Derrière le mythe métis : Enquête sur les couples mixtes et leurs descendants en France

Aujourd'hui je vais évoquer Derrière le mythe métis essai sociologique de Solène Brun. le sous-titre est Enquête sur les couples mixtes et leurs descendants en France. le livre est issu de la thèse de l'auteure ; sans qu'elle l'explicite il appert que ce sujet la touche personnellement.
Derrière le mythe métis débute par une approche théorique avec un travail de définition autour de la notion de race (ou de races) et du concept de métissage. La racialisation des métis existe de facto et Solène Brun cherche à comprendre l'impact que ces situations ont sur les personnes. Une approche historique permet de comprendre que c'est la période de la colonisation qui impose de s'interroger sur les couples mixtes. En effet, peu de femmes blanches partent dans les colonies et les unions des hommes avec les femmes locales débouchent sur des descendants métis, à la couleur de peau plus ou moins foncée, aux cheveux plus ou moins lisses. L'essentiel de l'ouvrage est étayé sur l'enquête conduite en France métropolitaine dans les années 2010 auprès d'une trentaine de personnes. La sociologue interroge à la fois des couples mixtes (c'est-à-dire dont l'un est français(e) blanc(he)et l'autre étranger ou issu des DROM) et des enfants issus de l'union de tels couples. Ainsi les enquêtés couvrent un large panel générationnel, de genre et d'origine. Au-delà des clichés sur la beauté et la richesse du métissage (assez triomphant dans les décennies 80-90), force est d'admettre que ces situations ne sont pas toujours simples à vivre et sont très dépendantes du contexte et de l'origine de celui ou celle qui ne vient pas de France. Il est également à noter que le milieu socio-culturel, le capital économique et culturel sont également des facteurs à prendre en compte. Ainsi les descendants de noirs et d'arabes sont plus stigmatisés que les descendants d'asiatiques ou de sud-américains. Parmi les questions qui peuvent cristalliser au sein des couples mixtes au moment de la naissance figurent le choix du prénom, la circoncision, la religion, la langue, l'empreinte culturelle, la fréquentation du pays du parent exilé. Les témoignages sont très intéressants et déconstruisent souvent des idées reçues. Il est notable de constater que certains enfants métis se considèrent avant tout comme français et blancs mais sous le regard d'autrui ils prennent parfois conscience de leur différence. Il est question de racisme (tant au sein des familles qui accueillent les couples mixtes, et cela peut être à l'origine de ruptures, que parmi la société pour les métis qui sont confrontés) qui frappe fréquemment les métis ou en tout cas certaines catégories d'entre eux.
Derrière le mythe métis est un ouvrage très intéressant qui porte un regard sans concession sur la réalité française qui malgré son refus de considérer la notion de race doit gérer les couples mixtes et leurs descendants souvent racialisés et parfois victimes de racisme. Croire que l'amour à l'origine de ces couples pourra venir à bout du racisme (et de la haine associée) est une fiction. La construction identitaire des métis est bien analysée par la sociologue qui a longuement enquêté pour scruter la perception des frontières raciales au sein de la société.
Voilà, je vous ai donc parlé de Derrière le mythe métis de Solène Brun paru aux éditions La Découverte.
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