AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Expert voyages

Cet insigne distingue les globe-trotteurs du livre, qui à travers les récits aiment s'évader et aller à la rencontre de nouvelles contrées livresques.
Non classéDécouvrez tous les insignes
Les meilleurs   Dernières critiques
Chemins

Michele Lesbre est une magicienne du verbe. N'en doutez pas.

"J’ai trois ans. Un homme qui me paraît immense entre dans la minuscule cuisine de l’appartement rue du Souci à Poitiers, me prend dans ses bras, je ne l’ai jamais vu. Ma mère me demande de l’appeler papa. C’est mon père."



Dès les premiers mots le chemin est tracé. Laissez vous prendre par la main , laissez ses souvenirs affleurer sa conscience, imaginez la rue du Pommier, la maison de R ou celle ci non loin du canal ... Peut-être vous retrouverez vous vous aussi le regard perdu au loin en train de remonter le temps ....

Michèle Lesbre compose une petite musique bien à elle, Elle est en quête ici de ce père qu'elle a peu ou fort mal connu . son roman fétiche signé par Henri Murger Scènes de la vie de Bohême lui permettra t'il de faire la connaissance de l'homme qu'était vraiment son père ?



A déguster

Commenter  J’apprécie          131
Norvège

La Norvège, un pays qui me fascine à la fois par sa littérature, découverte par hasard dans les années 2000 au travers de différentes conférences et festivals présentant ses différents aspects (pas seulement policier !) et sa découverte géographique, aux premiers jours de ma retraite par une croisière sur l’expres côtier de Bergen à Kirkenes, l’aller et retour m’ayant permis d’apprécier une partie des richesses de ses villes côtières.

J’ai eu l’occasion de réitérer plusieurs fois mes visites dans différentes régions du pays et j’espère bientôt pouvoir y retourner.

Une mise en avant de cet ouvrage sur une table de la médiathèque voisine de mon nouveau lieu de résidence m’a incitée à préciser un peu plus mes recherches sur mon prochain itinéraire ou simplement pour rêver.

L’auteur est photographe… je vous laisse deviner la qualités des vues proposées. Je reste songeuse devant de tels spectacles.

Le pays est découpé en différentes provinces et un circuit sortant des sentiers battus et rabattus nous est proposé.

J’ai pris beaucoup de note pour l’avenir et j’ai bien rêvé dans mon fauteuil !

Je vous souhaite un beau voyage.
Commenter  J’apprécie          60
Itinéraire d'enfance

Bê est une collégienne, fille d'institutrice, intrépide, éprise de justice, révoltée et téméraire. Autant de qualités qui vont se retourner contre elle à de multiples reprises et la mèneront à mener un voyage à travers le Vietnam à la recherche de son père, autant que d'elle-même et d'enseignement que le communisme met de côté - car rien ne devrait être au-dessus du Parti et de ses règles divines.



C'est le troisième roman de Duong Thu Huong que je lis et j'ai été très emballée et touchée par ce roman qui reprend beaucoup de motifs et thématiques chères à l'auteure : la nature, la nourriture, la désacralisation des "grandes figures" politiques corrompues et perverses, la défense des opprimés par le système politique, le féminisme, l'identité du Vietnam qui se reconstruit et se cherche dans après la colonisation et la guerre entre communisme et tradition confucéenne.

Le tout servi avec une plume sensorielle, élégante et intelligente. Lire cette romancière est déjà un voyage sensoriel à travers des descriptions bucoliques qui contrastent avec la description de la pauvreté et de ses conséquences sur la communauté d'individus qu'elle décrit.



J'ai été tour à tour touchée et révoltée par la quête et le courage de Bê face aux adultes qui utilisent l'idéologie et leur position hiérarchique comme des voiles de probité pour justifier et assoir leur cruauté - car le détenteur de ces titres ne peut être contredit. Les ravages du dogme sur les individus et les vies qu'il détruit sont une autre constante de son œuvre, du moins de ce que j'en ai lu. Heureusement, cette histoire continent aussi des figures de résilience qui aident Bê à se construire et l'aident à affronter ceux qui profitent de son jeune âge.



Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce roman, ce sont les personnages secondaires qui ne sont pas de simples figurants dans la mesure où ils apportent du relief et du réalisme à l'ensemble du récit autant qu'ils permettent au lecteur de comprendre le monde dans lequel évolue le personnage principal.



La seconde partie du récit est moins dure que la première et est source d'exploration autant que de reconnexion à sa personnalité et à l'histoire de son pays pour cette petite tête brûlée dans laquelle il y a beaucoup de l'autre (à mon avis). Le contraste entre milieu "urbain" et montagnard, savoir intellectuel moderne et savoir ancestral pratique a été un émerveillement. Si au début je me désolais de voir que la quatrième de couverture en avait trop dit, le roman est suffisamment captivant pour qu'on ne le lâche pas.



En bref, une aventure humaine incroyable avec une Marji version viet qui m'a transportée et donné envie de lire d'autres romans de cette romancière féministe et engagée pas assez connue à hauteur de ce qu'elle mériterait.
Commenter  J’apprécie          140
Avril enchanté

Mrs Wilkins a beau habiter dans un quartier résidentiel de Londres, Hampstead (vu dans Quatre mariages et un enterrement), son mari, qui la trouve moche et sotte, lui conseille d'économiser (une poire pour la soif) et de ne pas dépenser en fringues. de toute façon, elle est moche, dit-il.

Elle lit une annonce dans le Times :

« Petit château médiéval. Italie. Glycines et soleil, à louer au mois d'avril. »

Franchement, un château, ce n'est pas pour elle, pourtant elle repère une autre femme qui lit la même annonce, et prend sur elle pour l'aborder.

Elle qui se prend pour une nulle s'exalte soudain, fait douter Mrs Arbuthnot de sa santé mentale, puis la persuade que passer un mois en Italie, avec sa poire pour la soif, ce serait idéal.

Le soleil, les glycines.

Sortir de la vallée de larmes de la vie.

La poire ne suffisant pas elles invitent deux autres participantes, Mrs Fischer et Lady Caroline.

Mrs Wilkins voit le bonheur qui peut lui advenir.

Mrs Arbuthnot, grenouille de bénitier, à l'idée de partir au soleil, « éprouvait de mélange de bonheur, de remords et de crainte qui est d'ordinaire le privilège des femmes adultères ». Sauf que son mari ne vit pas vraiment avec elle, il écrit et n'a pas le temps de rentrer chez lui.

Mrs Fischer est une vieille femme radine jouant sur ses rhumatismes pour obtenir la meilleure chambre. Elle restera tout le mois ou presque, campée sur ses positions des convenances à tenir, et sous le prétexte qu'elle a connu Tennyson, Carlyle, Ruskin…elle s'arroge la meilleure place.

Lady Caroline est jeune, blasée de tout et surtout de l'amour qu'elle suscite par sa beauté. Elle veut qu'on lui foute la paix, point.

Ces quatre femmes doivent donc se partager un château, avec toutes les difficultés et les doutes que cela comporte. Heureusement, le domestique basané qui les as accueillies « a oublié de les assassiner ».

Un arbre de Judée, des capucines, des brassées de lys blancs, des cyprès, le soleil, le ciel bleu et la mer avec vue sur Gènes : cette beauté absolue de la nature va influer sur chacune des femmes et les aider à s'ouvrir, à prendre conscience, l'une, Mrs Arbuthnot, appelons-la Rose, de sa bigoterie qui a éloigné son mari, l'autre, lady Caroline, de son égoïsme d'enfant gâtée, enfin Mrs Fischer, des vieilleries dont elle s'entoure en ne parlant que du passé.

le bonheur s'installe, avec rebondissements, l'humour « so british » toujours présent pour typer l'une et l'autre, car typées, elles le sont, enfin, le bonheur, vu par Mrs Wilkins, dont le petit nom sonne beau : Lottie.

Elizabeth von Arnim, plus de vingt ans après « Elizabeth et son jardin anglais » réédite la force des jardins à changer la vie et l'esprit.



Un enchantement, ce bouquin.

Un petit clin d'oeil Thrinecis et à Sylvie @Toscane , qui m'ont gentiment invitée.

Commenter  J’apprécie          6039
LE LIVRE DES MERCIS

Cocorico! Nous débuterons cette aventure graphique avec un coq très chouette

" Merci douche!

Merci chaleur!

Merci cuillère!

Merci oeuf! ... "

Merci pull!

Le chant du coq. Mais n'est-ce pas le début d'une journée?



" Merci" nous fera penser à "Merci à tous !" d'Isabel Minhós Martins ( Rue du Monde), véritable rituel zen pour accueillir la journée et en retenir tous les petits plaisirs simples.

" Bonjour" d'Icinori et "Merci à tous !" d'Isabel Minhós Martins donneront dans l'action de grâce (Thanksgiving) et la sophrologie, permettant la pensée positive, le recentrement au moment présent et de capter à chaque image la chose agréable.

Ça sera le jeu offert aux petits lecteurs qui s'amuseront à remercier et nommer les éléments sur les images et retrouver leur utilité, leurs bienfaits sur une lecture de groupe ou à deux (il faudra lancer le jeu, messieurs-dames les grands lecteurs mais gage que les enfants comprendront d'eux-même l'invitation avec les représentations très élégantes, colorées, d'éléments du quotidien.

En remerciant chaque chose à partir du saut du lit, les auteur(e)s de l'atelier Icinori vont aussi s'amuser à égréner le temps, l'étendre, le rallentir et nous allons le prendre ce temps.

Mais ça ne sera pas tout, les auteur(e)s ajouteront l'aventure!

" Merci lettre!

Merci carte!

Merci valise..."

Et chaque élément que pensera à prendre le personnage hors champ sera un premier pas vers cette destination que nous ne découvrirons qu'à la fin, une ouverture sur ce que l'on pourrait en faire sur cette mission.

Et puis, nous finirons par le voir ce personnage, adoptant avec l'image l'oeil du "drône" qui surplombe et il va se perdre tout petit dans le paysage qui sera coloré et lui tout noir ( pour le répérer. Une silhouette).

Mais où va t-il?

Où finront ses remerciements?



Un album imagier tout en lithographie, (nous le suposerons. Le rendu de la création en série à partir de pochoir ou de plastique sera plus lisse puisque l'on va imprimer après avoir étalé la couleur (sérigraphie).

La lithographie permettrait de travailler son tampon de pierre et de gratter ses lignes serrées ou croisées que nous appercevons et qui offriront un effet de profondeur en les diversifiant par endroits. C'est joliment décoratif également.

Les premières pages de "Merci" décortiqueront le procédé de départ de façon plaisante et ludique, un procédé d'une empreinte à 3 couleurs (1 tampon bleu,1 rouge et un jaune avec chacun des contours identiques puis quelques motifs complémentaires et une quatrième image rassemblant les trois empreintes sur un même dessin...

Les petits lecteurs peut-être jugeront alors chaque image avec plus d'attention et repenseront à sa création savante.



L'aventure va offrir astucieusement un deuxième temps qui rompra avec l'imagier statique et qui promettra aussi contrairement sa petite dose de suspens.

Un très beau livre à feuilleter pour nommer et imaginer.
Commenter  J’apprécie          30
Les Naufragés du Wager

En 1740 alors qu'il existe un conflit colonial entre l'Angleterre et l'Espagne, le vaisseau de ligne HMS Wager quitte Portsmouth, avec six autres navires. Leur mission secrète est de capturer le trésor d'un galion espagnol.

Mais le HMS Wager avec le mauvais temps est séparé du reste de la flotte dans le passage du cap Horn, pour finalement faire naufrage sur l'île de Wager. Après plusieurs mois dans des conditions de survie épouvantables, quatre-vingt un hommes parviennent à quitter l'île et à reprendre la mer sur une embarcation de fortune. Trois mois et demi plus tard, alors qu'ils ne sont plus qu'une trentaine, aux termes d'un périple de plus 5000 km, ils atteignent le Brésil. À six mois de là trois autres survivants échouent sur la côte chilienne. Les années ont passé quand, de retour en Angleterre, ces hommes réchappés de l'enfer vont s'accuser mutuellement, pensant qu'ils jouent leur vie s'ils ne parviennent pas à convaincre de leur innocence la cour martiale en charge de leur sort. Tous vont pourtant modifier leurs témoignages, après avoir compris la logique de leurs juges.



Cette histoire maritime ne manque pas de susciter de nombreuses émotions à la lecture des conditions des marins affrontant de terribles périls dont beaucoup ne réchappent pas. Un monde aussi dangereux qu'impitoyable, qui l'est plus encore par l'ambition et la sauvagerie de certains, ainsi que par le contexte de guerres coloniales entre États ; les pays colonisés sont pillés et la population est souvent réduite en esclavage. Remarquable dans ses descriptions de la marine militaire du 18e siècle et du naufrage du Wager et de ce qu'il advint de son équipage, ce roman inspiré d'une véritable histoire aurait toutefois mérité une traduction française plus soignée — pour corriger les coquilles, mais aussi pour les faux sens, les anglicismes et les méconnaissances des termes de marine. L'auteur américain avait pris soin de faire relire son travail très documenté par un marin, ce que l'éditeur français aurait été bien inspiré de faire aussi. Malgré tout, un livre prenant que je recommande 😊

Commenter  J’apprécie          602
Au coeur des ténèbres

Congo, fin du 19ème siècle. le pays n'est pas encore une colonie belge, mais la propriété personnelle du roi Léopold II, qui en exploite les ressources, surtout l'ivoire.



Le capitaine Marlow (alter ego de Conrad), jeune marin anglais tenté par l'aventure africaine, débarque en Afrique équatoriale pour prendre le commandement d'un vieux vapeur branlant dont le capitaine est décédé récemment. Marlow est chargé de remonter le fleuve Congo pour aller récupérer un certain Kurtz, responsable d'un comptoir à Stanley Falls et grand pourvoyeur d'ivoire aux méthodes supposément immorales.



Marlow est fasciné par ce qu'il apprend sur ce personnage, dont on lui parle beaucoup mais qu'au final il verra et entendra fort peu, puisque l'homme est moribond quand il le retrouve enfin : un parfait gentleman, cultivé, intelligent, artiste à ses heures mais qui, au contact de cette terre africaine, de ses habitants, de sa nature sauvage et luxuriante et de son climat implacable, n'aurait plus écouté que sa cupidité et son obsession pour l'ivoire, et aurait tombé le masque de la civilisation pour basculer dans une sauvagerie absolue.



Tout au long de son périple, Marlow est envahi de sentiments troubles, contradictoires. Il perçoit tour à tour la jungle qui borde le fleuve comme un refuge maternel, matriciel mais, le plus souvent, comme un monde de dangers et de ténèbres. Marlow est constamment assailli par une sensation d'étrangeté et de mystère, enveloppé au propre et au figuré par la brume qui sourd tant de l'eau et de la forêt que de son esprit tourmenté. Et quand par moments le flou se dissipe, il est aveuglé par un soleil écrasant ou une nuit infernale.



Ce roman dénonce la domination de l'Homme Blanc dit « civilisé » sur le « sauvage », l'appropriation, l'exploitation et la spoliation des richesses d'un pays sans la moindre considération pour sa population, sauf dans la mesure où elle peut servir de main-d'oeuvre, et qui à ce titre subit des cruautés sans nom.



Marlow/Conrad remonte le Congo tout autant qu'il remonte le cours de l'âme humaine pour tenter de comprendre ce qu'elle comporte de part sombre, et pourquoi et comment cette obscurité, chez certains, se révèle au grand jour.



Un roman sombre, envoûtant, fascinant, oppressant, qui n'explique pas tous les événements ou comportements. Ce mystère, ces incertitudes, sont inconfortables pour le lecteur, comme ils l'ont sans doute été pour Marlow/Conrad. Ce dernier ne s'est pas lancé dans d'hypothétiques explications, pressentant probablement que la vie, l'âme ne seront jamais entièrement explicables. Savoir qu'on ne sait pas, un signe de l'intelligence et de la sagesse qui caractérisent ce roman très riche, à lire et à relire.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          637
Avec les fées

Embarquant sur un voilier de quinze mètres, en début d’été 2022 de Gijon, cap au nord vers les iles britanniques, Sylvain Tesson, Benoit et Humann, font escale dans le Finistère, le Pays de Galles, l’Irlande, l’Ecosse et se trouvent le 8 septembre dans un royaume pleurant sa souveraine, sans avoir croisé la moindre fée.

Des mois de navigation entre la bibliothèque de bord et les promontoires occidentaux de l’Europe sur l’arc celtique d’où les explorateurs sont partis à la conquête de l’Amérique après avoir hissé les menhirs et dessiné les paysages.

Des escales de quelques heures ou quelques jours où l’écrivain progresse le long du littoral, à pied ou en bicyclette, puis retrouve ses coéquipiers restés à bord du voilier, sans avoir beaucoup échangé avec les personnes croisées, ce qui me semble regrettable et contribue à créer un récit en « pointillé » qui manque, à mes yeux de fluidité.

Une lecture malgré tout féerique mais, à mes yeux, un titre inférieur à Blanc, en compagnie d’un auteur cultivé, ironique et souvent caustique,.



PS : ma critique de Blanc
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          860
La panthère des neiges

La panthère des neiges / Sylvain Tesson /Prix Renaudot 2019.

L’éloge de la lenteur et de la patience.

C’est sur les hauts plateaux du Tibet que l’auteur, accompagné de son ami Vincent Munier, photographe animalier, va découvrir le concept d’affût. Pas d’autres moyens pour apercevoir la panthère des neiges qui sait si bien faire croire qu’elle a disparu telle une ombre magique.

L’approche et l’attente sont particulièrement bien décrites pour tenter d’apercevoir l’un des félins les plus rares au monde et dont la survie est menacée. C’est une véritable expérience d’introspection et d’immobilité. Le duo d’amis est accompagné de Marie, compagne de Vincent et réalisatrice du film qui est tourné à cette occasion, et de Leo-Pol assistant.

On découvre les hauts plateaux du Tibet entre 4000 et 5000 mètres et leur rigueur climatique avec entre moins 20 et moins 30 degrés, ainsi que les sources du Mékong, avec leur faune de yacks et d’ânes sauvages, sans oublier les loups et les renards.

C’est dans une vallée d’un affluent du Mékong que la panthère leur apparait à trois reprises. C’est là qu’à la saison, les mâles se battent, les femelles s’offrent, les couples s’appellent…Elle est là, une apparition quasi religieuse qui pour l’auteur restera à jamais un moment de caractère sacré :

« Elle levait la tête, humait l’air. Elle portait l’héraldique du paysage tibétain. Son pelage, marqueterie d’or et de bronze, appartenait au jour, à la nuit, au ciel et à la terre. Elle avait pris les crêtes, les névés, les ombres de la gorge et le cristal du ciel, l’automne des versants et la neige éternelle, les épines des pentes et les buissons d’armoise, le secret des orages et des nuées d’argent, l’or des steppes et le linceul des glaces, l’agonie des mouflons et le sang des chamois. » Magnifique passage poétique du livre.

Tout au long du récit, l’auteur nous fait part de ses réflexions sur le monde actuel dont la dégradation le heurte profondément. Il ne se prive pas d’aphorismes incendiaires dont il a le secret et sait nous faire ressentir la fragilité du monde. Il fait souvent référence à deux ouvrages issus de la sagesse orientale : le Tao-tö-king de Lao-tseu dont il aime l’hermétisme narcotique et la Baghavad-Gita, un des textes fondamentaux de l’hindouisme. On remarquera aussi la qualité du style ainsi que le niveau de culture de Sylvain Tesson.

Extrait :

« L’une des traces du passage de l’homme sur la Terre aura été sa capacité à faire place nette. L’être humain avait résolu la question philosophique de la définition de sa nature propre : il était un nettoyeur ! »

« Les grottes avaient constitué la géographie matricielle de l’humanité dans ses lamentables débuts. Chacune avait abrité des hôtes jusqu’à ce que l’élan néolithique sonne la sortie d’abri. L’homme s’était alors dispersé, avait fertilisé les limons, domestiqué les troupeaux, inventé un Dieu unique et commencé la coupe réglée de la Terre pour parvenir dix mille ans plus tard à l’accomplissement de la civilisation : l’embouteillage et l’obésité. » En bref tout au début de la vie, « sortir de la soupe, ramper dans la nuit, trouver un abri : l’histoire de la vie. »

« J’ai appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée…Attendre est une prière. »

À son retour en Europe, l’auteur avoue : « Je préférais toujours la réalisation des rêves à la torpeur de l’espérance. »

En bref, un très beau texte, d’une grande richesse.



Commenter  J’apprécie          130
Pur sang

Un roman qui nous amène des confins du Montana à la Croix-du-Loup, dans la campagne française.



C’est l’histoire d’autochtones chassés de chez eux qui se sont réfugiés à Eden Creek, mais c’est aussi celle de Français qui se sont établis dans ce coin tranquille et qui sont repartis en laissant un enfant qui sera élevé par un couple de « d’Indiens ». Devenu adulte, il ira à la recherche de ses racines.



C’est toujours très bien raconté, la prose de Frank Bouysse est riche et poétique. J’avoue cependant avoir parfois un peu de difficulté à apprécier certaines métaphores. Par exemple, quand il dit « La Voie lactée ressemblait à un placenta suspendu à une matrice céleste », je ne suis pas sûre de bien visualiser la chose…



Au final, c’est une belle lecture, mais on apprend que c’est le tome 1 de 2, alors attendons la suite !

Commenter  J’apprécie          263
L'axe du loup : De la Sibérie à l'Inde, sur les..

Ayant lu le livre de Slavomir Rawicz À marche forcée, Sylvain Tesson, jamais avare de bonnes idées et l’envie de bouger chevillée au corps, a naturellement voulu refaire le périple raconté par le Polonais.

De mai à décembre 2003, il a mis ses pas dans ceux des hommes qui, pendant un demi-siècle, ont fui le goulag.

Un voyage de 6 000 kilomètres, de la Sibérie jusqu’au sud de l’Eurasie, à pied, à vélo et à cheval, dont il a tiré deux livres : celui-ci et Sous l'étoile de la liberté, sorte d'album photo agrémenté de longs commentaires de l'auteur. (Le photographe Thomas Goisque, ami de Sylvain Tesson, est venu le rejoindre à quatre reprises, ce qui nous vaut de splendides clichés qui se marient à merveille avec les mots.)

Les deux ouvrages sont complémentaires et, à mon avis, peuvent se lire dans n'importe quel ordre.



Que le récit (controversé) de Rawicz soit vrai ou non, finalement, peu importe. L’essentiel est ailleurs.

Il y a bien eu des prisonniers dans les goulags soviétiques ; selon les historiens, entre 10 et 18 millions. Certains ont tenté de s’évader, quitte à risquer la mort en chemin.

C’est à cette réalité historique, qu’il ne faut jamais oublier, que Sylvain Tesson nous ramène. Il ne prétend pas mener une enquête mais cherche simplement à suivre la route des évadés : "Ce que je veux, c'est arpenter les sentiers d'évasion qui sont des chemins de splendeur pour rendre hommage à tous les arpenteurs de steppes, les bouffeurs d'horizons, les défricheurs d'espace et les porteurs de souffle qui savent que s'arrêter c'est mourir."



Tout au long de son itinéraire, notre écrivain voyageur garde les sens en éveil. Son œil observateur fait merveille et son talent lui permet de retranscrire avec humour et originalité ce qu'il voit.

Sylvain Tesson nous entraîne dans son sillage et décrit avec sa verve coutumière les mille et une péripéties qui ne manquent pas de se produire.

Il raconte également les multiples rencontres qu’il a effectuées et enrichit son texte de nombreuses réflexions historiques, géographiques, et bien évidemment, humoristiques.



Le tout donne une lecture réjouissante, qui nous offre un tableau extrêmement vivant, instructif et passionnant.

Une fois de plus, Sylvain Tesson m’a emmenée en voyage. Un voyage riche et particulièrement émouvant si l’on pense à ceux qui se sont mis en route malgré tous les dangers, non pour le plaisir, non par curiosité, non par désir d’aventures, mais simplement pour retrouver la liberté.

Je ne peux que vous encourager à partir à votre tour. Vous traverserez des paysages splendides et ferez des rencontres marquantes, comme ces religieux tibétains démunis de tout mais rayonnants parce que "Savoir qu'ils vivaient suffisait à les rendre heureux de vivre."
Commenter  J’apprécie          288
Latitude zéro

Ce récit concerne la réalisation d'un défi original et même fou: il s'agissait de faire le tour du monde sans s'écarter de plus de 40 km de l'équateur. En aucun cas Mike Horn ne s'est permis d'utiliser les moyens de transport usuels: bus, trains, avions; il a voyagé presque toujours seul, non seulement à pied, mais aussi en voilier (un petit trimaran), en pirogue, en vélo, etc.. Par contre, il a pu utiliser des téléphones satellites et d'autres matériels coûteux. Toute cette expédition a été financée par des sponsors, préparée soigneusement de longue date et suivie par un staff technique capable de répondre à ses demandes de matériel au cours de son périple. Il faut dire que Mike Horn (né en 1966 en l'Afrique du Sud) n'était pas le premier venu: il avait déjà fait ses preuves de sportif et de grand baroudeur.

Bien entendu, une très grande partie de ce voyage a nécessité la traversée des trois Océans Atlantique, Pacifique et Indien. Mais une partie du chemin s'est fait par voie terrestre. Savez-vous quels pays sont traversés par l'équateur ? le Brésil, la Colombie, l'Equateur, l'Indonésie et plusieurs pays d'Afrique Centrale. Parti du Gabon en 1999, Mike Horn a abordé l'Amérique du Sud dans le delta de l'Amazone et a effectué seul la traversée de son bassin, un immense territoire presque déserté par les hommes. L'arrivée en Colombie, un pays gangréné par la guerre civile et par la violence des narcotrafiquants, a été bien plus dangereuse et pénible. Après l'interminable croisière dans le Pacifique, la traversée (à pied ou à vélo) de quelques îles indonésiennes a presque été une promenade de santé. Plus tard, le trimaran a rencontré un terrible cyclone dans l'Océan Indien avant d'aborder au Kenya. Or, les pays africains qu'il devait traverser étaient (et sont encore aujourd'hui) en proie à la guerre civile, ce qui a gravement compliqué son périple et qui a mis sa vie en danger. De ce fait, les dernières étapes de son tour du monde ont été extrêmement désagréables. Finalement, il est revenu à son point de départ, sur la côte du Gabon, au bout de 17 mois. Il était fatigué, satisfait et… légèrement nostalgique.

La réussite de ce projet vraiment extraordinaire a été possible seulement par la volonté inébranlable et la prise de risques (assumés) de Mike Horn. Il a dû batailler durement pour arriver au but, il a frôlé la mort plusieurs fois, il s'est même imposé des épreuves facultatives (comme l'ascension de deux sommets de plus de 5000 mètres). Il a vérifié que le pire danger ne vient pas de la nature, mais plutôt des humains. Trop souvent, l'homme est un loup pour l'homme; c'est particulièrement vrai en Afrique. Inversement il a apprécié les rares rencontres qu'il a pu faire au Brésil. Ce livre est apparemment un récit véridique et, à ce titre, il est passionnant. Je recommande donc sa lecture.

Commenter  J’apprécie          40
Fabuleux Pays-Bas et Belgique

Beau guide, très bien fait, permet de faire un choix éclairé des villes ou régions à visiter lors d'un voyage aux Pays-Bas et en Belgique. Bien écrit, les informations sont pertinentes mais demandent à être complétées de manière plus spécifique une fois les choix de circuits effectués. Les illustrations sont belles et donnent envie de partir à l'aventure, la qualité du papier et le format du guide en font un outil attrayant. Le format est un peu grand pour traîner en voyage, mais c'est parfait pour lire avant de partir et faire ses choix.
Commenter  J’apprécie          30
Au-delà des mers

Long récit onirique et poétique qui met en présence une poignée d'habitants du Havre, une adolescente en pleine crise et une créature étrange vivant dans la cité balnéaire depuis la nuit des temps.

En effet, Monsieur Matelot est une sorte d'étape de l'évolution entre le poisson et l'homme.

Je suis passée complètement à côté de cette histoire qui m'a parue dénuée de sens et très monotone.

Je ne dois pas avoir l'âme poète en ce moment.
Commenter  J’apprécie          70
Un certain Cervantès

Mike Cervantès est un vétéran d'Afghanistan. Avec Miguel, il partage une similitude: l'un et l'autre ont perdu une partie du bras gauche. Mais les similitudes ne s'arrêtent pas là. Mike a été prisonnier des Talibans, l'écrivain a fait un long séjour dans les geôles turques. L'un et l'autre s'évaderont autant de fois qu'ils le pourront.



Le nom et les similitudes vont monter au cerveau de Mike qui va se prendre pour Don Quichotte. Il cherchera un Sancho Pança. Il aura sa Rossinante, une Ford Mustang qui finira aussi mal que le cheval du héros picaresque.



Lax nous offre un récit de grande qualité fait de répliques cultes et d'images indélébiles. Il rameute tous les éléments constitutifs d'une épopée picaresque ou d'un road movie. Mike Cervantès est en mouvement perpétuel, jamais à court d'une cause à défendre. Il est vite recherché par la police, par le FBI, pour avoir "volé" une treintaine de livres dans une bibliothèque, au lieu de les retirer des rayonnages. Pas de censure chez Cervantès, adepte du libre-arbitre et de la libre pensée.



Mike va entamer un dialogue avec Miguel qui lui apparaîtra régulièrement. C'est l'occasion de dialogues savoureux avec le décalage des siècles et de la technologie en prime. Mike est-il dérangé? Certainement pas. C'est sans doute le personnage le plus sain d'esprit de ce roman graphique.



Cervantès est un anti-Rambo. Et cela nous le rend éminemment sympathique. Lax invoque les beatniks. On est sur la route avec Kerouac. On fait un détour chez les Navajos. On revient aux racines de l'Amérique. On termine au Chelsea à New York, temple de la Beat Generation, endroit iconique qui incarne toutes les alternatives au puritanisme américain. Et ce n'est pas par hasard que Mike s'en prend à un télévangéliste.



Quel dommage que Lax s'en tienne à un one-shot. Mike Cervantès est un héros inspirant qui avait sans doute encore bien des choses à nous dire.
Commenter  J’apprécie          120
Comment obtenir cet insigne?
    Les insignes experts sont attribués aux spécialistes ou amoureux d'une thématique littéraire, en fonction de la qualité et de la diversité de leurs critiques sur cette thématique

{* *}