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EAN : 9782844184726
97 pages
La Part Commune (25/01/2024)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Patrick Cloux signe un livre émouvant, l’histoire d’un couple, de son couple, qui a partagé une vie de 40 ans, une existence marquée par leur amour inébranlable l’un pour l’autre et leur passion commune pour les livres. Leurs jours étaient remplis de conversations passionnantes sur des auteurs, des récits et des mots qui ont donné vie à leur relation. La maladie l’a emportée, elle, mais le souvenir demeure, ancré à la bibliothèque à l’étage de la maison. Les pages d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
(*Lecture 26 mars 2024 )

Un travail de dentelle que nous offre Patrick Cloux, avec le sujet le plus délicat du monde, à aborder : le DEUIL de l'Etre aimé…
« Chacun invente son espace de consolation »….

Je demande indulgence pour la longue phrase introductive qui va suivre….toutefois nécessaire pour éclairer ces lignes...

Je suis avec toujours grande attention , vive curiosité et enthousiasme les écrits de cet « écrivain-libraire-poète- apiculteur "…., depuis quelques années déjà !

Il était incontournable… quasi impossible que la rencontre ne se produisit pas un jour, et cela fut fait, il y a environ une quinzaine d'années, avec ce tout premier texte de Patrick Cloux que j'abordais, mettant merveilleusement et joyeusement à l'honneur son métier qui était aussi le mien : « Mon Libraire, sa vie , son oeuvre » (2007), et je n'ai plus quitté ses proses buissonnières, poétiques, personnelles et érudites…

J'ai poursuivi avec un autre petit trésor « Dans l'amitié du merveilleux » (**devenu depuis comme un livre de chevet, lu et relu, au hasard des élans et des humeurs de la vie)…et puis, au fil du temps, des nouveaux écrits aux multiples thématiques, se sont ajoutés de nombreux points de convergence : La nature, la Belle Auvergne (*** où j'ai qq racines paternelles), l'Art Brut, son enthousiasme pour des artistes ou des auteurs dont pour Andrew Wyeth, André Hardellet, etc. que je partage sans réserve, l'Art roman…

Je pourrai poursuivre, mais cette énumération risque de vous devenir très vite
« fastidieuse »!

Vous me direz, à juste titre : « Mais sacrebleu, allez-vous enfin aborder votre ressenti sur cette « Bibliothèque gelée » , et vous aurez bien raison.

Ce texte est juste magnifique, authentique, pudique, sans complaisance ni complaintes… J'ai achevé cet « espace de consolation » et d'hommage à son épouse, il y a plus d'un mois, et je suis dans un embarras sans nom pour en parler, pour deux raisons qui m'empoignent à la gorge : la peur de réduire, de « galvauder » ce texte, à la prose fidèlement intense, poétique, grave ou joyeuse ; chaque mot choisi avec tant de soin , et l'écho de cette lecture intense renvoyant à ma propre histoire (*coïncidant malencontreusement avec une date anniversaire, toujours très sensible)

Je vais tenter…je me lance !

De nombreux lecteurs très attentifs ont déjà rendu compte avec précision du
« contenu » de cet opus singulier, intime, touchant à l'Universel du manque , de l'absence lancinante de l'Etre adoré, aimé… Là d'autant plus passionnément, que chacun partageait le même rôle de médiateur du Livre et de la Littérature, par les routes et les chemins de France…

Noyau central, compact, jubilatoire, infini , en sus de toutes les curiosités autres, réunissant un même amour de la Vie , des voyages, de la nature, de leurs racines rurale communes, où le « Lien social » n'est pas un vain mot, ni une coquille vide…

Notre narrateur-écrivain décrit, "ausculte" avec une sincérité confondante…son quotidien, cette décision , pour ne pas tomber dans la jérémiade ou l'inertie, de classer, ranger la Bibliothèque de son épouse…
Ces 40 années de compagnonnage amoureux et intellectuel…Il y a des jours consolateurs, ou du moins presque "pacifiés"et puis des journées éprouvantes, insupportables…

Tous ces rayonnages, en suspens, miroirs des complicités mais aussi des différences , des complémentarités, qui les enrichissaient, les nourrissaient tous deux…
Ces flots d' ouvrages , ces échanges, ces discussions sans fin autour des LIVRES, expriment aussi formidablement la magie, le miracle que représente la construction , la dynamique d'un COUPLE , autour d'une passion commune constante, au fil des années !

Dans cette complicité unique, joyeuse, constante… il y a les valeurs gratifiantes des Autres, de la transmission, du partage, de la défense des mots, des livres, du goût, du bonheur des rencontres… de cette défense vaillante de ce métier fabuleux, partagé également à leurs débuts : celui de "Libraire"...

J'ai abondamment souligné au fil de ma lecture…et ne peux me retenir d'insérer ces lignes : « Aimant les livres depuis l'enfance, à l'époque nous en avions si peu, une fois adultes et salariés, nous nous mirent à nous en procurer d'une manière insensée, presque prophylactique, calquant nos engouements sur personne de connu, allant à leur rencontre, de Librairies en foirails, de vide- greniers en brocantes, nous dirigeant au petit bonheur la chance, le nez au vent, vaillants comme des chercheurs nyctalopes, envahis de pépites et de ferveuses pyrites, riches de cet or des fous, auquel nous tenions tant. »

Prolongement, présence si vive de la Complice , de l'Alter-Ego de toujours… La permanence des livres, de cette bibliothèque…qui provoquent la poursuite d'un dialogue « autre »…au-delà de l'Absence !

le choix du titre est excellemment choisi : « La Bibliothèque gelée », elle n'est ni éteinte, ni oubliée, ni « morte », ni cachée, ni…ni…elle est juste « en hibernation », prête à renaître …

Elle est là, preuve "vivante" des goûts , engagements de« sa lectrice ». Celle-ci, qui , par ces lignes, est parmi nous… le restera extraordinairement par ce texte...

En dépit de l'exercice périlleux pour aborder ce sujet, l'auteur a l'infini talent de rendre ce texte lumineux, tonique, jamais de jamais "larmoyant"... nous faisant partager mille anecdotes drôles, pétillantes, plus graves, de leur chemin complice...

Bravo à eux deux…pour ce chemin parcouru, cette "féerie " amoureuse , complice, irradiée par la Littérature , le goût des mots , et leur partage généreux , de par leur métier!



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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Ta propre bibliothèque, une fois privée de ta présence, de ta façon de la ranger, de l'entamer, de la reprendre, se délita assez vite.Comme moi, elle gela sur pied.(...)
À son tour, pétrifiée en un bloc indistinct, elle entre aussi dans sa nuit.Tes livres marquaient tes temps forts, ton passé, tes questions, tes passions, les turbulente de ton espoir. (...)
Il y avait tant d'ouvrages que tu t'étais promis de lire sans ne jamais souhaiter t'arrêter.

( p.30)
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Aimant les livres depuis l'enfance, à l'époque nous en avions si peu, une fois adultes et salariés, nous nous mirent à nous en procurer d'une manière insensée, presque prophylactique, calquant nos engouements sur personne de connu, allant à leur rencontre, de Librairies en foirails, de vide- greniers en brocantes, nous dirigeant au petit bonheur la chance, le nez au vent, vaillants comme des chercheurs nyctalopes, envahis de pépites et de ferveuses pyrites, riches de cet or des fous, auquel nous tenions tant.

( p.76)
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Sans le moindre projet d'ampleur.Écrire amène à l'effacement et révèle des abîmes affectifs.Notre voyage commun est bien fini.
Il me suffit d'une insomnie tenace pour que la journée soit pénible. Impitoyable. Émolliente.La soirée en devient interminable et larmoyante.Je tourne en rond dans mon chagrin. Comme après un crash, je cherche la boîte noire qui m'expliquera tout.Cette manie de vouloir comprendre me dévore la tête.

( p.63)
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À la mort de ma femme, nous vécurent ensemble quarante ans, ce n'est pas rien, je me suis considéré comme fini, rayé des cartes. Décoloré.Sans le moindre relais. Ma vie a pris une couleur monochrome.
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Je me suis mis à ranger tout ce que je pouvais atteindre, comme d'autres pleurent, se tassent ou se crispent, les papiers, les meubles, les pièces , les abords de la maison, le jardin et maintenant avec application les innombrables rangées de livres.Il me fallait fatiguer la douleur et l'inanité de ta perte.Chacun invente son espace de consolation.
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