Pour parler de ce livre, initialement paru en Angleterre en 1998, il m'apparaît nécessaire de dire d'abord quelques mots de son auteur,
Tariq Ali. Né à Lahore, il a été une figure prépondérante de l'extrême gauche antilibérale anglaise dans les années 1960; essayiste et romancier, il est notamment aujourd'hui éditeur à la New Left Review.
Or, le roman revient sur ces idées qui ont façonné le monde du XXe siècle, à une époque où les gens pouvaient être animés et portés par un idéal et où le collectif avait un sens.
Nous sommes en Allemagne, quelques années après la chute du Mur de Berlin. Vlady, le héros de cette histoire, écrit une lettre à son fils pour essayer de rompre un autre mur qui s'est dressé entre eux, celui de l'incompréhension mutuelle. Karl s'est installé à Bonn pour tenter de faire carrière au sein du SPD, le parti social-démocrate. Il se défie des idéaux pour lesquels ses propres parents se sont battus, qui n'ont engendré que la mort et l'écrasement des individus, et qui ont été responsables de l'une des pires horreurs de l'Histoire.
C'est un fait que Vlady ne peut nier, lui dont la famille a vécu une tragédie que le livre va peu à peu mettre en lumière. Mais le monde qu'il voit se dessiner aujourd'hui, un monde où la violence, pour être plus feutrée et moins idéologique, n'en est pas moins présente, ne lui semble guère enviable. Un monde qui a l'argent pour seul horizon. Un monde où les individus sont opprimés par un capitalisme qui a d'autant moins de complexes qu'il prône un individualisme prétendant fermer la porte à tout risque de déviance utopiste.
En revenant sur l'histoire de ces individus,
Tariq Ali embrasse celle de tout un siècle et réaffirme la nécessité de retrouver du lien social et de formuler des idées qui permettent aux hommes de construire ensemble un monde où chacun puisse trouver sa place. La tâche est ardue, certes, mais elle vaut la peine qu'on s'en empare.
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