Été enfin. Journée tiède, odorante, d’une blondeur d’avoine. Vues du gué de la rivière, les pentes arides des Hauts resplendissent comme des névés. Au jardin, le prunier de Sainte-Lucie produit en abondance ses petits fruits noirs dont se régalent les fauvettes. Le gobe-mouches gris a choisi le robinet d’arrosage comme perchoir. Les petites hirondelles de la remise à bois ont survécu. Alignées au bord du nid désormais trop exigu, elles vont prendre leur envol d’un jour l’autre.
…
L’après-midi, sur les chemins poudreux des Hauts, je ne voyais plus ni les traquets ni les alouettes. Je marchais sous le ciel pommelé, une amère centaurée à la bouche. L’allégresse allongeait mon pas. Je me répétais la phrase magique, poème immense en six mots :
L’aigle pêcheur est de retour.
"Chez nous, le temps qui passe se soumet au temps qu'il fait; chez vous, c'est l'inverse"
En hiver, l'aube n'existe pas. On passe sans transition de la nuit d'anthracite à la forge rouge de l'aurore.