La
louange des mousses est un livre de voyage à travers l'espace et le temps, à travers, l'art, la religion et la philosophie. Écrire sur la mousse devient l'occasion de parler d'une oeuvre musicale, d'un
haïku, d'une représentation théâtrale… la mousse est un voyage minuscule qui démultiplie les références, les distances, la mousse c'est le lieu où l'on déterre les vieux os comme l'entomologiste Fabre ou un
Bachelard, sans parler de
Proust. Elle devient un espace de découverte : comment l'on constitue un jardin traditionnel, comment doit être conçu le lieu pour une cérémonie du thé. L'auteure nous fait redécouvrir cette mousse via le prisme japonisant corrélé à notre culture : entre opposition (comme le latin froid des dénominations et les noms poétiques nippons) et complémentarité (l'influence d'un temple du 17ème siècle sur les fondateurs du Bauhaus).
Ce petit livre est aussi joli que décevant. Ce voyage au pays des mousses est l'occasion pour l'auteure de nous faire découvrir, ou redécouvrir certains faits littéraires, artistiques, philosophiques et religieux. le tout en moins de 90 pages. Donc superficiel pour le néophyte, le béotien. Si l'on se réjouit des belles descriptions comme celle du travail des jardiniers, d'une main qui caresse la neige par un petit trou dans la porte de papier d'une maison traditionnelle, ou de la chasseuse Subtile qu'est mademoiselle Tanaka, le lecteur s'endormira très vite par les lourdeurs stylistiques : voulant trop bien faire, l'auteure devient laborieuse, pesante… nous faisant perdre le flux du chapitre. À vouloir faire trop stylisé, on en perd la beauté simple des mousses. Donc mission ratée pour ce petit livre.
Autre point négatif, les photographies. Chaque chapitre, s'ouvrant sur une photo (non légendée, c'est encore mieux), manque justement de clichés car ces illustrations sont franchement magnifiques. L'auteure s'extasie devant un temple, un lieu mais pas de photos. Seulement des descriptions parfois bien rendues, parfois ampoulées et soporifiques. Et l'on se réveillera par les rares
haïkus (à l'instar de ceux nostalgiques de
Kobayashi Issa), par quelques éléments de la cérémonie du thé…
En résumé, un beau livre bien décevant…