AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841099382
220 pages
Le Temps des Cerises (10/04/2014)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Attila József est non seulement le plus grand poète hongrois du xxe siècle, mais l'un des poètes les plus importants d'Europe. Ce livre présente un choix de poèmes, dans de nouvelles traductions et dont une vingtaine d'inédits en français. L'oeuvre d'Attila József séduit par son sens artistique exceptionnel, sa délicatesse et sa force. Chant souvent proche du désespoir et cependant animé d'une intense ardeur de vivre, d'un insatiable besoin d'amour. A bien des égard... >Voir plus
Que lire après Le mendiant de la beauté - Bilingue français-hongroisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Attila Jozsef, mendiant de vie

“mords-moi ou c'est moi qui te mords.” le poète révolutionnaire Attila Jozsef est un affamé de vie et un boulimique d'amour. Certes, il n'a pas les dithyrambes à la muse d'un Nazim Hikmet, ni la conscience éveillée de Vítězslav Nezval, ou encore le charme marmoréen d'un Yannis Ritsos, ses contemporains engagés à gauche, mais il a l'empressement brûlant d'une jeunesse sans lendemain.

“Le poirier sauvage se mêle à la branche greffée,
Moi aussi, je suis devenu meilleur, depuis que tu m'as greffé tes baisers.”

Avec “Le Mendiant de la beauté” c'est la passion béjaune, jalouse et organique pour la femme, que cette dernière soit la mère ou la maitresse, qu'explore le jeune poète hongrois. Jozsef a la rancune facile, c'est un peu comme si la vie avait par principe une dette abyssale envers lui.

“Mes vingt ans, c'est ma puissance,
Mes vingt ans, je les vends.
Si personne ne les veut,
Que le diable les prenne.”

Une poésie encore parfois maladroite mais les premiers vers d'un jeune poète prometteur, dans la veine d'un Maïakovski, duquel il partage tant le fiévreux talent que le funeste destin.

“A présent, tu dois serrer
une arme chargée sur ton coeur vide.”

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          680
Je remercie chaleureusement cette petite maison d'édition qu'est le temps des Cerises pour leur confiance et leur choix qui ne me déçoivent jamais. C'est encore un très beau livre de poésie dont je me suis délectée de chaque pages.

Je ne connaissais pas Attila Joszef et je suis très contente d'avoir eu l'opportunité de faire cette découverte car, assurément je serais passée à côté de quelques choses.

Ce livre est une compilation de ses poèmes à diverses périodes de sa vie. La plupart de ses poèmes sont sortis dans des journaux et magazines. Les poèmes en hommage à sa mère sont bouleversants et puissants on sent toute la douleur de la perte d'un être cher. Beaucoup de poèmes aussi sur la campagne, la pauvreté et la dureté de la vie des laisser pour compte très durs mais tellement réalistes et j'ai appris qu'il venait d'une famille pauvre et campagnarde ce qui explique la justesse des mots. Il écrit aussi sur la politique ce qui lui vaut quelques démêlés avec les autorités et la justice.

J'ai été saisie par la puissance et la justesse des mots choisis et des thèmes qui me sont chers, j'ai donc adhéré totalement au coté torturé de ce génie de la poésie hongroise. Il a une sensibilité et une intelligence rare même derrière les poèmes les plus durs et vindicatifs. J'ai été très touchée car ses colères sont les miennes, parce que je me suis retrouvée dans l'indignation de la condition de certains humains. Les poèmes d'amour sont beaux aussi et touchants.

VERDICT

Si vous ne connaissez pas ce poète alors ce recueil est vraiment l'idéal pour entrer dans son univers. C'est aussi un beau livre que vous pouvez offrir . Une belle collection de poèmes bilingues dont j'avais déjà fait la découverte avec un autre poète, grec cette fois Ritsos Yannis, avec le recueil Tard, bien tard dans la nuit que je vous recommande chaudement.
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Il serait bon de se procurer un billet pour partir vers
nous-mêmes, car c’est chez vous, c’est certain
Tous les matins, je baigne mes pensées dans l’eau
froide de telle façon qu’elles restent fraîches et
saines"
Commenter  J’apprécie          373
“De tes dents pointues mords mes lèvres offertes,
Que ton baiser me marque d’une grande rose ouverte,
Atroce jouissance pour d’immenses désirs.
Mords-moi, mords-moi ou c’est moi qui te mords.”
Commenter  J’apprécie          322
Fumée

Une volute de fumée fleurit devant la lune.
Elle la ceint d'argent, oscille et s'effondre.
Fraîcheur venue du ciel, tu passes à travers elle.

Je suis devenu maigre, tant j'ai déjà souffert,
suis balayé, comme les soucis du quotidien ---
fraîcheur venue du ciel, tu passes à travers moi.

Oui je suis balayé, mais ce doux tremblement,
frisson tiède pour la vie qui berce l'univers,
fraîcheur venue du ciel, il passe à travers toi.

Janv. 1930
Commenter  J’apprécie          40
Cœur pur

Je n'ai ni père ni mère,
Ni dieu, ni patrie,
Ni berceau, ni linceul,
Ni baiser, ni maîtresse,

Voilà trois jours que je mange
Ni beaucoup ni peu.
Mes vingt ans, c'est ma puissance,
Mes vingt ans, je les vends.

Si personne ne les veut,
Que le diable les prenne.
Le cœur pur je force les portes,
Et s'il faut, la mort j'apporte.

On m'attrape et on me pend,
En terre bénie on m'étend,
De la mort la mauvaise herbe
Pousse sur mon cœur superbe.

(P47)
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Attila Jozsef (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Attila Jozsef
Sans espoir
Lentement, pensivement
Enfin l’homme arrive au plateau et consent à ce paysage de tristesse, de sable et d’eau. Sans espoir est sa tête sage.
À mon tour, je veux, m’allégeant, tout regarder avec franchise, l’éclair de la hache d’argent dans le fin peuplier se brise.
Dessus la branche du néant, mon cœur grêle tremble en silence, et les doux astres le voyant, les doux astres vers lui s’avancent.
Dans le ciel couleur de fer
Froid et laqué, un moteur vrille dans le ciel gris couleur de fer. Entre mes dents les mots scintillent. constellations, silence clair !
Comme une pierre dans le vide le passé tombe en moi. Et bleu, le temps s’enfuit muet, liquide. Un glaive brille : mes cheveux.
Une chenille est ma moustache sur ma bouche elle va rampant. Mon cœur est dur, les mots se glacent mais à qui confier mon tourment ?
http://le-semaphore.blogspot.fr/2014/...
Attila József, le cœur pur
Le livre-CD Attila József / À cœur pur est paru aux Éditions du Seuil en 2008. C'est la regrettée Kristina Rády qui fut l'initiatrice de ce formidable projet. Sœur de langue de cet immense poète hongrois méconnu, elle voulut lui faire remonter le Danube jusques en France.
Comme elle le rappelle, « [...] le hongrois est, dit-on, la seule langue que même le diable respecte... mais ne parle pas ». Cet ouvrage comporte 22 poèmes retraduits pour l'occasion par Kristina Rády elle-même. La poésie d'Attila József est un cœur battant, un cœur battu. En 1937, alors âgé de 32 ans, le poète s'en alla faire rouler son corps sous le train de la mort. Et ce n'est point ici une creuse métaphore puisqu'il s'allongea littéralement sur des rails devant une de ces machines en partance vers l'au-delà du verbe.
Son compatriote Arthur Koestler, écrira d'ailleurs ces mots quelques jours après le suicide du poète (la citation suivante est extraite de la préface de cet ouvrage) : « [...] Attila József fut considéré comme un grand poète dès l'âge de 17 ans, nous savions tous qu'il était un génie et pourtant nous l'avons laissé s'effondrer sous nos yeux... Je parle de cette affaire, car elle est caractéristique de par son acuité. Elle s'est passée dans cette Hongrie "exotique", au milieu de ce petit peuple qui est le seul à n'avoir aucun parent de langue en Europe et qui se trouve ainsi le plus solitaire sur ce continent. Cette solitude exceptionnelle explique peut-être l'intensité singulière de son existence... et la fréquence avec laquelle ce peuple produit de tels génies sauvages. Pareils à des obus, ils explosent à l'horizon restreint du peuple, et puis on ramasse leurs éclats [...] Ses véritables génies [...] naissent sourds-muets pour le reste du monde. Voilà pourquoi c'est à peine si j'ose affirmer [...] que cet Attila József dont le monde [...] ne va pas entendre beaucoup parler [...] fut le plus grand poète lyrique d'Europe. C'est un stupide sentiment du devoir qui m'oblige à déclarer cette mienne conviction, bien que cela ne profite à personne. Cela n'arrêtera pas le train non plus. »
Le comédien Denis Lavant incarne la parole toujours vivante de cet homme tourmenté, de ce frère humain qui, du fond de la terre, a tant de choses essentielles à nous clamer. Quant à Serge Teyssot-Gay, sa guitare est une clef de voûte : elle exhausse la voix du poète transvasée dans la bouche habitée du comédien. Et c'est alors qu'il nous semble battre encore à nos oreilles l'incomparable chant de ce « cœur pur ».
Thibault Marconnet 09/07/2014
Liste des peintures :
0:00 - 0:24 Egon Schiele, "Zelfportret" 0:25 - 0:46 Egon Schiele, "Autumn Tree in Movement", 1912 0:47 - 1:01 Egon Schiele, "House with Shingles", 1915 1:02 - 1:34 Egon Schiele, "Arbres d'automne", 1911 1:35 - 1:46 Egon Schiele, "Le Danseur", 1913 1:47 - 1:58 Egon Schiele, "Le Pont", 1913 1:59 - 2:14 Egon Schiele, "Nu masculin assis (Autoportrait)", 1910 2:15 - 2:34 Egon Schiele, "Un arbre à la fin de l'automne", 1911 2:35 - 3:07 Egon Schiele, "Man bencind down deeply", 1914
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}