Citations de Éric Fottorino (699)
Mon Dieu, remplis mon âme d'amour pour l'Art et pour toutes les créatures. N'admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m'influencent dans l'exercice de mon Art.
Chaque douleur est une mémoire.
Les gens qui n’ont rien dans le cœur pensent que les suicidés n’ont rien dans le ventre.
A ma montre, il était déjà six heures du soir.Je ne comprenais pas qu'il puisse être si tard.Maylis,foudroyait le temps, quand nous étions ensemble.
Questions à mon père
Longtemps je me suis interdit d'aimer deux pères à la fois. Michel, celui qui m'adopta à l'âge de dix ans, me donna son nom de Méditerranée, son temps infini, une affection aussi discrète que démesurée. En aimer un autre eût été à mes yeux une trahison. Pourtant j'avais bien sûr un père naturel, un père biologique : Maurice Maman, médecin accoucheur , juif du Maroc, dont j'ai cru pouvoir nier l'existence après l'avoir vu à ma demande, l'année de mes dix-sept ans.
Michel et Maurice se sont rencontrés une fois, le jour de mon mariage. Puis Michel s'est donné la mort le 11 mars 2008, comme je l'ai raconté dans "L'homme qui aimait tout bas". Le moment était venu de me retourner vers mon "vrai père", Maurice Maman, d'autant qu'une maladie orpheline menaçait de l'emporter à tout instant. Au fil de nos conversations, je suis remonté à l'oasis du Tafilalet, au sud du Maroc, source de nos origines. J'ai découvert le visage de ses parents disparus, Mardochée et Fréha. Et aussi la dignité dont il fit preuve comme juif tout au long de sa vie, au Maroc et en France.
Pour étrange que cela paraisse, c'est parfois le rôle d'un fils de reconnaître son père. "Comme on peut aimer deux enfants, on peut aimer deux pères", m'a écrit Maurice. A présent je le sais.
Waldemar Cuzco nous offrit ce que tous les enfants de la terre attendent avant de s'endormir, le bonheur d'être bercés.
Papa m'a mis au vélo après avoir constaté ma nullité au football, comme goal des poussins du Bordeaux Etudiant Club.
Il m'a appris à lutter, à ne jamais abandonner, à serrer les dents, à ne pas me plaindre de la malchance ou de la défaillance ou des côtes ou du vent, à ne pas prendre la grosse tête si parfois je gagnais une course, à ne pas me décourager si j'étais largué loin derrière les premiers. A vélo il m'a appris la vie.
Mo a coupé de grosses tranches de pain. Il connaît les habitudes de son oncle. Des habitudes empruntées à Léonce qui ne quittait jamais la table sans bourrer ses poches de pain qu'il chipait dans la corbeille d'osier. Le réflexe des anciens déportés. Un réflexe qu'il garda jusqu'à sa mort. Les petits larcins de Léonce n'échappaient pas à Isidore encore gamin. Alors lui aussi s'était mis à chaparder des bouts de pain à la fin des repas. Il filait à la tâche sa veste gonflée de tartines. C'est encore sa manière de penser à Léonce, à la déportation, au sens de son existence. (P.178)
« Il est debout devant ses champs .(…….) .
Il est solidement enfoncé dans la terre comme une colonne » ..
JEAN GIONO , « REGAIN » .
« Avec Serge Laget, la fièvre jaune n’est jamais loin, mais le pire, c’est qu’on n’a pas envie d’en guérir ! » (p. 102)
- Il m'a fallu des années pour retrouver l'estime de moi. C'est mon métier d'infirmière qui m'a sauvée. M'occuper des gens, les soulager. Éprouver leur reconnaissance muette.
... mettre fin à une utopie de 65 ans, à ce rêve de journalisme autogestionnaire, à la belle aventure d’un journal de journalistes.
Tu es si jolie, si perdue, ma toute petite maman.
p 60
L'être humain est comme une mayonnaise. Pour que ça prenne il faut verser les ingrédients au bon moment. Sinon rien ne se passe, c'est trop tard.
Je revois son cou maigre avec sa pomme d'Adam pointue qui plonge et remonte comme un bouchon de pêcheur.
Le paradis, pour toi, c'était loin de ta mère, loin de ton frère, loin des curés à cou de poulet, loin.
j'ai choisi l'écriture, ce continent d'incontinence, pour retenir ce qui peut l'être avant que le temps n'engloutisse tout ce qu'il fut dans les brumes de la mémoire
Ce matin on a pris la SIRÈNE DES MERS près du ponton aux yachts et on a foncé vers le phare de Cordouan.Le bateau a stoppé son moteur à la sortie du port pour attacher derrière lui un zodiac Zeppelin avec de gros boudins car à travers le haut-parleur le capitaine a prévenu qu'on allait accoster les pieds dans l'eau.Oncle Abel s'est Assis sur une bouée canard.Il avait des hėmorroïdes et ça le soulageait de s'asseoir dessus mais pas la tête du canard qui gonflait à vue d'oeil comme si elle avait reçu un gnon de Cassius Clay. Il a dit qu'un trop plein de vin blanc hier soir lui avait donné le rhume du derrière et monsieur Archibouleau avec.Nous ,on était deja couchés quand le docteur Malik les avait rejoints pour vider quelques bouteilles.Ils avaient chialė comme des oueds tellement ils riaient avec leur vin gai dans les veines et copains comme cochons vu que le docteur Malik il fait pas le musulman.
Avez-vous remarqué au cinéma ? Tant que la lumière est allumée, les spectateurs bavardent. Quand le noir se fait, tout le monde se tait. Le noir commande au silence.
Le reste de sa vie, Norman Jail l'avait passé à noircir des milliers de pages, n'en publiant aucune. Son œuvre était un monument aux mots.