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EAN : 9791096772179
325 pages
Auto édition (18/01/2018)
4.02/5   28 notes
Résumé :
Quand le sort crache son fiel et s’acharne sur l’homme en quête de rédemption, il n’y a plus qu’une issue : fermer les yeux, prendre une grande inspiration et encaisser les coups.

Puis, le moment venu, les rendre…
Que lire après Ceux qui ne renonçaient pasVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Imaginez une série Tv dont chaque saison aurait un arc narratif différent, avec un début et une fin, mais qui pourtant se prolongerait au fil des ans.
Alors oui, il y a eu Fargo ou True detective par exemple.
Imaginez maintenant que même si les histoires sont indépendantes les unes des autres, ce soient les mêmes acteurs qui reviennent tous les ans pour incarner un personnage différent. Principal, secondaire, humain, fantôme, sorcière, aliéné. Odieux, mystérieux, défiguré. Homosexuel, drogué, nazi. Mort au second épisode ou dernier survivant.
Cette série existe bel et bien et s'appelle bien sûr American Horror story, et au fur et à mesure des saisons le téléspectateur a le plaisir de retrouver Jessica Lange, Evan Peters, Frances Conroy, Sarah Paulson, Kathy Bates ( qui interprète Annie Wilkes dans Misery ), Denis O'Hare, Emma Roberts, Lily Raabe et pléthore d'autres acteurs qui apparaissent également dans deux ou trois saisons.
Et quel que soit le rôle et le sort qui leur est réservé par les scénaristes, c'est toujours un plaisir de les retrouver au sein de la nouvelle histoire sanglante concoctée

par les scénaristes.
C'est NicolaK, que je remercie au passage, qui m'a chaudement recommandé Ceux qui ne renonçaient pas. Elle m'avait également averti que les prénoms des personnages des romans de Luca Tahtieazym étaient souvent récurrents.
Ce qui est plus qu'un détail.
Alors que j'étais récemment revenu déboussolé de la forêt, livre dans lequel sept enfants se perdent sans qu'on puisse en tirer de réelle conclusion dans un récit trop ambiguë, je me souvenais en revanche parfaitement des personnages, de leur physique, de leur caractère, Indéniablement un point fort du roman avec la plume de l'auteur.
Alors forcément, quand vous entamez une histoire totalement différente, qui n'a rien de surnaturel cette fois, et que vous rencontrez de nouveau un garçon prénommé Romain, qui a lui aussi une cicatrice sur le visage, puis un meneur ( Louis ), une magnifique rouquine ( Elise ), un jeune maghrébin ( Nagib était Marocain dans La forêt, ici Algérien, mais pas de doute c'est bien lui ! ) vous avez l'impression de déjà les connaître. Ils vous sont familiers. Et ils le sont pour certains, commes des acteurs auxquels on aurait confié un rôle similaire au précédent. Tandis que d'autres seront relégués au second plan, seront absents, ou joueront un rôle à contre emploi. La professeur de biologie Madame Lambert devient Monsieur Lambert, enseignant quant à lui l'histoire. Je trouve que ces clins d'oeil qui sont parfois beaucoup plus que ça font qu'on appréhende autrement le livre. Une chose est sûre : J'ai déjà envie d'en lire un troisième pour retrouver au moins quelques personnages de ce petit monde pour voir ce que l'écrivain a imaginé pour eux dans

d'autres histoires.
Le narrateur cette fois n'est pas Louis mais Romain, qui cette fois encore n'hésite pas à dialoguer directement avec le lecteur.
« J'étais un pro de la mélancolie, vous devez le savoir. »
L'écriture est toujours aussi belle, le langage soutenu ( vous devez vous attendre à enrichir votre vocabulaire d'une dizaine de mots au moins ). Seule l'utilisation abusive du mot bader, typique du Sud ( flâner, rêvasser ) m'a parfois gêné. Sinon chaque phrase, chaque mot, est judicieusement choisi pour faire passer la cohorte d'émotions accompagnant la lecture et les faire ressentir au lecteur. Une qualité trop rare permettant de s'identifier aux personnages, et en particulier à Romain. Une écriture sensible, à fleur de peau comme une version masculine de celle d'Amélie Antoine, et des thèmes qui ne sont d'ailleurs pas sans rappeler le jour où par certains aspects. Et une construction originale comme je les adore. En effet, non seulement les chapitres sont dans le désordre ( Comme le vide de Patrick Senécal ils sont dans l'ordre où il est préférable qu'ils soient lus, pas d'inquiétude, les numéros de chapitre étant une simple référence chronologique ). Et puis vous voyez tous ces thrillers aux courts chapitres qui se terminent toujours pat un nouveau mystère ou une révélation à venir enfin ? Eh bien alors que ce roman n'est pas un thriller à proprement parler il fait pire ! Il abandonne le lecteur en fin de chapitre au milieu d'une phrase cruciale. Alors forcément, on lit la fin de la phrase au chapitre suivant, l'ensemble du paragraphe, la page… Et à la fin il ne

se lâche plus.
L'histoire, je n'en parlerai que peu. Elle commence sans demi-mesure, avec un narrateur – Romain donc – qui nous avoue être un salaud. Et qui s'apprête à tout nous raconter avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'il ne franchisse la porte d'un hangar où, il le sait, la fatalité qui le poursuit depuis des années va le tuer.
« Des décennies qu'elle en a après moi. »
Je vous laisse le soin de juger ce personnage qui, certes, n'a pas toujours fait les meilleurs choix mais qui aussi une fâcheuse tendance à se rabaisser.
« Mais c'est dans ta nature de te dévaloriser constamment. »
Puis retour à l'enfance et aux longues confidences.
Son envie d'être vu et d'appartenir à un groupe qui ne soit pas constitué d'autres invisibles comme des Algériens ou des gringalets.
« J'étais très lucide sur la façon dont Nagib et moi étions perçus par les autres élèves. Nous étions des parias, lui le sale arabe et moi le souffre-douleur. »
Et le miracle advint.
Il se liera fièrement d'amitié avec une bande de voyous crainte de tous.
« Je suis un loubard, un gosse que ses fréquentations faisaient briller. »
« Une petite frappe ou un gars bien, Romain. A toi

de voir. »
Les thèmes abordés dans ce roman noir – mais il est plus que ce que cette étiquette laisse sous-entendre - sont très riches.
Il est question d'amitié, de trahison.
Il est beaucoup question d'amour mais rien de mielleux.
« Ses tâches de rousseur étaient autant d'étoiles qui frappaient et lavaient mon cerveau de toute raison. »
« Elle était une sorte de rêve inaccessible, une sirène trop rapide pour que je puisse nager dans les mêmes eaux qu'elle. »
Sans cette mise en avant des sentiments, le roman n'aurait pas eu le même impact lorsque Miss Fatalité se mêle de la vie du narrateur.
Le destin existe-t-il ? En tout cas Romain aura toute sa vie comme l'ombre de la Grande Faucheuse planant au-dessus de sa tête telle une épée de Damoclès et n'aura guère d'autre solution que de la fuir

ou de l'affronter.
Rien que le titre, superbe, revêt plusieurs significations, et jusqu'aux dernières pages le lecteur peut choisir celle qui lui paraît la plus appropriée.
Ceux qui ne renonçaient pas à devenir quelqu'un, à appartenir à un groupe.
Celui qui ne renoncerait pas à celle qu'il aime.
Ceux qui ne renoncent pas à la possibilité d'espérer retrouver, reconstruire leur bonheur.
Ceux qui ne renonçaient pas à franchir les obstacles pour continuer à avancer dans la vie.
Ceux qui ne renonçaient pas aux mains tendues.
Et bien plus encore.
Pourtant, des moments de renonciation, Romain en aura quelques uns aussi durant les nombreuses années qui nous sont ici retranscrites. A quoi bon continuer à se battre quand le sort

s'acharne envers et contre tout ?
Ce roman indépendant est l'un des meilleurs que j'ai pu lire cette année. Il contient tout ce que je recherche personnellement dans un livre.
Il est particulièrement bien écrit, les émotions ressenties sont multiples et ma gorge s'est serrée à de nombreuses reprises, les personnages sont parfaitement travaillés, et on peut s'identifier à plusieurs d'entre eux. L'empathie fonctionne particulièrement avec Romain, même s'il se présente comme un salaud et que ses exactions peuvent provoquer notre colère.
Et comme dans tout bon livre, il restera une trace indélébile pour le lecteur longtemps malmené, qui pourra réfléchir aux différents degrés d'amitié et surtout à ce qui est ou non acceptable dans les différents degrés de violence auxquels les personnages seront confrontés.

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La quatrième, pour commencer - parce qu'elle parle d'elle-même :

« Quand le sort crache son fiel et s'acharne sur l'homme en quête de rédemption, il n'y a plus qu'une issue : fermer les yeux, prendre une grande inspiration et encaisser les coups.

Puis, le moment venu, les rendre... »

***

Que dire ? Et par où commencer ? ...
(...deux questions qui se prêtent particulièrement bien à ce roman ^^)


« Quelques mois à être valent mieux que des années à paraître. »


Quand le destin nous pousse dans nos derniers retranchements, nous forçant à faire des choix pour lesquels nous ne sommes pas prêts ou que nous n'avons simplement aucune envie de faire...


Un récit abyssal, bien plus sombre et subtil que je n'ai cru de prime abord - Et pourtant...


Une lecture donc, à laquelle j'ai dû m'accrocher c'est vrai, mais pour au final, cent fois, mille fois mieux, en saisir l'extrême profondeur ; toute la perfidie et la noirceur intrinsèques à l'histoire.

À peine quelques chapitres avant la fin, j'en étais presque à me demander ce qui me poussait encore à poursuivre ladite histoire...

« C'était si dur d'être moi. Si je l'avais pu, si j'avais été assez courageux pour prendre des décisions, j'aurais très bien pu m'écorcher vif. J'aurais ensuite enfilé la peau d'un autre, un homme plus extroverti, plus mâle, plus à l'aise, plus visible. »

Honnêtement à ce moment-là, j'avais beaucoup de mal à ne pas lâcher l'affaire.
En même temps, et paradoxalement, le style et l'écriture toujours si particuliers de l'auteur me donnaient, eux, très envie de continuer - Comme une voix me soufflant au creux de l'oreille de ne surtout pas laisser tomber (c'est une image évidemment : je ne suis pas réellement schizophrène. Enfin... je crois ^^)

... Et je fîs alors partie de ceux qui ne renonçaient pas.


Dire que j'ai failli ne pas terminer ce bouquin ! Mais quelle erreur cela aurait été.
Luca Tahtieazym m'a scotchée à mon fauteuil, je ne peux pas l'exprimer autrement.
Cette lecture qui me paraissait jusqu'ici quasiment insipide prenait sens une fois arrivée la dernière partie. Notre cher ami se révélait enfin dans toute sa splendeur, toujours en rythme avec les mots (/maux) de l'écrivain.
Tout coulait alors de source.

«
- Je ne sais pas, j'attends.
- Et vous attendez quoi ?
- Je ne sais pas, justement.
- Aïe... Ça peut prendre longtemps, ça.
»


Le livre se présente un peu comme un triptyque de vie, dont les trois parties sont titrées comme suit ; « Il était une fois », « une histoire », et « sans hasard... »

> Il était une fois une histoire sans hasard...

Dans la première partie, on fait la connaissance du jeune Romain.
L'enfance dans les années soixante d'un gamin qui rêve de devenir, sinon quelqu'un, un autre à minima ; d'être remarqué et remarquable ; et qui ne supporte plus d'être invisible, d'être ce qu'il nomme lui-même un ‘gris'.
Un môme dans lequel on se reconnaîtra parfois.
Jusqu'à ce que...

Vient ensuite « une histoire » où notre Romain a bien grandi.
Cette deuxième section nous relate sa vie, ses emmerdes, ses amours... « Désirer quelqu'un, c'est le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire. » ... et encore ses emmerdes.

Pour arriver à la 3ème et dernière partie ; la plus intéressante à mes yeux car c'est là que j'ai enfin pris conscience de tout le machiavélisme, de toute l'intelligence de ce bouleversant récit, mais je n'en dirai pas davantage...


Ce qu'il est retors ce Tahtiemachin !
C'est dans un désordre de chapitres organisés (comprendra qui lira...) que l'auteur nous dévoile un dénouement en mode ‘dégrisement', à l'apogée de son art.
« ...encaisser les coups.
Puis, le moment venu, les rendre... »


C'est finalement un titre qui malgré des débuts chaotiques (pour ma part) s'est avéré excellent. Et même plus encore...
Je le conseille donc ardemment !



Merci à Luca, pour m'avoir emportée dans son univers unique et singulier, dont je ne me lasse décidément pas ; j'ai encore quelques-uns de tes bouquins à compulser, et j'ai déjà hâte de retrouver ta plume ! =)

***

Retrouvez toutes les oeuvres d'une des fines fleurs de l'auto-édition ici :
https://www.amazon.fr/Luca-Tahtieazym/e/B01FDB7ST6/ref=sr_tc_2_0?qid=1539177050&sr=8-2-

LES CHRONIQUES NOIRES l'ont dit :
"Machiavélique !
Tahtieazym dissémine les pièces de son puzzle tout au long de cette histoire bouleversante pour finir encore une fois en apothéose."




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Ceux qui ne renonçaient pas de Luca Tahtieazym, une intrigue vertigineuse pour une histoire bouleversante, un nouveau fleuron de l'auto-édition !!!

La vie est une drôle de chose, quand on y pense, quand on s'arrête de faire quoi que ce soit, là, à l'instant, juste le temps de la minute de réflexion quotidienne, que l'on réfléchit sur le sens de sa propre vie, les bonnes et les mauvaises actions, les choix judicieux ou malheureux, l'entourage qui nous conditionne ou nous influence, le parcours réalisé jusque là, la petite enfance, l'adolescence, l'âge adulte, les vieux jours, les rencontres fortuites ou pas qui peuvent changer le cours du destin, la providence, la fatalité, la miséricorde, la rédemption, l'amour, les regrets, la mort, le pardon, la jalousie, le karma, les mensonges, la pitié, l'envie, la culpabilité, le châtiment, le bien, le mal, on dit souvent qu'une vie ne suffit pas à totalement nous connaître malgré la meilleure volonté du monde, même un gros travail d'introspection, psy ou pas psy, c'est toute la complexité de l'être humain avec toutes ses contradictions, une parole, un regard, un petit détail dans la grande roue du destin et tout peut changer d'un instant à l'autre, après coup, bien malin celui qui aura su, deviné ou anticipé les conséquences de ses actes ...

5 + 1 = sixième livre lu de cet auteur auto-édité que je remercie pour m'avoir permis cette lecture en numérique de Ceux qui ne renonçaient pas, une nouvelle fois bluffé et complètement immergé dans cette histoire qui m'a tenu en haleine du début à la fin, quand j'adhère à l'intrigue et à ses personnages, thriller ou pas, c'est une ritournelle constante et incessante qui tournoie et voltige dans ma tête, les petits soucis quotidiens et autres tracas sont rélégués au fond de l'arrière puis à droite et au prochain virage à gauche encore un autre crochet par la droite et voilà, afin de laisser place nette et pouvoir vivre pleinement l'histoire de ...

... Romain, un adolescent introverti et timide, différent et fragile, transparent et neutre, l'école est un révélateur de la personnalité des élèves, certains poursuivent une scolarité "normale" sans faire de vague, d'autres se montrent plus entreprenants en s'adonnant à des pratiques subversives ou illégales, histoire de continuer à défier l'autorité ou de faire son numéro de "rebel" entamé avec la petite enfance et qui, le cas échéant se poursuivra après l'école pour la plupart, certains ont des caractères affirmés et d'autres sont justes dans la normalité.
Pour Romain, cela ne suffit pas, il veut plus, toujours plus vite, encore mieux que la banalité de son morne quotidien qui le mine, qu'il l'abhore de tout son être, c'est tout sauf improvisé, plus de temps à perdre, c'est maintenant ou jamais quand il décide, un jour, de sortir de sa léthargie, de braver le danger et sa nature profonde ... en osant défier et tenir tête au chef d'un clan d'élèves racketteurs ...

Avec des si et des si, on peut refaire le monde, le poids des décisions, la destinée n'est jamais écrite suffisamment longtemps à l'avance pour ne pas avoir son mot à dire, pour ne pas mettre y mettre son grain de sel, d'opposer son véto ou de se faire entendre, avec le recul, sa propre conscience agit comme un détonateur ou une bombe à retardement, les âmes les plus vils peuvent devenir des agneaux égarés et à l'inverse, des brebis se transformer en des bêtes assoifées de ... sang.

C'est en forgeant qu'on devient forgeron, à chaque roman, l'auteur continue son travail de sape pour nous proposer des histoires qui projettent toujours plus loin dans les tourments de ses personnages, dans les esprits les plus sournois ou manipulateurs qui soient, cette empathie à décrire et à décortiquer toutes les variations qui peuvent chambouler ou façonner des vies, la vengeance est un plat qui se mange froid, un style percutant pour décrire toutes les émotions ressenties par son personnage principal, un récit à la première personne pour renforcer l'immersion la plus prégnante qui soit, une lecture jamais redondante ni alambiquée, l'originalité de la narration en poussant le lecteur à ne pas lâcher, toujours cette ambivalence à saisir les zones troubles ou flottant de ses personnages, un travail en profondeur pour arriver à donner du rythme, des retournements de situation surprenante, un ensemble d'une cohérence et d'une synchronisation impressionnante, rien ne vous sera épargné dans le parcours de la vie de Romain, ce qui au début du roman peut s'apparenter à une quête identitaire va se muer progressivement en une quête existentielle.

Le temps qui passe, l'émancipation et l'amour-propre qui peuvent transcender et transformer quiconque, les prémices de l'amour et la découverte des nouvelles sensations, la malchance ou la malédiction qui freinent les ardeurs, l'impuissance à déjouer les carcans de la vie, la souffrance, l'abandon, la solitude, la réalité qui devient cauchemar vivant, l'illusion et la force mentale d'aller au bout de soi-même, des idées et des thèmes forts viendront s'impliquer au gré de l'évolution de la vie de Romain.
Un protagoniste qui ne cherche jamais la voie de la facilité mais qui va muer, apprendre à ses dépens, à creuser et à forger sa carapace, à fournir un travail d'exploration de ses sentiments et de ses compromis, il n'est pas seulement pris dans une sorte d'entre deux feux, ses désirs et ses rêves d'un côté, ses craintes et ses désillusios de l'autre, il n'aura de cesse de vouloir aussi tracer sa route, de comprendre, de trouver la voie de la rédemption, de se méfier des apparences trompeuses et de tomber dans le piège de la paranoïa galopante, ce roman propose un suspense implacable, irreristible mécanique de la peur, de l'inéluctable, de l'ignonimie.

A l'image de ses précédents livres, l'auteur n'hésite pas à reprendre les noms propres de certains de ses personnages, tout le monde n'est jamais complètement blanc ou noir, le gris lui va si bien, une métaphore pour situer cette frontière qui élargit ou rétrécit paradoxalement un champ de tous les possibles, un fil tendu dans les abysses du bien et du mal, des situations de grande intensité succèdent des accalmies qui inévitablement ramène l'histoire à se répéter, à cracher tout son potentiel pour nous tenir en haleine, nous faire sentir le souffle des dieux, le revers de la médaille, la brume et l'ombre obscur, de la légèreté effacée dans la brise montante, dans des phases d'une noirceur toute Tahtieazymesque, comme dans Versus ou Chaos, la plume de l'auteur excelle à faire apprécier l'expérience de la violence sous-jacente, celle qui attend son heure ... et sa bile.

Les revirement sont judicieusement placés pour faire rebondir l'intrigue, pas un personnage qui ne démontre pas ses propres limites et démons intérieurs, peu importe l'étiquette qu'on pourrait lui coller, c'est avant tout un roman qui nous invite à une réflexion profonde de la vie et de ses vicissitudes, quelle limite acceptable ne faut-il pas franchir avant la zone rouge, la colère, le machiavélisme de certains donne froid dans le dos, percutant, difficile de reste affable sans éprouver un pincement au coeur, j'ai ressenti de l'empathie pour tous les personnages, pas seulement Romain, cette vision de la vie qui se veut un miroir de nos propres existences, un tant soit peu mais suffisant.
Calibré comme du papier à musique, de la manière à donner du propos à l'ensemble, le purgatoire n'est jamais loin, l'expiation des pêchés pour éviter la damnation éternelle, telle est la mission, le message sibyllin qui plane à travers cette terrible voix de ... ceux qui ne renonçaient pas.

Une nouvelle auto-édition qui confirme le statut de l'auteur à démontrer son savoir-faire d'écrire d'abord une histoire, à nous émouvoir, à nous faire chavirer à tous les degrés et à toutes les étapes d'une idylle à La belle et la bête mais pas seulement, à élargir notre regard sur le monde qui nous entoure, la solennité de l'instant, la peur qui émoustille et nous fige, rien n'est jamais pris pour argent comptant, dans l'ancien testament Oeil pour oeil, Dent pour dent, vous comprendrez à l'achèvement de cette lecture tout l'à-propos de cette position perturbante et brutale.
A chaque lecture de Luca Tahtieazym, on n'en sort pas indemne et c'est encore le cas ici. Virevoltant, audacieux dans sa mise en orbite, toujours ce sentiment d'urgence qui imprègne son personnage principal, ses doutes et ses incertitudes à devancer ou à jouer avec les dés du destin, à vibrer à toute heure du jour et de la nuit, une mission sépulcrale. Rien que çà.

En marge de cette chronique, je ne peux m'empêcher de saluer l'auteur qui a vu son compte désactivé sur Facebook depuis quelque temps et pour des raisons obscures, je tiens à lui témoigner de ma compassion à trouver les ressources pour continuer à nous faire frémir, à nous fouetter dans nos plus bas instincts afin de nous révéler, de faire tomber la foudre qui donne toute cette puissance à travers ses mots et sa propension à rendre crédible toutes ses histoires, aussi fictives soient-elles, à résonner dans ma tête de lecteur à certaines thématiques universelles qui exacerbent ma sensibilité devant la fragilité de certaines personnages à lutter contre la menace, contre la folie contagieuse qui peut faire sombrer, contre la vilainie et la bassesse dont peuvent faire preuve certains.

"Lisez des auto-édités, lisez différemment."
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“WOW, MAGISTRAL” voilà les deux mots que j'ai prononcés la seconde après avoir lu la dernière phrase de ce roman. Il n'y a pas assez de superlatifs pour le décrire. Ce que M. Tahtieazym nous offre là, c'est de l'excellence. Alors désolée. Désolée d'être incapable de retranscrire tout ça aussi bien que je l'aurais voulu, mais je vais quand même essayer.
Vous avez déjà lu un livre de Ellory ? Tahtieazym a la même capacité à narrer la vie quotidienne de son protagoniste, de vous y plonger comme si vous y étiez. Mais il fait mieux, en évitant les trop longues descriptions liées à l'époque (quelques petites touches suffisent) et parce qu'il ne fait pas que ça.
Un thriller ? Non, je ne crois pas. Un roman hors catégories. On découvre la vie du petit Romain, à la maison, à l'école, dans les années 60. C'est de la littérature blanche, mais prenante, entraînante sous une plume plus que maîtrisée, un style parfait, une plongée dans la psyché de cet enfant que l'on comprend si bien. Et puis les erreurs, les mauvais choix et leurs conséquences. Romain s'en tire plutôt bien... a priori. Ensuite la vie continue, reprend et le bonheur apparaît. Mais la fatalité semble lui en vouloir et lui arrache tout ce qu'il construit. Fatalité ? Romain s'éloigne un temps, longtemps, pour la tenir à distance. Et puis revient et décide de ne plus se laisser faire. On a changé de genre, sans doute, sans même s'en rendre compte ; tout est lié, tout est imbriqué.
Pas vraiment de rebondissements extraordinaires ou inattendus, l'auteur nous donne tous les indices nécessaires pour que l'on sache, dès le début, où ira la suite de l'histoire. Peu importe. Nous sommes là pour suivre Romain et se laisser porter par lui, par son histoire.
Des thèmes forts et si j'osais le dire, une morale : à force de se relever, la fatalité finira par vous lâcher. Je crois que c'est ce que je voulais y trouver, pas nécessairement ce que l'auteur a voulu dire. Pas grave, chaque lecteur trouve son propre chemin dans chaque livre. J'aimerais pouvoir tuer ma propre fatalité comme Romain l'a fait, qu'elle cesse enfin de revenir à chaque tentative de vivre.
J'ai comparé avec un auteur plus haut ; mais ça ne se compare pas, les auteurs, les livres, me direz-vous... Et pourquoi pas ? Vous vous souvenez de ce roman de Thilliez, Rêver, écrit en mélangeant les temporalités ? Oui, je sais que certains (beaucoup) de ses lecteurs ce sont perdus à cause de ça. Tahtieazym, s'y colle aussi, mais à malin, malin et demi et il a trouvé le moyen de vous poser ça avec un naturel aussi désarmant que son ingéniosité.
Alors voilà, je pourrais dire que c'est un coup de coeur, que c'est génial, extra-super, je dirai juste que peu d'auteurs édités ont une maîtrise aussi parfaite de leur texte, de leurs personnages, de la construction de leur roman au point que tout paraisse naturel et simple. MAGISTRAL.
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Pour affronter l'école Romain sait se rendre invisible : ne pas se faire remarquer pour éviter les coups. Lorsqu'il parvient à intégrer la bande des Sachems, il saura fermer les yeux sur leurs défauts, pour être du côté des plus forts, ne plus être un "gris" … Et comme je pars souvent du principe que les futurs lecteurs n'ont pas envie que j'en dévoile trop (ni l'auteur sans doute) je n'en dirais pas plus.

J'ai choisi ce roman parce que j'avais découvert Luca Tahtieazym avec Chaos sur Nouvelles Plumes, et que j'espérais retrouver son écriture. Ce qui a bien été le cas.
Très sensible à l'écriture et aux personnages je ne pouvais qu'apprécier cette lecture, et cela en dépit de ce que je n'aime pas habituellement. En général je préfère la narration à la troisième personne, mais pas cette fois-ci. Souvent je suis réfractaire aux apartés d'auteur ou de personnage, mais là j'ai aimé qu'il s'adresse à moi. Les thrillers psychologiques sont bien loin d'avoir ma préférence, pourtant j'ai été captivée dès le début et je n'ai pas pu m'empêcher d'avaler celui-ci jusqu'à la dernière miette.
La vie du jeune Romain accroche immédiatement l'intérêt, on plonge dans son quotidien, ses émotions et ses erreurs sans effort. Les lieux et l'époque défilent naturellement devant nos yeux sans qu'on soit noyé dans les détails. Lorsque la vie semble lui sourire on se demande vaguement où nous entraîne l'auteur, mais on se laisse porter, parce que c'est intéressant, parce que c'est bien écrit, parce qu'on a envie de voir ce que devient sa vie. Et quand "Miss Fatalité" s'acharne j'ai souffert avec lui, l'esprit presque aussi embrumé que le sien, et je n'ai soupçonné la vengeance qu'à cause du motif de son licenciement. À partir de là évidemment, il devient évident peu à peu qu'il convient de se méfier de l'image qu'il nous présente de lui et des autres. Et, plus encore, que la lutte intérieure de Romain et l'espoir qu'il en sorte vainqueur, c'est l'identité de "Miss Fatalité" qui m'accaparait, cherchant le piège … au point que j'en venais à douter même de Nagib !
L'auteur a construit des personnages ambigus. Logiquement on devrait détester Romain, au minimum pendant la période où il se joint aux Sachems, ou le mépriser pour sa lâcheté ou sa faiblesse lorsqu'il se noie dans l'alcool. Mais ça n'a absolument pas été le cas pour moi. Romain ne se trouve aucune qualité, s'il évoque très brièvement quelque chose qui ne serait pas un défaut chez lui c'est du bout des lèvres, prêt à se rétracter la seconde qui suit. Il prend soin de bien souligner ses lacunes. À l'inverse, lorsqu'il ne peut exposer leurs qualités, il parvient quand même à trouver des excuses ou des circonstances atténuantes aux autres. On en vient à douter : est-il aussi sombre qu'il le dit, et s'aveugle-t-il sur les autres.
Je n'ai finalement trouvé aucun personnage à détester, tous m'ont semblés tellement réels et leurs faiblesses tellement inhérentes à l'espèce humaine, même la folie destructrice de Simon m'a parue logique. Et surtout, tous ont payé leurs erreurs …
L'écriture est minutieuse et efficace. L'auteur joue avec les mots, avec les phrases : c'est du Tahtieazym ! Et ce ne sera sans doute pas le dernier livre que je lirais de cet auteur. J'avoue avoir été obligée de recourir au dictionnaire à quelques reprises et (quand ce n'est pas trop souvent comme ici) c'est enrichissant.
J'ai quand même quelques réserves. D'une part la mise en page est plutôt bizarre : les phrases se terminent au début du chapitre suivant, c'est déconcertant et ça n'apporte pas grand-chose à mon avis. Et je déteste les fins ouvertes !!! Mais c'est bien peu de choses.
C'est sombre, c'est violent, c'est bouleversant. L'histoire mêlant harcèlement scolaire, racisme, lâcheté, faiblesses de l'homme, amour et vengeance, …est magistralement construite et écrite avec brio, alors FONCEZ …
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- Tiens, fume.

- Je sais pas, Fadoli...

- Arrête tes conneries et fume.

- Bof... Je suis pas sûr d’aimer.

- T’as jamais fumé un joint ?

- Ben si ! Tu me prends pour qui ?

- Je m’en cogne, Nain, si t’as jamais touché un joint de ta vie. Y a pas à avoir honte. Et puis, tu fais comme tu veux.

- C’est pas ça. Je sais pas, il paraît que c’est pas bon pour la santé, ces trucs-là.

- Il paraît aussi qu’il faut bosser pour l’école, écouter ses connards de profs puis trouver un joli boulot où un patron te traitera comme une merde. Et sourire à la fin du mois, quand tu reçois ton petit chèque. Tu le sais ça, non ?

Je souris. Ce refrain, je le connaissais par cœur. Ne pas entrer dans le troupeau et rester dans la meute. Mordre les brebis jusqu’à ce que le berger nous troue la peau avec son fusil.
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(...)
- Tu sais ce que j’aime chez toi, Romain ? C’est ton vocabulaire. Si riche ! Des « oui », des « vraiment », des « vraiment vraiment ». J’attends impatiemment que tu me surprennes avec un « oui oui, vraiment vraiment » ...
- Mais... Mais...
- Oui, c’est vrai. J’aime aussi tes « mais ».
- T’aimes aussi m’aimer ?
- Oui, ça aussi.
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Il faut se morfondre beaucoup pour ne plus se morfondre un jour. Non, non, c’est vraiment ma théorie. Pour mieux digérer, il faut vraiment ressentir le mal. L’endurer comme un supplice sans fin. Puis, quand on a tant souffert que plus rien n’a de sens, si ce n’est la mort qui abrège la douleur, alors on peut flotter.
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- Ce qu’il te faut, c’est te faire bastonner une bonne fois. Après, il ne restera plus qu’à aller tremper ta nouille si tu trouves une fille assez cruche pour accepter ça. Pour la fille, démerde-toi. Mais pour te faire casser la gueule, je peux t’aider.

Je ne supportais pas d’être à la merci de cet abruti notoire, incapable de me rebeller.
Il était plus grand, plus fort, plus rapide, plus confiant, plus cruel. Je pris en horreur l’adverbe « plus » et me jurai de ne « plus » jamais l’utiliser - trop tard...
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Oui, ça me gratte derrière l’oreille et je vais mourir. J’aurais préféré une grande tirade, une formule solennelle qui résumerait mon existence avec une moirure de cinq ou six mots. Mais non, ce sera juste ça : ça me gratte derrière l’oreille et je vais mourir. Tant pis, on ne choisit pas le décor quand sonne l’heure du trépas.
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