Ceux qui ne renonçaient pas de
Luca Tahtieazym, une intrigue vertigineuse pour une histoire bouleversante, un nouveau fleuron de l'auto-édition !!!
La vie est une drôle de chose, quand on y pense, quand on s'arrête de faire quoi que ce soit, là, à l'instant, juste le temps de la minute de réflexion quotidienne, que l'on réfléchit sur le sens de sa propre vie, les bonnes et les mauvaises actions, les choix judicieux ou malheureux, l'entourage qui nous conditionne ou nous influence, le parcours réalisé jusque là, la petite enfance, l'adolescence, l'âge adulte, les vieux jours, les rencontres fortuites ou pas qui peuvent changer le cours du destin, la providence, la fatalité, la miséricorde, la rédemption, l'amour, les regrets, la mort, le pardon, la jalousie, le karma, les mensonges, la pitié, l'envie, la culpabilité, le châtiment, le bien, le mal, on dit souvent qu'une vie ne suffit pas à totalement nous connaître malgré la meilleure volonté du monde, même un gros travail d'introspection, psy ou pas psy, c'est toute la complexité de l'être humain avec toutes ses contradictions, une parole, un regard, un petit détail dans la grande roue du destin et tout peut changer d'un instant à l'autre, après coup, bien malin celui qui aura su, deviné ou anticipé les conséquences de ses actes ...
5 + 1 = sixième livre lu de cet auteur auto-édité que je remercie pour m'avoir permis cette lecture en numérique de
Ceux qui ne renonçaient pas, une nouvelle fois bluffé et complètement immergé dans cette histoire qui m'a tenu en haleine du début à la fin, quand j'adhère à l'intrigue et à ses personnages, thriller ou pas, c'est une ritournelle constante et incessante qui tournoie et voltige dans ma tête, les petits soucis quotidiens et autres tracas sont rélégués au fond de l'arrière puis à droite et au prochain virage à gauche encore un autre crochet par la droite et voilà, afin de laisser place nette et pouvoir vivre pleinement l'histoire de ...
... Romain, un adolescent introverti et timide, différent et fragile, transparent et neutre, l'école est un révélateur de la personnalité des élèves, certains poursuivent une scolarité "normale" sans faire de vague, d'autres se montrent plus entreprenants en s'adonnant à des pratiques subversives ou illégales, histoire de continuer à défier l'autorité ou de faire son numéro de "rebel" entamé avec la petite enfance et qui, le cas échéant se poursuivra après l'école pour la plupart, certains ont des caractères affirmés et d'autres sont justes dans la normalité.
Pour Romain, cela ne suffit pas, il veut plus, toujours plus vite, encore mieux que la banalité de son morne quotidien qui le mine, qu'il l'abhore de tout son être, c'est tout sauf improvisé, plus de temps à perdre, c'est maintenant ou jamais quand il décide, un jour, de sortir de sa léthargie, de braver le danger et sa nature profonde ... en osant défier et tenir tête au chef d'un clan d'élèves racketteurs ...
Avec des si et des si, on peut refaire le monde, le poids des décisions, la destinée n'est jamais écrite suffisamment longtemps à l'avance pour ne pas avoir son mot à dire, pour ne pas mettre y mettre son grain de sel, d'opposer son véto ou de se faire entendre, avec le recul, sa propre conscience agit comme un détonateur ou une bombe à retardement, les âmes les plus vils peuvent devenir des agneaux égarés et à l'inverse, des brebis se transformer en des bêtes assoifées de ... sang.
C'est en forgeant qu'on devient forgeron, à chaque roman, l'auteur continue son travail de sape pour nous proposer des histoires qui projettent toujours plus loin dans les tourments de ses personnages, dans les esprits les plus sournois ou manipulateurs qui soient, cette empathie à décrire et à décortiquer toutes les variations qui peuvent chambouler ou façonner des vies, la vengeance est un plat qui se mange froid, un style percutant pour décrire toutes les émotions ressenties par son personnage principal, un récit à la première personne pour renforcer l'immersion la plus prégnante qui soit, une lecture jamais redondante ni alambiquée, l'originalité de la narration en poussant le lecteur à ne pas lâcher, toujours cette ambivalence à saisir les zones troubles ou flottant de ses personnages, un travail en profondeur pour arriver à donner du rythme, des retournements de situation surprenante, un ensemble d'une cohérence et d'une synchronisation impressionnante, rien ne vous sera épargné dans le parcours de la vie de Romain, ce qui au début du roman peut s'apparenter à une quête identitaire va se muer progressivement en une quête existentielle.
Le temps qui passe, l'émancipation et l'amour-propre qui peuvent transcender et transformer quiconque, les prémices de l'amour et la découverte des nouvelles sensations, la malchance ou la malédiction qui freinent les ardeurs, l'impuissance à déjouer les carcans de la vie, la souffrance, l'abandon, la solitude, la réalité qui devient cauchemar vivant, l'illusion et la force mentale d'aller au bout de soi-même, des idées et des thèmes forts viendront s'impliquer au gré de l'évolution de la vie de Romain.
Un protagoniste qui ne cherche jamais la voie de la facilité mais qui va muer, apprendre à ses dépens, à creuser et à forger sa carapace, à fournir un travail d'exploration de ses sentiments et de ses compromis, il n'est pas seulement pris dans une sorte d'entre deux feux, ses désirs et ses rêves d'un côté, ses craintes et ses désillusios de l'autre, il n'aura de cesse de vouloir aussi tracer sa route, de comprendre, de trouver la voie de la rédemption, de se méfier des apparences trompeuses et de tomber dans le piège de la paranoïa galopante, ce roman propose un suspense implacable, irreristible mécanique de la peur, de l'inéluctable, de l'ignonimie.
A l'image de ses précédents livres, l'auteur n'hésite pas à reprendre les noms propres de certains de ses personnages, tout le monde n'est jamais complètement blanc ou noir, le gris lui va si bien, une métaphore pour situer cette frontière qui élargit ou rétrécit paradoxalement un champ de tous les possibles, un fil tendu dans les abysses du bien et du mal, des situations de grande intensité succèdent des accalmies qui inévitablement ramène l'histoire à se répéter, à cracher tout son potentiel pour nous tenir en haleine, nous faire sentir le souffle des dieux, le revers de la médaille, la brume et
l'ombre obscur, de la légèreté effacée dans la brise montante, dans des phases d'une noirceur toute Tahtieazymesque, comme dans
Versus ou
Chaos, la plume de l'auteur excelle à faire apprécier l'expérience de la violence sous-jacente, celle qui attend son heure ... et sa bile.
Les revirement sont judicieusement placés pour faire rebondir l'intrigue, pas un personnage qui ne démontre pas ses propres limites et démons intérieurs, peu importe l'étiquette qu'on pourrait lui coller, c'est avant tout un roman qui nous invite à une réflexion profonde de la vie et de ses vicissitudes, quelle limite acceptable ne faut-il pas franchir avant la zone rouge, la colère, le machiavélisme de certains donne froid dans le dos, percutant, difficile de reste affable sans éprouver un pincement au coeur, j'ai ressenti de l'empathie pour tous les personnages, pas seulement Romain, cette vision de la vie qui se veut un miroir de nos propres existences, un tant soit peu mais suffisant.
Calibré comme du papier à musique, de la manière à donner du propos à l'ensemble, le purgatoire n'est jamais loin, l'expiation des pêchés pour éviter la damnation éternelle, telle est la mission, le message sibyllin qui plane à travers cette terrible voix de ...
ceux qui ne renonçaient pas.
Une nouvelle auto-édition qui confirme le statut de l'auteur à démontrer son savoir-faire d'écrire d'abord une histoire, à nous émouvoir, à nous faire chavirer à tous les degrés et à toutes les étapes d'une idylle à La belle et la bête mais pas seulement, à élargir notre regard sur le monde qui nous entoure, la solennité de l'instant, la peur qui émoustille et nous fige, rien n'est jamais pris pour argent comptant, dans l'ancien testament Oeil pour oeil, Dent pour dent, vous comprendrez à l'achèvement de cette lecture tout l'à-propos de cette position perturbante et brutale.
A chaque lecture de
Luca Tahtieazym, on n'en sort pas indemne et c'est encore le cas ici. Virevoltant, audacieux dans sa mise en orbite, toujours ce sentiment d'urgence qui imprègne son personnage principal, ses doutes et ses incertitudes à devancer ou à jouer avec les dés du destin, à vibrer à toute heure du jour et de la nuit, une mission sépulcrale. Rien que çà.
En marge de cette chronique, je ne peux m'empêcher de saluer l'auteur qui a vu son compte désactivé sur Facebook depuis quelque temps et pour des raisons obscures, je tiens à lui témoigner de ma compassion à trouver les ressources pour continuer à nous faire frémir, à nous fouetter dans nos plus bas instincts afin de nous révéler, de faire tomber la foudre qui donne toute cette puissance à travers ses mots et sa propension à rendre crédible toutes ses histoires, aussi fictives soient-elles, à résonner dans ma tête de lecteur à certaines thématiques universelles qui exacerbent ma sensibilité devant la fragilité de certaines personnages à lutter contre la menace, contre la folie contagieuse qui peut faire sombrer, contre la vilainie et la bassesse dont peuvent faire preuve certains.
"Lisez des auto-édités, lisez différemment."