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EAN : 9782940431854
120 pages
La Baconniere (17/05/2018)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Dans un train, un inconnu raconte au narrateur son séjour dans une petite ville endormie de la Haute-Hongrie où il a échoué craignant l'imminence d'une catastrophe dans sa vie. Il ne tarde pas pour autant à s'adonner aux plaisirs érotiques et à aller, comme envoûté par les chaussures, les bas blancs et les pieds féminins, d'aventure en aventure jusqu'au jour où la seule vue de la très jeune Eszténa déchaîne en lui l'amour véritable. Sa rencontre avec cette jeune fil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lire Krudy c'est prendre du plaisir à lire une écriture d'abord. J'ai envie de dire que le reste, on s'en fiche un peu, ce qui n'est pas gentil mais je pense qu'aujourdhui, Krudy c'est d'abord la jouissance d'une écriture, comme se couler dans un bain avec des sels parfumés (à chacun le choix du parfum). Une écriture parfaite, descriptive, imagée, ironique, décalée, à plusieurs degrés, précises, comme une dentelle anglaise, sage, méchante aussi, tranchante, blessante, mais si juste, acérée, belle, tout simplement belle, et jamais inutile.
Lire Krudy c'est aimer une écriture, c'est se laisser glisser dans cette écriture, ses points virgules abondants, ses métaphores, ses parenthèses, ses digressions, c'est entrer dans l'âme de l'écrivain et de son oeuvre car les deux sont si intimement liées.
Le Compagnon de voyage est un livre à part ça surprenant, dont je ne dirai rien car Krudy est un fort en surprise et qui veut le découvrir doit rester "vierge" au départ.
Mais cette lecture m'a vraiment secouée.
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Dans un wagon de train, un voyageur raconte à un autre voyageur. Un voyage fait jadis dans une petite ville de province qui va changer le cours de sa vie, sa façon de voir les choses. Impénitent coureur de jupons, il est à un moment de son existence où plus rien n'a vraiment de goût. Arrivé par hasard à la ville de X, il se met néanmoins en chasse. Ce qui lui permet de découvrir la ville et ses habitants, d'imaginer son passé, de caractériser les personnes qu'il croise. Une intrigue plus importante que d'autres se noue, jusqu'au dénouement qui va le marquer à jamais.

Cela commence comme un badinage entre deux messieurs entre deux âges qui se rencontrent pas hasard et dévissent de façon spirituelle. Et cela finit au vitriol. Dans aucun autre des livres de l'auteur je n'ai senti une telle amertume, une façon de dépeindre un microcosme d'une façon impitoyable. La société de province est disséquée sans appel, ce qui est d'autant plus fort qu'on ne s'y attend pas. La fin est assez terrible, cruelle et saisissante. Après j'ai eu envie de reprendre ma lecture, pour retrouver les indices, les petits cailloux que l'auteur a semé dans son livre dès le départ, mais d'une façon tellement imperceptible qu'il faut le savoir pour les voir. J'aurais d'ailleurs presque eu envie de relire tout ce petit livre, tellement c'est dense.
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Le style évoque Stefan Zweig et peut soutenir sans rougir la comparaison : étude détaillée des caractères, atmosphère des petites villes de province à la fin d'un XIX eme siècle étouffant sous les conventions, univers bourgeois méticuleusement observé, mélancolie... Découverte d'une pépite littéraire et de cet auteur hongrois méconnu en France.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La poule a pondu son oeuf juste à temps, le beurre de baratte rit comme une jeune fille dodue au milieu des feuilles de vigne, les souliers brillent aux pieds, les pensées étouffantes de la nuit s'envolent des draps avec la brise vivifiante du matin, vêtue de sa jupe empesée la veille, la femme de chambre vaque à ses occupations à pas dansants ; dans les rues tapissées de gelée blanche, même les tombereaux remplis de fumier laissent échapper une vapeur différente la matin et l'après-midi, le râle des grands malades s'apaise dans les maisons voisines, la verdure fraîche des marchés, la tête rouge des coqs, la chair rosée de la viande se balancent dans les paniers d'osier, la tour de la ville a été lavée à l'aube avec une éponge, les mésanges au jabot bariolé sautillent gaiement sur les mûriers piqués par le givre, comme la vie reprend après le pardon et l'oubli du passé...
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"Avez-vous peut-être regardé parfois des retables ?
Pour ma part, je n'y ai jamais rencontré de visage amical, tranquillisant, tel qu'on aurait pu s'y attendre. Que voyait-on ici ? Des figures figées, comme appartenant à l'autre monde, des Christ devenus insensibles depuis des siècles, des Vierges impassibles face aux souffrances que les femmes endurent pendant leur vie terrestre, des yeux sans expression, hormis celle du désespoir, de quoi vous ôter définitivement toute envie de connaître cet autre monde. Dans ce sanctuaire glacial, on n'était amené à formuler qu'un seul souhait : voir se poursuivre, aussi longtemps que possible, la vie dans laquelle on se vautrait, dehors, une fois passée la porte. Quant à l'autre monde, la représentation qui vous était offerte n'avait chance de convaincre le visiteur que d'une chose : ceux qu'on avait canonisés continuaient de souffrir et les martyrs garderaient à jamais leurs couronnes d'épines. Rien n'avait changé : la tombe était de plus en plus froide et la pierre qui la recouvrait de plus en plus lourde."
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Il inspectait à tour de rôle, et chacun à part, les hôtes de la salle à manger, les toisait les uns après les autres et, constatant avec le plus grand flegme que son insistance à les observer irritait les gens nerveux, il faisait s’envoler silencieusement sa fumée, tandis qu’autour de lui chagrins, tristesses, procès perdus, projets tombés à l’eau, existences ratées, tourmentantes infirmités, affreux désespoirs, portefeuilles vides d’argent, vieillesse, orgueil vain, maladies d’amour, tout cela allait et venait dans ce restaurant semblable à une gare, où sous les poutrelles de fer les gens débarquaient de Gyor, de Debrecen ou d’Arad, pour repartir en laissant derrière eux de la vaisselle sale...
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On entendait glapir dans les champs d'une blancheur laiteuse ces renards invisibles qui, par suite de quelque mystère, échappent à tout jamais à l'habileté des chasseurs. Au loin, au-dessus d'un lac, des soupirs argentins accompagnaient un envol d'oies sauvages.
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