[Boudicca] : "Bretons, tout accoutumés que vous êtes à combattre sous l'autorité de femmes, je ne viens pas à présent comme issue de nobles aïeux réclamer mon royaume et mes richesses, mais comme une simple femme, venger la liberté perdue... Vous même n'avez le choix qu'entre la vie et l'esclavage !"
Le druide était également un enseignant. Il était de sa responsabilité de transmettre aux fils et aux filles des peuples celtiques l’antique savoir oral afin que, de génération en génération, se transmettent les connaissances accumulées au fil des siècles, mais aussi un esprit de résistance aux conquêtes étrangères.

Grands rebelles et révoltés de Bretagne ! Un pléonasme, au regard d'une histoire largement bimillénaire. Victor Hugo lui-même n'affirmait-il pas, avec tout de même un brin d'admiration, que la «Bretagne est une vieille rebelle», avant d'assurer qu'à chaque fois qu'elle s'était révoltée dans le passé, elle avait raison. Elle avait raison ! Sauf, selon lui, cette fois-là, justement, pendant les troubles révolutionnaires, lors de cette insurrection des paysans contre les bourgeois, de la forêt contre les champs découverts à perte de vue, de la campagne contre la ville et du clair-obscur contre les lumières aveuglantes d'une «raison» qui coïncidait trop avec des intérêts de classe.
C'est vrai que la Bretagne et les Bretons ont en la matière acquis quelques titres de noblesse, eux qui, pourtant, surtout à l'ouest du pays, ont un sentiment égalitaire vissé à l'âme et chez qui le valet mangeait à la table du maître, contrairement aux usages de la ville. Du reste, la devise des Bonnets rouges' n'était-elle pas «Holl Vretoned tud gentil» ? Ce qui, dans la langue d'Anjela Duval, ne signifie pas moins que «tous les Bretons sont gentilshommes» ! Normal, dans un pays où l'on a toujours préféré l'égalité par le haut que par le bas.
Toujours rebelles, donc, les Bretons. Ils se sont souvent levés. Soulevés. Ils ont affirmé leur identité. Et montré leur détermination. Pour une certaine justice sociale, comme cet étrange Émile Masson, ou encore ce Louis Napoléon Le Roux qui n'y était pour rien, le pauvre, à son second prénom.
Pour l'égalité entre les sexes, vécue comme une chose normale dans une société traditionnelle où il était accordé à chacun selon son mérite et selon ses compétences. Ils n'ont pas attendu, les Bretons, des lois sur une quelconque «parité» pour confier des commandements militaires à des femmes courageuses et opiniâtres comme Boudicca, cette fameuse reine des Icènes qui fit trembler Rome il y a près de deux mille ans !
Contre la torture élevée au rang d'une institution, comme le général de Bollardière, compagnon de la Libération avant d'être le représentant du Bleun-Brug dans le Morbihan, puis de soutenir les détenus FLB (Front de libération de la Bretagne), qui effectua plusieurs mois de forteresse pour avoir osé dénoncer l'inacceptable.
Oui, rebelles, révoltés, insurgés, souvent, les Bretons, tout au long de leur histoire. Contre les agressions extérieures et contre les coups de canif renouvelés dans des traités internationaux qui garantissaient leurs droits collectifs. Ainsi, de Sébastien Le Balp à Glenmor, en passant par Clément Chrysogone de Guer Pontcallec, qui voulut, du temps de la Régence, instaurer une république bretonne, Armand Tuffin de La Rouerie, le colonel Armand de la guerre d'indépendance américaine, ami de Washington, le premier président états-unien, franc-maçon notoire et animé d'idées républicaines mais démocratiques ou encore Georges Cadoudal, ce paysan généralissime de l'Armée de Bretagne après avoir commandé l'Armée rouge, qui crut à la Révolution avant de se retourner contre elle lorsqu'il lui sembla évident qu'elle devenait tyrannique, c'est une belle galerie de beaux portraits que la Bretagne peut aligner aux yeux du monde. Une galerie d'hommes et de femmes libres, sacrifiant beaucoup à leur conscience et peu à leurs intérêts.
Dans une bonne partie de la Bretagne, au XIXe siècle encore, les paysans disaient "un Rohan" pour "un cochon", preuve de la grande estime dans laquelle cette famille qui n'avait eu de cesse de trahir ses ducs et son pays au profit de la France, était tenue. Dénomination, il est vrai, un peu injuste à l'égard du genre porcin, qui pour sa part n'a jamais fait que le bien de l'humanité.
En vain... Eric Tabarly, l'un des plus grands marins de tous les temps a rejoint la grande bleue pour des noces ultramarines perpétuellement recommencées...
"Comparée à l'imagination classique, l'imagination celtique est vraiment l'infini comparé au fini." E. Renan
[Dans l'ordalie par l'eau froide], appliquée souvent aux femmes suspectées de sorcellerie, [...] l'accusée était plongée dans l'eau froide et forcément préalablement bénite (!) d'une rivière. Une submersion et une noyade immédiate prouvaient son innocence, car son corps était "reçu" par l'eau. La flottaison prouvait au contraire sa culpabilité... et entraînait ipso facto la mise à mort. Dans tous les cas, aux yeux de nos lointains ancêtres, ces procédés expéditifs et pas très tendres ne peuvent être assimilés à de la torture, dans le sens où il n'y a pas d'intervention humaine et où est Dieu seul qui juge. (31)
Merveilleux. Magique. enchanté. Tel apparaissait le monde aux yeux de nos lointains ancêtres, du temps de la celtique indépendante, il y a plus de vingt siècles. Un monde habité par les dieux et par toutes les forces souterraines, occultes, invisibles. Depuis l'Autre Monde situé au delà de l'eau, vers le nord ou le nord-ouest, à la forêt qui marchait pour venir en aide aux Celtes contre leurs adversaires, en passant par l'île, qui était un lieu de savoir, de naissance, de renaissance et d’initiation."
"Les Celtes sont le peuple de l'arbre, du bois et de la forêt, qu est l'unique sanctuaire celtique. L'arbre et la forêt sont si sacrés que le noms des végétaux servent aussi à désigner le savoir qui permet d'accéder à la sagesse et à la connaissance de toutes choses. "
À Paris, à La Rochelle, ailleurs, on se tue, on s’égorge, on s’étripe joyeusement, au nom du même Dieu, qui doit finir par ne plus reconnaître les siens. La Bretagne, un temps épargnée, finit par sombrer elle aussi dans l’abîme.