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EAN : 9782266080637
382 pages
Pocket (05/10/2000)
3.64/5   14 notes
Résumé :
Jean -Pierre Chabrol, c'est le conteur immémorial, le griot, l'enchanteur autour de qui l'on fait cercle près du feu de bois pour entendre le " Il était une fois", promesse de rêve, d'évasion, de frissons et d'émois. Les veillées d'autrefois, quand se réunissaient parents, amis et voisins pour entendre l'humble ou homérique saga de la vie quotidienne, n'existent plus. Mais Chabrol est resté se parleur truculent et sensible, à la voix rocailleuse, qui répète, inven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean-Pierre Chabrol (1925-2001) est écrivain et scénariste. Tous ceux qui ont eu l'occasion de l'écouter parler, à la radio ou à la télévision, gardent le souvenir d'une grosse voix rocailleuse à l'accent cévenole. Une voix de conteur, de raconteur d'histoires. Ce sont justement ces histoires que l'écrivain a compilé dans Les mille et une veillées, son bouquin paru en 1997.
Installons-nous autour de la cheminée dans laquelle brûlent une bûche ou deux, le conteur bourre sa pipe et se racle la gorge tandis que le chat de la maison se réfugie sur les genoux de sa maîtresse, dehors le vent d'hiver se rue sur les volets. La veillée va commencer.
Dans une courte introduction, Chabrol nous rappelle ce qu'étaient les veillées autrefois, leur rôle dans la vie des habitants des petits villages à une époque où même la télévision n'existait pas. Ensuite, dans plus d'une trentaine de nouvelles, il nous fait découvrir ou redécouvrir c'est selon, ce qu'était l'existence quotidienne dans nos campagnes, qu'il s'agisse de paysans, d'artisans, de prêtres, de soldats de la Grande Guerre revenus de l'horreur. Quelques textes atypiques aussi, comme celui sur des truands réunis autour d'un cassoulet dans un boui-boui, ou bien des histoires relevant du surnaturel à moins que ce ne soit du rêve. Histoires vraies et vécues, histoires inventées de toute pièce, difficile de faire le tri mais pourquoi le faire, d'ailleurs ? L'important étant le plaisir qu'on prend à les lire.
En quelques pages, le conteur dresse un décor, plante des acteurs et nous narre une histoire extraordinaire. Par son talent narratif Jean-Pierre Chabrol réussit à nous faire croire que nous connaissons les lieux, voire les personnages ou leurs semblables ; nous l'écoutons, les yeux grands ouverts (sic !), nous raconter les tribulations des uns et des autres et nous nous intéressons à leurs mésaventures comme s'ils étaient nos voisins ou compères de bistrot. Ces petites gens, ces minuscules tranches de vie, touchent notre inconscient collectif et nous placent en terrain familier.
Des histoires bien torchées dont toutes ont en commun, une chute magistrale. le livre idéal pour décembre et les mois qui s'annoncent, « car c'est au coeur de l'hiver que la veillée prends son poids » nous prévient le conteur.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sandro avait installé son atelier dans la chapelle. elle avait les proportions modestes d'un oratoire mais tellement harmonieuses qu'elle arrachait des cris d'admiration à ceux qui y pénétraient pour la première fois.
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Victorine avait été infirmière pendant la Grande Guerre, elle savait faire les piqûres, c’est dire les services qu’elle rendait continuellement et gratuitement, avec le sourire. – C’était un plaisir de se déculotter devant elle… dit avec un grognement satisfait Lamec-le-Gras. Les mots de Méchin traînent son épaisse salive comme les escargots leur bave ; il chuinte : - Une fois qu’on a baissé sa culotte, quand l’infirmière est de bonne volonté… Le cœur des femmes faisait : « Tsss… tsss… tsss… », ce qui prolongeait parfaitement l’immense crissement des grillons par milliers de cette nuit étoilée…
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Video de Jean-Pierre Chabrol (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Chabrol
21 novembre 2009 :
Mot de l'éditeur :
« Je regrette de ne pas lavoir butée pendant quil en était encore temps. Nul besoin de réfléchir ni délaborer le crime parfait. Plus cest gros mieux ça passe.

Elle faisait le ménage monsieur le commissaire. Elle a dû glisser sur le carrelage quelle venait dastiquer. On pouvait lui reprocher bien des choses, mais une vraie petite fée du logis, une maîtresse-femme. Quest-ce qui sest passé? on ne le saura jamais. Mauvais contrôle du pied dappui, fort justement monsieur le commissaire, le coup du lapin. La faute à pas de chance, encore une fois.

Jaurai dû lui mettre un grand coup derrière sa gueule alors que tout le monde ignorait encore notre différent. Les Boulard ? Un exemple pour tous les couples modernes. Jamais un mot plus haut que lautre, aimables avec les voisins, bonjour et bonsoir. Jaurai utilisé le cendrier en granit de Bénodet. Jaurai pris mon élan, de toutes mes forces et de toute ma rage, pour la frapper à larrière de son crâne vide. Plus tard, bien plus tard, jaurai appelé le SAMU. Oui, ça a dû se passer il ny a pas bien longtemps docteur. Mais jétais en train de bricoler dans le garage, je nai rien entendu parce je perçais des trous dans de la tôle. Cest que je construis un cabanon pour abriter les outils de jardin. Ce nest pas que jai beaucoup de terrain, mais ça me détend de pratiquer lart potager. Et puis, cest pas les légumes quon trouve dans le commerce. Des saveurs et des parfums incomparables. Ah oui, ma femme. Quand jai constaté, il devait déjà être trop tard. Enfin, je ne suis pas médecin. Je ne peux pas juger, mais elle était très pâle. Quest-ce que vous en pensez docteur?

Lélectrocution à la machine à laver, cest pas mal non plus. Combien de femmes disparaissent chaque année alors quelles accomplissaient leurs tâches domestiques? Elle avait grand soif, mais elle avait la manie de stocker les produits pour déboucher les cabinets dans des bouteilles deau minérale. Elle faisait les vitres au troisième étage un jour de grand vent. Elle préférait le bain à la douche, pourtant elle sétait toujours refusée à apprendre à nager. Elle avait la manie de garder près delle une bougie pour la sieste.

Ca fait trois lignes, dans les journaux, à la page des faits divers. Personne ne sen émeut. Sinon les proches, évidemment, car le plus dur cest toujours pour ceux qui restent.
elle est tombée à la renverse, sa tête a porté contre le rond des chiottes. Une belle mort, elle ne sest pas vue partir. Exactement, comme vous dites »

Lorsquil écrit, lorsquil se laisse porter par le jaillissement des mots, Serge le Vaillant ne manque pas de soumettre ses textes à lépreuve du « gueuloir » de Flaubert, de les lire à haute voix pour mieux les fignoler. Ancien capitaine au long cours, grand homme de radio, grand chef dorchestre des nuits de France Inter, cet orpailleur de la langue française, quelle soit verte ou noire, est un magicien. Il na pas seulement le talent de conteur dun Gérard Sire ou dun Jean-Pierre Chabrol. le culte des mots ciselés, des mots torchés, la faconde dune prose féconde, le sens de lorgie verbale.
Ses textes ont le verbe acide et tendre, le verbe au goût de pomme dApi, celui qui baptise et qui tue, qui bénit et qui excommunie, qui conjure et qui absout, qui enfante et qui explose, qui hurle et qui chuchote, qui pleure et qui pavoise. Serge Levaillant appartient à la lignée des Rabelais, des Villon, des Rostand, et plus près de nous des Céline, Léon Bloy, Auguste le Breton , Albert Simonin, Francis Blanche, Alphonse Boudard, Michel Audiard, et autres Frédéric Dard. Il est un magicien, un orpailleur de la langue, quelle soit verte ou noire, ciselée ou torchée : avec lui les mots croustillent. Ils mordent, ils aboient, ils cajolent. Ils sont tour à tour tendres et cruels, nourris de vinaigre et de miel, de gifles et de caresses. Ils décapent. Ils émeuvent. Ils déchaînent des crises de rires et de jubilation. Ils touchent à la fois nos coeurs et nos zygomatiques.
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