AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Éléna Rolland-Maïski (Traducteur)Catherine Perrel (Collaborateur)
EAN : 9782864322481
154 pages
Verdier (01/11/1998)
3.5/5   1 notes
Résumé :
C’est à une promenade topographique et physiologique, dont le pas est la mesure et l’enseigne l’horizon, que Krzyzanowski nous convie dans ces trois textes consacrés à Moscou.
Moscovite d’adoption, arpenteur infatigable, il déchiffre pour nous la ville-livre, ce condensé du monde qui est un des fondements de sa prose. Il tente d’en retracer l’histoire, de décrire l’avènement du nouveau tout en fixant la disparition de l’ancien et, par de courts récits, d... >Voir plus
Que lire après Estampillé MoscouVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lecture particulière, fascinante. J'ai découvert Sigismund Krzyzanowski ( 1887-1950 ) par un heureux papillonnage en librairie devant les rayonnages consacrés à la littérature russe. Tiens, du bleu Verdier parmi le jaune de l'éditeur. Curieuse. Et charmée par cette couverture cartonnée, ces pages épaisses, ce titre et une quatrième qui me raconte qu'il s'agit d'un ouvrage de non-fiction d'un auteur négligé et inclassable, moscovite d'adoption, arpenteur infatigable, [ qui ] déchiffre pour nous la ville-livre, ce condensé du monde qui est un des fondements de sa prose. Alors oui, et pourquoi pas ? J'adore les rencontres impromptues. C'est même exactement ce que j'espère. Ainsi donc, la rencontre se déroule hors fiction, elle se confirme littéraire, parfois exigeante, prenante.

Ce livre se compose de trois parties, trois regards sur Moscou, trois temps. Les deux premières, complémentaires, furent publiées du vivant de l'auteur en 1925.

La première partie est celle du titre, celle qui l'explique : Treize lettres à un ami de province, une correspondance dont nous ne lisons que les envois du rédacteur moscovite d'adoption qui tente de décrire la ville à cet ami. Plus que décrire, cet homme, ce drôle de type qui cherche à comprendre où il est, l'explore durant deux années, essaie de la saisir dans tous les sens du terme. Ce sont ces errances à travers les significations de Moscou [...] jeu de l'esprit avec l'espace. Ces pas suivent les traces, les liens entre passé et présent de la ville amalgame, croisent les auteurs, les poètes russes, cherche des directions, du sens. Sa ( belle ) prose, à la fois précise et imaginative sur laquelle brille parfois une touche de fantaisie et/ou de provocation, confronte les visions de St-Pétersbourg, ville des idées, à Moscou, ville du regard. C'est singulièrement un univers, presque à la frontière d'une évocation fantastique, que ce narrateur s'essaie à interpréter dans l'entrelacs des ruelles moscovites.

Le seconde partie, d'une quinzaine de pages, revient sur cette évolution passé-présent en s'attachant à " l'étude " des enseignes commerciales qui habillent les rues de Moscou. L'auteur s'y livre à une véritable analyse aussi bien historique qu'artistique, s'attardant sur la notion de symboles de ces différents signes du quotidien, passant par les slogans des banderoles lors des manifestations et les croix plus que centenaires des clochers et des cimetières. C'est Moscou d'après la Révolution bolchevique, Moscou des années 20, celles de l'offensive entre ancien et nouvel ordre, l'enseigne devenue l'anachronisme de cette ville-musée. C'est ainsi une analyse de l'écriture dans la rue, des annonces à travers ces enseignes ouvragées de métal remplacées par les affiches, une radioscopie sociale et politique. Encore une fois, interpréter, donner du sens, chercher à comprendre l'histoire russe par le regard sur la ville du regard.

" Il est peu probable que l'on puisse aujourd'hui revenir à l'ancien style de l'enseigne, lapidaire et monumental, statique voire lourd. La conception même de l'enseigne dans une ville dont le commerce est en voie d'étatisation change profondément : il ne s'agit plus d'inciter, mais seulement de signifier, de désigner. Rien de plus. [...] tout cela est fort loin et bien étranger aux vieux procédés de l'étourdissement par la réclame et de la concurrence propres au capitalisme privé. L'ancienne enseigne de Moscou, qui peu à peu sombre dans le passé, conserve avec plus de fidélité et d'exactitude que les autres éléments de l'inventaire complexe de la rue les traditions mourantes de la vie quotidienne et de l'art de la ville. " ( 1924 )

Quant à la troisième partie, elle relève du témoignage : Moscou durant la première année de guerre. Il s'agit d'un recueil de textes écrits en 1941, dix-neuf émouvantes chroniques mêlant les personnes, les lieux, les moments, tous vivant ce temps, dans ce temps, de la ville assiégée par la guerre.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Impossible de protéger la vie lovée entre nos os temporaux de celle qui tourbillonne autour de nous, impossible de penser en marchant dans la rue sans voir celle-ci. J'ai beau concentrer mes idées, j'ai beau mettre ma pensée à l'abri des impulsions extérieures, cela reste impensable. La rue m'envahit : elle se faufile sous mes paupières baissées, elle frappe à mes tympans, exaspérante et brutale, elle use de ses pavés mes semelles élimées. On n'échappe à la rue qu'en tournant dans une ruelle ; on n'échappe à celle-ci que pour tomber dans une impasse. Et cela recommence. La ville martèle mes tempes de ses hurlements, de ses crissements, de ses lettres arrachées aux mots ; elle cherche à pénétrer mon crâne jusqu'à le remplir du clignotement bariolé de ses lambeaux.
Commenter  J’apprécie          20
Les peaux tendues sur les enseignes des tailleurs étaient sans doute à l'origine des reproductions naturalistes des peaux de bêtes. Mais aujourd'hui, elles sont réduites à des formes purement arbitraires, à des blasons divisés verticalement en deux moitiés aux couleurs fortement contrastées. Ici, nous avons affaire à une symbolisation totale de l'image. Il a, bien sûr, fallu un certain temps pour que les différentes étapes soient parcourues.
Commenter  J’apprécie          00
L'enseigne cherche à attirer un maximum de regards en un minimum de temps. Il lui faut par conséquent étendre le plus possible son rayon visuel d'action tout en gagnant du temps, autrement dit, frapper immédiatement la conscience, en un éclair passer dans le cerveau des passants avant qu'ils ne la dépassent.
Commenter  J’apprécie          00
À quoi bon avoir de l'esprit jusqu'au bout des ongles, si vous gardez les mains dans les poches ?
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Sigismund Krzyzanowski (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sigismund Krzyzanowski
Sigismund Krzyzanowski est traduit et publié aux éditions Verdier, dans la collection « Slovo », dirigée par Hélène Châtelain et Catherine Perrel.
Voir https://editions-verdier.fr/auteur/sigismund-krzyzanowski/
Site : https://editions-verdier.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/EditionsVerdier Twitter : https://twitter.com/EditionsVerdier
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}