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EAN : 9782382570586
300 pages
Hors d Atteinte (08/09/2022)
4.07/5   14 notes
Résumé :
Je veux savoir comment mon père est arrivé dans cette Lorraine où l’acier s’écoule, comprendre comment il est devenu cet homme au destin plusieurs fois brisé, qui n’a jamais abandonné. Il l’a toujours dit : « Quand on a tout perdu plusieurs fois, on n’a plus peur de se lancer. »

Liêm a quitté le Vietnam pour la France en 1980, à l'âge de 18 ans. Il y est devenu ouvrier. Il n’a pas fait partie des boat people qui émurent alors le monde entier, mais il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Portrait de famille.

Retrouver son histoire familiale en reconstituant le parcours de son père qui a dû quitter ses terres vietnamiennes pour se retrouver à travailler l'acier sur le sol lorrain.

Une reconstitution haute en couleurs, précise et touchante.

Parsemé de réflexions personnelles pour recadrer le contexte social, culturel ou intime, le récit d'Emilie Tôn se lit comme une véritable saga historique.

Un texte original et passionnant qui nous
permet de ne pas troquer les rêves dorés contre le froid de l'acier.
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Un titre qui m'évoque une mélodie lancinante qui me suivra tout au long de ma lecture … les mains d'or …

🎶 Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminées muettes, portails verrouillés 🎶
🎶 Wagons immobiles, tours abandonnées
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé 🎶
🎶 On dirait, la nuit, de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces, le gel et la mort 🎶
🎶Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant 🎶
🎶 J'voudrais travailler encore, travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or 🎶
🎶 Travailler encore, travailler encore
Acier rouge et mains d'or 🎶

Un livre où on trouve discrètement précisé :
« Convaincu-es que l'écriture inclusive pose des questions essentielles mais n'y apporte pas encore de réponses pleinement satisfaisantes, nous avons choisi pour chaque livre publié, en accord avec son auteur-rice et selon l'avancée des débats en cours, des solutions adaptées au sujet abordé et au public visé. »
Réflexion intéressante et peu appliquée.

🎶 …
🎶 J'voudrais travailler encore, travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or 🎶
🎶 Travailler encore, travailler encore
Acier rouge et mains d'or 🎶
🎶 …

Un livre qui essaie de retracer une histoire qui n'a jamais été racontée, les souvenirs des uns et ceux des autres se mélangent, la chronologie a du mal à se faire respecter, il faut prendre les différents éléments comme ils viennent, ressentir les sentiments des uns et des autres.
C'est une chronique familiale, la personnalité du grand père de l'auteure sert de colonne vertébrale à la narration, cet aïeul qui a façonné l'histoire d'un de ses fils devenu le père de l'auteur.
L'écriture est agréable mais ce n'est que le récit fait par une fille qui essaie de deviner les ressentis de cette famille qui n'a pas vraiment raconté, qui ne s'est jamais plainte, qui a rêvé d'un autre avenir et qui a fait avec ce qu'elle a trouvé devant elle.
Nous lecteur, si notre curiosité nous porte à découvrir un peu de l'histoire très complexe de la péninsule indochinoise nous trouverons dans cette lecture quelques pistes à creuser (1) … sinon l'histoire familiale ne me laissera pas un souvenir inoubliable.
Dommage j'imaginais un texte qui aurait rendu hommage à ce père, héros ordinaire, migrant à la recherche d'un paradis qui n'existe que dans les rêves.

🎶 J'peux plus exister là
J'peux plus habiter là 🎶
🎶 Je sers plus à rien, moi
Y'a plus rien à faire 🎶
🎶 …
J'peux plus exister là, j'peux plus habiter là 🎶
🎶 Je sers plus à rien, moi, y'a plus rien à faire
Je voudrais travailler encore, travailler encore 🎶

(1)
PHNOM PENH — 
Par un après-midi couvert la semaine dernière, la pluie a fouetté les toits des modestes villas du quartier aisé de Boeung Keng Kang à Phnom Penh.
Dans une maison, décorée d'antiquités et de meubles en bois faits à la main, les portraits d'un homme souriant en uniforme de parachutiste sont exposés.
L'homme était Les Kosem, né dans l'ethnie Cham dans les années 1920, qui est devenu plus tard l'un des généraux les plus haut gradés du Cambodge pendant la Seconde Guerre d'Indochine.
Ses relations compliquées avec les mouvements de résistance des peuples des hautes terres du Vietnam, les Cham au Cambodge et les Khmers dans la région du Mékong, ont fait de lui l'un des chefs militaires décorés les plus controversés du Cambodge au cours des années qui ont précédé la prise de contrôle des Khmers rouges en 1975.
Kosem était impliqué dans l'ancien Front uni pour la libération des races opprimées, mieux connu sous son acronyme FULRO. le groupe recherchait une plus grande autonomie pour les musulmans cham et les hindous du Cambodge, pour les Khmers vivant au sud du Vietnam moderne et pour les montagnards montagnards.
Il aurait également joué un rôle dans l'organisation de la route d'approvisionnement pour soutenir les forces vietnamiennes combattant les États-Unis et le régime du Sud-Vietnam, selon un document de la Central Intelligence Agency declassifié en 2009.
Kosem a réagi aux désaccords internes au sein du FULRO en ordonnant à l'armée d'encercler le quartier général du mouvement en 1968 et en arrêtant son chef, Y Bham Enuol. Il aurait été impliqué dans la contrebande secrète d'armes au Vietnam et plus tard, au début des années 1970, a été accusé d'avoir commis des crimes de guerre en dirigeant la 5e brigade spéciale dans le massacre systématique de villages pro-khmers rouges.
Un câble du département d'état américain, divulgué en 2014 par le groupe anti-secret Wikileaks, révèle le rôle de premier plan de Kosem dans un effort inachevé pour éviter les massacres prévus des Cham lors de la prise de contrôle par les Khmers rouges en les envoyant dans des pays à majorité musulmane.
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Avec Des rêves d'or et d'acier publié par les éditions indépendantes Hors d'atteinte, Émilie Ton signe un premier roman autobiographique puissant, intime, violent, qui nous raconte l'histoire de son père depuis le Viet Nam et le Cambodge jusqu'en Lorraine où il est devenu ouvrier.

Dans Des rêves d'or et d'acier, le père d'Émilie Ton raconte son enfance au Viet Nam et au Cambodge des années 1960 aux années 1980, avant d'arriver en France en tant que réfugié. À travers son parcours douloureux rejaillit l'histoire de l'Asie récente du Sud-Est : la famine et la pauvreté, la guerre d'Indochine puis l'instauration du régime autoritaire du Parti communiste, la terreur et les camps de « rééducation », les restrictions, les camps réfugiés puis l'exil…

Comme tant d'autres, la famille de Liêm a émigré en Europe et aux États-Unis pour espérer un avenir meilleur. Mais, en France, la vie n'est pas meilleure. le déclassement social commencé en Asie ne s'est pas arrêté en arrivant en Lorraine. Celui qu'on appelle le « Chinois » est désormais réduit au statut de réfugié, d'étranger, d'ouvrier, de travailleur pauvre, de chômeur au corps brisé par le travail en usine.

Liêm vit toujours dans la colère et la déception. Il a sans cesse été balloté au gré des événements historiques. Lui qui ne se voyait absolument pas vivre en France et qui n'éprouve pas cet amour républicain qu'on exige des réfugié·es et des immigré·es se considère comme une personne déracinée, comme un « arbre sans racines3 ». Sans cesse, Liêm se dit que sa vie aurait pu être différente. Sans cesse, la guerre et l'exil ont empêché cet homme et sa famille de vivre une vie digne et heureuse et de réaliser leurs rêves.

Pourtant, l'espoir et l'ambition sont toujours vivaces d'offrir à ses filles une vie meilleure que la sienne, même si Liêm doit se sacrifier pour cela. Il croit toujours que ses filles pourront faire de grandes études, avoir une belle carrière, niant le mécanisme profondément figé et cloisonné de la hiérarchie sociale qui ne permettra jamais à des filles d'ouvrier d'accéder à des positions de pouvoir. Dans mon enfance, j'entendais souvent cette phrase : « Si tu ne travailles pas à l'école, tu finiras femme de ménage comme ta tante… »
Rencontre avec le livre, comme un air de L'Art de perdre d'Alice Zeniter

Si cette saga familiale a pu voir le jour, c'est parce que Liêm ne s'est pas emmuré dans le silence. Il ne veut pas être réduit aux identités qu'on lui colle en France. Au contraire, il a envie de partager son vécu, il a offert à sa fille Émilie son histoire, son identité plurielle, riche, irréductible, à cheval entre deux cultures, ce qui provoque parfois des tensions et des incompréhensions au sein de la famille. C'est une chance pour elle, et une chance pour nous ! Moi aussi, j'aurais aimé qu'on me raconte mon histoire familiale, pour qu'elle ne tombe pas dans l'oubli, pour savoir d'où je viens.

Avec ce premier roman, qui a beaucoup de points communs avec L'Art de perdre d'Alice Zeniter (chronique à venir), j'ai versé beaucoup de larmes. L'immersion et l'authenticité étaient telles que je l'ai lu en 3 jours ! Par petites touches, le vécu de Liêm et celui de la jeune Émilie Ton s'entrecroisent et s'entrechoquent. le portrait de Liêm est très touchant, les liens familiaux sont très beaux et très forts, malgré toutes les violences qui émaillent cette histoire. Et il faut avoir le coeur bien accroché, car rares sont les romans qui m'ont fait sentir avec une telle acuité ce que c'est que de sentir le poids de l'Histoire collective sur la destinée d'une personne.

Merci à Liêm d'avoir transmis son histoire, merci à l'autrice d'avoir su la retranscrire avec des mots et la nourrir grâce à ses recherches et ses voyages, merci aux éditions indépendantes Hors d'atteinte de l'avoir publiée.

La chronique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/des-reves-d-or-et-d-acier-emilie-ton-a213314011
Lien : http://www.bibliolingus.fr/d..
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Emilie Tôn déroule l'histoire de son père, Liêm. Déraciné, trimbalé par la vie, confronté à un destin qu'il n'a jamais vraiment choisi.
Liêm est un Cham, une minorité musulmane du Viêt Nam. Sa vie est une succession d'épreuves, ses choix, toujours contrariés par L Histoire. Sa fille met en parallèle ses expériences, ses souvenirs, nous offrant deux voix pour un récit aussi dur qu'émouvant.

Il m'a rarement été aussi difficile de lire un roman choisi dans une masse critique, je n'avais jamais pris conscience réellement du destin de ceux que l'on appelait dans mon enfance les "boat people". Liêm n'en est pas un, son voyage est différent, mais quels déchirements il doit affronter, que de déracinements successifs, que d'épreuves dans une seule vie.
La partie qui raconte son départ du Viêt Nam est d'une dureté insoutenable, c'est là que réellement, tous les rêves de Liêm s'effondrent. Les camps de réfugiés, l'injustice qui poursuit sa famille, et toujours, depuis son enfance, le caractère indomptable de Liêm. Cette rage brute en lui, rage d'avoir été forcé d'abandonner une carrière de footballeur, rage de devoir se prendre sans cesse des coups par une vie qui le malmène sans répit.
Tant d'années de combat pour arriver dans un pays qu'il n'a pas choisi, en espérant encore qu'un jour, il pourra retrouver le sien.
Tant d'incompréhensions de la part de ces français qui ne le voient jamais tel qu'il est vraiment, un homme qui lutte sans arrêt, et par-dessus tout, un homme digne et qui mérite le respect.
Sous toute cette colère, Liêm cache un grand coeur, alors il donnera tout pour que ses filles puissent avoir le choix, pour qu'elles aient le droit de réaliser leurs rêves.
Grâce à ce roman, âpre témoignage d'un destin douloureux, l'auteure rend un vibrant hommage à son père, mais aussi à des milliers de personnes qui ont été contraintes de quitter leurs racines pour un ailleurs qui ne sera jamais vraiment leur foyer.

Pourquoi lire Des rêves d'or et d'acier ?

Ce récit poignant nous aide à replacer dans leur contexte nos petits problèmes quotidiens. Malgré nos soucis, combien d'entre nous ont eu à affronter un exil aussi douloureux ?
Emilie Tôn partage cette histoire avec nous sans rien cacher, sans glorifier son père, mais bien sûr, nous ne pouvons que l'admirer, car ses failles sont ce qu'il a de plus humain, et aussi ce qui en fait quelqu'un d'exceptionnel.
Lien : http://racontemoilalecture.o..
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L'auteure essaye de comprendre pourquoi et comment son père Liêm a été obligé de quitter le Vietnam en 1980 pour venir s'installer en France dans une ville de Lorraine.
Elle essaye de comprendre la situation dans laquelle se trouvait sa famille dans les années 70 au Vietnam. Comprendre sa vie difficile, la recherche perpétuelle d'argent, les rêves, le quotidien de sa famille et les désillusions de ses grands-parents.
L'auteure nous fait vivre le cheminement de l'exil de son père à travers l'histoire du Vietnam, son passage au Cambodge, en Thaïlande puis en France. Un parcours semé d'embûches et de déceptions où la vie n'est pas celle dont il a rêvé. Mais après l'ombre vient la lumière et sa rencontre avec sa femme et la naissance de ses filles.
Un très beau roman d'Emilie Ton sur les difficultés de l'exil et sur l'histoire de sa famille. L'amour filiale est magnifique, la vie de son courageux papa est bouleversante.
Un beau coup de coeur !

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Liêm ne croit pas au modèle républicain de l'immigré qui courbe l'échine. D'ailleurs, il a cessé de répondre constamment « oui». Comme un radeau échoué sur une île, il a atterri là où les administrations et l'histoire coloniale l'ont mené. Il refuse le discours policé qui voudrait qu'on remercie éternellement la France pour ce qu'elle nous a donné. Lui n'a rien demandé et il travaille pour gagner sa vie. Il contribue à construire le pays, à améliorer son économie. C'est la France qui devrait le remercier de faire le sale boulot.
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Papa regrette d’avoir été naïf, d’avoir cru qu’il retrouverait sa mère après quelques mois, en France ou aux États-Unis. II ne savait pas où il allait et il s’était convaincu que la séparation ne durerait pas. Il aurait aimé pouvoir voir sa mère par écran interposé comme je le vois aujourd’hui. Il aurait voulu entendre une dernière fois sa voix et lui dire tout l’amour qu’il lui portait.
Il se refait le film du jour de son départ et ne cesse de répéter « je n’ai même pas pu lui dire au revoir ».
(Page 156)
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Papa dit que le concept de traumatisme est « un truc de Français ».
« Combien de fois j’ai vu des mecs se faire planter dans la rue ? Je ne vais pas pleurer chez un psy pour autant. »
Il ne connaît pas le mot vietnamien qui fait référence au choc émotionnel, à l’onde qui se propage dans l’esprit et empêche le cerveau de tourner comme il le devrait. La dépression, c’est pareil, ça n’existerait qu’en Occident.
« C’est des problèmes de riches, des maladies de riches. Les psychologues sont des charlatans des temps modernes », affirme-t-il.
Voir des morts ? C’est la vie. Assister à un drame aussi.
(p. 60)
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Pour la première fois, Liêm réalise à quel point il aime sa mère. Il voudrait se jeter dans ses bras et que seule compte cette étreinte. Il ne sait pas quand il la reverra. Son cœur se serre. Il repense à ce que son frère lui a dit : être discret, faire comme si de rien n’était, partir sans dire au revoir à sa mère. Il s’accable de ne pas l’avoir fait tous les matins qui ont précédé celui-ci. Il ne pourra pas la serrer contre lui. Il ne sait pas encore que c’est la dernière fois qu’il la voit.
(Page 54)
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Papa est fier de ne s’être jamais montré plus déférent vis-à-vis d’un supérieur que d’un égal, même si cela implique de n’avoir jamais bénéficié d’aucune promotion en près de trente ans. Il travaille parce qu’il faut le faire, pour le salaire.
« Et surtout pour que mes filles aient une meilleure vie. »
Il ne peut s’empêcher de penser qu’un autre destin l’attendait. Quelque part–mais ni au Vietnam, ni en France–il aurait pu « devenir quelqu’un ».
À mes yeux, se briser les articulations pour subvenir aux besoins de ses enfants fait de lui un grand homme. Il peut en être fier. J’ai beau lui répéter ça ne le console pas.
Pour lui, c’est « que de la merde ».
(Page 316)
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