On retrouve Duncan Kincaid et Gemma James, initialement collègues puis mari et femme, pour une nouvelle et agréable aventure. Dans
Mort sur la Tamise, ils utilisent à tour de rôle leur droit à congé parental pour s'occuper de Charlotte, petite fille qu'ils ont adoptée après la disparition de ses parents dans
La loi du sang.
Deborah Crombie inscrit son intrigue dans le milieu de l'aviron. Sport méconnu en France, il est très populaire en Grande-Bretagne grâce à la Boat Race, compétition mythique créée en 1829, qui oppose les prestigieuses universités d'Oxford et Cambridge dans une course de quatre miles et 374 verges sur la Tamise, sur les berges de laquelle se massent quelques 500 000 spectateurs. Les rameurs sont indistinctement nommés les Blue, leur tenue n'étant différenciable que par leur nuance de bleu. “Les compétiteurs s'entraînent deux fois par jour, six jours par semaine, et luttent avec acharnement pour les couleurs de leur université. Tout le reste devient pour eux secondaire. Ils ne le font pas pour l'argent mais pour l'honneur et la victoire. Il n'y a pas de deuxième place, puisque le deuxième est le dernier”.
Rebecca Meredith, dont l'ex-mari, Freddie, est également ex-blue, est une championne d'aviron. Une fracture au poignet lui a coûté sa participation aux Jeux Olympiques, mais elle ne désespère pas de revenir au plus haut niveau, s'entraînant d'arrache-pied lorsque son travail à la brigade criminelle lui en laisse le temps. Elle est repêchée dans la Tamise, assassinée. L'enquête est confiée à Duncan, pressé de la boucler (l'enquête), puisque son congé de paternité débute quelques jours plus tard. Est-ce dans le passé qu'il faut chercher le meurtrier de Becca ? L'enquête au cours de laquelle Duncan franchit son Rubicon personnel, bravant l'hypocrisie administrative pour s'attaquer frontalement à l'auteur des faits le dira.
Il s'agit d'un roman à l'écriture agréable et simple, dont l'intrigue se déroule linéairement, toujours dans le présent de l'intrigue. Les suspects se suivent et se ressemblent vaguement. le passé est rappelé, non par flashes-back ou grâce à une construction alambiquée, mais par les souvenirs qu'en ont les personnes interrogées, à mesure que l'enquête progresse, facilement, jusqu'à un dénouement sans grande surprise. L'intérêt de
Mort sur la Tamise a été pour moi de découvrir le monde de l'aviron scrupuleusement décrit, ses entraînements, ses compétitions, ses rivalités, ses régimes alimentaires forcenés, l'entretien du matériel. Un sport qui “à ce niveau devait surpasser tout ce que les gens ordinaires pouvaient vivre – un ensemble grisant de douleur, d'exaltation et d'une inconcevable splendeur”.
Mention spéciale pour Finn et Tosh, respectivement labrador et berger allemand, deux chiens sauveteurs et personnages à part entière de l'intrigue.