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Yoann Gentric (Traducteur)
EAN : 9782330173845
384 pages
Actes Sud (01/02/2023)
3.62/5   12 notes
Résumé :
Juste après l’élection présidentielle américaine de 2016, la vie de Samantha Raymond commence à partir dans les décors : sa mère est malade, sa fille ado s’éloigne et, à 52 ans, elle fait l’expérience des “Mids” – une heure d’éveil extrême au milieu de la nuit où elle se surprend à réfléchir à la maternité, à la mortalité et à l’état de son pays.
Quand elle tombe amoureuse d’une vieille bâtisse dans un quartier misérable de Syracuse, elle l’achète sur un coup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ancienne assistante de production dans le monde du cinéma, Dana Spiotta nous avait fortement intrigué il y a quelques années avec un roman fort ambitieux sur le domaine du cinéma.

Dans son nouveau roman traduit en France c'est l'univers des beaux arts qui est peint ave ce portrait d'une quinquagénaire, Samantha Raymond- dite Sam- qui travaille à temps partiel comme guide dans un musée consacré à une figure historique, médecin et féministe mais personnage controversé.

Un jour après avoir parcouru les annonces immobilières en ligne , elle part visiter une villa dans le style Arts et Crafts en piteux état dans un quartier populaire. Elle en tombe amoureuse et le jour-même fait une offre au prix demandé et décide de plaquer son mari et sa vie bourgeoise.

« La décision de quitter son mari -l'acte de le quitter vraiment- prît corps au moment où elle fit une offre pour la maison. Dire oui à cette version de sa vie signifiait dire non à une autre. »

Indocile, roman courageux ou quand la littérature s'intéresse aux personnages souvent tabous de la femme ménopausée avec pertinence et beaucoup d'humour.

L'autrice s'interroge et nous interroge sur les bouleversements qu'engendre la pré-ménopause de son personnage central comme sur les bouleversements et l'effondrement de son pays.

Car au début de l'histoire, nous sommes en 2017, un an après l'élection de Trump. Et la remise en question, profonde, que vit Sam est le miroir inversé de celle que traverse son pays (réseaux sociaux, violences policières, sectarisme et violences verbales sur les réseaux, le mouvement me too …).

Assurément, l'écho entre introspection intime et réflexions sociétales est menée ici avec une belle intelligence.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'AGE DE DÉRAISON
Indocile de Dana Spiotta (Editions Actes Sud)

2017 : Samantha quitte son mari Matt et sa fille Ally pour une maison dont elle tombe éperdument amoureuse. Pour elle, et pour la nouvelle vie qu'elle représente, elle renie son statut d'épouse et de mère afin d'emménager dans la vieille bâtisse Art & Craft (mouvement architectural du milieu du XIXieme) située dans un quartier déshérité de Syracuse, dans l'Etat de New York. A rebours de sa génération embourgeoisée elle dit adieu la vie de suburbs et l'aliénation, et bonjour à la réalité urbaine contemporaine, ses plaisirs ambigües, sa violence et ses difficultés.

Pour autant, tout n'est pas facile pour une femme qui approche les 50 ans. Tandis que sa fille Ally découvre les séductions fallacieuses de la disruption en costard Armani (une histoire à part entière dans ce livre, et pas des moindres puisque c'est le contrepoint de celle de sa mère), Samantha doit constamment s'opposer aux injonctions contradictoires du jeunisme, tout en entretenant son capitale corporel (pas pour séduire, pas pour les autres, mais pour elle) et se battre contre d'incessants réveils nocturnes (qu'elle baptise « le Milieu ») pendant lesquels elle pense à sa vie, la mort, la maternité (la sienne et celle de sa propre mère) et l'état de son pays après les élections de Trump).

Le moins que l'on puisse dire c'est que Dana Spiotta est une fine observatrice, une anthropologue du quotidien connectée aux informations et aux pratiques de notre époque. Dans Indocile, on parle avec énormément de subtilité, d'humour et de décontraction (Sam est inscrite au groupe « Vieilles peaux » et « Viragos, Mégères et Harpies Hardcore » sur Facebook), de biohacking et de ménopause, d'indépendance féminine et d'acceptation (plus ou moins facile) de son âge, d'émancipation, de nouveau conflits inter-générations et de la difficulté de privilégier un débat complexe contre les fourvoiements et les anathèmes générés par le déluge d'images et de références actuelles, d'anthropocene, des incels, des MLOW (Men Who Lead Their Own Way), de la culture des « nudes », des dérives New Age, de la solitude en temps connectés, etc. Et tout en philosophant sur notre époque, Indocile raconte vraiment une histoire, celle d'une mère et d'une fille, à la fois intemporelle et de notre temps.

Pour autant, comme dans la bonne littérature américaine (qu'égale très rarement la française) Indocile n'est pas qu'un roman. C'est une cartographie à la Korbinsky de l'état du monde depuis 7 ans, un rapport vécu au féminin de ce que l'on a gagné et ce que l'on a perdu. Une critique lucide mais également un texte d'encouragement dédié au futur (et aux générations futures), à ce qui arrive et à ce qui compte de positif dans le monde complexe où nous évoluons.

A ce titre il n'est pas étonnant de voir les premiers romans de Dana Spiotta célébrés par un écrivain penseur comme Don DeLillo, ni d'apprendre que cette autrice a été récompensé du prix John Updike décerné par l'Academy Of Arts and Letters. Indocile est rebelle en effet, mais ne se dresse pas contre sans argumenter, ni sans comparer ce qui, chez certaines personnes et personnalités peut être à la fois admirable et problématique. Il nous enseigne enfin, que le monde et l'histoire de la pensée n'est pas, ne peut pas être, ne sera jamais, tout noir ou tout blanc. Une idée très simple, qui semble pourtant toujours autant ignorée aujourd'hui.

UN LIVRE POUR LA COMPLEXITÉ, CONTRE L'ASSERVISSEMENT À L'IMBÉCILITÉ. A lire !

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Sam a la cinquantaine passé, en pré ménopause, sa fille Ally devient une jeune femme qu'elle ne peut s'empêcher d'épier à tout va et provoque l'exaspération de l'ado, son mari Matt ne lui procure plus de papillons dans le ventre et Trump vient d'être lu. Bref, toutes ces choses qui lui procurait vitalité s'étiolent. C'était sans compter le nouveau souffle et la solitude vitale que lui apportera cette maison délabrée a 38 000 dollars à Syracuse, adieu les suburbs, Sam largue tout pour cette maison, cette deuxième vie.

C'est un livre sur l'amour maternel, celui qui procure la pureté du sentiment et une joie indescriptible au contact physique de cet être qui provient de notre chair. Mais cet être n'est pas éternellement confiné dans les bras de sa mère, il prend son envol et le guider de loin est chose difficile pour Sam, pour toutes les mères d'ailleurs, non?
L'amour du couple est largement exploité aussi, entre Matt et Sam on ne peut pas dire que plus rien ne va mais plutôt que le temps a fait son affaire et que les efforts ne paient plus. L'érosion est progressive. Toutes ces choses que l'on pensait immuables s'effritent.

Indocile c'est aussi un livre politique du temps de Trump mettant aux antipodes les perceptions de genre, retraçant les clivages sociaux importants des États-Unis. C'est l'histoire d'un pays qui bouillonne où l'arme à feu est dune facilité d'accès déconcertante.

Le tout porté par une plume d'une modernité fulgurante qui m'a fait vibrer fortement. J'ai aussi vibré parce que Sam représente nous, vous, moi, toi. Parce-qu'elle recherche à être active dans ce monde qui se réveille autant qu'il s'endort.
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« Indocile » est un portrait de femme, une femme de 53 ans, Samantha Raymond dite Sam.
Epouse et mère de la classe moyenne, elle vit à Syracuse dans l'État de New-york et travaille à temps partiel comme guide dans un musée consacré à une figure historique (fictive), médecin et féministe mais personnage controversé.
Un jour après avoir parcouru les annonces immobilières en ligne (visiter des maisons est un passe-temps qu'elle apprécie), elle part visiter une villa dans le style Arts et Crafts en piteux état dans un quartier populaire. Elle en tombe amoureuse et le jour-même fait une offre au prix demandé et décide de plaquer son mari et sa vie bourgeoise.

« La décision de quitter son mari -l'acte de le quitter vraiment- prît corps au moment où elle fit une offre pour la maison. »
« Dire oui à cette version de sa vie signifiait dire non à une autre. »

Elle quitte donc le confort de sa banlieue chic pour une vie solitaire dans sa maison en ruine du centre-ville. Son départ rend Ally, sa fille adolescente, furieuse. Elle ne veut plus lui parler.
Sam, lassée de son mari, repoussée par sa fille adolescente, est en plein bouleversements hormonaux et crise de la cinquantaine. Elle s'interroge sur son pays et sur sa vie. Elle cherche comment désormais construire une vie pleine de sens mais aussi à accepter l'impermanence et la fin imminente des choses.
Elle s'interroge sur les bouleversements qu'engendre sa pré-ménopause comme sur les bouleversements et l'effondrement de son pays.
Nous sommes en 2017, un an après l'élection de Trump. La crise que vit Sam est le reflet de celle que traverse son pays. Tout comme la maison semble en être une métaphore. Sam est une femme perturbée dans la moindre de ses certitudes et Spiotta décrit formidablement bien ses doutes.
Sa description de la société américaine est également passionnante. Spiotta interroge et décortique cette société et les grands sujets qui la traversent (réseaux sociaux, violences policières, sectarisme et violences verbales sur les réseaux, le mouvement me too …).
Le roman alterne avec des courts chapitres consacrés à Ally qui vit une aventure avec un homme plus âgé. L'une et l'autre sont à deux étapes cruciales d'une vie de femme, mais le personnage central du roman reste Sam.
Sam assume ses contradictions, ses paradoxes, ses incertitudes, ce qui fait de ce roman un portrait de femme réussi, tout en nous donnant un aperçu d'une société américaine qui ne doute pas assez…
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Samantha, dite Sam, est en périménopause , mais nous découvrirons au bout de deux cents pages que ce n'est qu'une des raisons qui explique son comportement  chaotique. Elle se sépare de son mari, achète une vielle bâtisse pleine de charmes et de travaux à faire, mais se trouve par- là même éloignée de sa fille, Ally, une adolescente qui se prépare à entrer à l'université.
  Trump vient d'être élu, le choc est rude et surtout Sam peine à trouver sa place dans une lignée de femmes dont elle est très (trop ? ) proche: sa mère , Lily , une octogénaire qui semble-t-il distend sa relation avec sa fille chérie , tandis qu'Ally coupe aussi les ponts avec Sam.
 Dana Spiotta peint ici de très beaux portraits de femmes, surprenants à plus d'un égard (elle ne fait pas l''économie de la violence qui emplit parfois son héroïne) et aussi le portrait  nuancé d'une société complexe , raciste, mais où un avenir semble néanmoins possible.
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critiques presse (2)
LeFigaro
02 mars 2023
Sur un parking, Sam raye avec ses clés la carrosserie d’un pick-up qui s’est mal garé. Ça ne va plus du tout. À 53 ans, cette femme de Syracuse a tout envoyé balader. Elle a quitté son mari et sa fille adolescente pour acheter une maison délabrée mais au charme fou dans un quartier déshérité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesInrocks
16 février 2023
La crise de la cinquantaine comme reflet de celle qui agite les États-Unis. Avec “Indocile”, Dana Spiotta excelle à explorer MeToo, les violences policières, ou encore les réseaux sociaux, à travers un beau portrait de femme.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce qui l’attirait vers la maison, c’était sa nature : cette maison était un paradoxe, à la fois rustique et élégante. Elle était conçue pour être fonctionnelle, mais émotionnellement fonctionnelle. Car au fond, qui a besoin d’un coin cheminée aménagé ? L’immense âtre était clairement inefficace. Elle valait par sa seule beauté, tout comme l’expérience de vivre vaut pour ce qu’elle est
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Que voulait-elle ? Elle voulait une vie honnête. Plus que ça. Elle voulait une vie bonne. On peut ne rien faire ou on peut mieux faire.
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Video de Dana Spiotta (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dana Spiotta
25 oct. 2022 #SyracuseU Acclaimed novelist Dana Spiotta, an associate professor of English, discusses her creative process, her passion for mentoring students and the renowned Creative Writing program at Syracuse University.
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