Un recueil de bonnes nouvelles, je regrette comme trop souvent le titre trop marketing mais la qualité est bien là, les descriptions de Melville sont impressionnantes, précises, et les situations burlesques ou dramatiques dans ces textes, qui semblent avoir une certaine continuité sans pour autant être des suites, sont prenantes, on peut s'attacher au-x personnage-s et on dirait que c'est du vécu, tant c'est bien relaté.
Souvent je suis déçu par les nouvelles et les empilements de textes, ici pas. Melville dans son style et son époque était vraiment un grand auteur. Et le lire reste un bon moment.
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Non. Le vrai templier depuis longtemps n’est plus de ce monde. Allez voir à l’église du temple la merveille de leurs tombes. Sachez y apprécier la rigidité hautaine, la tension des silhouettes, les bras croisés sur les cœurs bercés d’un repos éternel et sans rêve. Comme les années d’avant le Déluge, la hardiesse des templiers est révolue. Restent, néanmoins, un nom, la société qui le porte, les anciens domaines et quelques-uns des anciens édifices. Mais le talon d’acier n’est plus qu’un bottillon de cuir verni ; la longue épée à deux mains, une plume à une main. Le moine qui donnait gratuitement ses conseils spirituels exige, à présent, des honoraires. Le défenseur du sarcophage, s’il sait manier son arme, a maintenant plus d’une cause à défendre ; celui qui avait fait vœu d’ouvrir et de dégager les principaux chemins qui mènent au Saint-Sépulcre se fait, de nos jours, un devoir tout particulier d’encombrer, d’obstruer, d’empêcher et d’embarrasser les cours et les aventures de la Justice.
L'air était froid, brumeux, humide, désagréable. La campagne avait l'air mal cuite, son jus cru giclait tous azimuts. Je me protégeai au mieux de cette atmosphère morveuse en boutonnant ma longue jaquette croisée - j'avais bien un manteau, mais il descendait si bas que je ne le potais qu'en carriole - et, plongeant avec dépit mon bâton d'épine dans le sol spongieux, je ployai ma silhouette bleue pour gravir la colline. Cette posture laborieuse me forçait à pencher la tête vers le sol, comme je l'aurais fait pour donner du front contre l'univers. Je notai le détail, mais me contentai d'en ricaner, d'en ricaner sinistrement.
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Herman Melville n'a jamais su que le roman qu'il avait écrit à l'âge de 31 ans deviendrait un jour l'un des livres les plus célèbres du monde. Il est mort dans la misère et son chef-d'oeuvre, « Moby Dick », n'est devenu un succès que près d'un demi-siècle après sa disparition.
« Moby Dick » d'Herman Melville, à lire dans sa nouvelle traduction chez Gallimard
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