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EAN : 9782072672286
320 pages
Gallimard (08/04/2016)
2.63/5   23 notes
Résumé :
"Imaginez qu'un vieux médicament générique à deux balles, le baclofène, un relaxant musculaire utilisé contre la sclérose en plaques, pris à très hautes doses, vienne à bout de l'addiction ! Telle est la découverte du docteur Ameisen, médecin alcoolique, qui a détruit en lui l'envie du verre de trop, ou syndrome de la dalle en pente, le craving... Sans effort, et sans le réduire à une abstinence totale et définitive.
Ni plus d'effets secondaires qu'un verre ... >Voir plus
Que lire après L'angoisse de la page folleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Gallimard annonce le roman d'une descente aux enfers pour Alix de Saint André, c'est plutôt un récit, celui d'une expérience ratée et éprouvante. Celle qui lui est arrivée après avoir essayé, à sa demande auprès d'une amie médecin, un médicament générique et relaxant musculaire qui permet de se débarrasser de l'addiction à l'alcool, Alix pense pouvoir ainsi se débarrasser de sa propre addiction : la cigarette, 3 paquets par jour en se proposant comme cobaye.
Et voilà un livre à charge contre le baclofène, vu ce qu'elle a vécu on comprend la colère et le désarroi d'Alix de saint-André. Au début de l'expérience c'est le bonheur total, avec quelques excentricités jusqu'à ce que des hallucinations lui vaudront un séjour en clinique. On sait l'auteur un peu folle folle – si on a lu ses autres livres – mais c'est une « folie « sympathique, là elle tombe carrément dans un délire psychotique aiguë.

Trois semaines après le début du traitement elle est internée à Meudon. Le livre nous raconte les médicaments et leurs effets dévastateurs, la chute infernale et inquiétante d'Alix, son délire mystico religieux, puis ses recherches pour retracer ces journées oubliées où elle n'était plus elle-même..

" Ainsi donc je suis malade.
A l'hôpital tous les autres savent pourquoi ils sont là et ce qu'ils y font. Sauf moi"

Il faut un courage énorme pour retracer ainsi ce parcours : Échange de mails, ordonnances bien chargées, rencontres avec la psy et rapport avec les médecins. Elle raconte son besoin irrépressible de marcher, les envies et besoins disparus, les messages de Dieu et les crises de délire qu'elle a vécus pendant cette année terrible. C'est un récit étonnant et très personnel, raconté d'une manière efficace et alerte, même si elle se répète souvent mais elle en a conscience.
Cela fait froid dans le dos. Heureusement l'auteure, malgré tout ce qu'elle a vécu arrive à y mettre une pointe d'humour mais semble avoir méchamment encaissé.
La deuxième partie du livre c'est son combat contre le Baclofène, très utilisé en France. Son combat aussi contre l'industrie pharmaceutique qui refuse de reconnaître les effets secondaires. Et pourtant toutes les pièces sont là.

300 pages que j'ai lues d'une traite. J'ai trouvé ce récit passionnant, très lucide et impressionnant.
L'angoisse de la page folle, je vous le conseille vivement.
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Quand elle apprend qu'une molécule initialement destinée à traiter la sclérose en plaque s'est révélée très efficace pour contrer l'addiction à l'alcool, Alix de Saint-André se porte volontaire pour en être une cobaye. Elle a essayé plusieurs fois d'arrêter de fumer et ceci va peut-être l'y aider. Au début, c'est super : plus faim, ni soif, ni sommeil mais une loquacité sans faille et des pages et des pages noircies. le tout en enchaînant les cigarettes mais quelle importance ? Elle a tout compris, elle va rebooter l'humanité et effacer l'holocauste. « Quand je me retrouve à la clinique de Meudon, je pense toujours que cela fait partie du plan… »

Récit-témoignage d'une très violente réaction à un médicament, ce livre d'Aix de Saint-André se lit paradoxalement avec beaucoup de plaisir. Elle le débute avec ce qui était sa façon de voir pendant la prise du baclofène, et quelques scènes sont tout à fait hilarantes (le tombé façon judo dans le bureau du psychiatre !). Elle enchaîne ensuite avec sa prise de conscience et son lent (1) retour à la normalité, qui m'a fait bouillir un temps : elle est vraiment gentille, cette Alix, et on s'effraie qu'elle ne voie pas l'énorme responsabilité de son « amie », qu'elle persiste à se croire seule en cause. Les longs recopiages du journal qu'elle s'astreint de tenir pendant les mois suivants sont pénibles à lire (autant, visiblement, qu'à écrire) (2), tant elle se répète, et sur tous les tons, sur ce qui lui est arrivé, ce qu'elle a fait, dit, cru, etc. Et puis enfin sa vision est claire, et elle essaie de faire entendre sa voix quant au traitement du baclofène dans l'opinion publique (pas facile). le tout émaillé de petites perles très dans sa manière, des anecdotes (3), des citations, et une politesse, une éducation, une plume qui, une fois qu'on y a goûté, font qu'on lira de toute façon tout ce que publiera l'autrice.

(1) « Comment s'occuper quand on ne peut ni lire ni écrire ? Moi qui ne sais faire que ça… » / « Je peux lire des livres, à condition qu'ils soient débiles. » / « Il faut rééduquer le cerveau avec des niaiseries. »
(2) « J'ai lu quelque part qu'Adamov avait dit : « Ecrire est abominable, ne pas écrire est épouvantable. »… On en est là. » / « Ceci n'est pas de la littérature, ça ne part pas du centre. Et ça ne va nulle part. »
(3) « (…) après l'assassinat d'Abraham Lincoln, qui avait eu lieu pendant une représentation théâtrale, au bout d'un moment, il avait bien fallu raccompagner chez elle sa femme Mary, la première Dame. On en chargea un étudiant qui, très embarrassé, dans la voiture, lui demanda : « Et à part ça, le spectacle vous a plu ? » »
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L'angoisse de la page folle. Quelle angoisse…
Sur la Toile, nous ne parlons que des livres que nous aimons.

S'agissant ici d'un non livre, d'une imposture, je me permets de vous dire tout le mal que j'en pense.

"Imaginez qu'un vieux médicament générique à deux balles, le baclofène, un relaxant musculaire utilisé contre la sclérose en plaques, pris à très hautes doses, vienne à bout de l'addiction!
Telle est la découverte du docteur Ameisen, médecin alcoolique, qui a détruit en lui l'envie du verre de trop, ou syndrome de la dalle en pente, le craving…
Sans effort, et sans le réduire à une abstinence totale et définitive. Ni plus d'effets secondaires qu'un verre d'eau.
Évidemment, l'industrie pharmaceutique et les spécialistes dont il menace les intérêts boudent sa découverte, alors qu'il pense que ce protocole pourrait guérir d'autres addictions.
Et pourquoi pas le tabac? Puisque toutes mes tentatives pour arrêter de fumer se sont révélées catastrophiques…
Au bout de trois semaines de traitement expérimental, sans avoir dépassé les doses, je fume plus que jamais, mais, délivrée de l'angoisse de la page blanche, je peux écrire jour et nuit, sans discontinuer.
Sans faim ni soif ni sommeil.
C'est génial ! Ce produit va libérer le monde entier de toutes ses angoisses. Imaginez la tête des barons de la drogue!
Quand je me retrouve à la clinique de Meudon, je pense toujours que cela fait partie du plan…
Alix de Saint-André."

Le propos était pourtant attrayant.

Au début, je me disais que ça allait forcément décoller, que l'auteure nous baladait un peu, qu'elle jouait à celle qui ne sait plus écrire. Que nenni. Cette molécule a visiblement semé un joli bordel dans son cerveau. Et comme elle ne cesse de repasser en boucle les épisodes de la montée du délire, de l'hospitalisation, de la sortie d'hôpital et de son incapacité à écrire un vrai livre, on comprend bien mais vraiment bien que la bonne surprise n'arrivera pas. Que c'est long, redondant, douloureux, que c'est mauvais !

D'ailleurs, elle est assez limpide dans sa démarche, elle nous dit clairement qu'elle n'écrit pas, qu'elle s'entraine en s'astreignant à deux heures quotidiennes de gribouillages, qu'elle s'oblige à aligner des mots. Ce livre donc. Ce journal de bord. Ce concept. Mais rassurons-nous, elle envisage d'en écrire un vrai après ça. Un comme avant, avant le baclofène, avant qu'elle déraille, avant qu'elle nous inflige cette imposture.

Parce que cerveau embrouillé, peut-être, mais n'aurait-elle pas été plus honnête d'ouvrir une cagnotte Ulule afin que ses lecteurs la soutienne dans sa convalescence plutôt que de nous taxer 21, 50 euros pour ça ?

Imaginez-vous une chanteuse lyrique à la voix brisée qui ferait un disque de ses douloureuses vocalises ?

J'aurais sincèrement préféré des pages blanches à ces pages folles.

En direct de ma déception de l'année, à vous les studios.

https://latoileciree.wordpress.com/2016/06/25/langoisse-de-la-page-folle-quelle-angoisse/
Lien : https://latoileciree.wordpre..
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L'épigraphe de ce roman-témoignage est de Gerard de Nerval : l'expérience de chacun est le trésor de tous. À garder en mémoire....
Point de départ : la découverte des effets du buclofène, détourné de son usage par un médecin- gourou qui en l'utilisant s'est guéri de son alcoolisme sans pour autant devenir abstinent.
Alix est foudroyée par les perspectives de rédemption des addicts et devient un cobaye joyeux et inconscient pour terrasser son tabagisme.
Résultat : une descente aux enfers, des soins en HP, la découverte des psys, puis une guérison en dix mois et sept ans pour retrouver un sommeil naturel.
Ce qui est intéressant c'est l'exercice de reconstitution de ce qui s'est réellement passé au travers des mails reçus et envoyés en pleine crise, les bouffées délirantes sujet de honte et point de fixation, et puis ce drôle de journal daté et horodaté à la fois thérapie, ascèse, vecteur d'espérance et témoins des petits progrès lents, terriblement lents, de la convalescence.
J'ai apprécié l'honnêteté du récit, parfois brouillon, redondant, mais aussi pour son caractère intime et pudique. Bien sûr, il y a une toile de fond de névrose familiale, une catholicité forte et faible à la fois, des addictions mais aussi des rites d'entretien de multiples amitiés, une implication professionnelle riche, journalistique pour l'auteure, l'attachement à des lieux, une maison, des chats... Au fond c'est autant de balises qui lui permettront de remonter la pente.
Je recommande cette lecture pour celles et ceux qui y trouveront un écho à leur propres épreuves passées ou présentes ou qui dans leur entourage ont des proches atteints de maladies psychiques, mentales ou d'addiction sévères, c'est un message d'espoir, l'énergie de la vie permet la réparation voire c'est à la mode la résilience !
On "rafistole aussi le cerveau" , ce qui est une manière de dire que nos névroses sont gérables, avec aussi une bonne dose d'humilité, d'empathie, d'humour, j'ai trouvé cela chez Alix qui n'insiste pas trop sur la souffrance, par pudeur sans doute ? Et c'est très bien ainsi .... Relire l'epigraphe reproduit en début de cette critique et bonne lecture !
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Vraiment original. Je n'ai pas pu le lâcher ! J'avoue cependant que j'ai un avis mitigé sur cette auteur ... j'ai lu plusieurs de ses romans et à chaque fois au début je les trouve absolument brillantissime... souvent elle part d'un événement simple, qui n'a rien d'exceptionnel, mais qu'elle sublime avec des fulgurances de style : c'est intelligent et passionnant ... le hic c'est qu'à chaque fois je trouve qu'au milieu du bouquin ça patine un peu et qu'on tourne un peu en rond. Ce que j'ai bien aimé dans "L'angoisse de la page folle" c'est qu'elle immerge le lecteur dans sa folie grâce un style faussement maladroit, répétitif et brouillon dans la deuxième partie du récit. La fin est digne d'un roman policier et on sort de cette lecture complètement exsangue, épuisé par ses insomnies et ses ruminations ... et le titre ! "L'angoisse de la page folle" ... c'est une idée de génie !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Pendant qu'il chantait, je pensais que ce qui m'est arrivé c'est comme une mauvaise herbe dans le cerveau. Les mauvaises herbes ressemblent aux vraies qu'elles finissent par étouffer. Elles donnent l'illusion des vraies, mais elles sont stériles et vengeresses. Il faut les arracher, et plus on attend, plus c'est dangereux, plus il faut mettre de produit. C'est ce qu'ils ont fait à l'hôpital avec des doses énormes...
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A la maison je n'arrive pas à prendre un bain : mes livres me sont muets: j'ai de la buée dans les yeux.
" Ils t'ont cassée " dit Yoda...
Je suis dessillée; j'ai honte comme après une cuite.
Je veux rentrer à l'hôpital : il y a des crêpes et des gaufres
Je vois un film les mains dans les poches ; j'ai du mal à tenir en place. (p 119)
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(…) après l’assassinat d’Abraham Lincoln, qui avait eu lieu pendant une représentation théâtrale, au bout d’un moment, il avait bien fallu raccompagner chez elle sa femme Mary, la première Dame. On en chargea un étudiant qui, très embarrassé, dans la voiture, lui demanda : « Et à part ça, le spectacle vous a plu ? »
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Bonjour,
Je trouve ce livre délirant ..Personnellement je prend du Baclofene pour mon addiction à l'alcool j'ai commencé mi janvier et le succès est "bluffant" je suis actuellement à un verre de vin rouge et pas tous les jours ..et sous la conduite du DR JAURY je diminue les doses de Baclofene
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Médicaments.
Wipère ajoute :

Dekapote : 1 matin et 1 à 19 heures
Loxapac 25 le soir
Lepticur 10
En plus des 3 Haldol, des 3 Seresta, des 4 Lagarcil et du Noctran
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Videos de Alix de Saint André (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alix de Saint André
Longtemps journaliste pour Le Figaro, Elle ou Canal +, Alix de Saint-André a quitté ce secteur pour se concentrer sur l'écriture et rencontre un succès constant. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire du "Home Pasteur", une pension de famille dans le 7e arrondissement de Paris dans "57 rue de Babylone, Paris, 7e", chez Gallimard. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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