Une superbe trilogie, de la grande bande dessinée, un plaisir absolu
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Beau graphisme, un sujet que j'aime, mais un dernier tome vraiment sordide consacré plus aux humains qu'à la ville géante.
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Version courte: Eisner est un genie et "L'Appel de l'Espace" est son chef d'oeuvre. Je ne peux m'empecher d'etre dithyrambique quand il s'agit de Will Eisner. Sa maitrise de "l'art sequentiel" (plongez-vous dans "Big City" si ce n'est pas encore fait) conjuguee a son talent de conteur en font un des auteurs incontournables du 9e Art. Hormis les aventures du Spirit qu'il a cree a la fin des annees 30, l'essentiel de son oeuvre, depuis qu'il est revenu a la BD en 78 avec "Un contrat avec Dieu", se compose de recits psychologiques explorant les relations complexes qui s'instaurent entre les gens dans le contexte de la ville, la "Big City".
Mais au milieu d'ouvrages comme "Big City", "Dropsie Avenue" ou "Le Building", il y a ce veritable OVNI qu'est "L'Appel de l'Espace", ou Eisner s'essaye a la science-fiction. Non pas la SF facon Star Wars, mais une forme plus subtile, qui lui sert une fois de plus a etudier cet etrange animal qu'est l'Homme.
Tout commence par un etrange message venu de l'Espace. Un evenement d'une telle portee ne peut laisser personne indifferent, et l'agitation qui va s'emparer de l'Humanite va engendrer une confusion indescriptible. Politique, science, religion… tout le monde va vouloir mettre son petit grain de sel dans la situation, jusqu'a la rendre saumatre. Sans avoir l'air d'y toucher, Eisner reussit une analyse tres pertinente des travers de notre societe, ce signal venu de l'espace n'etant finalement qu'un catalyseur.
Patiemment, Eisner tisse sa toile, entrecroise le destin de ses personnages. Rien n'est laisse au hasard. Le resultat est une satire feroce et brillante, qui reste d'une brulante actualite, meme si ecrite il y a pres de 20 ans.
Philip K Dick aurait adore !
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Superbe découverte d'un pionnier de la bande dessinée qui a développé cet art comme un mode d'écriture en soi et a été le premier à créer le "roman graphique".
Superbe album, plein de petites histoires sur la ville et les gens. Toutes les scènes, les croquis, les histoires se déroulent à New-York, mais sont universelles lorsque Will Eisner parle de la solitude, de l'indifférence, des phénomènes de foule mais également lorsqu'il décrit les rues comme un petit village, les relations de voisinage. Certaines histoires sont très pessimistes, d'autres avec plein d'humour. C'est un album à déguster petit à petit, à petite dose. Encore un grand nom et un grand dessinateur qu'il faut découvrir et qui nous amène à une saine réflexion sur notre relation aux autres en tendant un miroir sur nos vies de citadins.
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Je n’étais pas très convaincu par ce que j’avais pu lire d’Eisner jusqu’ici, mais cet album me fait revoir mon jugement de manière très favorable. Les différents chapitres qui s’articulent autour des habitants d’un immeuble du Bronx permettent d’aborder de nombreux thèmes tout en restant cohérent. J’y ai trouvé dans le désordre et de manière non exhaustive : la vie quotidienne du NY des années 30, les conséquences de la crise boursière, la communauté juive, les relations amoureuses, l’immigration italienne et la mafia, etc. Et le tout est servi par un dessin que j’ai trouvé efficace et inspiré.
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J'aime beaucoup le trait de Will Eisner combiné à sa capacité de faire ressentir dans ses histoires une réalité sordide de l'Amérique d'en-bas. Au fur et à mesure des albums que je lis, j'ai l'impression de vivre dans les bas-fonds de New-York, là où la misère est réelle et permanente, là où se jouent des drames quotidiens et des vies gâchées. On sent que l'auteur veut une sincérité dans son propos, et c'est louable.
Cependant, tout les albums ne se valent pas. C'est souvent des histoires courtes, comme ici, combinée par rapport aux thématiques, mais j'ai été un peu plus circonspect sur celles-ci. Même si les trois sont assez bonnes et donnent une vision entre pessimisme et optimisme de l'humaine, elles m'ont moins marquées que celles de Fagin le Juif ou Le Complot. Ici les histoires parlent d'enfant sauvage trainant dans les rues, de couples d'infirmes et de l'oncle Amos, qui abuse de sa famille. Le sentiment est curieux, certains personnages sont odieux mais humains, les relations sont souvent conflictuelles aussi. J'ai du mal à définir le ressenti que j'ai au sortir de ma lecture, un peu de malaise face aux comportements des personnages mais aussi une sorte de recul vis-à-vis de ce qui est raconté. C'est souvent assez glauque, entre enlèvement d'enfant et mariage arrangés, mais tempéré par ces "miracles" qui sont ces petits riens de la vie qui rendent la vie plus supportable et plus belle. C'est touchant, mais en même temps l'impression générale n'est pas chouette.
Bref, c'est un ouvrage de trois petites histoires au gout amer tempéré par des petites (toutes petites) pointes de douceur. Le trait de Will Eisner est toujours aussi précis, avec une façon de représenter les corps de manière assez "souple" et des décors présents, presque lourd autour de la petite vie de ces personnages. On a l'impression que les bâtiments et les rues enferment les personnages dans des espaces cloisonnés, toujours plus petit.
En somme, pas le meilleur à mes yeux de Eisner, mais un opus un peu dérangeant. C'est étrange, un peu partagé sur ces histoires.
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Contenu éditorial:
Reprend les histoires parues initialement en 1946 et reprises dans l’anthologie “The Spirit #2 : All About P’Gell” (Kitchen Sink Press, 11/1973).
L’illustration de couverture est une nouvelle version de ce magazine pour les éditions européennes.
La dernière histoire, réalisée au lavis dans les années 1950, est inédite.
Sommaire : "P… comme P’Gell" (7 p.) – "Caramba !!" (7 p.) – "La fortune de "Millissy Portier" (7 p.) – "Saree" (7 p.) – "L’école des jeunes filles" (7 p.) – "Le médaillon du Duce" (7 p.) – "Concurrence" (7 p.) – "Money, money !" (7 p.) – "Les bijoux de Capistrano" (4 p.) (noir et blanc au lavis) – Illustration n&b pleine page sur la page titre.
Critique:
Eisner est un des grands créateur de la bande dessinée – doublé d’un théoricien ayant réfléchi sur sa pratique. Le Spirit est sa création principale, la plus populaire, créé dans les pages du dimanche du quotidien américain « Register and Tribune Syndicate » le 2 juin 1940.
Mélange de justicier masqué et de détective hard-boiled, ces histoires sont marquées par l’humour (avec de savoureux pastiches du roman hard-boiled) et par la noirceur (d’où ressort une morale derrière les abus de ses criminels). Mélange explosif.
Les femmes sont fatales, manipulatrices, séductrices et le Spirit se retrouve désarmé face à elles…
Le Spirit et cette criminelle P’Gell sont sans doute éperdument amoureux l’un de l’autre, attirés comme les pôles opposés de l’aimant, prêt autant à mettre l’autre en danger qu’à le sauver d’un sort fatal.
Le dessin d’Eisner est extraordinaire : expressivité du cartoon et précision du détail réaliste sont servies par une dynamique narrative très savante, tant au niveau du scénario (récits de 7 pages) que de la mise en page géniale d’inventions.
Ces éditions couleur d’Albin Michel et les précédentes de Neptune sont excellentes.
Un auteur de bande dessinée à découvrir, un génie authentique !
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Mais quelle histoire !
Écrit et dessiné quelques petites années avant Fagin le juif (et auquel il offre je trouve un bon enchaînement de lecture), Will Eisner s’attaque ici aux idées préconçues sur les familles juives prétendument « privilégiées » installées à la fin du 19ème siècle aux États-Unis, et qui ont continué d’attiser tellement de haine, de critiques et de convoitises au fil du siècle.
J’ai trouvé très intéressant le choix de son point de vue narratif, puisqu’il a choisi de dépeindre sans concession aucune trois générations successives au sein d’une même famille : on se met à haïr certains personnages clefs hautement détestables, tout en s’émouvant du bonheur sacrifié d’autres par leurs obligations familiales, voire de leurs destins tragiques. Un constat s’impose : certaines familles les plus en vue n’ont vraiment rien à envier. Vraiment très intelligent.
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Tout n'est pas d'un intérêt extrême dans cet ouvrage référence de Will Eisner, mais on acquiert pas mal de clés nous permettant de mieux décrypter le 8ème art.
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Je connaissais mal Will Eisner. J'ai pris une bonne claque derrière la tête, tout y est, et on voit l'inspiration de romans graphiques d'aujourd'hui, typiquement celle de Ferris.
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L'avenue de la discorde
Publiée en 1995, cette bande dessinée au propos politico-social est finalement toujours d’actualité et permet en tout cas, de (re)mettre en perspective certains comportements, réactions ou phénomènes sociaux que l’on perçoit encore parfois aujourd’hui.
Dropsie Avenue, c’est l’histoire, comme son titre l’induit, d’une avenue au cours des siècles, et plus précisément, en parallèle de son histoire du bâti, de son évolution matériel et physique, de la mutation de la vie sociale et culturelle qui l’entoure. C’est donc l’histoire des individus qui occupent ou ont occupé cet espace, des successions de communautés y ayant résidées et cohabitées ainsi que leurs interactions.
Prosaïquement, l’ouvrage montre que cette rue a vu défiler de manière successive des communautés nationales et culturelles différentes. D’abord les hollandais, puis des anglais, irlandais, allemands, afro américains ou encore des individus d’Amérique Latine. C’est enfin, d’une certaine manière, un certain pan de l’histoire de “l’immigration” en zone urbaine voire de l’histoire étasunienne (ou du moins une partie) qui s’incarne dans ce roman graphique.
Ce qui marque d’emblée à la lecture de l’oeuvre, c’est bien cette difficulté (aporie ?) dans la cohabitation de populations d’histoire(s) et de cultures différentes. Chaque groupe est méfiant et/ou rejette les autres groupes. On a ainsi le droit pour chaque “épisode” au lot de caricatures et propos discriminants, xénophobes, à connotation raciste, sur chaque population-type. C’est d’une certaine manière, les soubresauts du “vivre ensemble” qui y sont portraiturés.
Peur de l’autre, crainte du remplacement, sensation de ne plus être “chez soi” (entre-soi ?) dans « sa » communauté. Finalement, comme une réaction d’anticorps face à une présence étrangère. Comme si le corps social réagit à la façon d’un corps biologique.
Ces situations font d’ailleurs échos à l’histoire de nos grands ensembles, ayant accueillies à l’origine une population blanche de “classe moyenne”, qui sont au fur et à mesure devenus des lieux de paupérisation-ghettoïsation ayant accueillis une population plus pauvre mais aussi diversifiée. A l’inverse on a pu observer un phénomène de “fuite” de ces classes moyennes blanches corrélée à l’arrivée d’un (ou plusieurs) nouveau(x) groupe(s) sociaux différents, soit, des individus aux assises financières moindres et d’une autre sphère culturelle, ce qui a pu créer, du coup, un double sentiment de différenciation (“ethnicité” et pauvreté) pour ces populations préalablement installées dans ces zones urbaines.
Du point de vue des échos, Dropsie Avenue renvoie aussi à la lecture de l’ouvrage (et sans doute bien d’autres) collectif La misère du monde, qui débute d’ailleurs par un entretien avec un couple de blancs résidant dans un quartier multiculturel et qui met bien en exergue les difficultés de cohabitation, mais d’abord de compréhension de l’autre. Dans un genre annexe, on pourrait surement faire de nombreux rapprochements avec la série Show me a hero de David Simmons (le créateur de The Wire) questionne aussi le rapport à l’autre dans cette ville où un maire doit faire face à la décision de construire des logements sociaux qui profiteront à des afro-américains au sein d’un quartier blanc.
Tous ceux qui travaillent dans le secteur de la politique de la ville peuvent constater au quotidien ce qui semble être un être un des fils rouge de Dropsie Avenue, ce rapport au passé, idéalisé pourrait-on dire, sans cesse vu comme un modèle et qui semble devenir au fil du temps une légende, un mythe, une destinations idyllique inatteignable. Finalement, cette sempiternelle phraséologie passéiste déjà ferment de l’identité romaine trouve ici une nouvelle incarnation-illustration.
Même si l’auteur n’efface pas les individus et les trajectoires personnelles (quelques individus aux complicités, solidarités voire plus entre groupes), on sent bien que pour lui, le cadre social reste le plus solide contraint globalement les quelques comportements différenciés du groupe. C’est là toute la force des infrastructures et des superstructures.
En définitive, Dropsie Avenue, c’est une fresque sociétale dure, parfois violente, désabusée (réaliste ?) mais aussi touchante, poignante, et surtout, toujours d’actualité, et qui semble-t-il, le sera encore longtemps.
PS : J’ai oublié d’en parler, mais artistiquement et techniquement l’oeuvre est superbe, c’est superbement rythmé et régulièrement ponctué de pages qui assènent un coup de poing au lecteur. Grande maîtrise.
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Dans la trilogie de Will Eisner on lit des histoire tragiques, des histoires tristes, des histoires absurdes, des histoires de solitude, des histoires drôles … tel NY on y retrouve un melting pot d'émotions. En quelques cases, quelques détails dans le dessin Will Eisner arrive à nous transporter dans la Grande Pomme. On entend les bruits, on s'imagine les odeurs … en lisant cette BD j'avais l'impression de me retrouver dans une nouvelle de Damon Runyon.
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Dans la trilogie de Will Eisner on lit des histoire tragiques, des histoires tristes, des histoires absurdes, des histoires de solitude, des histoires drôles … tel NY on y retrouve un melting pot d’émotions. En quelques cases, quelques détails dans le dessin Will Eisner arrive à nous transporter dans la Grande Pomme. On entend les bruits, on s’imagine les odeurs … en lisant cette BD j’avais l’impression de me retrouver dans une nouvelle de Damon Runyon.
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