Après quelques minutes pour déchiffrer les caractères cabalistiques inscrit sur la page de couverture, j'ai compris que j'avais dans les mains l'oeuvre intitulée «
Les dimanches de Jean Dézert » d'un présumé
Jean de la Ville de Mirmont. Je me suis demandée si je n'avais pas à faire à quelque farce "pseudonymique" d'un quelconque auteur aimant à se dissimuler. Cependant, après quelques recherches, je fus forcée d'admettre que non puisque ce fameux Jean était l'ami de
François Mauriac et que sa vie fut fauchée en pleine jeunesse au tout début de la première guerre mondiale. Il laisse donc très peu et beaucoup derrière lui dont ces quelques pages.
Qui aime Huysmans et
Vian ne peut être déçu. le héros Jean Dézert, employé au ministère de l'encouragement au Bien, remplit vaguement des imprimés pendant la journée et conçoit son existence comme un voyage de troisième classe pendant lequel il faut s'occuper. Il vit dans une mansarde parisienne au toit si bas qu'elle fait penser à l'entrepont d'un voilier.
La vie de Jean se déroule dans une monotonie si bien entretenue qu'on pourrait la confondre avec un art de vivre. Heureusement, l'attention qu'il prête aux divers prospectus, soigneusement gardés puis triés, lui permet le dimanche de découvrir l'exotisme maigrichon des repas végétariens, les massages faits par des aveugles, un western dans une salle de cinéma populaire…
Seuls un ami et l' hasardeuse variété de ses promenades dominicales détournent sa vie de la monotonie absolue. Et tout aussi réglée qu'elle soit, l'irruption d' Elvire un dimanche au Jardin des Plantes a bien failli envoyer valdinguer celle-ci très loin des rails.