L'Imparfé, tome 2 : Le Royaume qui n'avait plus de roi

Voilà une année que Tindal, surnommé l'imparfé (car il n'est pas vraiment une fée, même s'il est à leur école), a sauvé le royaume et a vu mourir ses grands-parents biologiques à peine retrouvés. Tout va bien dans le royaume. Mais cela ne dure évidemment pas longtemps. Son père biologique, le Sombre, n'a pas dit son dernier mot. Il profite de l'anniversaire du souverain de Jhalipûr pour semer le chaos.

Une fois de plus, Johan Heliot maltraite son héros, ainsi que ses amis. À peine sont-ils réellement installés dans leur nouvelle ville, dans leur nouvelle école, avec une place attitrée dans laquelle ils se sentent à peu près bien et les voilà plongés dans la tourmente ! Et cela va durer jusqu'au bout du roman, sans réelle pause. Et c'est tant mieux ! L'auteur est un écrivain expérimenté, qui maitrise l'exercice de l'écriture, et qui sait s'adapter à son public. Comme cette trilogie (eh oui, il faudra attendre encore un peu pour connaître la fin des aventures de Tindal, puisque le troisième tome est prévu,sans doute pour 2020 ; d'ailleurs, la fin du Royaume qui n'avait plus de roi est ouverte et annonce déjà le noeud de l'intrigue du prochain volume) est destinée plutôt aux jeunes de 9 à 12 ans, Johan Heliot a organisé son petit monde façon claire, mais pas simpliste pour autant. Il est vrai qu'en tant qu'adulte je le voyais venir de loin, mais il a su me réserver, à moi aussi, de bonnes surprises et ne pas m'ennuyer le moins du monde. Car, comme je le disais, les évènements tombent les uns à la suite des autres sans temps mort. Et les personnages sont pris, et nous avec, dans un tourbillon, sombre parfois, illuminé d'espoir ensuite.

Les personnages font beaucoup pour le charme de ce roman. Ils sont faciles à identifier, sans pour autant se montrer trop caricaturaux : Tindal, le héros, sait rester suffisamment effacé pour ne pas dévorer toute la place ; Alkalynn (merci pour ce jeu de mots), la fée électrique est bouillonnante d'énergie et de passion ; Ghalia, la guerrière, sait penser autrement qu'avec ses muscles. Et Borgiss, un nouvel arrivé, est savoureux : gnome libraire exilé parmi les hommes. Il est l'occasion, une fois de plus pour Johan Heliot, de combattre les préjugés et les clichés. Malgré ses différences, il aide des humains. Malgré la haine affichée par certains êtres humains pour lui, il aide l'imparfé à tenter de sauver ces mêmes êtres humains.

Cette propension à lutter contre les stéréotypes étaient déjà présents dans le premier tome, et c'était même le prétexte de l'intrigue. Rappelons-nous que Tindal, un garçon, avait été inscrit on ne sait comment dans l'école des fées, réservée au seules filles. Et on avait également le personnage de Ghalia qui préférait le maniement des armes à celui de la magie. Donc, un discours engagé et bienvenue de la part de l'auteur contre les idées reçues, y compris chez les jeunes lecteurs. L'occasion pour eux de réfléchir à la différence, mais pas seulement. Car le thème de la parenté est aussi capital : Tindal a découvert dans le royaume qui perdait ses couleurs le monstre qu'était devenu son père ; il va dans ces pages rencontrer sa mère biologique. J'insiste sur ce dernier adjectif, car le jeune homme a été élevé par un couple qu'il a fini par considérer comme ses vrais parents. Réflexion, donc, sur ce que sont les parents et sur la force du sang face à la tendresse donnée depuis l'enfance.

Mais tout cela peut sembler sérieux, alors que lire le royaume qui n'avait plus de roi est avant tout distrayant. Car le premier but de ce roman est de nous faire rêver, de nous embarquer dans un monde où les couleurs sont à nouveau en danger. Et c'est une nouvelle réussite. Vivement le troisième et dernier tome de L'imparfé !
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