Ce livre a fait l'objet d'une re-édition. Pourquoi ? Tout d'abord, parce que le nom d'
Arnaud Desjardins est vendeur et que la maison d'édition s'est dit qu'elle pouvait encore en vendre quelques milliers d'exemplaires supplémentaires. Ne soyez pas naïf, la spiritualité c'est d'abord du busyness, j'en sais quelque chose ! Mais qu'en est-il du contenu ? On parle d'un livre écrit en 1967. N'a-t-il pas trop vieilli ?
Tout d'abord, lorsqu'on regarde la couverture originale on comprend qu'il était indispensable d'en changer. le regard en gros plan de Gyalwa Karmapa dans un encadré aux couleurs criardes fait peur ! (Cherchez la sur internet ça vaut le coup d'oeil !) On a opté pour un motif avec des « gentilles » frises (genre développement personnel).
Arnaud Desjardins est un précurseur, c'est un bon communicant professionnel, vidéaste, écrivain et il le sait. Il explique très bien ses tentatives pour atteindre des lieux et des personnes importantes du tantrisme tibétain. Avant lui, il n'y avait qu'
Alexandra David-Néel à avoir été aussi loin dans cette exploration de cette partie du monde. Et surtout dans sa vulgarisation.
Le problème c'est qu'il le sait... On lit trop souvent qu'il s'en gargarise et il veut absolument nous prouver qu'il est vraiment sur la piste de la vérité.
J'ai beaucoup aimé cette partie où il va de rencontres en rencontres. On retrouve les inévitables rendez-vous avec
Le Dalaï-Lama, les audiences des grands maîtres qui se livrent à des rituels, des méditations ou des transes surprenantes. Oh ! Surprise, une première apparition de Navnit Parekh ! Une figure secondaire mais qui a joué un grand rôle dans ces échanges entre l'Inde et la France. Et puis aussi le traducteur Sonam Topgey Kazi, encore une « petite main» trop méconnue.
Arnaud Desjardins se montre sincère, précis dans ses descriptions, ses analyses, ses interprétations. Là où ça devient problématique c'est quand on le sent glisser lentement dans des prises de positions sans beaucoup de recul. N'oublions pas que le thème du livre est le tantrisme ! Un sujet explosif ! Sexe, débauche, alcool, etc.. On tombe vite dans le bouddhisme « Rock'n roll ». Bien plus tard des sectes comme celle d'Aum se réclameront de cette mouvance, on a vu ce que ça a donné.
Bien sûr, tous les maîtres ne tombent pas dans ces excès mais
Arnaud Desjardins est de mauvaise fois quand il balaye les critiques de ces dérives. En gros « Ce sont des maîtres mais ils contrôlent ». Shoko Asahara moins de trente ans plus tard poussera ce concept jusqu'à l'apocalypse... je ne pense pas l'avoir entendu sur le sujet.
Bon, un livre qui mérite d'être lu pour les personnes qui s'intéressent au bouddhisme et à la spiritualité, mais surtout, prenez du recul ! Ne gobez pas tout, ne vous laissez pas embrigader dans des dérives morbides, elles ne sont jamais loin.