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EAN : 9782283035887
288 pages
Buchet-Chastel (09/02/2023)
4.37/5   52 notes
Résumé :
Jamais, depuis le début de la civilisation, l’être humain n’a eu autant de temps libre. Que faisons-nous de cet océan de liberté ? Il est essentiellement perdu en divertissement.

Le loisir studieux des Anciens se cultivait dans l’ouverture aux autres et œuvrait à la construction de soi. Le divertissement recherche le plaisir immédiat, n’apprend rien ou presque, recherche le moindre effort. Les nouvelles technologies ont accéléré le déséquilibre : le d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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A l'époque des chasseurs-cueilleurs, les journées étaient divisées entre la recherche de nourriture et le repos. Puis l'homme s'est sédentarisé et, selon les classes sociales, passait son temps au labeur ou à tenir son rang et se cultiver. de nombreuses fêtes ponctuaient l'année, permettant des trêves fréquentes dans le rythme quotidien. le 19ème siècle avec l'industrialisation de la société a vu les rythmes du travail augmenter de telle manière que les travailleurs ont été engloutis dans cette machine à broyer les vies. le divertissement a disparu – ou presque - pour les classes populaires.

Puis peu à peu avec l'amélioration des conditions de travail et le développement des machines, on a gagné du temps libre, ce qui a permis un accès plus large à la formation, à la culture, aux loisirs studieux, à la possibilité de progresser. Mais peu à peu le temps libre, avec le développement de la société de consommation et de l'individualisme, l'avènement du règne des écrans, non seulement a augmenté mais s'est mué en une véritable « tyrannie du divertissement ». Au détriment du loisir studieux, du temps pour les autres, de la construction de soi, on préfère la fuite en avant dans le plaisir immédiat des réseaux sociaux, des séries télévisées, des jeux vidéos, des loisirs prêts à consommer, du tourisme de masse. Et malheureusement, à l'image de la mal-bouffe, ce sont les classes sociales les plus défavorisées, se noyant littéralement dans des divertissements infinis qui condamnent toute possibilité de s'élever, qui en souffrent le plus. Les classes mieux éduquées gardant mieux le contrôle sur cette tyrannie des écrans. D'autant que les enfants y sont soumis dès le plus jeune âge.

Olivier Babeau nous propose une réflexion très intéressante sur notre façon de vivre et de gâcher ce qui pourrait être une chance, profiter de façon constructive de notre temps libre. Et nous livre quelques pistes notamment sur l'éducation de nos enfants. Prendre le temps de réfléchir, de méditer, retrouver le sens de l'effort, le goût du sport, le rythme lent du livre, de laisser mûrir le savoir, de comprendre avant de juger, de rencontrer l'autre. Et savoir oublier son portable et l'enfer de ses notifications perpétuelles.
Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette lecture très enrichissante.
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Que voilà un ouvrage réaliste et passionnant, quoique un peu désespérant !
Olivier Babeau n'aborde véritablement la tyrannie du divertissement qu'à partir de la 142ème page.
Il n'empêche que cette première partie qui peut paraître un peu longue est nécessaire pour comprendre l'évolution de la notion de loisirs vers la notion de divertissement.
Pendant des millénaires (le paléolithique), l'existence était encadrée, dominée par la chasse, la cueillette, l'itinérance, le groupe et une natalité limitée (les femmes avaient un enfant en moyenne tous les quatre ans du fait des déplacements réguliers des peuplades)
Lors de la sédentarisation (le néolithique) la natalité a beaucoup augmenté et les enfants sont devenus une force de travail supplémentaire.
Sédentarisation = plus de nourriture = plus d'enfants = plus de bouches à nourrir = besoin de plus de force de travail.
Puis, jusques et y compris le XIXème siècle, le loisir était principalement destiné à "l'élite" aristocratique ou des grands bourgeois pour la formation intellectuelle (le Grand Tour, par exemple).
Le temps des loisirs a été initié pour que l'ensemble des individus puisse se cultiver .
Aujourd'hui nous n'avons jamais eu tant de temps libre, mais qu'en faisons-nous ?
L'utilisation des écrans est désormais la principale occupation, nous y passons un temps considérable, au détriment des autres.
Conséquence : dépendance, baisse de l'attention dramatique, inintérêt pour la culture, effondrement du niveau scolaire.
Le problème et il est alarmant, est que l'école devient inaudible et impuissante.
Si les enfants (et leurs parents) n'ont d'intérêt que pour les écrans, l'école leur parait ennuyeuse, vide, demandant des efforts et une attention qu'ils deviennent incapables de fournir.
Mais et c'est le paradoxe, fournir des écrans en classe est une fausse solution, d'ailleurs il est à remarquer que les patrons de la Silicon Valley ont tendance à mettre leurs enfants dans des écoles sans écrans !
Le niveau baisse, les exigences baissent, la méritocratie devient une vieillerie réactionnaire.
Pendant ce temps, d'autres pays investissent (et pas seulement financièrement) dans l'excellence.
Il n'est qu'à remarquer les résultats assez calamiteux des écoliers français dans les enquêtes PISA.
En conclusion, l'auteur tente de donner des pistes pour résister à l'envahissement et à la dictature des écrans et des réseaux sociaux.
Oui, il tente...
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Olivier Babeau, professeur d'université et fondateur de l'Institut Sapiens, nous propose ici un ouvrage ultra-référencé, non pas seulement sur le divertissement comme l'indique le titre mais surtout sur les grands enjeux du XIXeme siècle face aux nouveaux loisirs et notamment notre rapport aux écrans.

Il aborde de façon très détaillée les différentes utilisations du temps libre du paléolithique à nos jours et évoque les nouveaux défis de notre monde moderne, notre rapport au travail, les inégalités sociales...

Sur cette base, il part du principe que c'est justement l'utilisation que l'on fait de notre temps libre qui va déterminer notre niveau de culture, notre résistance à l'effort et nos capacités cognitives et que c'est ça qui va déterminer notre place dans la société. Malheureusement une grande partie de ce temps est perdue, captée par les écrans et les nouvelles technologies, et ce de façon beaucoup plus marquée dans les classes populaires, creusant par là les inégalités déjà en place..

Clairement pas du même bord politique que l'auteur, j'ai pu parfois un peu "tiquer" sur certaines conclusions sur les classes sociales. Cependant, j'ai trouvé toute l'argumentation extrêmement bien menée et claire, très bien référencée et j'y ai trouvé de nombreuses pistes de réflexions à approfondir par moi même..

Par ailleurs, déjà très convaincue moi-même par les dangers de l'utilisation non contrôlée des écrans et notamment pour nos enfants, je n'ai pu qu'être d'accord avec lui sur ce point.
A diffuser aux écoles et jeunes (ou moins jeunes) parents!

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Un livre très intéressant, j'ai apprécié que l'auteur remonte dans le temps pour expliquer la place qu'avait le loisir et les divertissements à une époque où l'oisiveté était un synonyme de richesse. Les propos sur l'époque que nous vivons, et sur la place de l'école et de l'éducation en général son très intéressants. Je me demande d'ailleurs toujours pourquoi nos élites qui gouvernent le pays ne lisent pas plus ce genre d'ouvrage, car il semble que le pays glisse tranquillement vers la médiocrité pour tous les aspects de la vie. Nous sommes dans un pays où il fait bon vivre, mais les choses semblent se dégrader sans que personne ne se soucie vraiment d'agir pendant qu'il est encore temps. Et pourtant… il y aurait des choses à faire. J'ai apprécié dans ce livre que l'auteur soit justement constructif et propose humblement des pistes, sans se poser en moralisateur. Il ouvre des voies de réflexion ; mais comme il le dit virgule nous sommes dans un pays où l'état commande des rapports, et Pendant ce temps on se dit que les choses avancent puisque le sujet est en cours d'études, mais à la sortie des rapports il n'y a souvent aucune action, si ce n'est de relancer un autre rapport.
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Le titre est suffisamment évocateur pour comprendre où l'auteur souhaite nous amener. Il poursuit la réflexion initiée dans ses précédents ouvrages en nous amenant sur le sujet du temps libre et comment nous l'utilisons. Lui-même comme nous tous sommes happés par les écrans, les notifications, le contenu sans fin auxquels nous résistons difficilement. Il remet cette constatation dans le temps long avec toute l'érudition que nous lui connaissons et qui rende la lecture très agréable et prenante. Il termine par quelques conseils de discipline de soi à s'appliquer ainsi qu'à nos enfants qui sont emportés dans ce tourbillon sans y être préparés.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Le divertissement est comme une drogue. Plus on s'amuse, plus on vide le temps de sa substance, plus l'amusement est convoqué comme illusoire solution. Il est comme une boisson maudite qui attiserait la soif qu'elle serait censée étancher.
C'est, hélas !, le divertissement qui a conquis nos vies, absorbant comme une éponge les minutes de temps libre gagnées.
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Notre problème, à bien des égards, c’est la facilité de la vie. On a oublié combien elle était difficile pour nos aïeux. Et pourtant, ces gens qui mouraient souvent jeunes étaient capables d’édifier des œuvres qui figurent parmi les plus belles productions de l’humanité. Ce qu’il faut comprendre peut-être, c’est que la force de tant de créations et d’exploits était donnée grâce aux obstacles de la vie, et non en dépit d’eux.
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Nous n'avons jamais autant tous fait la même chose que depuis que nous avons la possibilité d'agir différemment. Le grégarisme règne en maître. Les réseaux sociaux sont de vastes plaines où des gens s'agrègent en troupeaux d'affinités, pour mieux s'opposer à d'autres.
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Le vrai rapport à la culture, autrement dit, c’est la libération des préoccupations touchant à soi, à son rang et à sa situation dans la société.
Paradoxalement, le divertissement ne permet pas cette prise de distance, car il ne réalise qu’une fuite de soi imparfaite, où nous restons toujours reliés par des fils invisibles aux accablements de l’existence. On ne sort bien du monde qu’en rentrant en soi. Et on ne rentre vraiment en soi qu’en allant au-delà de soi par la confrontation avec ce qui nous dépasse. Le divertissement s’épuise dans l’instant, alors que « seul ce qui dure à travers les siècles peut finalement revendiquer d’être un objet culturel ».
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Petit, je pensais mon père ennuyeux et austère. Il m'a fallu plus de maturité pour comprendre qu'il était en fait un homme passionné, éperdument épris des délices de l'esprit. Ses aventures à lui ont été intellectuelles. Je revois cette attitude qu'il avait souvent lorsqu'il lisait, levant les yeux dans le vague; immobile et concentré comme Socrate à l'écoute de son daimon, profondément absorbé par des pensées que sa lecture venait de faire naître.
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