de la nature : des champs bien fertiles et prolifiques, des bêtes d'élevage bien grasses et qui se gardent toutes seules, des campagnes verdoyantes, un peuple heureux gouverné par un homme bon, généreux, aimant et aimé, le roi Féric, digne héritier du fondateur de la dynastie, son aïeul Herne (qui, selon une tradition britannique était un immense chasseur, émanation indirecte du Dieu-Cerf des celtes, Cernunnos). Mais le frère cadet du Roi, Jean le Nécromant, ne le voit pas de cet oeil là et, tout dévoué au mal, à la destruction qu'il est, sa haine pour la vie n'a d'égale que son désir de prendre la place de son aîné sur le trône...



En quelques mots, vous l'aurez compris, cet album nage en pleine fantasy, avec tous ses codes, ses références obligées (un royaume, la magie, les antiquailleries celtisantes, l'affrontement bien/mal, les traditions séculaires, etc), ses poncifs, même. On y retrouve, parmi ces sept mages appelés à la rescousse afin de savoir ce que sont ces étranges bêtes (un corps de gorille, des têtes de babouins de Mandrill, des avant-bras aux mains crochues et recouvert d'écailles) stupides mais surpuissantes faite prisonnières par le capitaine des gardes :



- Un certain Gargan (avatar de Gargantua), parfait homme vert (être totalement dédié à la nature et que l'on retrouve dans un nombre considérable de traditions parfois sans rapport les unes avec les autres), colosse débonnaire mais irascible et d'une force proprement herculéenne (un genre de "Hulk" avant l'heure...)



- Trois sœurs, vieilles, immémoriales même, surgissant lorsqu'un Roi en demande l'aide, de leurs antres. trois fées élémentaires surgissant de l'eau des rivières pour Vive, du vent et de l'air pour Brise, de l'humus d'un sous-bois pour Ponce. Manque le feu. Mystère...



- Une enchanteresse, Anna, la propre fille du Roi... Dont on peut dores et déjà dire qu'on ne la verra pas trop à l'oeuvre, sinon comme attrape-cœur pour futur époux. Qu'elle est forcément belle, et douce, et bonne. Que les âmes et les sentiments des autres n'ont nul secret pour elle. C'est sympathique, c'est certainement très "girly", mais pour sauver un royaume de la proie des flammes et du sang, ça embarque un peu léger.



Jusque-là, rien que du très (trop ?) classique. C'est pour les deux derniers mages que cela se "complique" un peu, qu'un brin d'originalité intervient dans ce sage parcours en fantasy.



- Notre sixième mage arrive en directe lignée des Dieux de l'antiquité grecque. Lumen est son nom, et s'il ressemble à une sorte de superman ayant avalé une représentation physique de Zeus, il en est aussi une émanation directe. D'ailleurs, son arme majeure est la lumière quand son mode de déplacement préféré est le vol sans voile. Le personnage est orgueilleux, un rien grandiloquent mais sans vice ni méchanceté. Et il respecte les lois antiques du mystère, du divin et de l'ésotérisme.



- L'ultime mage n'en est en réalité pas un. C'est en tout cas lui qui l'affirme. Il se fait appeler Le Disciple (ça claque, tout en donnant dans la plus soucieuse des modestie, n'est-ce pas ?). En vérité, c'est un pur cérébral, un raisonneur, qui ne croit ni en Dieu ni en diable (même lorsqu'il se retrouve en compagnie des autres), disciple du poète et philosophe latin Lucrèce, lui-même disciple du grand Épicure - c'est d'ailleurs par cet intercesseur qu'on en sait le plus sur le philosophe du jardin, fondateur d'un épicurisme bien éloigné de ce qu'en fit plus tard l'Eglise -. C'est donc un matérialiste, qui croit aux atomes, au doute raisonnable (anticipons un peu sur René Descartes), à la réflexion.



Des morts - y compris royales -, des vols d'objets symboliques, des drames, des massacres, des assauts, des prises de villages, de la magie... Rien ne manque à cet album de Serge Lehman et d'Emmanuel Roudier. Pas même l'espèce d'énigme/réflexion pseudo philosophique de l'ancêtre Herne, personnage fantomatique et visiblement immortel qui parcours de sa présence éthérée l'ensemble du titre.



Ce qui sauve - n'hésitons pas à l'affirmer - cet opus sans grande saveur à force d'imitation, c'est cette confrontation entre ce monde ancien, plus ou moins idyllique, plus ou moins génésique de Cocaigne et l'émergence, encore timide, de cet homme déjà très contemporain, qui est tout à la fois le fruit encore vert de la réflexion profonde insufflée par les grands penseurs grecs et un être ambivalent ne croyant pas , pour lui - aux mythes fondateurs de nos premières civilisations tout en reconnaissant l'importance de les laisser se poursuivre dans une espèce de réalité parallèle possiblement aussi vraie que la réalité tangible. En s'écartant de lui-même d'un destin directement lié à ce monde de la fantasmagorie, à la fois il lui permet de vivre encore ses derniers feux, il en admet l'existence (par l'absurde) tout en refusant de s'y mêler, d'en être un prolongement possible, mais il attend son heure car il sait qu'elle viendra tôt où tard.



Très franchement, sans cette petite réflexion induite par le scénariste, l'ennui aurait très vite pu gagner le lecteur, sauf à n'apprécier que les redites et le déjà-vu. Un album décevant dans lequel les personnages tout imaginaires fussent-ils ne parviennent - format oblige - qu'à être des caricatures d'eux-mêmes, sans grande consistance, sans subtilité, sans qu'on ait le temps de s'y attacher moindrement. Même le dessin, qui est pourtant bon, est tellement classique que cela en deviendrait pénible.



Seconde incursion de la série des Sept dans l'univers médiéval fantastique (Le génial Sept missionnaire est décidément trop éloigné des codes du genre pour l'y compter), ce Sept Mages avait très certainement beaucoup plus d'intentions que le précédent, le si plaisant et volubile Sept Voleurs De David Chauvel accompagné du dessin mirifique de Jérôme Lereculey, mais c'est malheureusement un coup d'épée dans l'eau, mais alors franchement entre deux eaux ! Dommage.



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F.A.U.S.T. - Intégrale

Tout d'abord je présente toutes mes excuses à Lecteurs.com pour le retard donné à cette chronique et à une autre, ceci pour des raisons personnelles.

Maintenant place aux remerciements non pas d'usage mais sincères pour m'avoir donné l'occasion de découvrir cet intégral qui est pour moi le premier roman d'anticipation que je lis et je n'ai pas du tout été déçu. Merci donc à Lecteurs.com et aux éditions " Au Diable Vauvert ".

Cet ouvrage conséquent et pour cause, il réunit deux nouvelles " Nulle part à Liverion et Wonderland " ainsi que les trois tomes de " F.A.U.S.T. ", donc plus de 800 pages dans un univers totalement différent de mes lectures habituelles. Et pourtant pas de lassitude, tout juste un peu déconcerté et c'est naturel, pas de déception mais captivé de bout en bout.

Je ne détaillerai pas mes chroniques car l'ensemble de l'oeuvre a un lien plus ou moins lointain.

Paul Corey, chercheur, celui par qui tout commence, les B-men, les Puissances, soif de pouvoir, la Fédération qui s'efforcera de combattre les Puissances, le F.A.U.S.T., le wonderland, le Village, Darwin Alley, le Veld tout ces noms font partie de ce voyage dans un monde imaginé par Serge LEHMAN et qui résume à eux seuls le paysage dans lequel nos différents personnages vont évoluer. Je ne dis pas héros car comme dans tout conflit ils seront tous soit des héros, soit des traîtres, soit des lâches.

Là, où je rends un hommage à l'auteur, pour ce livre écrit en 1996, c'est sa capacité à avoir imaginé un contexte vraisemblable et tout cela avant notre période actuelle et au moment où l'informatique, le virtuel, prenait tout juste son envol dans les foyers, dans notre société. Son imaginaire, je ne le souhaite ardemment pas, rattrapera t'elle notre réalité? Tout bien considéré nous n'en sommes pas loin vu les années que l'écrivain indique dans cet ouvrage.

Dans ces pages, la terre est divisée en deux, le Village et le Veld ou Wonderland, l'un représente la force des Puissances, des pseudo-privilégiés, l'autre les laissés pour compte qui vivent dans les détritus, les déchets en tout genre, survivent plus qu'ils n'y vivent. L'espace est colonisé, autour de la terre une hyper route boucle son diamètre.

Où je suis un peu déçu, c'est de ne pas avoir vu ce livre en librairie, étonnant, étrange!!! parce que franchement c'est bluffant.
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Metropolis, tome 2

Ce deuxième volume de la série tient les promesses tenues dans le premier tome. Cette uchronie fort bien imaginée garde toujours en parallèle avec notre monde réel, des références subtiles et cultivées. Les pages où Klimt est cité sont d'une particulière beauté. La référence au cinéma expressionniste allemand est encore le fil conducteur de cette aventure, les personnages sont troubles et complexes et les mystères continuent à nous tenir en haleine.
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

Premier tome d’une nouvelle série, « Saint-Elme » a comme sous-titre « La Vache Brûlée ». Pour le genre nous sommes clairement dans un polar/thriller à l’ambiance à la fois sombre et forte.



Une enquête est menée par un détective pour retrouver un jeune homme disparu, ce qui le mène à Saint-Elme, ville thermale extravagante et étrange chaperonnée d’une main de fer par la famille à qui appartiennent les thermes. Boîtes de nuit, auberge étrange, bars en tous genres rythment la ville.



Le scénario est bon, même très bon, mais aussi très sombre et violent, ne vous attendez pas à un petit coin de paradis, les personnages eux sont bien construits mais encore une fois très sombres, ne vous attendez pas à vous attacher véritablement à quelqu’un. Que ce soit le détective qui est un vrai salopard pour rester poli ou d’autres qui font assez dépressifs, perdus, ou les divers protagonistes qui n’attirent pas de sympathie, mais cela est voulu par l’auteur, ça ne donne qu’une meilleure ambiance.



L’album se conclu en ayant tout de même démêlé un morceau de l’intrigue mais nous apporte son lot de questions pour la suite, une suite qui promet d’être palpitante après cette mise en bouche.



Pour les visuels, le dessin est brut et bien réalisé et vraiment bien rehaussé par des couleurs sombres et parfois vives. Il n’y a plus qu’à attendre la suite.



PS : vous ne verrez plus jamais les grenouilles de la même manière après cette lecture.
Lien : https://unbouquinsinonrien.f..
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

Une bande dessinée aux couleurs rouge sang, proche du psychédélique parfois, des personnages taillés à la serpe, des cadrages bousculés et des cases bien remplies: bref une mise en page qu'on ne peut pas louper, et qui peut éventuellement faire peur quand on l'ouvre la première fois.

On devine tout de suite le genre, policier, et un univers un peu glauque.

Le récit en lui-même m'a plutôt plu et surprise, il ne manque pas d'originalité et d'un certain humour qui lui donne de l'épaisseur.

Pour le reste, ce n'est pas vraiment mon genre de bande dessinée et je n'ai pas accrochée plus que ça pour cette raison, mais si vous êtes fan du genre, je vous la conseille, elle a de quoi intriguer.
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La Brigade chimérique : Intégrale

Dire que je me tâtais d’acheter la Brigade chimérique depuis un bail est un euphémisme, il aura fallu la bonne humeur d’un bénévole de chez L’Atalante, habitué de la 25e Heure du Livre du Mans et des Utopiales de Nantes, ainsi que l’envie de ma chère et tendre pour me décider, enfin ! Et il m’aura fallu encore plus de temps pour en faire une critique à peu près potable ! Oui, enfin ! car la Brigade chimérique me fait incontestablement rêver depuis sa sortie : reconstituer une mythologie super-héroïque européenne (et notamment française) n’a-t-il pas du bon ? Flirter avec une uchronie violente et fracassante allant des tranchées au nazisme des années 1930, n’est-ce pas tentant ? Enfin, se fondre dans une multiplicité de références littéraires, politiques et philosophiques, toutes revisitées, n’est-il pas fondamentalement excitant ? Bien évidemment : si !



Une œuvre atypique

Le trio à l’origine de cette œuvre au statut déjà culte a franchement de la gueule : les scénaristes Serge Lehman et Fabrice Colin, accompagnés du dessinateur Gess et de la coloriste Céline Bessoneau. Les deux premiers sont des figures de la SFFF française depuis des années, le troisième fut un illustrateur régulier de chez L’Atalante après s’être illustré longtemps sur la série de Fred Duval, Carmen Mc Callum. Tous quatre ont une vision particulièrement englobante des littératures de l’imaginaire et cela va tout à fait servir leur propos dans la série de La Brigade chimérique qu’ils ont réalisée de 2009 à 2010 (cette intégrale parut, elle, en 2012).



Les conflits du début du XXe siècle sous l’angle radioactif

La Brigade chimérique est d’abord une relecture et une réécriture habile d’une quantité de héros inventés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans la lignée des romans à feuilleton. Ainsi, si nous nous attachons un peu à détailler l’uchronie créée pour l’occasion, faisons le tour des forces en présence même si elles ne sont pas toutes au centre de l’intrigue : la France bénéficie de l’aide du Nyctalope, ancien héros de l’Institut du radium créé par Marie Curie ; l’Accélérateur, as de la super-vitesse, est le héros britannique ; le Grand Frère est le général d’une armée de mécanoïdes au service de l’URSS ; la Phalange est un colosse espagnol, allié notamment au Docteur Mabuse qui initie une « race supérieure » en Europe centrale… Bref, chaque puissance s’arme de tous les moyens possibles, cela s’incarne dans des personnalités démesurées et tout risque de se jouer à Metropolis, le projet fou du Docteur Mabuse, la capitale des surhommes, symbole de cet âge radioactif.



Un sens profond

La Brigade chimérique adopte une cadence compliquée, car même l’action est relativement lente, toutefois modeler un rythme lent est un savoir-faire qui se perd, d’autant que le dessin qui y est associé se veut assez rétro, ce qui peut également rebuter certains lecteurs. Juste après l’avoir lu ou longtemps après, il est difficile de résumer cette histoire tant elle propose de pistes : c’est une œuvre qui initie un univers possiblement tentaculaire et qui se mêle autant à la magie des siècles précédents, qu’à l’uchronie et à la « dyschronie » (autre ligne temporelle mais qui finit au bout du compte sur la réalité qui nous est connue). Ainsi, il faut noter que tous ces super-héros voient leur histoire se terminer en 1938-1939, en rejoignant une ligne temporelle qui nous est bien mieux connue, tandis que Superman (1938) et Batman (1939) apparaissent aux États-Unis, et ce n’est pas du tout un hasard. D’ailleurs, tout a continuellement un rapport, complexe parfois, avec la littérature européenne de l’entre-deux-guerres et son affaiblissement avec la Deuxième Guerre mondiale face à l’émergence ultradominante de celle anglo-saxonne. De fait, l’univers dessiné de la Brigade chimérique a depuis donné lieu à une grande quantité d’autres séries comme Masqué, L’Homme-truqué, Metropolis, L’Œil de la Nuit (c'est-à-dire le Nyctalope), etc. ainsi qu’à un jeu de rôle éponyme, ce qui correspond tout à fait à l’idée de départ.



La Brigade chimérique est donc un sacré volume à découvrir, diablement touffu et difficilement résumable. C’est même davantage une expérience qui propose une pensée globale pour renouveler tout un imaginaire tout en liant des pans entiers de ceux qui existent déjà.
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L'Homme gribouillé

C'est très lent à démarrer, et du coup j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce récit. Pendant presque la moitié de ma lecture j'ai eu l'impression de ne rien voir venir.... et comme le bouquin fait plus de 300 pages, évidemment ça devient long. Puis tout à coup, les liens se font, et le dernier tiers s'accélère, et ça va tellement vite que pour le coup je trouve que ça va trop vite.

Et donc je fini se pavé de BD sans trop avoir d'explication sur ce que j'ai lu... je suis donc un peu déçue.
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Metropolis, tome 1

Excelente mise en place pour une BD uchronique des plus prometteuses et prenant place dans une Europe unifiée et pacifique n'ayant pas connu la première guerre.

L'atmosphère est étrange, les tenants et les aboutissants sont encore parfois un peu nébuleux mais le propos est intéressant, les bases de l'histoire sont posées et je suis curieuse de connaitre la suite de l'histoire.

Ce que j'aime particulièrement dans ce genre de récit dystopiques, c'est de croiser des personnalités historique qui ont, logiquement, une autre dimension que dans l'histoire...je suis déjà servie!

Côté dessin, je ne raffole pas franchement du graphisme mais ça fait le boulot.
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Metropolis, tome 3

On croit un moment que l'histoire va se conforter dans une simple enquête policière, de routine, mais pas du tout, les surprises sont au rendez-vous, et de nouveau protagonistes de notre réalité historique vont se mêler à l'histoire, à l'autre histoire, celle de cette uchronie, et ça en devient jubilatoire, il s'agit de Marcel Duchamp et Adolph Hitler, ce dernier apparaît d'abord comme illustrateur de SF. Les auteurs ne se contentent pas d'une uchronie politique et sociale, elle est aussi culturelle. Et les références au film Metropolis se font plus fortes, aussi bien dans les thématiques que dans les cadrages et la lumière. La réalité est remise en question, la notre, celle de l'histoire et celle perçue par le héros. Le dessin est toujours judicieusement mégalo, les monuments sont grandioses et la lumière joue avec les ombres à la manière du cinéma expressionniste allemand. Et même la mise en page dans l'esprit “comics”, les couleurs rétros, et le trait réaliste contribuent à nous mettre dans cette ambiance “années 30”. Rien n'est laissé au hasard, je suis admiratif.
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