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Critiques de Umberto Eco (1119)
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La mystérieuse flamme de la reine Loana

Est-ce un roman, est-ce une biographie romancée ? Cette oeuvre répond probablement à la fois à ses travaux de linguiste et au retour qu'il fait sur sa vie.

On y parle d'un homme, antiquaire en livres anciens, d'une grande culture, qui a perdu la mémoire. Dans une première partie lui revient des bribes d'automatismes qu'il ne sait pas relier à sa vie, et tout ce qui fait sa vie affective l'a quitté.



Pour essayer de la retrouver il retourne dans la maison de campagne de son enfance, où il tente de recomposer sa vie à travers les lectures de son enfance, et tout particulièrement les bandes dessinées.

J'ai survolé cette seconde partie, très longue, trop longue, car je n'ai pas du tout la même culture de la BD américaine des années 40 et 50, et je ne suis pas italienne. En tout cas, même en version poche une très belle iconographie de ces années là.



Dans la troisième partie, il a eu une nouvelle attaque qui le plonge dans un coma, dans le brouillard qui est le leit-motiv de tout le livre, il refait les liens, il retrouve le fil conducteur de sa vie.

Une langue très riche, sans aucune pédanterie, le souci du détail, car dans sa quête chaque détail peut être celui qui déclenchera le réveil de sa mémoire.



Qu'un regret : ne pas être capable de partager la nostalgie de sa jeunesse.
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Le Nom de la rose

Plus sûrement que ce qu'on appelle les self-made-men (cette espèce croyant ne devoir qu'à soi-même une trajectoire non dénuée en réalité d'opportunités heureuses, émaillée de maintes rencontres profitables ; surtout tributaire de la bonne réception par tous les autres de leur entreprise), il semble y avoir de ces livres, parmi la surabondance, qui se soient écrits eux-mêmes... Comme nés de l'origine du monde, pré-existants à l'humanité dans la trame de l'univers. Peut-être ont-ils toujours été là. Bref, à un moment de l'histoire, ils s'échappent d'où ils sont retenus et partent habiter nos librairies, nous délivrant tout ce qu'ils veulent nous communiquer dans leur extrême perfection d'objets divins...

Bon... Cette introduction pour dire que je ne peux pas croire qu'une simple tête humaine ait écrit pareille chose ! Alors je tente des explications.

L'idée d'Umberto Eco est d'emblée assez géniale de faire passer ce qui est pure oeuvre de fiction pour la traduction qu'il propose en italien d'une ancienne traduction française d'un authentique manuscrit du XIVe siècle, rédigé de la main d'un jeune novice bénédictin, plusieurs fois perdu puis retrouvé. D'autant qu'il fait mine au début de nous partager ses nombreux questionnements liés aux enjeux de telle traduction : faut-il conserver, et dans quelle mesure, les textes en latin ; quel style et quelle langue adopter ; sa défiance quant à la qualité, à la fidélité de la (fausse) traduction française sur laquelle il s'appuie ; comment rendre le plus accessible possible un texte vieux de sept siècles à des lecteurs contemporains, sans pour autant trahir son auteur...

Aussitôt après ces feintes considérations, qui donne déjà au récit une forte impression d'authenticité (et en effet, on s'y croirait), nous voici projetés au beau milieu d'une abbaye bénédictine du XIVe siècle, probablement, est-il dit, située dans le nord de l'Italie actuelle, pour un huis clos pesant de plus de 700 pages.

La reconstitution de l'abbaye impressionne. C'est comme si elle apparaissait sous nos yeux, c'est sombre, on croit voir et sentir l'aspect froid et humide des vieilles pierres.

Puis viennent les meurtres, et sur le canevas historique se tisse progressivement une savante enquête à la Sherlock Holmes. Ce n'est d'ailleurs pas le fruit du hasard si les deux protagonistes principaux ont pour noms Guillaume de Baskerville, référence au célèbre roman du sir Arthur, et Adso, dont la paronymie avec Watson est plus qu'évidente.

Le Nom de la rose est sans nul doute une lecture exigeante. Eco, merci à lui, nous en avertit dans sa "préface à la nouvelle édition" de 2012 : " Je veux toujours soumettre mon lecteur à une certaine discipline pénitentielle". Cette intention, et le fait de la revendiquer, fait énormément de bien, à une époque où l'objectif de nombre d'auteurs est avant tout, me semble-t-il, de préserver surtout l'énergie de leurs lecteurs, et leur patience, ne pas leur demander trop d'effort. Dès l'amorce donc, Eco nous prévient que ce sera dur, et je me suis dit qu'il ne fallait surtout pas chercher à tout comprendre. Cela a libéré ma lecture et l'a rendue peut-être plus magique encore ! Car en effet, je ne comprends pas tout, mais cette époque si lointaine, ces hommes, dont ce livre est censé être le témoignage direct de l'un d'eux, les considérations de ces hommes, ne sont-ils pas, de fait, inaccessibles ? C'est l'authenticité qui s'en trouve encore augmentée.

Tout le roman est traversé par des réflexions extrêmement intéressantes, mais aussi très savantes. Sur la nature du rire, sa prise en compte par la religion ; sur l'amour ; sur la pauvreté au sein de l'Église, les différentes doctrines ; sur les dangers et les dérives de l'interprétation ; sur les marges et les exclus, le recours à la violence... Ces très nombreuses problématiques entrent évidemment en résonance avec celles d'aujourd'hui, sans doute moins imprégnées de religion parce que plus laïques (encore que) : on pense aux caricatures, au débat sur l'existence ou non d'une violence légitime, etc. Cela montre en tout cas comme la religion, puisqu'elle s'est saisie et se saisit encore (heureusement ou malheureusement, peu importe) de questions importantes de société, de droit, de philosophie, de morale, les mêmes qu'on retrouve de nos jours, n'est rien qu'une tentative d'organisation sociale.

J'ai vu aussi la question du ridicule comme une des thématiques principales du roman. Des personnages d'une phénoménale érudition, éloquents, détenteurs sans doute d'une certaine sagesse... qui parlent et qui discutent sans arrêt de choses si insignifiantes, d'une nullité, qui ne peuvent avoir aucune réponse ! C'est-à-dire que de l'interprétation d'un minuscule mot, d'une phrase perdue par exemple au milieu de l'Apocalypse, on va l'examiner et en débattre des heures durant, sans jamais se rendre compte de la vacuité et de la nullité de ce qu'on est en train d'étudier, et pour ça on se traite d'hérétique et se menace de s'envoyer sur le bûcher... On ne peut s'empêcher de penser que certes on a affaire ici à des gens sûrement très érudits et très savants, peut-être intelligents, tout ce qu'on veut, mais au service de quoi mettent-ils leur intelligence ?! Ils sont tellement sérieux et si sévères, ils deviennent tout rouges d'entendre que les Justes ne verront finalement le visage de Dieu qu'une fois passé le Jugement Dernier ! Merci monsieur Eco d'avoir su montrer aussi, pour les tourner en ridicule, ce genre de caractère et de comportement. Cela pourrait prêter à rire, n'en déplaise à certains...
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Histoire des lieux de légende

Les lieux n’ont pas besoin d’être réels pour avoir une cartographie précise : les fans enthousiastes du Seigneur des Anneaux pourront vous retracer précisément les différents royaumes et leur histoire ; les passionnés de Sherlock Holmes connaissent par cœur les alentours du 221B Baker Street. Pourtant, aucun de ces lecteurs n’aurait l’idée de contacter une agence de voyage pour les visiter.



Il existe pourtant quelques-uns de ces lieux, qui, bien que fictionnels, ont fait leur apparition dans le monde réel, avec des conséquences bien concrètes. Ainsi, des explorateurs sont partis à la recherche du Royaume du Prêtre-Jean, pour prendre en étau les puissances islamiques ; on a cherché le Paradis Terrestre, tout comme les terres submergées de l’Atlantide.



Umberto Eco montre à quel point ces mythes peuvent s’auto-alimenter : quand un explorateur part dans une région où le monde entier sait qu’il se trouve quelque chose et bien… il a tendance à le chercher, et à le trouver. Les plus honnêtes parleront de traces, d’indices, de témoins de confiance, de je-l’ai-trouvé-mais-ce-qu’on-raconte-à-son-sujet-est-très-exagéré ; les autres reprendront à leur compte les récits précédents, vaguement remis au goût du jour. Et hop, ça fait un témoin de plus pour confirmer l’existence d’un truc imaginaire.



Cependant, ne sourions pas trop vite devant la naïveté des anciens : l’auteur cite l’exemple de la Sandy Island, île présente dans tous les atlas sérieux du XIXe siècle jusqu’en 2008, date à laquelle on s’est rendu compte… qu’elle n’existait pas (et qu’elle n’a jamais pu exister, le plancher océanique se trouvant à cet endroit à 1 400 m de profondeur : pas de submersion récente donc). De façon générale, les recherches de ce genre n’ont pas cessé à notre époque : il y a toujours des gens qui cherchent le Graal, l’Atlantide, l’arche échouée de Noé, des preuves en faveur de la Terre plate, ou de la Terre Creuse, … et pas forcément en plus petite proportion qu’avant.



Certains mythes sont inusables, et l’humanité semble incapable de s’en séparer. Chaque nouvelle découverte, chaque percée technologique, plutôt que les classer au rang de vieillerie sans intérêt, remet une pièce dans la machine et crée une nouvelle génération de « chercheurs » bien décidés à trouver, enfin, la clé d’une énigme qui n’existe pas.
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Reconnaître le fascisme

À l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération de l'Europe, le 25 avril 1995, l'écrivain et sémiologue italien Umberto Eco prononce en anglais un discours marquant sur le fascisme, à l'Université Columbia. Il publie dans la foulée ce petit article, adapté du discours dans La New York Review of Books.

Eco revient d'abord avec beaucoup d'auto-dérision sur son expérience personnelle du fascisme mussolinien. Au contraire du nazisme, le fascisme mussolinien n’avait pas d’armature idéologique forte et solide mais simplement une rhétorique. Et de rappeler par exemple que Mussolini commença comme athée militant pour finir par accueillir à bras ouverts les évêques qui bénissaient les insignes fascistes. Dans le régime italien cohabitaient des éléments de nature fort différente en conflit ouvert (revendications monarchiques et révolutionnaires, armée et milice privée, tolérance dans le domaine culturel et emprisonnement de dissidents, etc) Et à cause de cette faiblesse idéologique, le fascisme s’est exporté facilement.

« Le fascisme est devenu un terme s'adaptant à tout parce que même si l'on élimine d'un régime fasciste un ou plusieurs aspects, il sera toujours possible de le reconnaître comme fasciste. Enlevez-lui l'impérialisme et vous aurez Franco et Salazar ; enlevez le colonialisme et vous aurez le fascisme balkanique. Ajoutez au fascisme italien un anticapitalisme radical (qui ne fascina jamais Mussolini) et vous aurez Ezra Pound. Ajoutez le culte de la mythologie celte et le mysticisme du Graal (totalement étranger au fascisme officiel) et vous aurez l'un des gourous fascistes les plus respectés, Julius Evola. »

Mais si le fascisme change de forme, comment le reconnaître ?

Eco établit alors une liste de 14 caractéristiques typiques de ce qu’il appelle L’Ur-fascisme, le fascisme primitif et éternel. L’auteur remarque qu’ils ne sont jamais tous présents dans le discours politique contemporain qui avance masqué encore que…

Cette liste est facilement disponible en ligne. J’ai copié ci-dessous le résumé Wikipedia . Chaque point clairement expliqué et illustré en entraine un autre comme un jeu de dominos.



1. Culte de la tradition , souvent interprétée de manière syncrétique .

2. Rejet du modernisme , conséquence également du premier point, et de l'esprit des Lumières .

3. Irrationalisme et culte de l’action comme fin en soi. Méfiance envers la culture.

4. Rejet de la critique et de l’esprit critique.

5. Peur de la diversité. Une des conséquences est le racisme .

6. Frustration des classes moyennes (petite-bourgeoisie) due à des crises économiques ou à des pressions politiques.

7. Obsession des complots , y compris internationaux.

8. Perception d'une force excessive d'ennemis extérieurs, que l'on croit pourtant pouvoir vaincre. Cette contradiction conduit généralement à de fausses évaluations des adversaires et, en fin de compte, à être les perdants des batailles.

9. Idée de guerre permanente et contraste avec le pacifisme . La paix définitive ne viendra qu’après la victoire finale.

10. Élitisme de masse et mépris des faibles : donc mépris de chaque classe pour sa classe subordonnée.

11. Héroïsme de masse et le désir de se sacrifier pour la cause commune, mais plus fréquemment de sacrifier les autres.

12. Machisme , plus facile à gérer que l'héroïsme.

13. "Populisme qualitatif". Face au déni des droits individuels, le « peuple » est considéré comme un tout dont la volonté doit être interprétée par le leader.

14.Usage de la novlangue , caractérisée par une syntaxe élémentaire et véhiculant un raisonnement critique nécessairement limité.



Ce petit essai est clair et stimulant. Je vous encourage à le lire.
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Le cimetière de Prague

Je me suis complétement perdue dans cette lecture, décidemment cet auteur n'est vraiment pas fait pour moi, je n'avais déjà pas adhéré Au nom de la rose, qui pourtant a connu un succès planétaire. Je pense avoir également beaucoup de mal avec la littérature italienne, je m'ennuie quand beaucoup adore et ce même avec des auteurs à grand succès.

Nous suivons l'histoire de Simon Simonini, qui vient de se réveiller et qui semble avoir perdu la mémoire. Il erre dans son logement jusqu'au moment où il trouve un journal qui semble avoir était écrit de ses propres mains, débute pour le lecteur une partie de l'histoire de Simon.

L'histoire m'a semblé beaucoup trop confuse, je n'ai pas vraiment tout compris, l'auteur semble s'être inspiré de faits réels, mais ces faits me sont complétement inconnus et même la plupart des protagonistes me sont également inconnus, alors oui, il parle d'Alexandre Dumas, de Eugène Sue, de Emile Zola, de l'affaire Dreyfus... mais pas en tant d'hommes célèbres, mais plutôt en tant qu'homme tout simplement, juif, pas juif, honnête ou pas... Bref, une lecture vraiment pénible pour moi que j'aurais presque mis deux semaines à lire.
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Reconnaître le fascisme

C'est le jour de la chute de Mussolini, en juillet 1943, que le petit Umberto Eco, lauréat d'un concours pour jeunes fascistes italiens un an plus tôt sur le thème du sacrifice pour la gloire du Duce, prend conscience de l'essence du fascisme. En parcourant dans un journal un article publié par la Démocratie chrétienne, le Parti communiste, le Parti socialiste, le Parti d'Action et le Parti libéral, il découvre l'existence du pluralisme politique et le sens des mots liberté et dictature.

Dans ce texte court de 50 pages issu d'un discours prononcé en 1995, Umberto Eco se propose d'établir une liste (encore une!) de 14 caractéristiques du fascisme. La tâche n'est pas simple pour définir un mouvement qui ne possède pas d'idéologie propre. En effet, contrairement au nazisme, qui peut prétendre à une certaine cohérence (racisme, aryanisme, paganisme, impérialisme...), le fascisme a conservé la monarchie, soutenu l'Eglise, proclamé un nouvel ordre révolutionnaire tout en s'appuyant sur le financement des grands propriétaires terriens qui attendaient la contre-révolution. Difficile de s'y retrouver donc.

Pourtant, on retrouve par-delà les frontières, chez les phalangistes espagnols, les oustachis croates, la BUF d'Oswald Mosley au Royaume-Uni... une adhésion commune à ce que Eco appelle le Ur-fascisme, sorte de matrice du fascisme :

1) culte de la tradition

2) refus du modernisme : rejet de l’esprit de 1776, de 1789, des Lumières

3) culte de l’action pour l’amour de l’action (rejet de la pensée, du monde intellectuel)

4) refus du désaccord

5) recherche d’un consensus fondé sur la peur naturelle de la différence

6) appel aux classes moyennes frustrées

7) obsession du complot extérieur et intérieur qui forge le nationalisme

8) humiliation par la richesse de l’ennemi (le juif, l’Anglais)

9) la vie est un état de guerre permanent (rejet du pacifisme)

10) mépris des faibles

11) culte de l’héroïsme et de la mort

12) machisme

13) le leader est l’interprète de la voix du peuple

14) novlangue fondée sur un lexique pauvre

Aucun régime fasciste ne peut aligner toutes ces caractéristiques. Mais tous puisent largement à ce terreau. Une mise au point lumineuse que je n'avais pas trouvée dans le Dictionnaire des fascismes et du nazisme de Milza.
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Reconnaître le fascisme

L'un des meilleurs essais sur le fascisme qui ne soit pas écrit par un historien. Court, rigoureux et juste. Et plus, c'est très accessible. C'était, au départ, un texte pour une conférence. ( Si le sujet vous intéresse, LE livre sur le sujet est définitivement Le Fascisme en Action de Robert Paxton.)



Eco parle d'abord d'un Ur-fascisme, parce que tous les fascismes, de par leur essence nationale, sont différents. Il ne tente pas de faire une liste avec des cases à cocher pour déterminer si un État est fasciste ou non. Le fascisme aujourd'hui ne ressemble pas au fascisme du 20e siècle.



Le fascisme n'est pas non plus une idéologie. Il n'y a pas de philosophie fasciste avec une vision cohérente du monde. On y est d'abord *contre* quelque chose plutôt que *pour* quoi que ce soit. Et on utilise les arguments qui font avancer nos pions aujourd'hui sans se soucier de contredire nos arguments de la veille.



Mais malgré cela, les fascismes ont un air de famille. Des caractéristiques qu'ils partagent et réadaptent à leur sauce. En voici la liste que dresse Eco (copiée/collée sur le web, j'ai la flemme) :



Le culte de la tradition

Refus du monde moderne

L’irrationalisme et culte de l’action pour l’action

Le désaccord, l’esprit critique, est une trahison

Refus radical de la différence, raciste par définition

L’appel aux classes moyennes frustrées

L’obsession du complot

Exalter la force de l’ennemi puis la vaincre

Le pacifisme est une collusion avec l’ennemi

L’élitisme de masse

Le culte du héros

Puissance = culte du machisme = mépris pour les femmes

Les individus n’ont pas de droit, seul le peuple...

Invention d’une nouvelle langue, lexique pauvre, syntaxe élémentaire.



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Le Nom de la rose

‘Le Nom de la Rose’ d’Umberto Eco est un chef d’œuvre dans son genre. Rares sont les polars « dissimulés » dans un contexte historique fort et dans un cadre théologique, métaphysique et philosophie marqué.



Finement tissée, la toile de l’enquête autour du mystère de la bibliothèque de l’abbaye est très originale et conserve son suspense jusque dans les derniers chapitres. La relation entre Guillaume de Baskerville, moine franciscain avisé, sage et plein de malice (superbement incarné au cinéma par Sean Connery par ailleurs !) ; avec son jeune novice Adso est forte et donne du corps au roman.



Pourtant, ‘Le Nom de la Rose’ n’est évidement pas qu’une simple enquête quasi « policière ». C’est surtout une immersion au cœur de l’Inquisition en plein Moyen-Age, où opposition entre franciscains et bénédictins, débats sur le rire et réflexions sur les signes et mots font de l’ouvrage une plaidoirie philosophique pour la liberté dont je reconnais mettre parfois un peu perdu dans la longueur des discussions souvent théologiques.
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Le Nom de la rose

Le nom de la rose, c'est un peu accompagner deux potes à une soirée où tu ne connais personne. Ils parlent des histoires et des amis d'un autre temps, pendant que tu sirotes ton cocktail en écoutant d'une oreille. Puis tu rentres petit à petit dans leur cercle, tu t'amuses et au final, ça ne manque pas, tu te dis que c'est LA soirée de l'année. En effet, ce roman est un Graal pour qui veut bien s'y investir. Si vous cherchez une balade modeste d'un point A à un point B, il aura certainement quelques lourdeurs (c'était un peu mon cas, mais paradoxalement ce sont elles qui pourraient me donner l'envie de le relire, persuadé d'être passé à côté de quelques perles dedans)mais si vous voulez dans un roman vous amuser entre les enquêtes, l'histoire, les nombreuses références et les escales philo. Vous allez adorer. Sans parler du final époustouflant.
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L'Île du jour d'avant

C'est un texte d'une très grande érudition, comme tous les livres de cet auteur, et j'avoue que je suis obligée de chercher de nombreux mots dans Wikipedia pour arriver à comprendre certaines phrases, c'est constructif, instructif, mais peu motivant pour moi, j'ai donc mis beaucoup de temps à le lire, j'ai lu d'autres livres parallèlement. À conseiller aux esprits "éclairés".
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Le Pendule De Foucault

Cela faisait des années que je n'avais pas lu de livres de cet auteur et je ne suis pas déçu malgré quelques longueurs. De moins en moins de temps pour lire. Je pense continuer à lire cet auteur car j'apprécie beaucoup son univers. Livre assez long et dense donc j'ai mis presque 1 semaine à le lire.
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Le Nom de la rose

Faut s'accrocher, ce que je n'ai pas fait.



Je n'ai pas été plus loin que la page 80. C'est ennuyeux, des descriptifs à n'en plus finir. C'est un style littéraire trop vieux pour moi, des passages en latin qu'on survole puisqu'incompréhensibles. Je passe mon chemin
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Le Pendule De Foucault

Avec ce roman, Umberto Eco espérait avoir réglé son compte à l'ésotérisme de pacotille qui infuse dans la société occidentale contemporaine. Cela n'a pas été le cas,. Les adeptes de sociétés secrètes et d'histoire non moins secrète ne se laissent pas convaincre par une critique aussi subtile que celle d'un Eco. Tant mieux, puisque le propos du livre reste d'actualité encore en cette première moitié de 21° siècle.

Reste un excellent roman plein d'érudition, plein d'humour, à la narration remarquablement maîtrisée. Les dialogues sont merveilleux (et très bien rendus par la traduction française de Jean-Noël Schifano).
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Le cimetière de Prague

Un des derniers romans d'Umberto Eco, dans lequel l'auteur approfondit une piste ébauchée dans Le Pendule de Foucault, à savoir cette littérature occultiste et/ou antisémite fabriquée en Europe au 19° siècle. Quand on dit "fabriquée", c'est au sens propre : on parle de textes fabriqués lsur commande, présentant des fantaisies et des élucubrations comme des faits réels dans un but de propagande et de désinformation (les fake news et théories du complot actuelles reprennent les mêmes procédés). Alimenté par l'érudition d'Eco, c'est passionnant.

La virtuosité narrative d'Eco est ici à son sommet : dédoublement du narrateur, multiplication des points de vue... Un grand plaisir de lecture.
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Le Nom de la rose

Un ouvrage magistral à tous points de vue : intrigue passionnante, un contexte historique tellement bien décrit que l’on a l’impression d’être transporté dans le temps, des éléments extrêmement précis sur l’histoire de l’église, des personnages avec beaucoup de relief, bref un livre qui marque la littérature mondiale. Un chef d’œuvre. Un seul bémol : peut-être une vision excessivement noire de l’époque et de la vie dans une abbaye médiévale.
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Le Pendule De Foucault

Je crois sincèrement qu’il n’y a pas d’âge pour voir remettre en question ses certitudes.



A l’image d’un Lucien de Rubempré, certaines des illusions que je pouvais encore avoir en littérature sont parfois balayées d’un amer revers de la main - consistant revers puisqu’ici on parle tout de même de plus de 200 pages!- par la lecture d’un ouvrage, d’un auteur, en lesquels pourtant je prêtais foi.











Ainsi en va-t-il d’Umberto Eco, dont j’aime l’érudition et la verve en tant qu’essayiste et conférencier mais dont le seul roman que j’arrive à lire est le premier, le plus célèbre (et peut être à raison finalement), le Nom de la Rose.











Comme précédemment avec le Cimetière de Prague ou Numéro Zéro, son Pendule de Foucault m’a balancé dans tous les sens sur un gros tiers du roman avant de m'éjecter de sa trajectoire immuable -si j’osai l'hérésie j’y ajouterai deux lettres pour le rendre imbuvable mais je vais continuer à croire que c’est moi qui ne suis pas fait pour le livre- pourtant plus lassé que perdu que je l’étais dans les méandres des références historico-métaphysiques et les digressions amoureuses qui, à mon sens, noient trop la maigre intrigue dans un bouillon de culture ô combien pointu (trop peut être?).







Si j’ai un conseil à donner aux futurs lecteurs du Pendule (et des romans d’Eco en général je dirais) c’est de les aborder plutôt comme des réflexions savantes sur de multiples sujets qui montent parfois un peu trop dans les tours (de Babel) et de ne pas s’attendre à lire une histoire traditionnelle ou, tout du moins, d’ espérer la voir évoluer rapidement.
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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Le Nom de la rose

Ce livre est l'un des rares exemples où l'adaptation cinématographique est largement meilleure que l'écrit original. Que ce livre est pénible à lire ! Tous ces mots latin, ces innombrables digressions sur la théologie et les conflits entre l'Eglise catholique et les États, c'est tout bonnement insupportable ! Personnellement, je n'ai jamais rien compris à ces luttes au Moyen-Âge entre ordres religieux eux-mêmes et entre représentants de la religion et représentants politiques et l'auteur a beau manifestement prendre du plaisir à nous les partager, je n'adhère pas et n'y ai toujours rien compris à la fin de la lecture de ce pavé. Seule l'enquête policière a un intérêt. Et encore, on peut être réfractaire à Guillaume, ce moine omnipotent et omniscient. Je sais que ce livre a gagné des prix et était considéré comme un chef-d'oeuvre dans les années 1980. En 2023, autant le film garde toute sa place dans les chefs-d'oeuvre, quant on peut reléguer ce livre soit-disant policier ( mais en fait plutôt un livre historique) aux oubliettes.
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Comment voyager avec un saumon. Nouveaux pa..

Umberto Eco est un génie selon moi, donc ma note n'est pas objective. Ce texte n'est pas son meilleur, mais c'est quand même excellent. C'est drôle, c'est loufoque, même si c'est parfois un peu facile. C'est brillant, on sent qu'il a voyagé... voilà, je ne suis pas objective.
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Le Nom de la rose

Ayant vu le film il y a bien longtemps et en gardant un bon souvenir, j’ai entrepris la lecture de ce monument.

Autant le dire d’emblée, je suis fatigué et content d’avoir terminé.

La lecture n’est pas aisée, ni fluide - surtout dans la première moitié de l’ouvrage; ceci pour plusieurs raisons: de longues listes énumératives, de longues citations latines, du vocabulaire inusité et récurrent, des références à des personnages et congrégations religieux hors de portée du commun des lecteurs que je suis. L’utilisation continue et systématique de syllogismes - notamment par Guillaume - devient vite lassante.

C’est le parcours du lecteur pénitent: merci Umberto!

Pourtant même si je ne prétends pas être au niveau d’érudition de l’auteur, loin s’en faut, je crois connaître tout de même mon histoire médiévale. Alors quel est le but recherché? L’esthétisme? Ou bien éprouver le lecteur sur plusieurs centaines de pages?

En tout cas, ceci n’éclaire pas les débats théologiques autour des franciscains, fraticelles et papistes d’Avignon. Et c’est bien dommage.

Il est interessant de noter le peu de considération apportée au pape Jean XXII, et aux français en général ce qui est en contradiction remarquable avec ce que nous conte Maurice Druon dans les Rois Maudits. Et c’est très bien ainsi!

Au delà de l’intrigue « policière » interessante, il y a l’enjeu du débat sur la pauvreté du Christ avérée ou non, entre franciscains et l’Eglise et ses prêcheurs.

Cet enjeu en réalité n’est ni plus ni moins de savoir si le religieux doit garder ou abandonner le droit de légiférer sur les affaires terrestres. Un chapitre y est consacré et nous ne sommes pas loin de la loi française de 1905, de séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Je reste dubitatif sur le succès planétaire de cet ouvrage très exigeant: les gens l’ont-ils vraiment lu? Mais je ne suis qu’un « simple » qui parle « vulgaire ».

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Kant et l'Ornithorynque

Regardez l'ornithorynque.

Avec son célèbre corps ressemblant à une taupe portant une queue de castor et un bec de canard, la bête déconcerta les premiers scientifiques occidentaux qui l'étudièrent en 1798. Était-ce un mammifère ou un reptile ? A-t-il pondu des oeufs ? Était-ce juste un canular taxonomique?

L'ornithorynque a fini par trouver sa place dans le règne animal, mais comme le montre Eco (Voyages en hyperréalité, etc.) dans ses essais stimulants, les questions qu'il a soulevées sur le langage et la perception animent encore des débats sémiotiques vivement contestés.

Écrivant avec son acuité intellectuelle habituelle, Eco s'étend largement sur le terrain métaphysique, s'inspirant d'Aristote, Heidegger pour éclairer ses discussions.

Révisant certains aspects de la philosophie de Kant en termes d'études cognitives, Eco s'interroge sur la manière dont nous identifions les choses qui nous entourent et soutient que le sens dans le monde est finalement contractuel et négociable.

Lorsque les Aztèques ont vu pour la première fois des chevaux montés par des conquistadors espagnols, par exemple, ils ont utilisé leurs connaissances antérieures pour supposer que les envahisseurs montaient des cerfs.

Dans un autre exemple, Eco étudie comment nous pouvons reconnaître une suite de Bach pour violoncelle seul, même lorsqu'elle est jouée par différents solistes ou transcrite pour la flûte à bec.



La capacité d'Eco à équilibrer un sujet hautement technique avec des anecdotes et des illustrations largement intelligibles devrait le rendre précieux et agréable pour quiconque cherche une introduction plaisante à la philosophie du langage.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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