Un livre magnifique, autant pour l histoire de tous ces êtres qui comble mon imaginaire, que par les illustrations nombreuses. peintures, images de films, contes....il n'y a qu'une chose a faire plonger dans cet univers de féerie !
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Elle vivait là,lumineuse et invisible à la fois,dans les clairières des forêts profondes,au bord des lacs,à la lisière du monde obscur et des pâles lumières du matin.Elle était la fée.Elle hantait un palais sous les eaux,bâti d'un cristal si transparent qu'en devenaient aveugles les yeux des hommes. Autour d'elle des dragons s'endormaient,des licornes aussi,et tout un peuple sombre-géants,nains et monstres divers-s'agitait au loin.Les hommes l'avaient aimée,crainte,priée.Puis oubliée,Un peu.Puis rejetée.Mais des fidèles veillaient,qui se racontaient de génération en génération les contes de tous les enchantements. Un jour enfin,Elle sentit comme un éveil,le souffle de la vie,différent pourtant......
Hervé Glot
Ce n'est rien de dire que,pour l'essentiel,la classe intellectuelle,celle qui est supposée faire l'opinion et distribuer les bons points culturels,reste franchement hostile. Il est vrai qu'elle a déjà manqué à leur apparition le Jazz,le roman noir,la S.F.,la B.D.,le rock,la pop music-soit à peu près tout ce qui a été vivant au 20ème siècle !Probablement y devine-t-elle,d'instinct,le surgissement d'un univers qui lui est étranger,et la conteste radicalement.
Elle n'a pas tort.L'appellation même de ce mouvement le montre assez :le mot fantasy n'a pas d'équivalent dans notre langue !Étranger,probablement à notre espace mental. Étrangère à cette classe,aussi,les références culturelles. Ce livre le montre assez :c'est à un véritable continent englouti que nous renvoient l'actuelle effervescence,qui plonge au plus secret des contes et des mythes,prolonge l'inspiration du gothique d'Ann Radcliffe,du Märchen romantique,des effrois et des émerveillement du romantisme noir,de l'imaginaire décadent du symbolisme,de la magie perverse des préraphaélites comme des flamboiements de la Renaissance celtique :tout ce que les prétendus héritiers des lumières se sont acharnés,En vain,à refouler- les figures de l'imaginaire,En chacun.
Tolkien se lance ainsi dans la rédaction de the Lord of the Rings.Elle s'echelonnera sur quinze ans avec de multiples retouches,des parenthèses d'incertitude,des complications liées à la Seconde Guerre mondiale et une vie universitaire accaparante. Au début des années 1950,alors que le roman s'achève,rien ne laisse supposer qu'un conte de fées de plus de 1000 pages obtiendra les faveurs du public ;C'est la raison pour laquelle Urwin préfère,au grand désespoir de Tolkien,scinder la publication en trois tomes.En 1954,paraissent les deux premiers épisodes,puis le troisième en 1955.Il se produit alors l'un de ces phénomènes qui laissent encore rêveurs nos éditeurs d'aujourd'hui. Plutôt que de tarir,les mois qui suivent la parution du livre,les ventes connaissent une constante progression pendant 10 ans!
Que cherchons-nous dans ces modernes contes de fées ?Peut-être,tout simplement,la lumière qui nous permettrait de nous guider dans cet empire du noir,ce que les anglais appellent the sens of wonder -le sens du merveilleux,l’esprit d’enfance.Qui nous a toujours,en France,si cruellement manqué.Dont nous ressentons aujourd’hui si intensément le besoin.Comme si nous étaient caché là,dans la grotte enchantée de l’enfance,un fabuleux trésor,un secret essentiel trop longtemps oublié.
le monde a changé, et les fées avec lui, mais elles sont toujours là. Nous avons toujours peur dans le noir, nous frissonnons toujours dans les forets obscures, et nous semons toujours de petits cailloux derrière nous pour ne pas trop nous perdre. Le merveilleux ne meurt pas. Tout simplement parce que l'imaginaire est une dimension incontournable de l'âme humaine : nous avons, nous aurons toujours besoin de nous "raconter des histoires". Change simplement les formes à travers lesquelles nous continuons de rêver...