Après avoir été hyper emballé par le tome 1, j'avais sans doute placé la barre trop haut pour celui-ci! Non pas que je sois déçu, on est bien dans la même veine, mais ce deuxième volume est moins drôle.
Après sa rupture (ou son histoire avortée) avec M, l'auteur-narrateur est dépressif, et c'est ce à quoi nous avons droit ici. Et l'on échappe pas à tous les travers et les clichés de la dépression masculine : alcool, jeux, errances sexuelles…
Cependant, le ton et la plume reste novateurs et je reste persuadé qu'on a bien entre les mains un futur classique de la littérature! Rien de moins!
Un petit regret : qu'en est-il du suicide de Julien?
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Me voilà embarqué dans un ample récit où chaque page est un plaisir de lecture. Et remercions l’auteur d’en avoir écrit près de mille six cents ! C’est tour à tour drôle, sensible, intelligent, impressionnant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
L'extraordinaire enquête d'un écrivain sur son merveilleux quotidien.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Car passé, présent et avenir ne font pas la queue leu leu. Il n'y a que les hommes pour tout séparer et compartimenter et croire ensuite qu'ainsi sont les choses. Alors que tout survient à l'heure dite. A son heure propre. A une heure convenue de loin [...]
En nous s'écrit une histoire qui a tout son temps, une histoire qui se fiche des séparations puisqu'elle est une et indivisible, une histoire qui, telle des petites billes de mercure fusionnant sitôt mises en contact, tend de toutes ses forces à retrouver son unité perdue au fil du temps - et cette histoire est celle de notre véritable existence.
" Monsieur et Madame Dissoir ont un fils... " (7 juillet, 18:45). " Cherchez encore ! " (7 juillet, 18:54). " Vous me décevez " (7 juillet, 18:58). " Alain ! " (7 juillet, 19:05). " A lundi soir !!! Il faut vraiment tout vous expliquer ! " (7 juillet, 19:06). " Je n'avais pas pensé à Amar ; c'est vraiment un prénom ? So, un point pour vous " (7 juillet, 19:13). "Je porte un jogging et une vieille chemise d'homme. Désolée " (7 juillet, 23:06).
Tandis que la trompette de Miles Davis s'élevait comme l'aube se lève, déchirante, altière, jouant le moins de notes possible pour les faire sonner au plus vif et chacun put entendre chaque note passer par-dessus le silence de trois mille personnes retenant leur souffle, et puis passer par-dessous ce silence et plonger parfois directement au coeur de ce silence, le traverser de part en part, pour en revenir nimbée, frissonnante, comblée et moi aussi j'aimerais pouvoir passer par-dessus ma vie, et puis par-dessous et, parfois, de temps en temps, le plus souvent possible, plonger au coeur de ma vie pour en revenir aussi merveilleusement ébloui.
Plus tard je m'étais fait la réflexion que les gens qui se vantent d'être pleins de contradictions oublient de dire que leurs contradictions ne sont qu'apparentes. Car ils ne disent pas noir au jugé ni blanc au petit bonheur la chance. Cela dépend des circonstances. Du sens du vent. De qui tient le manche. Cela dépend toujours de leurs intérêts du moment.S'il vaut mieux, là, maintenant, tout de suite, qu'ils disent blanc ou qu'ils disent noir. En sorte, ils sont parfaitement cohérents avec eux-mêmes. Ils sont inamovibles. Ils savent très bien ce qu'ils font. Ils ne dévient pas de leur ligne. Ils ne sont pas du tout pleins de contradictions, comme ils s'en vantent. Au contraire : ils restent remarquablement égaux à eux-mêmes, soumis à leurs intérêts, en fonction des circonstances. Ce pourquoi ils n'éprouvent aucune gêne à reconnaitre leurs soit-disant contradictions. Aucun désarroi. Que du bonheur. Leurs soit-disant contradictions leur donnent l'illusion d'être divers et ondoyants. Mystérieux. Complexes. Insaisissables. Uniques. Mais ce n'est qu'une illusion. Ils ne sont pas aussi imprévisibles qu'ils le pensent. Ils sont foncièrement mécaniques et, en tous les cas, ils sont bien moins humains qu'ils aimeraient s'en convaincre et le faire croire. Ils sont tout le contraire.
de tels lieux incertains, informes, inhospitaliers. D'avant le langage ou peut-être d'après. Terrains vagues à l'âme, sans vie déclarée, évasifs et, de ce fait, synonymes d'évasion pour ceux qui n'ont pas peur des mots. Lieux non dits, sans nom ni emploi, que le passant préfère longé d'un pas pressé, comme au bord d'un gouffre, sans jeter un œil qui ne soit d'avance délavé par ce qu'il pourrait voir. La ville et son négatif. La rase ville comme on dit rase campagne. Le temps, mais arrêté, défunt. Je ne sais pas. Il existe sûrement en nous, au cœur de nos existences, en nous-mêmes, de tels lieux anonymes, dépourvus de signification et absents à eux-mêmes, absolument contumaces, désaffectés, désœuvrés, vacants, envoyés à la casse et pourrissants sur place, dont nous préférons ignorer l'existence, la percevant cependant. La contournant d'un pas pressé. Je ne sais pas.
Il y a un an, une soirée spéciale a été organisée autour du roman "Le coeur ne cède pas" de Grégoire Bouillier (éditions Flammarion, prix André Malraux 2022) qui avait reçu une bourse d'écriture du CNL. Découvrez l'entretien enregistré avec l'auteur.
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