A la suite de Chers fanatiques d‘
Amos Oz, j'ai téléchargé Dans la maison de la liberté de Grossman qui procède de la même démarche : recueil d'articles ou de discours plus ou moins longs prononcés au cours de la dernière décennie sur des thèmes politiques.
11 interventions prononcées à l'étranger l'occasion de récompenses directes, prix, diplôme honoris causa. Chaque discours est adapté à la circonstance, bien sûr, mais la portée est toujours générale.
« plus nous nous éloignons de l'époque de la Shoah, et plus les survivants se font rares, plus la crainte augmente que le traitement de la Shoah ne devienne plus théorique et abstrait et ne perde, progressivement son rapport avec sa dimension humaine, individuelle et intime. »
« en un certain sens, on peut affirmer que le peuple juif et, bien sûr aussi, presque chaque juif est le pigeon voyageur de la Shoah. A son corps défendant »
Il est souvent question de la Shoah, surtout quand le discours est prononcé en Allemagne. Souvent Grossman revient sur la paix au Proche-Orient. Ces deux sujets sont d'ailleurs liés, Grossman démonte l'instrumentalisation de la Shoah par certains politiques de droite provoquant angoisses et repli sur soi faisant un lien entre la Shoah et la « situation » d'Israël avec ses voisins,
« il est déprimant de penser que la majorité de la population israélienne est impuissante devant les manipulations de Nétanyahou, un véritable magicien, celui-là dans la manière avec laquelle il rattache les dangers réels qu'affronte Israël à l'écho des traumatismes du passé… » .
« A vrai dire, il est assez aisé de comprendre les motivation d'un tel mode de pensée : afin d'entamer un processus de paix authentique, nous devons, nous Israéliens, surmonter – ou plus exactement, renoncer à – la frayeur existentielle fondamentale qui dicte notre manière de penser et nos actes… »
La recherche d'une paix véritable, de la liberté, et d'une résolution du conflit qui donnerait satisfaction aussi bien aux Israéliens qu'au Palestiniens est le souci principal qui traverse toutes les interventions.
Grossman réagit d'abord en écrivain. Son domaine est l'écriture :
« Lorsque j'écris, tout comme d'autres écrivains, je recherche toujours les moments infimes et privés dans la tempête « historique », politique, militaire »
Chaque fois, un récit, individuel, presque romanesque vient éclairer son propos. Il analyse aussi son travail d'écriture dans
Une Femme fuyant l'annonce roman presque fini quand il perd son fils.La réalité télescope la fiction, et pourtant c'est l'écriture qui lui a donné le courage de vivre.
« A mes yeux d'écrivain, la littérature surtout sont les armes de celui qui s'obstine à réfléchir encore à l'unique, à l'être humain, à la spécificité de chaque individu, homme ou femme, Blanc ou Noir, musulman ou chrétien, Israélien ou Palestinien, à leur droit de vivre honorablement, sans humiliation, avec le sentiment de sécurité, le sentiment d'égalité. En paix.
Cette obstination en l'occurrence – par l'écriture et par mon action politique – est ma façon de surmonter le découragement, de résister à la force d'attraction de la douleur;
C'est ma façon de choisir en dépit de tout – la vie. «
Une autre intervention nous touche particulièrement, Grossman était à Paris le 13 novembre 2015 invité par l'Ecole de la Cause freudienne. Qui mieux que lui peut analyser le terrorisme? ses traumatismes?
Certaines interventions sont récentes, la dernière est datée du 6 août 2018. Son souci de bâtir une paix durable est toujours présent. Il ne peut que s'insurger contre la loi sur l'Etat-nation qui consacre le fait que les citoyens arabes seraient des citoyens de seconde zone comme la langue arabe qui ne serait plus reconnue à l'égale de l'hébreu.
A lire!
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