Malingear, entrant par le fond. - C’est moi... Bonjour, ma femme !
Madame Malingear. - Tiens... tu étais sorti ?... D’où viens-tu ?...
Malingear. - Je viens de voir ma clientèle.
Madame Malingear. - Ta clientèle ! Je te conseille d’en parler... Tu ne soignes que les accidents de la rue, les gens qu’on écrase ou qui tombent par les fenêtres.
Malingear, s’asseyant. - Eh bien, ce matin, on est venu me chercher à six heures... chez moi... J’ai un malade.
Madame Malingear. - C’est un étranger, alors ?
Malingear. - Non... un Français.
Madame Malingear. - C’est la première fois, depuis deux ans, qu’on songe à te déranger.
Malingear, gaiement. - Je me lance.
Madame Malingear. - A cinquante-quatre ans, il est temps ! Veux-tu que je te dise : c’est le savoir-faire qui te manque, tu as une manière si ridicule d’entendre la médecine !
Malingear. - Comment ?...
Madame Malingear. - Quand, par hasard, le ciel t’envoie un client, tu commences par le rassurer...
Tu lui dis : "Ce n’est rien ! C’est l’affaire de quelques jours."
Malingear. - Pourquoi effrayer ?
Madame Malingear. - Avec ce système-là, tu as toujours l’air d’avoir guéri un bobo, une engelure !... Je connais plusieurs de tes confrères... de vrais médecins, ceux-là ! Quand ils approchent un malade, ce n’est pas pour deux jours ! Ils disent tout de suite : "Ce sera long, très long !" Et ils appellent un de leurs collègues en consultation.
Malingear. - A quoi bon ?...
Madame Malingear. - C’est une politesse que celui-ci s’empresse de rendre la semaine suivante... Voilà comment on se fait une clientèle !
Malingear, se levant. - Quant à moi, jamais !
Madame Malingear. - Quand on ne comprend pas... on dit : "C’est nerveux !..." Ah ! Si j’étais médecin !...
Malingear. - Quel charlatan tu ferais !...
Madame Malingear. - Heureusement que nous avons vingt-deux mille livres de rente, et que nous n’attendons pas après ta clientèle. Qu’est-ce que c’est que cette personne qui est venue ce matin ?...
Malingear. - Ah ! Que tu es curieuse !... C’est un cocher de la maison qui a reçu un coup de pied de cheval... Là !
Madame Malingear. - Un cocher ?... Mon compliment !... Demain, on viendra te chercher pour le cheval.
Longtemps, on a cru que pour exprimer la réalité, il fallait se convertir aux mœurs du pays où l'on se rendait. Se déguiser en lama tibétain ou en touriste californien. Moi, je crois que pour bien voir, il ne faut pas se fondre dans le regard des autres...
(p163)
La passion est un courant d’air qui file entre les doigts. L’absolu s’envole dès qu’on le touche dès qu’on le caresse. L’absolu, c’est comme un vœu de nouvel an. On se souhaite tout, puis la vie reprend et fait ce qu’elle peut.
(p46)
La cassette est au bout du rouleau. Moi aussi. Cette machine à écrire me sort par les yeux. J'ai les rétines en sang. Eject.
"Au moins, les vieux rubans, on faisait trois fois le tour du monde avec ! " Je n'aime pas parler tout seul et je n'ai jamais fait le tour du monde.
La cassette finit à côté de la corbeille trop pleine. Je vise mal. Les jours où je suis mort, comme à cette heure, l’œil gauche jette l'éponge le premier. C'est ainsi. Dès que le ciel fuit comme un stylo et que l'encre du soir coule le long des murs, La pénombre doublonne avec celle de mes yeux malades. Mais personne ne vois rien !on s'habitue au pire à condition de le garder pour soi. Bien sûr, je préfère sortir le moins possible, rester comme ce soir. (p9)
Être star et mourir... Agonie suprême. Être télévisé ou ne pas l'être... L'éternité garantie avant la clap final. Je pense au dernier fantasme de notre société médiatique, prophétisé par Andy Warhol : quinze minutes de gloire pour chacun. (p79)
Télévision
Emission publique présentée par François Régis BASTIDE et Bernard DEUTSCH consacrée à la
télévision, avec les critiques
Carole SANDREL,
Maurice ACHARD et Georges HILLERET :
Les problèmes de l'
information télévisée, puis critique des émissions passées :
- "Colombo", série
américaine
- "Les Rosenberg ne doivent pas mourir", d'
Alain DECAUX, réalisation Stellio LORENZI
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