Alors qu'elle s'apprête à terminer sa journée de travail, Monica est agressée par un mystérieux individu.
Sous ses coups, elle perd connaissance et se réveille dans une chambre, séquestrée dans un vieux moulin à l'abandon au fond d'une forêt.
La thèse du cambriolage à laquelle elle croyait ne tient plus, surtout lorsqu'elle découvre au fond d'un tiroir une photo de son jeune frère mort.
Ce petit frère qu'elle-même a tué dans l'adolescence en le rouant de coups...
Mais alors que veut son ravisseur? Qui est-il ? Et pourquoi la retient-il prisonnière?...
C'est un tout petit thriller, à peine 110 pages, que l'écrivaine allemande A.M. Schenkel, déjà remarquée avec «
La ferme du crime » et « le tueur de Munich », propose ici avec «
Bunker ». Un tout petit roman noir dans lequel elle réussit néanmoins à emporter facilement le lecteur, grâce à l'élaboration d'un suspense retors, assez habile, ainsi que d'une atmosphère lourde et oppressante que ne vient nullement éclaircir le climat sombre des lieux : des bois marécageux et étouffants où le vieux moulin à l'abandon dans lequel est séquestrée l'héroïne, se révèle encore plus menaçant, se dressant ainsi seul et isolé au milieu d'une forêt profonde et inhospitalière. Brrr…
De plus, l'impression persistante que le temps semble s'être arrêté, par un événement dont on ne connaît pas la teneur mais dont on a le sentiment qu'il a à jamais figé les choses et les décors dans un passé lointain et révolu, accentue davantage l'ambiance rance et viciée que l'on sent peser sur ce paysage inquiétant.
Puis, rapidement, un face-à-face pesant, au déroulement ambigu, se met en place, qui ne laisse pas de surprendre le lecteur et de l'interroger.
Au fil d'une construction originale où alternent les points de vue des protagonistes, dans un huis-clos troublant et menaçant, on assiste alors à un jeu du chat et de la souris de plus en plus équivoque en même temps que devient mince la notion de victime et de bourreau.
L'ingéniosité de l'auteur est de nous faire partager les pensées de ses deux personnages, la « séquestrée » d'une part et son « gardien » de l'autre, si bien que peu à peu, au fil des révélations, des comportements et des avis de chacun, le lecteur se pert en conjectures et en questionnements et en vient à douter de la victime autant que de son bourreau.
Un syndrome de Stockholm qui s'inverse et se renverse, qui se transpose, permute et se modifie en même temps que la lecture avance.
Mais c'est dommage, on arrive déjà à la fin de l'ouvrage ! Et on ne peut s'empêcher d'éprouver un goût de trop peu et le sentiment d'une conclusion façonnée de manière un peu trop expéditive.
C'est le bémol que l'on mettra à ce roman noir, au demeurant bien entretenu et soutenu par un rythme intensif.
Toutefois, l'univers nébuleux de la romancière allemande donne envie d'aller plus loin dans la découverte de ses oeuvres, souvent primées dans son pays d'origine.