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Daniel Deronda tome 2 sur 3
EAN : 9782070356454
592 pages
Gallimard (04/02/2010)
4.1/5   26 notes
Résumé :

Le jeune Daniel Deronda, qui a été élevé par son " oncle " en gentleman anglais, se voit attribuer des fonctions de passeur entre deux cultures, entre deux traditions religieuses : le hasard d'une rencontre l'amène à fréquenter la communauté juive de Londres. Son comportement généreux et chevaleresque le rapproche de la petite chanteuse Mirah et de son frère, véritable prophète des temps mod... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'intrigue débute à Leubronn en Allemagne en 1874. Une jeune femme, Gwendolen Harleth, joue à la roulette sous le regard sévère d'un jeune homme. Gwendolen, agacée par le poids de ce jugement muet, se met à jouer tout son argent et malheureusement le perd. Cette malchance au jeu lui sera très préjudiciable puisque Gwendolen apprendra peu après que sa famille est ruinée. le jeune homme qui l'observe dans la salle de jeux est Daniel Deronda. Il est à Leubronn avec “son oncle”, Sir Hugo Mallinger. Ce gentleman a élevé Daniel mais ce dernier ne connaît pas l'identité de ses parents. Cette question ne semble pas perturber outre mesure le cours de sa vie. Mais après avoir sauvé de la noyade une jeune juive nommée Mirah, le destin de notre héros va être chamboulé. le frère de Mirah, Mordecai, va obliger Daniel Deronda à s'interroger sur ses origines.

Daniel Deronda” est un roman à la fois classique et innovant. Ces deux qualités s'incarnent dans les deux jeunes femmes qui partagent la destinée de Daniel. Gwendolen personnifie le côté classique et anglais. Elle appartient à la bourgeoisie et s'élève socialement par son mariage avec Henleigh Grancourt Mallinger, le neveu de Sir Hugo. Gwendolen a toujours été gâtée: “Et la nouveauté qu'elle avait connue en passant deux années dans une école très en vue où, à chaque occasion qui se présentait de la mettre en avant, on lui avait donné le premier rang, n'avait fait que confirmer en elle le sentiment qu'une personne aussi exceptionnelle qu'elle-même ne pouvait certainement pas rester dans un cadre ordinaire ou dans une situation sociale rien moins que privilégiée.” Lorsque sa famille est ruinée par de mauvais placements, Gwendolen a la possibilité de devenir gouvernante mais cela lui semble être une humiliation. le mariage avec un gentleman paraît être le seul moyen de conserver un train de vie luxueux. Elle ne se rend pas compte qu'elle sacrifie là sa liberté. Gwendolen rongée par la culpabilité, devra évoluer durant tout le roman allant jusqu'à un questionnement freudien sur l'intention et l'acte. Cette jeune femme est mon personnage favori du roman, tour à tour passionnée et désespérée, Gwendolen est extrêmement touchante.

Face à la blonde Gwendolen, on trouve la brune Mirah, celle à qui la vie n'a pas fait de cadeau et dont l'humilité va bouleverser Daniel. Elle va également permettre au héros de découvrir un monde qui lui était inconnu : celui de la pensée et de la religion juives. le frère de Mirah est un sage, un penseur et il veut transmettre ses idées. C'est dans cette partie que George Eliot innove. Les deux personnages juifs sont extrêmement positifs contrairement aux stéréotypes habituels de l'époque. On peut penser notamment au Fagin de Charles Dickens dans “Oliver Twist” qui cumule les archétypes. La pensée de Mordecai est très en avance, il prône un retour des juifs en Palestine et la création d'un état. le sionisme ne sera théorisé qu'une vingtaine d'années plus tard. George Eliot a beaucoup étudié la culture juive et a su capter les désirs profonds de ce peuple.

Daniel Deronda a un pied dans chaque monde, il passe d'un univers à l'autre et soutient à tour de rôle les deux jeunes femmes. C'est un personnage entièrement tourné vers les autres. Mirah l'exprime ainsi : “Mais M. Hans a dit hier que vous pensiez tellement aux autres, que vous n'aviez besoin de rien pour vous-même.” L'ignorance de ses origines semble le vouer à l'écoute de l'autre, à l'entraide et il s'oublie totalement. Au début du roman, Daniel n'a aucune prétention, aucune ambition, ne sachant d'où il vient il ne sait où aller. le roman de George Eliot est l'histoire de son évolution, de son éducation. C'est un personnage d'une ouverture d'esprit étonnante.

La construction de l'intrigue est extraordinaire et très subtile. George Eliot manie avec brio les retours en arrière permettant d'éclairer les vies de ses personnages. Après la rencontre entre Daniel et Gwendolen à Leubronn, George Eliot s'attarde sur son personnage féminin et on reste pendant 230 pages sans nouvelle du héros éponyme du roman ! D'ailleurs cette rencontre classique est une fausse-piste et ne laisse pas présager de la suite de l'intrigue. le premier tome de “Daniel Deronda” est vraiment exceptionnel, éblouissant d'inventivité. Jai été un peu déçue par le deuxième tome où le destin de Daniel semble tout tracé. J'aurais aimé plus de doute, plus de suspens au détour des pages.

Malgré cette dernière petite réserve, j'ai adoré la lecture de ce roman profond et passionnant. L'analyse poussée des personnages m'a fait penser au “Portrait de femme” de Henry James et la préface de Alain Jumeau a confirmé mon impression. le jeune Henry venait en effet chez George Eliot y recueillir des conseils. Grand bien lui en a pris car leurs ambitions littéraires sont très proches et on ne peut que se sentir élevé par de telles oeuvres.
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Roman en deux volumes, soit plus de mille pages, publié en 1876 par une écrivaine anglaise, qui avait pris un prénom masculin pour cacher le scandale que pouvaient représenter ses vies publique et privée à l'époque victorienne.

Le roman esquisse au début le portrait, saisissant, d'une jeune fille qui revendique sa liberté : ses atouts sont sa remarquable beauté et une volonté d'indépendance, une vivacité d'esprit, une espièglerie, voire une effronterie, qui intriguent ses contemporains et attirent les hommes. Elle rejette les avances de ces derniers, jusqu'au moment où de très sérieux ennuis d'argent l'obligent à prendre pour mari un noble généreux qui permettra à sa mère et ses soeurs de garder leur standing.
Gwendolen la fière, la meneuse, l'arrogante, est devenue Madame Grandcourt, soumise à un homme qui se révèle tyrannique, jaloux, dominateur. Malheureuse, elle se confie à un homme intelligent, généreux, altruiste, Daniel Deronda, lequel, orphelin ou ayant grandi dans cette croyance, a été élevé par Sir Hugo Mallinger. Celui-ci qui est le père biologique de Grandcourt, a cependant une préférence marquée pour Deronda.
Gwendolen a fait de ce dernier son confident indispensable, et pourrait bien en être amoureuse, voire exprimer un amour très contenu, quand, pour son bonheur, elle devient veuve. Sauf qu'elle se pense responsable de la mort de son mari. On saura peu de son penchant pour Deronda.
Pendant ce temps, ce dernier connait une évolution très particulière. Il sauve de la noyade suicidaire une jeune fille, Mirah, qui se présente comme une juive, une chanteuse qui vient de se libérer de l'emprise de son père, et cherche sa mère et un frère dont elle a été séparée voilà longtemps. Deronda retrouve ce frère, Mordecai, sioniste avant l'heure, prophète exalté rêvant au retour du peuple juif en Terre Sainte. Il fait une fixation sur Deronda, son “relais“ sur ce monde qu'il va bientôt quitter, car malade. Deronda cependant a retrouvé sa mère qui lui apprend sa judéité. Il peut dès lors reprendre le flambeau, armé de sa mission, et accompagné de la belle et dévouée Mirah.

Le roman de George Eliot est lourd, souvent indigeste. Si l'histoire tient à peu près la route, les personnages ne sont pas toujours très cohérents, Gwendolyn qui nous anime dans le premier volume, se révèle peu résiliente, peu combative une fois mariée, puis veuve. Quant à Deronda, qui fait parfois l'effet d'un flan branlant, sa consistance pouvait être mieux exploitée, paraître moins velléitaire. Il n'en a pas moins des qualités, une subtilité, une détermination, une finesse remarquables.
Mais, surtout, George Eliot développe une écriture alambiquée, confuse, tarabiscotée, s‘engouffrant dans des phrases qui n'en finissent pas, multipliant les propositions subordonnées relatives, complétives ou circonstancielles. Est-ce un effet de la traduction ? On nage parfois dans de l'abstraction pure, entre la juxtaposition de conceptions creuses et de considérations psychologico-philosophiques qui nous paraissent parfois bien hermétiques. Là, il faut reprendre la phrase au début ou la “sauter“.

Donc, on prend, on laisse, et au final, on risque de négliger un auteur original, essentiel même, qui a compris les complexités sociales et sociétales de son époque, ses prises de position, prudentes certes, pour les femmes ou contre l'antisémitisme. On risque de passer à côté de la profondeur psychologique de ses analyses, même si cela demande un effort de lecture. On risque de perdre la réflexion sur les moeurs de l'époque, et surtout sur le judaïsme, la nécessité de rassembler les juifs en une nation et un foyer.
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J'ai beaucoup aimé le début de ce deuxième volume, j'ai adoré certains passages, certaines réflexions du personnage principal, mais je suis malheureuse de devoir dire que j'ai été déçue. J'ai été déçue par le choix que Deronda a fait à la fin, depuis le début j'étais certaine que son choix serait différent, mais je n'aime pas le fait qu'il aie agit d'une manière que je vois un peu égoïste. D'un côté, on voit comment une des deux héroïnes évolue pour le mieux, et l'autre nous montrera un côté jaloux que je ne lui soupçonnais guère. C'est lorsqu'elle nous montre son côté jaloux à un certain moment de l'histoire, que j'ai fini par détester l'une des deux héroïne. Je n'ai même pas voulue terminer le roman tellement que j'était agacée par le choix de Deronda, grosse déception pour un si beau roman. Malgré tout, je conseil beaucoup ce livre qui vaut la peine d'être lu, il nous parle un peu de l'histoire des juifs en Angleterre, en passant par l'Italie. J'aime beaucoup voir comment les Juifs sont attachés à leur histoire et leurs traditions. Ce que j'ai aimé aussi dans cette histoire, c'est qu'à part si quelqu'un nous dévoile la fin, on ne peut vraiment pas savoir quelle fin va venir. J'étais certaine de connaitre la fin, mais j'ai eu une surprise. Peut-être que j'aurai admiré le choix de Deronda si la femme qu'il choisi à la fin n'avait pas fait preuve de jalousie à une certaine partie de l'histoire où l'on aurai pu s'attendre à un peu plus de compassion de sa part.
Dans le fond, je dirai plutôt que j'ai adoré l'histoire, mais que le choix de Deronda m'a déçu. Peut-être qu'un jour si je relis ce livre je verrai les choses différemment...
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La très remarquable production romanesque de George Eliot est parachevée par le plus singulier de ses romans : Daniel Deronda. Cet opus se distingue à plus d'un titre. Tout d'abord, cette histoire qui se divise en plusieurs courants narratifs, est, de loin, le récit aux dimensions les plus amples. L'intrigue se développe autour du héros éponyme, personnage d'une grande empathie, élevé comme un gentilhomme, qui, percevant le silence qui entoure ses origines, est en quête d'identité. Grande admiratrice de Walter Scott, George Eliot reprend un peu un des ressorts narratifs favoris du grand écrivain écossais, en faisant graviter deux femmes autour de Deronda : la blonde Gwendolen, dont l'éducation a favorisé une certaine propension à l'égocentrisme, qui ne voit d'accomplissement à sa portée que dans un mariage de convenance. La brune Mirah, est une juive toute de délicatesse, de sensibilité, dotée d'un joli filet de voix, esseulée par les hasards de la vie et sauvée in extremis par Deronda. Il s'agit donc d'une oeuvre hautement romanesque et plutôt expérimentale qui se distingue du courant réaliste qui parcourt la plupart des oeuvres d'Eliot. le cadre bucolique et la dimension symbolique des autres récits cèdent la place à un univers très cosmopolite, plus proche chronologiquement du temps de la rédaction, dont l'intrigue débute in media res.

Peut-être moins connu du lectorat français que ses illustres devanciers, le présent roman, de par ses dimensions et la fraîcheur de sa singularité saura sans nul doute combler encore les inconditionnels de George Eliot. À la fin de ce cycle magnifique de lecture, la prédilection de votre serviteur se porte tout particulièrement, et sans grande originalité, sur ses trois premiers romans que sont Adam Bede, le Moulin sur la Floss et Silas Marner.
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Ce roman est une véritable étude psychologique de ses héros, tout particulièrement celle de Deronda et Gwendolen.
Deronda, dans ce deuxième tome, va apprendre qu'il est juif. Sa mère a voulu qu'il soit élevé comme un gentleman anglais.
Or, Deronda, après avoir sauvé Myrah de la noyade et fait la connaissance de son frère Mordecaï, s'est senti attiré par la communauté juive et a commencé à avoir des doutes quant à ses origines.
Gwendolen s'est mariée avec Grandcourt, un aristocrate qui n'a de cesse de la dominer. Ce dernier va se noyer accidentellement au cours d'une croisière. Devenue veuve, Gwendolen se sent terriblement coupable car elle avait par souhaiter la mort de son mari. Elle a donc besoin de l'appui de Deronda pour l'aider à se guider et à devenir une personne meilleure.
Deronda est un homme, uniquement à l'écoute des autres qui en viendrait presque à oublier ses propres désirs et aspirations.
Sa rencontre avec Mordecaï va lui ouvrir de nouveaux horizons et il va décider de partir avec lui en Orient afin de trouver une terre pour leur peuple.
Dans ce contexte, l'histoire d'amour de Deronda et son mariage avec Myrah passe presque inaperçue.
Ce que l'on retient ce sont surtout ses aspirations et ses relations complexes avec Gwendolen.
C'est un livre très très dense.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Sa personnalité était trop accueillante, trop prête à concevoir des territoires dépassant sa propre expérience, pour s'arrêter immédiatement à l'explication facile de la "folie" chaque fois qu'une conscience faisait preuve de richesse et de conviction, là où la sienne restait vide.
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C'était là un des paradoxes habitues des sentiments : Sir Hugo qui avait paternellement mis en garde Deronda contre de trop grandes manifestations de tendresse dans ses relations avec la jeune épouse, se sentait désormais assez irrité contre lui parce qu'il le soupçonnait de ne pas être tombé amoureux comme il l'aurait dû !
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Leurs phrases banales, leurs critères mesquins, leurs soupçons médiocres, leur ennui vide d'affection peuvent rendre la vie d'un autre aussi peu exaltante qu'une promenade dans un panthéon d'idoles hideuses.
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Imaginez le conflit, dans un esprit comme celui de Deronda, qui avait tendance non seulement à ressentir les choses intensément, mais à se poser des questions activement
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- Je n'ai jamais connu ma mère. Je ne sais rien d'elle. Je n'ai jamais appelé aucun homme père. Mais je suis convaincu que mon père est anglais.
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Ce roman a été adapté par la BBC en 1991 avec Iain Glen, Susannah Harker et Patsy Kensit :

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