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EAN : 9782738125217
512 pages
Odile Jacob (30/09/2010)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Pourquoi donc Byzance a-t-elle survécu deux fois plus longtemps que Rome, son équivalent d’Occident ? Cette endurance extraordinaire est d’autant plus remarquable qu’elle n’était favorisée ni par la géographie ni par une prépondérance militaire.

Selon Edward Luttwak, cette performance est due à l’habileté de ses souverains qui ont su s’adapter aux circonstances et inventer de nouveaux moyens de faire face à leurs ennem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La lecture de l'excellent essai d'Edward Luttwak est à déconseiller à toute personne qui n'a pas l'habitude des livres d'histoire, et qui est novice en matière d'histoire byzantine. En effet, l'auteur adopte un plan thématique, non chronologique, et suppose connues les grandes scansions de l'histoire romaine de l'Orient, depuis Attila jusqu'à la conquête croisée de 1204 et même à la prise de la Ville par les Turcs. le lecteur novice sera perdu dans cette bousculade de barbares huns, arabes, slaves et autres, qui ont attaqué en vain la "pars orientalis", la partie orientale, de l'empire romain, qui survécut mille ans à l'empire d'occident. Il faut, si l'on s'intéresse à ce "deuxième poumon" de notre civilisation, aborder la question par des ouvrages d'histoire chronologique.

Ceci posé, la lecture de l'essai de Luttwak est un enchantement. L'auteur met à contribution non seulement sa science profonde des textes et de l'histoire, mais aussi son expérience militaire, sa connaissance de la stratégie et de la tactique, de la technique et des terrains, de la diplomatie et des alliances, ce qui rend son ouvrage extraordinairement vivant, concret, plein d'enseignements mais aussi d'anecdotes, bien loin d'un style universitaire trop aride qu'il lui est impossible d'adopter, lui qui fait figure d'outsider et de penseur nécessairement à cheval entre deux ou trois disciplines et domaines d'études. L'objet byzantin, en effet, bouscule nos clivages traditionnels : prolongement de l'Antiquité dans le Moyen-Age, de Rome dans l'Orient, du christianisme dans la politique, de l'ethnographie dans la stratégie, il fallait pour en rendre compte un esprit libre lui-même de tout clivage et de tout a priori. C'est une très belle leçon de pensée et d'histoire, en tant que cette discipline se prolonge dans le présent par la politique.
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La Grande Stratégie de l'empire byzantin est le dernier livre coché de ma liste 2010. Je suis déçu car il n'a pas satisfait mon attente.

Je pensais découvrir un bel essai sur l'histoire de Byzance, ses méthodes et ses moyens pour avoir su résister pendant des siècles à tous les périls auxquels elle était exposée. Elle n'avait pas les avantages de son cousin romain. Elle ne possédait pas une armée aussi importante et entraînée que les anciennes légions romaines. Son territoire était fractionné et perméable. Si sa marine était plus forte pour assurer son ravitaillement, elle n'a profité des greniers de l'Egypte et de l'Anatolie que jusqu'aux invasions arabes, donc peu de temps. Son seule avantage, la position presque imprenable de Byzance.

Malheureusement Eward Luttwak propose un essai si complet qu'il en est confus. La construction des chapitres et l'enchaînement des éléments décrits s'intègrent de manière désordonnée, ce qui n'aura pas permis de me captiver. Vraiment dommage, car l'érudition de l'auteur est avérée.

Ce que je retiendrai de l'idée de l'auteur, c'est que Byzance a eu une politique de soft power, usant de diplomatie, d'influence et du jeu des alliances, ce qui lui a permis de tenir dans le temps. Au contraire de Rome qui avait toujours misé sur le hard power, la force militaire, et qui pourtant s'est effondrée face aux attaques des peuples venus de l'Est.

« Une nouvelle approche stratégique s'est ainsi affirmée, elle marqua une nouvelle étape transitoire de Rome à Byzance : la diplomatie passait au premier plan, la force au second, au motif que les coûts suscités par la diplomatie n'étaient que temporaires alors que les risques inhérents à l'emploi de la force pouvaient se révéler définitifs et même fatals [p.70] »
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C'est une approche originale de l'histoire de l'Empire byzantin proposée par Edward Luttwak. L'auteur s'est penché sur la capacité de l'Empire romain d'Orient à résister pendant plus d'un millénaire aux différentes menaces qui l'ont frappé (invasions barbares, hostilité des royaumes d'Occident, rivalité avec l'Empire sassanide puis,à partir du VIIIe siècle, avec le Monde musulman.

L'auteur souligne l'habilité développée par les dignitaires byzantins pour alterner entre diplomatie et opérations militaires. Comment résister à des ennemis bien plus nombreux : ne pas engager de conflit meurtrier ayant pour but de détruire complètement le camp ennemi, juste le repousser pour qu'il reste en tampon entre l'Empire et d'autres menaces potentielles.

C'est un véritable jeu d'équilibriste auquel se sont livrés les dirigeants de Constantinople en alternant les conversions au christianisme, la corruption ou l'exacerbation des rivalités entre différents adversaires. La prise d'information est dans ce cas de figure un élément vital pour disposer d'un temps d'avance sur les autres protagonistes.

Pour le domaine militaire, l'auteur démontre que les Byzantins se sont adaptés aux méthodes de combat de leurs adversaires. Ils ont adopté l'arc composite des cavaliers des steppes d'Asie, les méthodes de raids rapides et d'embuscades, parfaites pour les effectifs restreins de l'Empire et les paysages montagneux d'Anatolie et de Syrie.

Les points négatifs de cet ouvrage reste un manque d'organisation dans la seconde partie du livre traitant des écrits stratégiques byzantins. La première, thématique, est plus agréable et plus claire. Il y aussi beaucoup de répétitions sur des points, certes fondamentaux, mais facilement assimilables. Enfin il y a des comparaisons avec l'armée américaine moderne qui n'ont pas lieux d'être selon moi, parce que totalement anachroniques et sans rapport possible.

L'ouvrage reste très bon. Plutôt recommandé à ceux qui s'intéressent à la question militaire. Mais toute personne intéressée par cette période et cette zone géographique y trouvera une utilité pour comprendre le mécanisme de l'Empire byzantin.
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Belle somme parfois indigeste sur les ressorts stratégiques de 12 siècles de puissance.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/25/note-de-lecture-la-grande-strategie-de-lempire-byzantin-edward-luttwak/
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On a stigmatisé la décadence de Byzance, contrainte d'acheter ses ennemis et de s'appuyer lâchement sur l'or au lieu du fer avec lequel les Romains des grandes heures de leur historie combattaient : cette distinction erronée n'en est qu'une de plus entre les deux périodes.

Comme les divers témoignages le prouvent, les Romains de toutes les époques de leur histoire ne connaissaient aucune inhibition qui leur fût imposée par leurs prétentions héroïques : même à leur plus grande force, d'Auguste (I° siècle) à Marc-Aurèle (II°s), ils préféraient l'or au fer chaque fois qu'il était plus économique d'acheter leurs ennemis que de les combattre.

p. 129
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Les succès collectifs font les nations, les échecs les défont: des groupes humains quittent la communauté pour revenir à leur identité dorigine ou pour en embrasser une nouvelle, normalement celle d'une nation qui affiche de plus grands succès. De nos jours, des familles d'origines diverses qui vivaient en Union soviétique ont acquis l'identité russes lorsque la Russie constituait la nationalité dominante d'un empire en apparence éternel, pour revenir à leurs identités ethniques d'origine quand l'union soviétique se mit à décliner - avant même sa désintégration effective ; d'autres se tournèrent vers des identités entièrement nouvelles pour les embrasser après avoir émigré en Allemagne, en Israël ou aux Etats-Unis. [p.29]
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La campagne d'Italie commença en 535 pour se prolonger par à-coups sur trois décennies : pourtant, les Goths, et, sur ce sujet, les Francs et les Lombards qui les suivaient, n'adoptèrent pas l'arc composite des Byzantins comme ces derniers avaient imité l'archerie des Huns.

Pourquoi les "nations aux cheveux clairs" ne parvinrent-elles pas à adopter la meilleure des armes existantes ? Ce ne fut certainement pas parce qu'ils étaient trop attardés pour apprendre à sécher les couches de tendons de cheval pour former un coeur de bois, à travailler les plaques de corne pour leur donner la forme nécessaire et à préparer la colle pour maintenir ensemble les trois parties de l'arc... Nous avons conservé des témoignages d'une joaillerie spécifiquement gothique qui exigeait des aptitudes techniques bien plus élevées...

... Les Goths n'ont pas adopté l'arc composite, non plus que les techniques d'archerie qu'il autorisait, pour la même raison expliquant pourquoi l'arc long des Anglais ne fut guère imité même après ses victoires éclatantes (et les premières armes à feu, des arquebuses extrêmement grossières, furent préférées aux arcs pourtant supérieurs à la fois en portée de précision et en rythme de tir) : parce qu'il fallait un entraînement sans fin pour acquérir et conserver la compétence nécessaire à l'emploi d'arcs très puissants, qu'il s'agît de l'arc long ou de l'arc composite des Byzantins.

p. 315
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Après une ultime tentative de défense de l'arrière-pays perse à la bataille de Nihawand (Nehâvend) en 642 ... la résistance - et avec elle l'empire des Sassanides - déclina jusqu'à la fin de l'empire, dès 651.

Les conquérants arabes musulmans qualifièrent eux-même cette victoire de "divine", Nasr Allah, non sans humilité. On peut rétrospectivement y reconnaître un succès plus grand encore : une victoire politique sur deux empires qui permit de gagner non seulement de vastes territoires, mais aussi l'approbation de nombre de leurs habitants.

Les impétueuses avances des Arabes auraient pu n'être que de simples raids éphémères, dont les effets eussent été annulés par la résistance des populations locales, si les envahisseurs ne leur avaient offert deux avantages tout à fait considérables et immédiats dès leur arrivée.

Le premier fut une réduction drastique des impôts, si onéreux qu'ils avaient fini par ruiner les habitants. Le deuxième constitua un vrai paradoxe : en imposant des règles discriminatoires à tous les non-musulmans, les Arabes musulmans mirent fin aux persécutions religieuses arbitraires qui avaient récemment opprimé une majorité des habitants (chrétiens monophysites) de Syrie et d'Egypte.

p. 215

Note : l'impôt de "protection" des infidèles coûte moins cher aux infidèles, dans un état arabe embryonnaire, que toute la structure byzantine ou persane, qui cherche la conversion des hérétiques.
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Les Romains étaient partisans de la destruction des ennemis qui n'avaient pas eu la sagesse de reconnaître les avantages de la soumission ; de ce fait, l'infanterie lourde avec sa capacité à tailler en pièces, à enfoncer et à assiéger l'adversaire, constituait pour eux l'arme la plus importante, parce qu'elle était la plus à même d'obtenir des résultats décisifs.

Par contraste, la plupart du temps, et d'une manière certaine à l'époque du Strategikon (VI°s), les Byzantins étaient partisans d'une stratégie visant à contenir leurs ennemis au lieu de les détruire - les ennemis d'aujourd'hui pouvant être les alliés de demain. Aussi la cavalerie était-elle à leurs yeux l'arme la plus importante, parce que les engagements qu'elle menait n'avaient pas à être décisifs mais pouvaient au contraire se terminer par une retraite rapide, ou bien une poursuite prudente évitant aux deux parties de subir des dommages trop profonds.

p. 292
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La montée en puissance de la Chine, Luttwak Edward
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