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EAN : 9782253134206
96 pages
Le Livre de Poche (05/01/2011)
4.08/5   104 notes
Résumé :
Dans une petite ville du Chili oppressée par le régime de Pinochet, une boucherie de quartier est le théâtre de curieuses rencontres : des réunions obscures s’y tiennent, des passions s’y nouent…
Un enfant aux yeux de nuit, une institutrice et un boucher fort en gueule composent ainsi le trio majeur de cette fable teintée d’humour et de poésie.
Mais derrière l’apparente naïveté s’esquisse une condamnation amère des régimes totalitaires…

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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Tom n'a jamais connu sa maman, morte en couches. Il n'en était pas triste pour autant. Son père, Juan, le boucher de Tocopilla, l'élevait dans l'amour. Quand il n'était pas dans la boucherie de son papa, un homme trapu et rondouillard, il trainait entre les fauteuils du vieux salon de coiffure de Chico ou suivait des cours donnés par son institutrice, Dolorès de la Peña, dans une école spéciale pour les enfants aux yeux de cendre. Dans cette petite ville du Chili du temps de Pinochet, l'on se croisait. Parfois secrètement. Dans l'arrière-boutique de la boucherie aux rideaux métalliques baissés. La Révolution se faisait doucement. À coups d'as de pique, de mélodies murmurées et de verre de fuego...

Gaetaño Bolán nous plonge en pleine Révolution chilienne où l'on suit le destin de ces hommes en proie à une vie nouvelle. de Chico, le coiffeur, à Juan, le boucher fort en gueule en passant par Dolorès, qui, par amour, rejoindra le mouvement. Des destins mis à mal et fauchés. Au centre, il y a le jeune Tom, un orphelin aveugle et terriblement attachant. Ce court mais intense roman suggère plus qu'il ne décrit les drames qui se jouent, les silences qui font écho. Il s'en dégage beaucoup d'amour mais aussi beaucoup d'espoir. Des phrases courtes, des événements qui s'enchainent et une écriture posée et efficace. Un petit roman émouvant et d'une grande sensibilité.
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Ce petit livre est en fait une nouvelle. Et je me demande si la publication de nouvelles une par une, comme si l'editeur n'avait pas la patience d'attendre ou comme si l'auteur n'avait plus confiance en sa muse, c'est une des consequences de l'economie moderne. Je trouve que vendre ca comme un livre est un peu gonfle.

J'en viens a l'essentiel. Dans une petite ville chilienne, a une époque dictatoriale, un petit garcon aveugle a des pouvoirs que beaucoup de voyants lui envieraient. Il reussit a accoupler son bourru de pere, un boucher veuf (je me le suis imagine sous les traits de Raimu), a son institutrice, une reveuse intellectuelle aux larges fesses. Mais le Bonheur est de courte duree. Suite a une action de proteste plus que de veritable revolte, les amants sont "supprimes" par la dictature. le petit aveugle reste seul dans le noir.

Des babeliotes dont j'ai lu les critiques ont qualifie ce petit livre d'emouvant, de poignant, a travers son ecriture simple et comme naïve. Moi je suis beaucoup plus reserve. J'ai trouve ca plutot simpliste que simple, presque potache, et ca ne m'a pas vraiment touché. D'autres auteurs chiliens se sont essaye au genre naïf, avec un style beaucoup plus travaille, et ont reussi beaucoup mieux a depeindre et attaquer les travers de leur pays et de leur societe. Sepulveda, Rivera Letelier, sans parler de Skarmeta ou du grand Bolano.

Pour moi ce petit livre est a classer dans la litterature jeunesse. A de jeunes adolescents je peux le conseiller sans sourciller.
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L'art du format court est particulièrement difficile. En tant que lecteur, j'ai souvent tendance à être frustré quand je lis des courts romans réussis, me disant que davantage de place aurait permis de mieux connaître les personnages auxquels on vient juste de s'attacher. Stephen King (je ne sais plus si c'est dans Ecriture ou dans une préface à ces recueils de nouvelles) décrit bien cette hésitation chez l'écrivain quand une idée lui vient pour savoir si elle sera plus adaptée à un format de type longue nouvelle ou si elle pourra mieux s'épanouir sur la longueur d'un roman fleuve (dont il a d'ailleurs le secret).

Ce petit roman de 90 pages de Gaetano Bolan est une pure réussite. En quelques pages, il parvient à nous toucher au coeur avec des personnages pourtant dépeints en quelques mots. Il a l'art de trouver certaines expressions mêlant poésie simple et humour qui nous rendent tout de suite sympathique ce petit bonhomme, ce quartier avec ces commerçants rebelles. Il parvient même à entretenir un petit suspense sur certains secrets et mystères et nous bouleverse au final, avec un dénouement assez prévisible mais qu'on aurait souhaité tout autre. Un condensé d'humanité très puissant et qui puise sa force dans une concision qui exacerbe les émotions.

A la brièveté de son livre répond la brièveté de son oeuvre,
deux courts romans en français, déposés comme des cadeaux lors de son (lui aussi) court passage en France, avant de s'envoler de nouveau vers son Chili natal, dans un village coupé du monde. Souhaitons que l'envie lui prenne un jour de revenir ou de nous envoyer des cartes postales littéraires d'outre-Atlantique.
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La boucherie des amants, c'est une histoire d'amour sur fond de carcasses de viande et de dictature chilienne.
Je pourrais m'en tenir là, mais j'imagine que vous voulez en savoir un peu plus...
Le boucher des amants, c'est un petit livre qui m'a touché par sa tendresse et sa cruauté.
Les personnages principaux de ce court récit sont attachants comme la vie peut l'être, pour peu qu'on la laisse en paix.
Si je vous dis que l'histoire se déroule dans une ville du Chili, Tocopilla, sous le régime de Pinochet, si je vous dis qu'une boucherie de quartier est le théâtre de ce récit, si je vous dis que cette boucherie possède une arrière-boutique où se tiennent des réunions obscures, alors je ne vous aurai encore presque rien dit.
Rien ne serait sans ces quelques personnages haut en couleur, notamment ce trio qui compose et articule le récit : Juan un boucher veuf et fort en gueule, Tom son enfant aveugle, et Dolorès de la Peña, son institutrice.
Derrière l'apparente naïveté de l'histoire, ou plutôt la manière dont est traitée la narration, on imagine un quotidien presque ordinaire, sur lequel pèse juste un des pires régimes totalitaires du XXème siècle. On imagine une boucherie de quartier aussi familière qu'un bistrot, distillant la vie chaleureuse
parmi ses clients goguenards...
Juan, Tom, Dolorès, je me suis laissé emporter par les rêves étoilés de ces trois-là.
Tom est orphelin. Il n'a jamais connu sa mère, décédée au moment de sa naissance. C'est un enfant haut comme trois pommes. Cela m'a fait penser au récit Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom...
Tom est petit, mais il a un pouvoir énorme, il sait faire des miracles avec ses yeux de cendre posés sur la nuit définitive. Par exemple, il sait faire apparaître un poste de radio quand le téléviseur du coiffeur Chico rend l'âme. Pour l'amour qui manque désormais à son père Juan, le boucher du quartier, c'est un peu pareil... Il pense très fort, et hop !
Pourquoi ne réussit-il pas alors à faire disparaître ces fous furieux qui font si mal au pays ?
Dans l'arrière-boutique de la boucherie, on se décarcasse pour retrouver le chemin d'une liberté perdue.
S'aimer, quoi de plus normal pour Juan et Dolorès, mais s'aimer sous un régime totalitaire, hélas ! C'est là qu'est l'os, pour citer un acteur comique français. Quand le coeur est épris de liberté, c'est un peu plus compliqué...
Car, lorsqu'on s'aime, on est prêt à tout, n'est-ce pas ?
Tom deviendra adulte au cours d'une seule nuit embrasée par une éclipse de lune, parce que tous les personnages dans la vraie vie ne sont pas attachants...
Gaetaño Bolán nous dresse ici une fable teintée d'humour et de poésie, traversée par la tendresse d'un enfant, un réquisitoire coup de poing pour dénoncer l'horreur des régimes totalitaires.
Merci à toi Marie qui m'a donné l'envie et la possibilité de lire ce court et intense roman épris d'une grande sensibilité.
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Parfois, le bonheur peut être si simple : un homme, une femme, un enfant et beaucoup d'amour et de tendresse... A Tocopilla, petite ville du Chili, Juan le boucher vit seul avec son fils Tom, depuis que sa femme est morte en couches. Tom, aveugle, rêveur, heureux, passe son temps entre la boucherie de son père, l'échoppe de Chico le coiffeur et l'école spécialisée de Dolorès. La jolie institutrice rêve au prince charmant, un homme fin et cultivé qui partagerait avec elle l'amour des vers de Neruda. Juan n'est pas exactement cet homme-là, mais dans ses bras, Dolorès frémit comme jamais. Alors Juan et Dolorès s'aiment et Tom qui a aidé à leur rapprochement, a enfin une maman.
Mais Juan a un secret. Nuitamment, il reçoit quelques amis chez lui dans son arrière-boutique. Pour taper le carton, s'enivrer d'alcool de feu et rêver de révolution. Et la milice n'aime ni les rêveurs, ni les révolutionnaires...

Sous ses airs de conte naïf, La boucherie des amants est un terrible réquisitoire contre le régime de Pinochet. Sans le citer nommément, sans parler même de dictature, Gaetano Bolán évoque la peur, la tension et le silence autour des disparitions d'oppposants. Pourtant, malgré le drame latent, il règne sur ce roman une ambiance poétique pleine d'amour et d'espoir. Tom, aux yeux de nuit, illumine ces quelques pages d'un texte concis et qui pourtant en dit long. Un petit bijou d'émotion et de sensibilité.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Les disparitions, soudaines et brutales, étaient depuis quelque temps devenues un exercice national. Disparus les camarades du Parti. Disparus les camarades qui préféraient le rouge au noir. Disparus les camarades de deuil. Disparus les bandonéons qui faisaient chalouper la mélodie des lendemains. Disparues les affiches. Disparues les consciences d'hommes et de femmes qui eussent préféré se trancher la gorge plutôt que céder à l'oppresseur. Disparus les poèmes qui caressaient la mort pour mieux la conjurer. Disparus les lents refrains de Tsétaïeva. Disparus le lyrisme et la lune. Disparus le twist et le tango. Disparus les jours de fièvre, les jours de joies et désirs brûlants, les jours de joies de désirs brûlants, les jours d'insondables espoirs.
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Paco était bavard comme une pie.
Trop bavard.
Communiste convaincu, il verbalisait ouvertement son opposition au régime d'EL Présidente .
Toujours , il saoulait ses clients : une dose de Madonna, une Dose Géante de Thèses Révolutionnaires........
Ce couillon de Paco ne savait décidément pas la fermer....
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Le boucher Juan, le père de Tom, était un homme trapu et rondouillard. Il accusait la quarantaine, comme on accuse la vie de passer trop vite.
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Dans le grand sablier de leur vie, le temps des amants ne s'écoula plus grain après grain, mais se déversa en un jet de sable continu. Le robinet s'ouvrit à fond, laissant filer ses minutes folles, comme mues par une logique implacable.
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A chaque jour suffit sa peine ; pas plus d'une bonne idée à la fois... Il faut savoir prendre son temps : commence donc plutôt par nous servir un verre de fuego.
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