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EAN : 9791091365208
60 pages
Le Realgar (04/12/2015)
4.17/5   3 notes
Résumé :
La petite aquarelle aime, à l’image de son auteur, l’effacement, la réserve, l’état de présence silencieuse. On la dirait éclose aux lisières de l’invisible. Ce paysage de peinture laisse lever en lui l’image, maintenue cependant en bordure du rêve, d’une peinture de paysage. Paysage : mot élu, entre tous, par Zoran Music qui désenclave ce terme de son usage banal et l’élève au rang d’une cartographie artistique oblique d’où scruter notre condition.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Beau livre entre poésie et aquarelle s'entremêlant sous la plume de Bruno Duborgel, La petite aquarelle respire l'odeur de la peinture figée sur la toile de Zoran Music, ces teintes pastelles vivent une vie nouvelle hors du regard des puristes, couchées sur le papier par la prose de notre professeur en miroir avec ces ouvres reproduites dans ce livre.
Bruno Duborgel est un professeur de philosophie puis maître de conférences à l'Université Lyon 2 et d'esthétique et sciences de l'art à l'Université Jean Monet de Saint-Étienne, il est aussi auteur de nombreux ouvrages spécifique sur l'art.
Ce style de livre est nouveau pour moi, venir dans la peinture par les mots, La petite aquarelle est une oeuvre de Zoran Music, un peintre et graveur slovène de la nouvelle École de Paris.
Zoran Music « observe » cette nature pour communier avec elle, la pénétrer au plus profond de sa chair et selon ses mots avec « bonheur » s'y identifie, dans ce Paysage rocheux, aquarelle sur papier de 1978 d'un format minimaliste pour y faire entrer ses amateurs, Bruno Duborgel invite les lecteurs à découvrir ce paysage au plus loin de notre regard, pour s'y disperser comme Zoran Music vers cette formule si belle de Gaston Bachelard, de l « 'immensité intime ». Ce cycle pictural entre 1977 et 1980 est une succession de paysages, telles les Alpes Italiennes, les escarpements de Fontainebleau et les moraines minérales des Dolomites. Il y a dans ces reproductions un paysage majuscule, une forme d'identité commune à cette série, Bruno Duborgel nous guide dans cette oeuvre Paysage rocheux. de son souvenir d'enfance, Zoran Music, les paysages du Karst immuable à son regard respiraient « un paysage universel et éternel » pour en être la « matrice », une façon de revivre cette intemporalité. Il y a dans le souvenir de notre artiste, un transfert avec ses tableaux, il n'oublie pas dans ses oeuvres, ou celle-ci sont ces souvenirs, ce vase communiquant façonne la condition humaine selon notre peintre. Notre regard innocent, novice semble être marqué surtout par l'abstraction de la petite aquarelle, ce paysage se trouble, comme ce passé de l'abstraction de Zoran Music entre 1957-1962, inextricable du paysage à l'abstraction est osmotique, voire oxymorien aussi, une ambiguïté de l'artiste hanté par ses paysages de son enfance et de la peinture byzantine aussi.
Le passé de Zoran Music hante ses oeuvres, les paysages de son enfance mais aussi, Dachau, le camp de concentration où il fût envoyé lors de la deuxième guerre mondiale, il devient le prisonnier au matricule N° 128231, de novembre 1944 à avril 1945 à la libération du camp par les américains, il dessina la mort en cachette, plus de deux cents dessins, l'horreur des cadavres parsème ce paysage, « paysage » exprime pour Zoran de quelque chose de terrible, mais comme beaucoup de grands noms de la littérature, Charles Baudelaire, Platon et Victor Hugo, il y a une « Beauté hideuse », ce paradoxe trouble toute l'oeuvre de Zoran Music, lorsque un leitmotiv caresse ses paysages, « la vérité de la mort », comme paysages rocheux, 1977-1980 ; les Motifs végétaux,1972-1973, ou Venise, 1980-1983. La petite aquarelle est autopsiée avec une minutie religieuse, son format, sa texture, ses teintes, ses défaut, sa qualité, sa perspective visuelle, son souvenir et enfin sa respiration artistique et morale. La rondeur est aussi pour notre artiste une période, où le paysage semble se reposer, Van Gogh écrivait « La vie est probablement ronde », Zoran Music traverse la vie à la mort, l'enfance est véhiculé dans ses paysages.
Ce livre est une magnifique célébration sensuelle et artistique de l'oeuvre de Zoran Music à travers La petite aquarelle, un paysage aux multiples facettes que notre regard ne transperce pas toute suite, cette perception nouvelle offerte par Bruno Duborgel place cette peinture dans une dimension errante et vagabonde, celle infime de son auteur.

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Bruno Duborgel choisit de nous faire entrer dans l'oeuvre du peintre Zoran Music par une peinture très modeste, un petit paysage aquarellé de couleurs pâles – bruns, gris, blancs – qui ne captera pas l'attention de l'homme pressé ou distrait. A petites touches, sans démonstration de force, l'écrivain va nous amener à approcher notre regard, à découvrir la beauté et la complexité de cette nature rocheuse – un paysage qui n'en est pas vraiment un, en tout cas pas au sens où l'entend la peinture réaliste.
Partant de ce qu'on a sous les yeux – un assemblage de formes sans profondeur de champ – nous entrons peu à peu dans l'épaisseur de la composition. Pour cela, Bruno Duborgel, use, lui, d'une palette assez large : les indications de pure technique artistique – notons particulièrement la réflexion autour de la figuration - s'enrichissent de considérations géographiques (les paysages d'enfance de Music, aux confins de la Slovénie et de l'Italie, ceux qu'il a par la suite parcourus), biographiques (l'expérience du camp de Dachau pendant la guerre), et de nombreuses références littéraires (Bachelard est cité à plusieurs reprises, dans cette notion d'immensité intime qui dit si bien la peinture de Music). Une demi-douzaine de reproductions soutient le lecteur dans son parcours, sans alourdir le livre.
Croisant donc diverses approches, Bruno Duborgel parvient à mettre finalement en place un espace cohérent qui environne l'oeuvre, qui la dilate en quelque sorte. Après avoir élargi ainsi l'espace pictural, il nous guide à nouveau vers la surface peinte, laquelle se trouve alors assez naturellement dans une position centrale : celle de nos regards convergeant vers elle, celle de l'ensemble de l'oeuvre de Zoran Music.
La petite aquarelle concentre en elle ce que fut Zoran Music, l'homme et l'artiste. Elle nous donne à voir – ou plutôt l'auteur de ce bref et intelligent essai nous donne à comprendre – que l'intime Music se trouve exposé là, et, qu'à travers lui, c'est une vision tragique du monde que nous touchons de l'oeil, une vision de solitude profonde, de silence et de fin ultime.
Bruno Duborgel est essayiste et auteur de livres d'artiste. C'est peut-être cette double voix, savante et poétique, qui fait la singularité de ce livre et le rend si attachant.

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Avec La Petite Aquarelle, Bruno Duborgel fait entrer le lecteur dans l'univers pictural de Zoran Music. Il décrypte avec poésie ses oeuvres, permettant de les voir et de les apprécier autrement. Si le paysage présenté au début du livre n'a dans un premier temps pas attiré mon attention plus que ça, ce livre m'a permis d'entrer dans son univers, et d'y trouver une grande poésie et mélancolie.
Entre réflexions sur l'art, sur l'abstraction, sur les techniques, le "paysage", descriptions d'oeuvres ... ce livre permet de rentrer en douceur et avec une jolie sensibilité dans l'univers de Zoran Music.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Paysage" : mot élu, entre tous, par Zoran Music qui désenclave ce terme de son usage banal, étriqué, insignifiant, et l'élève au rang d'une cartographie artistique oblique d'où scruter notre condition.
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Accrochée au mur clair et s'y confondant presque, la petite aquarelle aime, à l'image de son auteur, l'effacement, la réserve, l'état de présence silencieuse et libérée de toute intention d'exhibition.
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Je fuis la dispersion. Je me dirige vers le désert et son dépouillement. Je tends à me réduire à l'essentiel.
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