AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782877111058
310 pages
Jacqueline Chambon (19/05/1998)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Le concert de Bach, qu’organise chez elle la très belle Éléna, l’épouse du banquier Draganescou, promet d’être l’événement mondain le plus recherché de la saison. Alors que débutent les répétitions sous la direction d’un chef d’orchestre célèbre, un nœud d’intrigues enserre chaque jour davantage les protagonistes, jusqu’à ce qu’éclate un drame. La mort de Sia, une jeune fille de dix-huit ans, n’empêchera pas le concert d’avoir lieu et son enterrement, en grande pomp... >Voir plus
Que lire après Le concert de BachVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'édition a plus de 20 ans (1994) et a assez mal vieilli : francisation des noms, diacritiques roumains à la trappe, pas mal de coquilles, les paragraphes plus longs que ceux de l'édition roumaine (pas de petites économies). Mais à part ça, traduction OK : en testant rapidement pas trouvé de manque, chapitrage identique au roumain, mais attention, la suite dévoile l'intrigue.
Lina, doctoresse, et son mari Rim, professeur universitaire de biologie et musicien amateur ont emménagé dans leur maison et engagé Sia, la fille du cousin de Lina, Lică, comme bonne. La soeur de Lică, Elena Hallipa, mariée au banquier Drăgănescu, veut organiser un concert de Bach. Un jour, Lică arrête le cheval qui a failli l'écraser, d'Ada Razu, princesse Maxence, qui tombe amoureuse de lui et réciproquement. Elle lui trouve un poste dans son écurie, alors que le prince Maxence, ancien fiancé d'Elena, se meurt de la tuberculose. Pendant ce temps, Rim jette son dévolu sur Sia, sans se douter qu'elle est aussi la fille de Lina et engage les frères jumeaux d'Elena à l'Université. Elena prend sa jeune soeur Norica à son service, qui avait gâché ses fiançailles. Ada s'introduit dans la société d'Elena grâce au cousin de Maxence, chef d'orchestre, Victor Marcian, qui dirigera le concert de Bach. Lică devient responsable de l'écurie et s'introduit dans la bonne société peu à peu, s'écartant complètement de Sia dans sa liaison avec Ada. Maxence doit se faire soigner à Leysin. Lina renvoie Sia qui trouve refuge chez les jumeaux. Pendant les préparatifs du concert, une liaison entre Marcian et Elena se construit. Norica tente une approche vers Drăgănescu, sans succès. Maxence meurt en Suisse, Lică a une opportunité pour se lancer en politique, Ada songe au mariage. Sia tombe enceinte et meurt d'une infection, ce qui n'empêche pas le lendemain le succès du concert de Bach.
Un peu d'autoflagellation dans la présentation, qui parle d'un „roman de moeurs comme on les aimait au début du siècle”. Certes, mais Houellebecq par exemple doit beaucoup au roman de moeurs. C'est aussi un prisme peu évoqué à travers lequel voir la littérature roumaine : plus tard l'oeuvre de Marin Preda, voire aujourd'hui Calin Torsan ou Savatie Bastovoi s'en approchent par bien des aspects. Dans l'ensemble, tout cela tient tout de même bien la route, comme Garabet Ibraileanu, au regard des modèles étrangers comme Edith Wharton, Henry James et d'autres.
Hortensia Papadat-Bengescu a une postérité assez particulière : la „plus grande romancière roumaine” peut-être, mais on ne trouve couramment (France ou Roumanie) en librairie et sur Internet que „Le Concert de Bach”, alors que le roman fait partie d'un cycle, celui des Hallipa, ce qui explique qu'on a parfois l'impression d'avoir raté un épisode : ce n'est pas le premier volume ! Papadat-Bengescu a un peu le même champ d'action que Proust : le monde. Et donc le Bucarest de l'entre-deux-guerres, où elle est solidement ancrée. Moins de digressions, construction narrative moins élaborée, un style plus explicatif et direct sur les intentions des personnages. Sur le fond, elle se montre bien plus pessimiste : chez Proust, le monde (ou l'élite) est superficiel éventuellement dépravé. Chez Papadat-Bengescu, il est corrompu, criminel, incestueux, souvent incompétent, hypocondriaque et la pureté de ses sons origine laisse à désirer. Parfois il vit même au crochet des pauvres. Roman plein de maîtrise, qui vaut le détour littéraire.
Commenter  J’apprécie          290
Au moment où l'on tourne la dernière page du Concert de Bach, on se rend compte que ce fameux concert aura lieu sans nous et qu'il n'était en fait qu'un prétexte pour qu'Hortensia Papadat Bengescu nous décrive une certaine société : celle de Bucarest de l'entre-deux-guerres, c'est-à-dire la sienne lorsque paraît le roman en 1927.

Ce concert, et les préparatifs qu'il requiert, sont pour le roman comme l'un des rails d'une voie de chemin de fer, l'autre étant fourni par l'étrange histoire de Sia, fille laide, maussade, butée, qui semble ne rien souhaiter d'autre qu'une vie sans tracas aux dépens de ses employeurs, et dont l'enterrement sera pourtant l'occasion d'un rassemblement de toute la bonne société.
Lien : https://passagealest.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Bucarest résout le problème de la grande et de la petite ville, province et capitale à la fois. Ce sont là deux attributs, combinés dans des proportions au dosage machiavélique, qui lui donnent son caractère distinctif. La progression même de la ville respecte cette loi, se développant dans n'importe quelle direction et sur n'importe quelle distance, sans toutefois cesser de se mouvoir autour de son noyau central.
(page 80)
Commenter  J’apprécie          110
Les jumeaux Hallipa, loin d’être des imbéciles, mais conséquents avec leur naissance en double exemplaire, devaient se contenter de la moitié de toute valeur […] [ils] possédaient une curieuse intelligence : médiocre et persévérante, obtuse et perçante… En guise de laboratoire, ils se contentaient pour l’instant d’une pièce au sous-sol de la faculté, d’où on avait délogé l’intendant. Ces vers de terre se sentaient bien dans l’obscurité […] D’une ressemblance parfaite, ils prononçaient les mêmes paroles en même temps, avaient des gestes simultanés et des idées similaires. Étonnants lorsqu’ils étaient ensemble, si on les rencontrait séparément, leurs réactions et pensées étaient banales, voire incompréhensibles. On se trouvait devant une double éprouvette contenant le même liquide toxique, ou on tenait un des deux bouts du même fil.

(pp. 160-162)
Commenter  J’apprécie          30
Dès le premier instant, elle avait eu l’impression de se tenir sur des plans inverses et mobiles qui lui donnaient le même vertige qu’un tapis roulant. Un léger « mal de mer » [en français dans le texte] persistait encore au creux de l’estomac. Arrivée dans la rue, elle vacilla pendant une minute comme quelqu’un qui, descendant d’un bateau, retrouve la terre ferme. La rue d’ailleurs ne dissipa pas son état de confusion. Le grand boulevard qu’elle avait emprunté pour venir se trouvait-il en haut ou en bas de cette rue ? […] Un tramway aperçu au loin la rassura. Elle prit cette direction et arriva à bon port. Elle s’arrêta alors un instant pour laisser se dissiper son léger étourdissement. Quelque chose tanguait en elle comme du vin agité dans une coupe, puis tout se calma.

(p. 21)
Commenter  J’apprécie          30
Le docteur Rim, compréhensif, chantait sur un ton chaque fois différent cette « Oyra ! » qui avait déclenché l’ironie de Nory. Une mélodie qui était au diapason des états d’âme du docteur, tel un index posé sur ses lèvres sèches et illustres. Les origines de cette  « Oyra ! » remontaient loin dans les obsessions de Rim. Jadis, le docteur Rim avait l’habitude de faire de la musique de chambre, une fois par semaine, dans la famille des Schmidt. C’était un quatuor de qualité où M. Schmidt, le pharmacien, tenait la contrebasse, le professeur Rim le violon ou la flûte, M. Tuchte de Kunstverein, un viennois – alors patron d’une fromagerie modèle -, était au violoncelle et Madame Schmidt au piano. Assemblée virtuose et vertueuse !

(pp. 151-152)
Commenter  J’apprécie          30
Onze heures approchaient et il sentait aussi approcher une petite crise. Le signal avait été donné : des frissons bien connus partaient de ses mains, de ses pieds et des côtes vers la poitrine et Maxence guettait la direction qu’ils allaient prendre, leur façon de se faufiler en lui, ce qu’ils allaient démolir sur leur chemin. Il calculait de façon à donner aux frissons un parcours aussi doux que possible, mais voilà qu’Ada allait surgir d’un moment à l’autre ! Il la haïssait !…Que voulait-elle encore, cette sorcière dont le philtre d’amour avait ruiné sa santé, ce philtre d’amour qui avait perdu ses pouvoirs ?…Cette sorcière qu’il détestait voir à ses côtés et auprès de laquelle il était condamné à vivre à tout jamais.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : littérature roumaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5275 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}